L’AFRIQUE
NOIRE EN MONDIALISATION
INTRODUCTION
1 . Les facteurs de la mondialisation :
Le mot mondialisation (en
anglo-américain : globalization) est apparu à la
fin du XXème siècle pour désigner ce qui n’est en fait qu’une accélération – certes très
puissante - d’un processus
d’intégration qui plonge ses racines
très loin dans l’histoire de l’humanité.
Il
faut d’abord remarquer que chaque groupe humain a une tendance naturelle à se
considérer comme le centre du monde, ce qui se justifie très bien d’un point de
vue philosophique car le monde n’est pas
en soi mais pour le groupe d’hommes qui en parle et l’observe.
Ainsi
le mot Inuit par lequel se désignent
ceux qu’on appelait naguère les eskimos signifie « les hommes » (au
sens non sexué d’ « êtres humains » : est-ce à dire qu’à
leurs yeux les autres humains ne le sont pas au même degré ? De même le
mot bantou utilisé par les
linguistes occidentaux pour désigner une grande famille de langues parlées en
Afrique Noire du 4ème parallèle Nord au Cap de Bonne Espérance, veut
tout simplement dire « les hommes ». Quant au principal souverain des
Mossi (l’ethnie principale du Burkina Faso), souvent qualifié pompeusement d’empereur
en langue française, il porte le titre de Moro
Naaba, ce qui signifie littéralement « Chef
du monde ». Enfin le pays que nous appelons Chine, s’appelle en langue
chinoise Zhongguo, ce qui veut dire « pays du
milieu », souvent traduit en français par « Empire du Milieu » (au sens de « milieu du monde »).
Voilà
donc rappelée par divers exemples la tendance naturelle de tout groupe humain à
se considérer comme le centre du monde. Le monde réel est pour chaque groupe
humain l’espace avec lequel il a des relations dont il a conscience :
c’est son propre territoire plus celui des voisins, plus celui des voisins des
voisins… jusqu’à une certaine distance. Avant l’apparition de l’État, et donc de la ville, ce monde dont on a conscience était très limité dans
l’espace et ne représentait pour chaque groupe humain qu’une très faible
fraction de l’humanité.
Mais l’apparition de très vastes États dans
l’Antiquité : Empire Perse de Cyrus
au VIème siècle avant Jésus-Christ,
auquel a succédé l’Empire Grec d’Alexandre
le Grand (IVème siècle avant J.-C.), Empire de Chine * au IIIème siècle avant J.C., Empire Romain (édifié au départ sous le régime républicain, à
partir surtout du IIème siècle avant J.-C., le
régime monarchique datant de facto de Jules César au Ier siècle avant J.-C), a fait naître l’idée d’Empire universel dont la vocation naturelle
serait d’englober toute l’humanité.
* L’Empire chinois a perduré
jusqu’au début du XXème siècle (1912 : proclamation de
L’Empire Romain d’Occident, détruit au
Vème siècle après J.-C.par les « Invasions barbares » a été
ressuscité sous d’autres formes par Charlemagne,
qui s’est fait couronner « Empereur des Romains » par le pape à Rome
le jour de Noël de l’an 800 : cet Empire, qui prit plus tard le nom de Saint Empire Romain Germanique, a duré
plus de 1.000 ans : c’est Napoléon
Ier qui mit fin au Saint Empire
(en 1806) juste après avoir créé son propre Empire en se faisant couronner
« Empereur des Français » par le pape…mais à Notre-Dame de Paris.
Après l’effondrement du Second Empire français (celui de Napoléon III),
Guillaume Ier de Prusse est proclamé Kaiser (littéralement : César, c’est-à-dire Empereur – de
l’Allemagne) dans
Enfin l’Empire Romain d’Orient a survécu
jusqu’au XVème siècle après J.C. sous le
nom d’Empire Byzantin. Il a été
détruit par les Turcs…mais le flambeau a été repris par l’Empire Russe, empire chrétien d’Orient dont le souverain portait le
titre de Tsar, c’est-à-dire de César…depuis le XVIème siècle. Cet Empire a vécu jusqu’à
Le
rôle de l’expansion des grandes
religions monothéistes dans le processus de la mondialisation depuis
l’Antiquité (christianisme) et le Moyen-Âge (Islam) est souligné, ainsi que l’action
déterminante de Saint-Paul dans la vocation
universelle du christianisme.
L’Islam
a d’abord été propagé par l’Empire arabe
(qui, au milieu du VIIIème siècle, s’étendait du
Portugal au Pakistan actuels) auquel a succédé dans l’espace et dans le temps l’Empire Ottoman* (détruit, comme les deux
empires germaniques, Allemagne et Autriche-Hongrie, par
* L’Empire turc (dit aussi Empire
Ottoman, du nom de son fondateur Osman) fut fondé en 1301 ; au moment de
son apogée (XVIème - XVIIème siècles) l’Empire s’étendait
de
Mais
tous les Empires dont nous avons parlé ci-dessus, même quand ils affirmaient
une vocation d’Empire universel, ne couvraient finalement qu’une partie assez
modeste de la surface terrestre, sauf pour les deux plus vastes (L’Empire
mongol puis l’Empire Russe) et une grande partie du monde échappait totalement
à leur contrôle : l’Amérique, l’Afrique Noire, l’Océanie.
Les
progrès de la navigation en Europe occidentale, qui eurent pour conséquence les
« Grandes découvertes », permirent à partir du XVIème siècle l’apparition d’Empires d’un type nouveau,
fondés sur les relations maritimes et présents dans les Cinq « parties du
monde » : les empires sur lesquels « le soleil ne se couche jamais » :
·
L’Empire de Charles Quint (à
la fois Roi d’Espagne et Empereur germanique entre 1519 et 1556) et de ses descendants qui, de 1580 à 1640, furent à la fois rois d’Espagne et rois du
Portugal : Philippe II, son
fils, qui donna son nom aux Philippines, puis Philippe III, Philippe IV et
Charles II. L’Empire hispano-portugais
comprenait, outre les territoires européens, les vastes territoires colonisés
dans les Amériques (de
·
L’Empire britannique aux XIXème et XXème siècles fut le second empire mondial de l’histoire :
en 1920, au lendemain de
·
L’Empire colonial français, qui a connu aussi son
apogée entre 1920 et 1940, n’a jamais eu l’ampleur ni la richesse de l’Empire
britannique mais il était aussi présent dans les Cinq Parties du Monde. Le
traité de Paris (1763) par lequel
Parmi
les facteurs plus récents de la mondialisation, il faut souligner le rôle capital, depuis la fin de
* L’O.N.U. a été créée au
lendemain de
On
doit aussi considérer le rôle très important de l’Internationalisme socialiste. « L’Internationale », chant révolutionnaire français à
l’origine, a été l’hymne officiel de l’URSS pendant un certain temps et il
était appris et connu dans le monde entier, et notamment en Chine, par tous
ceux qui partageaient les idées socialistes…ou vivaient dans un pays dit
socialiste. L’URSS et
Une
catégorie d’acteurs de premier plan dans le domaine de la mondialisation, et
dont le rôle ne cesse d’augmenter depuis plusieurs décennies est celle des entreprises transnationales ou multinationales, dont certaines
méritent le qualificatif de firmes
mondiales : Coca Cola, Microsoft, Mac Donald’s…Elles
sont le plus souvent américaines, en fait, mais avec des implantations et des
clients dans le monde entier.
La
mondialisation a pour moteur et comme lieux centraux quelques rares villes mondiales comme New-York,
Londres, Paris ou encore Moscou ou Los Angeles, où des hommes et des femmes
du monde entier se côtoient, se rencontrent, travaillent ensemble, se marient,
et en nombre (pas à l’échelle de micro-communautés).
Les autres facteurs principaux de la
mondialisation dans les dernières décennies et actuellement sont :
-
L’urbanisation très rapide
-
La généralisation de l’enseignement
-
Les inventions techniques : le récepteur radio à
transistors (le « transistor »), le téléphone portable (plus répandu
de nos jours en Afrique Noire que le téléphone fixe ou filaire),
l’informatique, le courrier électronique, la télévision par satellite, et
-
D’une manière générale l’abaissement du coût, l’accélération et la
massification des communications (transports inclus).
-
Et enfin la libre circulation
des capitaux (de plus en plus), l’unification
du marché mondial dans le cadre de l’Organisation
mondiale du commerce (O.M.C.). L’O.M.C.
a un rôle capital depuis sa fondation à Marrakech en 1994 et
les partisans d’une autre mondialisation (que la mondialisation capitaliste,
abusivement dite « libérale ») ne s’y sont pas trompés : ceux
que la presse a d’abord qualifié de militants anti-mondialisation,
mais qui ont réussi à imposer qu’on les appelle altermondialistes (notamment, pour ce qui concerne
* « Le Monde Diplomatique » se présente lui-même, sur son site, comme « journal de référence du mouvement altermondialiste ». Ignacio RAMONET, président et directeur de la rédaction du « Monde Diplomatique » (mensuel publié par une filiale autonome du quotidien « Le Monde », qui possède 51 % des actions) est président d’honneur d’Attac. Le Monde Diplomatique, en tant que personne morale, fait partie (comme le syndicat étudiant UNEF, par exemple) des fondateurs d’Attac ; parmi les personnes physiques on trouve aussi, parmi d’autres, un certain José BOVÉ…
2. Les questions d’environnement mondial (global environment en
anglais)
L’Afrique noire et le
réchauffement de la planète : l’Afrique Noire est évidemment concernée par cette
évolution mondiale due à l’accroissement des gaz à effet de serre dans
l’atmosphère *. Un exemple : l’un des plus beaux joyaux du tourisme
africain, les neiges du Kilimandjaro **, en Tanzanie, auront sans doute disparu dans un peu plus de 10
ans !!! Mais cette fonte est peut-être davantage due à la chaleur émanant
des profondeurs de la terre (le Kilimandjaro est un volcan, peu actif
mais actif tout de même) qu’au réchauffement de l’atmosphère…ou encore à
d’autres causes
comme celles évoquées par Claude ALLÈGRE : déplacement de l’Afrique, dû à
la tectonique des plaques, entraînant des changements dans la circulation des
eaux de l’Océan Indien et des modifications de l’ensoleillement, de l’humidité,
de la nébulosité, des précipitations sur l’océan et dans les régions qui
l’entourent (en Afrique de l’Est pour ce qui nous concerne).
*
** Ces neiges constituèrent le royal cadeau d’anniversaire de la
reine Victoria d’Angleterre à son petit-fils l’Empereur Guillaume II
d’Allemagne…Selon le photographe Yann ARTHUS-BERTRAND, il y a déjà une des
faces du Kilimandjaro qui ne présente plus de neige.
La décision du président
BUSH en 2001 de ne pas respecter le protocole de Kyoto contre les gaz à
effet de serre a peut-être contribué à la fonte des neiges du
Kilimandjaro, lequel n’aura plus du tout le même attrait touristique
quand, dans moins de 15 ans sans doute, il aura perdu sa calotte blanche
*. Même remarque pour le Mont Kenya (volcan éteint) et pour le Ruwenzori
(qui n’est pas un volcan) : ces deux montagnes, les seules en Afrique,
avec le Kilimandjaro, à posséder des neiges éternelles, voient également ces
neiges fondre rapidement…mais cela est vrai depuis leur découverte par les
Européens et la fonte n’est pas plus rapide dans les dernières décennies qu’au
début du XXème siècle…
* La « raclée » prise
par BUSH et son parti républicain aux élections de mi-mandat de novembre
La
montée du niveau des mers menace les villes côtières. : l’érosion
de la côte pose déjà problème au Sénégal (sur la « Petite Côte »,
principale région touristique du pays), et dans les régions de mangrove comme
* Pour la côte du
Togo et du Bénin, la montée du niveau de la mer n’est pas la seule
cause : il y a ici une interaction
entre une évolution mondiale (la montée du niveau des océans) et un changement régional dû à un
aménagement humain: la construction du barrage d’Akosombo sur
Les
grands barrages posent donc problème à l’aval.
Un
autre exemple est celui du Zambèze : les énormes barrages de Kariba et Cahora
Bassa ont considérablement diminué le niveau des inondations dans le delta
et la basse vallée du fleuve au Mozambique si bien que les marais s’assèchent,
ce qui facilite beaucoup la circulation des chasseurs : la faune de
ces espaces aquatiques ou humides, déjà très affectée par la modification de
son habitat, est de surcroît exposée à la chasse dont elle était partiellement
protégée jusqu’alors par les difficultés d’accès et de circulation.
PREMIÈRE PARTIE
LES RAPPORTS ENTRE
ET LES POPULATIONS AFRICAINES
Un des phénomènes majeurs de la
mondialisation, en ce qui concerne l’Afrique Noire,
est la généralisation de l’émigration,
essentiellement motivée par des raisons économiques, vers les pays riches.
1)
On observe depuis quelques décennies une diversification des
destinations :
1. Sénégalais à
2. Congolais (surtout de R.D.C.) en Allemagne (voire en Irlande !)
3. Burkinabè en Italie. Sénégalais à Brescia
en Italie du Nord.
Little Senegal : film sorti en l’an 2000 – ou 2001 – selon les sources, de Rachid BOUCHAREB (Français dorigine ’algérienne, né en France avant la guerre d’indépendance), avec l’excellent acteur Sotigui KOUYATÉ) dans le rôle principal : Alloune, le guide de la maison des esclaves de Gorée à la recherche de ses lointains parents outre-Atlantique.
Sotigui KOUYATÉ : acteur, metteur
en scène et griot « guinéen d’origine, malien de naissance et burkinabé
d’adoption » selon ses propres dires ; son père a une
« cour » à Bobo, mais lui-même vit en Ile-de-France ; il est
aussi la voix du documentaire sur l’origine de la vie « Genesis » sorti en 2002.
Cette diversification des
destinations a été facilitée, en
ce qui concerne l’Europe, par les
progrès de l’intégration européenne : l’extension de l’Union
Européenne et la création de l’espace
Schengen offrent aux émigrants du reste du monde et donc aux Africains une
multiplicité de possibilités pour l’obtention du droit d’entrée (les fameux visas Schengen) et pour les voyages au
sein de cet espace, ce qui a multiplié
les territoires accessibles pour la recherche d’activités rémunératrices et
finalement donc pour l’installation en Europe. Les itinéraires des migrants et
leur distribution géographique au sein de l’espace européen se sont ainsi
complexifiés. De nos jours les immigrés originaires d’Afrique Noire ne sont
plus confinés en France, en Belgique, au Royaume-Uni ou au Portugal (les
anciennes « métropoles », pays privilégiés d’émigration depuis le
début du phénomène migratoire): ils vont en Allemagne, en Italie, en Espagne,
en Irlande etc. et seront sans doute prompts à tenter d’utiliser les ressources
offertes (en termes d’emploi et d’obtention des visas) par l’expansion de
l’espace Schengen vers l’est de l’Europe.
*
L’ « Espace Schengen »
est un espace de libre circulation des
personnes, étrangers compris. Cela signifie qu’un étranger admis par
exemple à entrer en Espagne peut, de droit et sans autre formalité que de
montrer son visa Schengen, voyager
autant qu’il le veut au sein de cet espace qui, en novembre 2007, comprend 15
pays membres dont 13 pays de l’Union Européenne et 2 pays extérieurs (
Généralisation de
l’émigration
avant tout pour des raisons économiques (un juge sénégalais – pourtant assez bien payé par rapport à ses
confrères des autres pays d’Afrique noire gagne beaucoup moins qu’un éboueur
sénégalais travaillant pour
N.b. Le président actuel du Mali Amadou Toumani TOURÉ (ATT), interviewé par Karl ZÉRO dans le Vrai Journal (Canal +, 5 mars 2006) a dit qu’il envoie chaque mois 20 % de son salaire à sa mère au village, pour pourvoir aux besoins de sa famille.
2)
Le rôle des émigrés africains vis à vis de leur pays d’origine :
a. Solidarité (envoi de fonds) :
illustrés par le film « Le mandat * » (1968) du réalisateur
sénégalais Ousmane SEMBÈNE. Les mandats postaux et les transferts de fonds
immédiats par Western Union jouent un rôle considérable dans la vie,
voire la survie de nombreux villages, notamment dans la vallée du Sénégal
(Sénégal, Mauritanie, Mali), plus spécialement encore dans la région de Kayes
(pays des Soninké * alias Sarakolé,). Certains émigrés envoient jusqu’à
la moitié de leur salaire au pays. La dégradation des sols due au surpeuplement
(eu égard aux techniques agricoles employées qui ont abouti à un déboisement
presque total) est une des causes majeures de l’émigration massive des jeunes
du pays soninké. Les émigrés soninké essaient de sauver leurs villages en
créant des associations d’originaires de ces villages qui financent divers
projets (écoles, centres d’alphabétisation, reboisement…). Ce rôle des émigrés
a été mis en images notamment par le film d’Éric MOUNIER : « Moi
Sékou, mon exil, mon village, mon combat » (diffusé sur France le 29 novembre 2004), qui met en scène un
réparateur d’ascenseur soninké qui vit dans un foyer à Montreuil et anime
l’association « Bada France » (Bada est le nom de son village
d’origine).
* « Le Mandat » : titre du film en français ; le titre original en wolof est : « Mandabi ». Dans ce cas-ci il ne reste plus rien au malheureux « bénéficiaire » du mandat qui doit tout dépenser en formalités administratives et se fait arnaquer par des parents.
* Soninké : peuple de paysans et de commerçants de langue mandingue, islamisés de longue date et agents actifs de l’islamisation dans les villes où ils ont essaimé pour leur commerce.
b. Rôle politique :
Presque tous les principaux opposants aux gouvernements
en place sont exilés dans les pays riches et démocratiques : France,
États-Unis, Angleterre surtout.
Le fait que l’Europe occidentale * et de plus en plus,
les Etats-Unis et le Canada, soient les espaces de formation principaux des
cadres africains (ils y font leurs études supérieures) compte beaucoup dans ce
rôle politique : c’est souvent en Europe ou aux États-Unis que de nombreux
dirigeants africains se sont formés à la politique : le rôle des associations
d’étudiants africains (et notamment de la très célèbre FEANF ** en
France) est capital de ce point de vue.
* Selon le
« Recueil de données mondiales sur
l’éducation 2007 – Statistiques comparées sur l’éducation dans le
monde » publié par l’Institut de statistique de l’UNESCO » qui rend compte des données de l’année universitaire 2004-2005 (statistiques les plus récentes
disponibles à l’échelle mondiale),
**
Du reste les étudiants africains d’un pays européen ne viennent
pas seulement de ses anciennes colonies : l’ancien président mozambicain
Joaquim CHISSANO a étudié la médecine à Poitiers, l’idéologue islamiste
soudanais Hassan EL TOURABI est diplômé de
* Le
sanguinaire révolutionnaire cambodgien POL POT avait aussi étudié à
c. Tête de pont pour la migration
ultérieure d’autres membres de la famille.
d. La réussite médiatisée d’un
certain nombre d’émigrés exacerbe le désir d’émigration.
4. Les footballeurs
(comme l’Ivoirien Didier DROGBA, qui
joue actuellement à Londres (Chelsea) et dont le contrat court jusqu’en
2010 ; Chelsea avait acquis DROGBA en 2004 pour 38 millions
d’euros !) ou le Camerounais Samuel ETO’O
qui joue à Barcelone (meilleur footballeur africain en 2003, 2004 et 2005, 3ème
joueur mondial en 2005), sans compter les nombreux « Sénéfs »
qui ont vaincu l’équipe de France lors de l’avant- dernière Coupe du Monde en
Corée). Djibril CISSÉ a joué
5. Les musiciens
(surtout pour les garçons) et les mannequins (pour les filles) font
aussi rêver les jeunes de leurs pays d’origine et de toute l’Afrique Noire
: Koffi OLOMIDÈ, Papa WEMBA, Mamani KEÏTA vivent en
Ile-de-France.
6. De même que beaucoup de cinéastes :
c’est le cas d’Idrissa OUÉDRAOGO et deFanta NACRO (cinéastes burkinabè) …et des cinéastes
mauritaniens Med HONDO et Abderrahmane SISSAKO (qui a présenté en
2002 son film Heremakono – « En attendant le
bonheur » au Festival de Cannes où il a été primé ; ce film a reçu
aussi – en février 2003 - l’étalon de Yenenga,
récompense suprême du FESPACO). En attendant le bonheur…d’émigrer, c’est le
sens du titre du film qui se passe en Mauritanie, au bord de l’Océan
Atlantique. Le dernier film de SISSAKO
« Bamako » qui imagine un procès de la société civile malienne
contre
7. Un certain nombre de ces artistes
africains profitent de leur notoriété pour s’enrichir en exploitant leurs
compatriotes candidats à l’émigration (les « ngulu »,
c’est-à-dire les cochons en langue congolaise) pour qui ils obtiennent des visas
en les présentant comme des artistes en tournée : la justice française a
tenté de freiner cette immigration frauduleuse en inculpant l’artiste congolais
« Papa WEMBA », mais le tribunal de Bobigny ne l’a
finalement condamné (le 16 novembre 2004) qu’à une courte peine de prison ferme
(couvrant ses 4 mois de détention préventive). Il faut dire que le président du
Congo, Joseph KABILA, était intervenu auprès de Jacques CHIRAC…Une
nouvelle preuve que la justice, même en France, n’est pas totalement insensible
aux pressions politiques…Mais Papa WEMBA, qui a la nationalité belge, a été
aussi mis en examen par la justice belge pour le même type de délit.
8. De même de nombreux universitaires
africains vivent et travaillent en Europe occidentale ou en Amérique du Nord :
Issiaka MANDÉ à l’Université Paris 7, Charles
TSHIMANGA dans une université américaine. Le rôle des universités
européennes et américaines (Stanford, universités
canadiennes) est capital aussi bien pour la formation des élites africaines…que
pour le drainage des cerveaux. On
assiste à une mondialisation des élites : diversification
des lieux d’étude et d’exode des cerveaux, avec l’importance croissante des
États-Unis par rapport aux anciennes métropoles européennes et des autres pays
que l’ancienne métropole au sein de l’Union Européenne. Il faudrait étudier ici
l’écrémage des cerveaux par les États-Unis par le système de
« loterie » de la « carte verte ». L’écrémage des
cerveaux africains (le brain drain) par les États-Unis est
une politique volontariste (cf. article dans The International Herald
Tribune cité à
3)
Les quartiers africains dans le monde :
a.
b. Mais en plus les
banlieues : Montreuil aurait été pendant un certain nombre d’années
la seconde ville malienne.
c. Marseille est la plus grande
ville comorienne du monde ! C’est-à-dire qu’il y a plus de Comoriens à Marseille
qu’à Moroni la capitale et plus grande ville des Comores ! Un signe de
cette importance de Marseille : le chanteur français d’origine comorienne
SOPRANO, qui se produira à l’Olympia le 29 novembre 2007, est un Marseillais.
Pour l’état civil il se nomme : Saïd M’ROUBABA.
d.
Little
e. Ixelles à Bruxelles (avec notamment
des bijoutiers), surnommé « Matonge » du
nom d’un quartier « chaud » de Kinshasa.
Sur ce
quartier voir les articles de L’Intelligent du 5 décembre 2004 (n° 2291, pp.
60-63). Ce quartier a connu 3 jours d’émeute en février 2001 après la
mort d’un jeune dealer d’origine africaine abattu par la police lors d’une
perquisition (l’ « affaire Fololo »).
La nouvelle municipalité socialiste a mis en place une police de proximité et
lutte contre l’insécurité en associant les habitants et les commerçants. Mais
cela repose surtout sur le bénévolat et l’amélioration constatée quant à la
sécurité, notamment dans la galerie marchande, et quant aux rapports entre les
habitants et passants du quartier et la police, sera peut-être éphémère. Comme
« Château Rouge », « Matongé » (de son vrai nom : Ixelles) est le lieu
où les immigrés originaires d’Afrique viennent se faire coiffer et
s’approvisionner en produits africains (produits alimentaires, pagnes,
produits de beauté, notamment les crèmes pour décolorer la peau, C.D., D.V.D.
et cassettes de musique ou de théâtre populaire africain). En fin de semaine le
quartier voit affluer des Africains venant du Nord de
f. Schengen Place à Londres et Luton en
grande banlieue (nord) de Londres.
g. Du fait de la présence
importante d’immigrés d’Afrique Noire dans certaines collectivités
territoriales européennes, il y a une coopération entre ces
collectivités et des collectivités africaines (jumelages de villes,
coopération du Département des Hauts-de-Seine avec le Mali, le Sénégal
et
4) L’existence de ces diasporas engendre un commerce
international de vivres : on peut prendre ici les exemples du gibier et de la kola en
Ile-de-France (« Château Rouge », Montreuil, Etampes, Evry, Ris-Orangis,
Marne-la-Vallée, Sarcelles, Saint-Denis etc.).
5) La diaspora joue aussi un rôle important dans la
naissance d’une culture africaine moderne (notamment en ce qui concerne la musique et
le théâtre populaire enregistré sur D.V.D ou cassette vidéo) par son pouvoir d’achat : elle
achète D.V.D., cassettes vidéos et C.D. , et va aux concerts donnés par Youssou N’DOUR * ou Koffi OLOMIDÈ. Les cantatrices
maliennes ou guinéennes animent des soirées dans des salles louées (il s’agit
soit d’un « concert » privé, soit ce peut être à l’occasion d’un
mariage, d’un baptême etc.) ; elles se font payer très cher et reçoivent
en outre des dons (en billets de banque) des spectateurs. On les fait venir du
pays. Depuis 1989 le festival Africolor ** est
une des grandes manifestations de la musique africaine en Ile-de-France :
il a lieu chaque hiver en Seine-Saint-Denis (le « 9-3 »), sans
doute le département français qui compte le plus d’immigrés originaires
d’Afrique Noire. En 2007 Africolor a lieu dans 16 villes différentes du 9-3, dont,
bien sûr, Saint-Denis ; des
artistes originaires de Côte d’Ivoire, d’Éthiopie, du Mali, du Niger, de
* « You », comme l’appellent ses fans, vit en principe à Dakar mais il est très souvent en tournée, en France (où il loge à l’hôtel), aux États-Unis ou ailleurs. En 2004 Youssou N’DOUR, qui est musulman, a annulé la tournée qu’il avait prévue aux États-Unis (dans 38 villes) pour protester contre l’agression américaine en Irak. Au contraire « Koffi » a son domicile en Ile-de-France mais possède une belle villa à Kinshasa où il se rend fréquemment.
** Pour plus d’informations sur ce festival,
voir le site http://www.africolor.com
6) La diaspora apporte aussi les formes les plus
archaïques de la culture africaine « traditionnelle », qui révoltent les
« modernes » : mariages forcés * (cf. le téléfilm « Fatou le Malienne ») ou, bien pire : meurtres
rituels d’enfants comme à Londres en septembre 2001 ; excision
** (condamnations en Ile-de-France).
* Les mariages contre le consentement réel de
la jeune fille sont bien plus nombreux qu’on ne le croit généralement.
C’est une question qui concerne même les étudiantes ; celles-ci, le plus
souvent, en raison de leur maturité intellectuelle et de leur formation,
arrivent à résister aux pressions de leur famille et de leur entourage mais il
n’est pas du tout sûr que ce soit toujours le cas. Pour celles qui ont la force
morale de surmonter ces pressions et d’éviter le mariage qu’on veut leur
imposer, cela ne va pas sans dégâts, pour elles, au niveau psychologique, car
cela entraîne souvent une rupture ou en tout cas un relâchement très important
des relations familiales…sans compter les conséquences au niveau financier (le
père, en représailles, peut décider de « couper les vivres »,
autrement dit de cesser d’aider sa fille récalcitrante…ce qui l’oblige à
travailler) et au niveau universitaire (conditions de travail rendues plus
difficiles : perturbation psychologique, temps consacré au travail
non-universitaire). Ces mariages forcés ne concernent pas toutes les filles
originaires d’Afrique Noire : cela dépend surtout des coutumes de la
société d’origine ; d’une manière générale les ethnies du Sahel et du
Soudan sont celles où l’on rencontre le plus souvent ces mariages forcés. Cette
coutume n’existe plus guère chez la majeure partie des ethnies peuplant les
régions de forêt équatoriale : elles ont à peu près totalement disparu,
par exemple, au Congo (Brazzaville) et au Gabon. D’autre part le niveau
d’éducation des parents joue beaucoup : la fille d’un cadre originaire
d’une ethnie où le mariage forcé est courant ne court pas ce risque, sauf
exception, car son père ne tentera pas de lui imposer un mari. Notons à ce
propos que
** L’excision (ablation du clitoris et
souvent des petites lèvres du vagin) est une coutume très ancienne qui existe
encore de l’Afrique occidentale au Moyen-Orient. Préexistante à l’apparition
des grandes religions actuelles (christianisme et islam), elle est pratiquée
chez les animistes, les musulmans et même chez les chrétiens même si elle est
devenue moins fréquente chez ces derniers en raison de l’influence plus grande
des idées occidentales. Aujourd’hui considérée comme un crime en occident, elle
est bien sûr interdite et sévèrement sanctionnée par la loi dans les pays
occidentaux (et aussi dans certains pays africains, sous la pression de l’Occident) mais les
condamnations demeurent rares et sont très mal comprises des condamnées
(souvent des femmes : les exciseuses) qui, sans bien sûr s’exprimer avec
ces mots, y voient un insupportable impérialisme culturel de l’occident,
l’interdiction d’une coutume générale et millénaire dans leur civilisation. Les
familles africaines immigrées en Europe de l’ouest ont apportées avec elles
cette coutume jugée barbare et réprimée – dans les rares cas où la justice est
saisie - dans les pays où vivent ces immigrés. Heureusement pour celles qui ont
été excisées, il existe aujourd’hui une technique chirurgicale qui permet de
réparer un sexe féminin excisé: elle a été inventée par le docteur Pierre
FOLDÈS, qui en a eu l’idée lors de missions pour l’O.N.G. « Médecins du
Monde » en Afrique de l’Ouest : il s’agit tout simplement de
découvrir la partie interne du clitoris qui n’est pas ôtée par l’excision
et demeure innervée; depuis 28 ans le Dr FOLDÈS a opéré (souvent gratuitement)
de nombreuses femmes en Ile-de-France (près de 2.000 déjà) : la plupart
sont des Africaines vivant en France, mais de plus en plus de femmes viennent
d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso, Niger, Sénégal) ou
d’Afrique de l’Est. (Sur ce sujet voir l’article de Muriel SIGNORET, dans le n°
2257 de Jeune Afrique – L’Intelligent du 11 au 17 avril 2004). Ne
pouvant faire face seul à une demande croissante le Dr FOLDÈS a formé de
nombreux confrères (une dizaine exercent en France) et aujourd’hui, au Burkina
Faso, une vingtaine de chirurgiens-obstétriciens utiliseraient sa technique de
reconstruction du clitoris (une opération qui ne dure qu’un quart d’heure
et qui, en France, est maintenant remboursée par la sécurité sociale) ;
cette possibilité attire vers le Burkina Faso des femmes des pays voisins…qui
viennent pour se faire opérer. (N.b. : Contact Dr Pierre FOLDÈS:
Clinique Louis XIV, 4 Place Louis XIV
78100 Saint Germain-en-Laye ;
Téléphone : 01 39 27 42 48
ou 01 39 10 26 26). Voir sur ce sujet
l’article de la chaîne de télévision ARTE de février 2007 : « Mutilations
génitales féminines : les faits ». Mais la médiatisation de ces
techniques a entraîné l’apparition d’imitateurs moins compétents qui commettent
parfois de graves dégâts en France comme au Burkina Faso. La secte des Raéliens, par exemple, est un train de
construire à Bobo-Dioulasso un « Hôpital du plaisir » spécialisé dans
la reconstruction des clitoris. Le Dr FOLDÈS est très gêné de l’intrusion de
cette secte et déclare ne vouloir en aucun cas cautionner cette action.
7) Le mal-être de certains immigrés tiraillés entre le rêve
d’un retour au pays d’origine et l’attachement au pays d’adoption : cf. le
film « L’Afrance » du réalisateur
franco-sénégalais Alain GOMIS (primé au FESPACO 2003). Ce rêve se réalise
rarement car si le pays d’origine est idéalisé, il déçoit d’autant plus quand
on y va ; on y va donc en vacances mais on n’y retourne pas
définitivement : en fait cela dépend beaucoup de l’âge d’arrivée
dans le pays « riche » : quelqu’un qui arrive vers la
quarantaine a beaucoup de chances d’aller finir sa vie au pays natal. Mais
celui qui arrive à 20 ans ou moins n’y retournera qu’en vacances. Quant à ceux
qui sont arrivés en bas-âge ou qui sont nés dans le pays d’adoption ils n’iront
jamais ou seulement de rares fois, en vacances. Dans le cas d’un retour au
pays la déception peut être vive comme pour ces 10 cadres ivoiriens que le
ministre Tidjane THIAM avait convaincus de rentrer…et
qui sont arrivés juste avant le coup d’État du général GUEÏ.
SECONDE
PARTIE
ET
1) L’Afrique noire et le terrorisme islamiste
L’Afrique Noire, comme toutes les autres parties du monde, est
concernée sur son sol par la guerre mondiale qui oppose les terroristes
islamistes au reste du monde et notamment aux États-Unis. Mais avant d’aller
plus loin il faut absolument préciser les concepts utilisés dans la phrase qui
précède.
D’abord le
« terrorisme » : ne sont terroristes que ceux qui sont
partisans de terroriser leurs adversaires (qui sont considérés par eux comme
leurs ennemis). La majorité des islamistes ne sont pas du tout terroristes.
Ensuite « islamiste » :
les islamistes sont les partisans d’un Islam politique ; ils n’acceptent
pas la laïcité de l’État comme en Turquie, grand pays où l’Islam est très
majoritaire dans la population mais où l’État est laïc ; pour eux l’Islam
doit être la religion de l’État dans les pays à population musulmane et la
charia doit régir toute la vie de la société. La grande majorité des musulmans
ne sont pas islamistes. Mais il est vrai que l’islamisme progresse au sein des
populations musulmanes.
Enfin quand nous disons que cette guerre oppose les terroristes
islamistes au « reste du
monde », nous voulons signifier par là que leurs victimes sont
potentiellement tous ceux qui ne partagent pas leurs idées. La grande majorité
des victimes des attentats islamistes sont des coreligionnaires accusés par eux
d’être de mauvais musulmans « esclaves » des « croisés ».
Nous précisons enfin qu’il ne faut pas confondre terrorisme islamiste (motivé principalement par une
vision très particulière de la religion) et
terrorisme nationaliste (les résistances afghane, irakienne et
palestinienne à l’occupation). De la manière dont la presse occidentale,
suivant aveuglément le discours de l’administration américaine, parle
aujourd’hui de ces résistants, les résistants français à l’occupation nazie
auraient mérité le qualificatif de « terroristes ».
Les événements qui se
sont produits au Sahara et au Sahel en 2004 illustrent l’implication de
l’Afrique Noire dans cette guerre mondiale.
Source : articles de Chérif OUAZANI intitulés : « Sahel : sale temps pour les djihadistes », L’Intelligent n° 2261, 9-15 mai 2004 et « Fin de cavale pour l’émir du désert », L’Intelligent n° 2259 25 avril-1er mai 2004 (malgré la très grosse erreur figurant dans cet article qui a valu à son rédacteur d’être limogé – pour un temps – du journal).
Les islamistes
algériens « affiliés à el Qaïda » avaient
organisé des réseaux et créé des groupes armés au Mali, au Niger, en Nigéria et
au Tchad. Mais ils ont subi début 2004 une série de revers :
a) Au Tibesti,
à la mi-mars 204, un de leurs chefs, dit « El Para *», avait réussi à
se réfugier au Tibesti auprès des rebelles du M.J.D..T
(Mouvement pour la justice et la démocratie au Tchad). Quelques jours auparavant,
le 9 mars, au nord du lac Tchad, son groupe armé avait perdu 43 combattants
(morts ou prisonniers) dans un combat avec l’armée tchadienne (« opération
appuyée par les Forces spéciales américaines » selon le New-York Times).
L’armée tchadienne a perdu 10 soldats. (L’Intelligent du 23 mai 2004. El Para a
été ensuite livré par le M.J.D.T. au président libyen Khaddafi…qui
l’a livré aux autorités algériennes (fin 2004).
* « El Para » : un Berbère des Aurès, connu sous le nom d’ « el Para » = le parachutiste…ce qu’il n’a pas été bien longtemps : l’armée algérienne l’a radié des paras pour inaptitude physique - un mal de dos l’empêchant de sauter). C’est lui qui a enlevé 32 touristes européens à la frontière libyenne en février 2003…et obtenu de l’Allemagne près de 6 millions de dollars pour leur libération (L’Intelligent n° 2263 du 23 mai 2004).
b) Dans la région de Tahoua, au Niger, le 17 avril 2004, « un convoi de véhicules tout-terrain transportant des hommes fortement armés » est tombé « dans une embuscade tendue » par l’armée nigérienne (4 morts islamistes dont Cheikh Hassan, le chef, algérien, d’une brigade installée par El Para au Niger en février. Installé dans l’État de Kano, Cheikh Hassan acheminait des armes vers les maquis islamistes algériens. Il recrutait de jeunes musulmans des États de Kano et de Katsina pour lutter contre les régimes « impies » du Sahel « accusés d’être les vassaux » des États-Unis.
c) Au Mali, dans la région de Taoudenni et dans l’Adrar des Iforas, depuis mars 2004, l’armée malienne « pourchasse les islamistes » : il s’agit sans doute des hommes d’El Para : en effet au début de 2004, el Para (riche de la rançon allemande) était dans le nord du Mali, d’où il passait commande d’armes et de véhicules : « en février, les Algériens ont intercepté un convoi transportant des mortiers, des lance-grenades et des missiles sol-air » (article cité du New-York Times). A noter qu’el Para s’est semble-t-il fait rouler par les Touareg…qui ont accepté les quelques millions de dollars qu’il leur proposait…mais n’ont pas constitué les troupes qu’il voulait avoir à sa disposition pour son djihad…
d) A Stuttgart, en Allemagne, (siège du Commandement des forces armées
américaines en Europe), en avril 2004, les Américains ont réuni les
chefs militaires de 9 pays (Les 3 États du Maghreb + Sénégal,
Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso) pour renforcer la coordination
dans la lutte anti-terroriste. Ils ont envoyé des commandos des forces
spéciales en Mauritanie et au Mali (dans le région de Tombouctou)
pour former des soldats de ces deux pays à la lutte antiterroriste...et sans
doute combattre discrètement : ce sont sans doute eux qui ont (seuls
ou avec les armées des pays concernés) chassé le groupe d’El Para du Mali et du
Niger et l’ont disloqué au nord du lac Tchad (cf. supra), obligeant son chef à
se réfugier au Tibesti. Le groupe d’El Para était surveillé par les services
algériens…et par un avion américain P-3
Orion envoyé depuis l’Allemagne pour suivre leurs déplacements au Sahara. Les
États-Unis fournissent camions, radios et matériel de repérage aux armées
malienne et mauritanienne. Ils ont mis en route une « Initiative pansahélienne » regroupant
Source : L’Intelligent n° 2263 du 23 mai 2004 (notamment la traduction d’un article du New-York Times).
A l’autre bout de l’Afrique noire, à Djibouti, les
Américains disposent désormais d’une base dans le cadre de l’opération « Enduring Freedom ». Selon le
président de Djibouti, il n’y a ni Djiboutiens ni Éthiopiens dans le réseau el Qaïda, mais il y a des Soudanais, des Somaliens, des
Comoriens…Djibouti reçoit désormais l’aide de l’U.S. AID. Les Américains
entraînent les troupes djiboutiennes à la lutte antiterroriste…et
versent un loyer de 15 millions de $ pour leur base, soit près du double
de ce que payait
Source : interview du président Ismaïl Omar GUELLEH par François SOUDAN, L’Intelligent n° 2261, 9-15 mai 2004 et cahier spécial « Djibouti – 30 ans : L’âge des possibles » (Le Plus de Jeune Afrique, dans le n° 2446, 25 novembre – 1er décembre 2007 de l’hebdomadaire Jeune Afrique).
Dans un des pays voisins de Djibouti (ancienne « Côte
française des Somalis),
Des attentats
terroristes ont eu lieu dans deux autres pays d’Afrique de l’Est :
contre un hôtel fréquenté par des
Israéliens dans une station balnéaire au
nord de Mombasa au Kenya (le 28 novembre 2002) et contre les
ambassades américaines à Dar-es-Salaam (Tanzanie) et Nairobi (Kenya) en août 1998 ; ces derniers avaient causé
la mort de 224 personnes et en avaient blessé près de 5.000. Un nouvel attentat
attribué aux Islamistes a eu lieu le 11 juin 2007 dans le centre de Nairobi non
loin de l’ambassade des États-Unis.
Le 20 août 1998,
au
Soudan, où Oussama BEN
LADEN avait résidé de 1991 à 1996, avant de partir en Afghanistan, les Américains avaient bombardé à Khartoum-Nord
une usine qui, selon eux, lui appartenait et qu’ils soupçonnaient de fabriquer
des armes chimiques ; en fait c’était une usine pharmaceutique…et elle
n’appartenait plus à Oussama BEN LADEN qui l’avait vendue quelques mois
auparavant. Les États-Unis ne se sont même pas excusés, en tout cas
publiquement, pour cette grave bavure…
Nota bene : Si l’on parle surtout en Afrique Noire, de l’intégrisme
musulman, parce qu’il y est, dans la phase historique actuelle, le plus
répandu, le plus actif et le plus violent, il ne faut pas oublier qu’il existe
aussi dans certaines régions et notamment en Nigéria (ou, sous des
formes plus dévoyées encore en Ouganda), des mouvements chrétiens
violents : ainsi à Yelwa, dans l’État
du Plateau, au Nigéria, le 2 mai 2004 des miliciens chrétiens Tarok (agriculteurs anglicans) ont attaqué
des éleveurs peuls (Fulani) musulmans :
les affrontements ont fait 67 morts. Les Tarok,
accoutrés en militaires, avaient « au moins 2 jeeps armées de
mitrailleuses lourdes et ont poursuivi les fuyards, femmes et enfants
compris, avec des fusils d’assaut, jusque dans leurs maisons ». Trois
mosquées ont été incendiées. Les Fulanis survivants
ont décidé de quitter le Plateau (de Jos) et cherchent des terres pour se
réinstaller dans un état plus au nord (ils étaient venus du nord, il y a plus
de 100 ans, et s’étaient sédentarisés dans la région de Jos). En réponse
à ces massacres, les 11 et 12 mai à Kano, des émeutes anti-chrétiennes ont fait au moins 600 morts
(selon
Source : article de Métro du 5 mai 2004
Source : L’Intelligent n° 2262 du 16 mai 2004
2) L’Afrique noire et la politique mondiale
La mondialisation se traduit par les interactions croissantes
entre les différents pays de la planète dans le domaine de la politique comme
dans les autres domaines. En effet dans le contexte de la mondialisation tout
ce qui se passe d’un peu important dans un pays concerne de plus en plus le
reste du monde. Les interventions des puissances dans la politique intérieure
des pays africains sont courantes et souvent dénoncées par les nationalistes
Africains, mais, même si elles sont moins fréquentes et souvent de moins de
poids, les ingérences des pouvoirs africains dans la politique intérieure des
grandes et moyennes puissances existent. C’est particulièrement vrai dans le
cas de
A cet
aspect financier généralement illégal et en tout cas moralement contestable,
s’ajoutent des « amitiés » politiques qui sont des alliances plus ou
moins mutuellement profitables : ainsi Alain MADELIN et Nicolas SARKOZY se disent « amis » du président sénégalais
Abdoulaye WADE. Jacques CHIRAC et un fils MITTERRAND
avaient des relations « amicales » ou d’affaire avec le dictateur
togolais GNASSINGBÉ ÉYADÉMA (aujourd’hui décédé mais dont les fils se partagent
toujours le pouvoir à Lomé). Parfait
KOLÉLAS, le fils de Bernard KOLÉLAS
(ancien maire de Brazzaville et éphémère premier ministre du Congo)
s’affichait à la fin des années 1990
comme un « ami » de Jean-Marie LE PEN : il faisait partie de
ceux qui servaient au chef de Front National à « montrer » que son
parti n’était pas raciste…
Le 28 novembre 2004, au Congrès
de l’U.M.P. au Bourget, qui a vu l’intronisation de Nicolas SARKOZY comme
président du mouvement, de très nombreux responsables politiques africains
étaient invités et présents : parmi eux, deux premiers ministres en
exercice : ceux du Sénégal (Macky SALL) et du
Togo (Koffi SAMA), le président du Sénat malgache (Rajemison
RAKOTOMAHARO), de nombreux ministres (du Cameroun, du Mali, du Sénégal), des
responsables de partis politiques (du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, du Gabon,
du Ghana, de Mauritanie…). On peut noter que plusieurs partis politiques de
Madagascar ont demandé à l’U.M.P. de participer à la formation de leurs
cadres.
Les
ingérences des Occidentaux dans les conflits
africains : exemple actuel de
-
Les électeurs français en Afrique et africains en France (élections sénégalaises et
maliennes notamment).
-
Le rôle des observateurs européens (ou internationaux) dans la
validation des élections : exemples au Togo, au Zimbabwé, au
Burkina Faso tout récemment etc.
-
Laurent GBAGBO et Abdoulaye WADE ont été les premiers chefs d’État du
monde à féliciter CHIRAC de sa réélection.
-
Les relations « mondiales » de certains dirigeants africains : exemple du
« pasteur » de Laurent GBAGBO : Moïse KORÉ (cf. L’Intelligent n°
2291 du 5/12/2004) : ses liens avec
3) L’Afrique noire et la sécurité (hors le
problème du terrorisme islamiste dont on a parlé ci-dessus)
La question des mercenaires :
-
Executive Outcomes et l’exploitation des
diamants au Sierra Leone ; cette entreprise a cessé d’exister ; mais
un des ses anciens dirigeants est impliqué dans la tentative de coup d’État
contre le président Teodoro OBIANG NGUÉMA en Guinée
Équatoriale (en 2004).
-
Le gouvernement de Laurent GBAGBO utilise les services de
mercenaires russes et biélorusses (pilotes d’hélicoptères ou
d’avions) : le 6 novembre 2004, les militaires français ont arrêté
plusieurs pilotes russes qui ont été remis le 9 au consul de Russie en Abidjan.
-
Le président français (CHIRAC), quand il tentait en vain de défendre
MOBUTU à l’extrême fin de son règne, avait utilisé comme mercenaires des Serbes
connus comme criminels de guerre (en Bosnie). Il faisait cela en secret
et sans l’accord du gouvernement de Lionel JOSPIN, arguant des prérogatives du Chef
de l’État en matière de politique étrangère et de défense.
-
Le Front National (français) et le port de Pointe Noire (et la
sécurité de Sassou !)
-
Le refus des Occidentaux d’intervenir directement sauf pour préserver
la vie de leurs ressortissants après la déconvenue en Somalie (il y a encore eu
l’Opération
Turquoise (française) au Rwanda, les Britanniques en Sierra
Leone…mais à part cela on essaie de mettre sur pied des organismes de règlement
des conflits et des forces d’intervention africaines multinationales qui
reviennent bien moins cher que les troupes de l’O.N.U.). Autre énorme
avantage : pas de morts occidentaux…
Oxfam : puissante O.N.G. britannique (www.oxfam.org) qui travaille à trouver des
solutions durables pour éliminer la pauvreté et la souffrance (notamment par
l’éducation et notamment en Afrique de l’Ouest cf. Offres d’emploi parues le 16
mai 2004 dans l’Intelligent). Elle a publié le 6 décembre 2004 un rapport très
agressif vis à vis des pays riches concernant la lutte contre la pauvreté. Elle
interpelle notamment les dirigeants du G8 pour qu’ils respectent leurs
promesses…précisant notamment que si les engagements ne sont pas mieux tenus
d’ici 2015 qu’ils ne l’ont été depuis l’an 2000 *, près de 250 millions
d’Africains de plus vivront avec moins d’un dollar par jour (Le Figaro a
écrit : par mois, mais c’est un coquille…révélatrice).
* En l’an 2000 l’ONU a adopté les
« Objectifs du Millénaire », au rang desquels figure la réduction de
moitié de la pauvreté dans le monde entre 2000 et 2015.
Reporters Sans Frontières (R.S.F.) : elle est intervenue
notamment dans l’affaire Norbert ZONGO au Burkina Faso.
Amnesty International : elle est intervenue
notamment dans l’affaire des cadavres retrouvés dans les eaux du Togo. Voir
offre d’emploi parue dans L’Intelligent du 16 mai 2004 : les O.N.G.
recrutent !
Transparency International propose une notation des pays : le Cameroun a
eu au moins 2 ans de suite, récemment, le titre peu glorieux de « pays le
plus corrompu de la planète » mais il ne l’est plus. Voir le compte-rendu
du rapport 2004 dans le n° 2262 de l’Intelligent (16 mai 2004). Site de ce
rapport : www.globalcorruptionreport.org
On y apprend que Daniel arap
Moi (l’ancien président du Kenya) et les membres de son régime ont détourné
plus d’un milliard de dollars que le gouvernement kényan actuel essaie de
récupérer…Il a demandé à
Mais le record africain est détenu par
Au Congo – « Zaïre », le régime de MOBUTU (lui,
sa famille et son entourage) a volé plus de 5 milliards de dollars
aussi…mais en 32 ans (1965-1997), pas
en 5 ans ! Il est vrai que le Congo-Zaïre n’a guère de pétrole et qu’il est
bien moins riche en « royalties » que
Médecins Sans Frontières (M.S.F.) : Prix Nobel de la paix, co-fondée par Bernard KOUCHNER ; elle est intervenue
notamment au Congo-Brazzaville en 1998-1999.
Le
W.W.F. pour la conservation de la
nature etc.
Greenpeace et le bois africain : intervention dans le
port de Nantes contre le déchargement d’un bateau de bois libérien. Ce
bois libérien, une des ressources principales du pouvoir de ce pays, finançait
en partie l’intervention armée clandestine du Libéria dans l’ouest de
Le
rôle des O.N.G (notamment « Agir ici et maintenant » « Les Amis
de
Désengagement de
Si le Sénégal, le Mali, le
Bénin, l’Afrique du Sud, le Ghana et, avant les événements de janvier 2008, le
Kenya, paraissent ou paraissaient des exemples, la plupart des pays sont
encore sous le règne de dictatures. Il y a cependant eu, à partir du
moment où le P.C.U.S. (le 15 mars 1990) a renoncé à son « rôle
dirigeant », des progrès sensibles dans la voie de la
démocratisation : le pluripartisme effectif (pas à la chinoise) et
le pluralisme de la presse écrite (parler de « liberté »
serait excessif pour beaucoup de pays) sont des acquis des années 1990 dans
presque tous les pays. En effet le modèle soviétique avait été l’alibi des
dictatures – même « de droite » - entre 1970 et 1990.
Solidarité mondiale pour sauver la femme
condamnée à être lapidée selon la charia appliquée dans de nombreux
États du nord de
La mondialisation c’est
aussi la multiplication des territoires échappant au droit ordinaire :
paradis fiscaux, pavillons de complaisance (Libéria surtout pour les
Américains, Kerguelen surtout pour
TROISIÈME PARTIE
MONDIALISATION ET CULTURE
EN AFRIQUE NOIRE
-
L’Afrique noire et les langues :
1.
La francophonie (la moitié des francophones sont africains…). La
francophonie est régulièrement célébrée dans des « grands messes »
comme le sommet qui a eu lieu à Ouagadougou fin novembre 2004…mais
pour les jeunes Africains désireux d’émigrer en France, en Belgique, en Suisse
ou au Canada, la solidarité francophone est bien peu sensible :
francophones ou pas, il leur est très difficile d’obtenir un visa pour
se rendre dans les pays riches de
2.
Recul des langues ethniques. Essor des langues véhiculaires ou
« nationales » africaines et des grandes langues internationales : anglais, français,
portugais, arabe en ce qui concerne l’Afrique noire.
-
L’Afrique noire et les religions : deux mouvements religieux conquérants :
le protestantisme (financé par les
Américains) et l’islamisme (financé
par l’Arabie saoudite). Le catholicisme
et l’animisme sont sur la défensive.
Apparition de nombreux mouvements
prophétiques d’inspiration chrétienne.
QUATRIÈME PARTIE
ÉCONOMIE ET MONDIALISATION
EN AFRIQUE NOIRE
Deux particularités de
l’Afrique noire :
-
Marginalité : L’Afrique noire ne que fait que 1 % du commerce mondial !!! (en
2004, selon diverses sources autorisées officielles). C’était 1,7 % en 2001
mais la part de l’Afrique Noire a fortement chuté (d’au moins 5 %) entre
2002 et 2004 tandis que la part globale des pays en développement grimpait de
15 à 20 % (selon
-
Dépendance extrême c’est-à-dire plus forte que dans les autres groupes de pays « en
développement » :
1.
des bailleurs de fonds internationaux
2.
des capitaux étrangers. Mais les investissements privés
en Afrique Noire ne représentaient que 2% du « PNB » de la région
(sans doute en 1999) contre 4 % en moyenne dans les autres pays en
développement (selon
3.
et des marchés extérieurs car le marché intérieur est le
plus souvent très étroit et l’économie des pays dépend très largement de
l’exportation de quelques produits, voire d’un seul, que ce soit le
cacao et le café en Côte d’Ivoire, le coton et l’or au Mali, le
coton au Burkina Faso, le pétrole en Nigéria, Angola, Guinée
Équatoriale etc.). Cela fait que ces pays connaissent des cycles avec des variations
brusques et de grande ampleur de leurs revenus (Congo-Brazzaville, Guinée
Équatoriale, Côte d’Ivoire), rendant difficile toute prévision budgétaire. On
en a eu récemment une illustration « géographique » de
l’importance vitale du cacao et du café en Côte d’Ivoire avec
l’intervention de l’armée française qui a permis de sauver pour le président
élu ce qu’on pourrait appeler « la Côte d’Ivoire utile »,
c’est-à-dire les régions forestières du sud, productrices de cacao, de
café et de bois: elles représentent moins de la moitié de la superficie du
pays mais environ 85 % du P.I.B. (en tout cas plus des ¾ ; en incluant,
bien sûr, les activités d’Abidjan, métropole du pays à tous les égards) :
la presse a parlé à ce propos de « Gbagboland ».
Le Sud n’a pas besoin du Nord pour vivre, mais le Nord a
besoin du Sud…
La dépendance n’est plus
coloniale
et elle est de moins en moins néocoloniale car les partenaires se
diversifient, mais elle se manifeste souvent par la conditionnalité des
aides : dons, prêts concessionnels, réduction de la dette (I.P.P.T.E.),
régime douanier de faveur (AGOA). Or dans certains pays l’aide extérieure
apporte une part considérable du budget de l’État : 48 % par exemple
au Mozambique en 2004. On comprend que dans ces conditions le
gouvernement n’a pas vraiment les mains libres…
L’AGOA (Africa
Growth Opportunity Act) est une loi américaine, votée à l’initiative du président
CLINTON, qui donne accès au marché américain à des conditions très avantageuses
à certains produits africains notamment les textiles, mais sous condition
que les pays producteurs respectent toute une liste de critères (par
exemple que les tissus ne soient pas faits avec des fils de coton non-africain,
notamment chinois, me semble-t-il …mais je viens de lire – est-ce
vrai ? qu’il faut que le fil de coton soit américain : j’en
doute ; en tout cas les gouvernements doivent, pour que leur pays soit éligible,
avoir une politique « libérale » au sens économique etc. – y compris
politique). Chaque année le président des États-Unis dresse unilatéralement
la liste des pays bénéficiaires et des produits concernés. Maurice
a été sans doute le premier pays à en profiter. Madagascar a aussi été
déclaré éligible mais c’était avant l’imbroglio politique qui a fait suite à
l’élection présidentielle de 2002. Le gouvernement malgache en effet était
devenu un des chouchous de
*** voir l’article du numéro
de juillet 2003 d’Écofinance « Les mauvaises
surprises de l’AGOA » et l’article de Pascal AYRAULT « Les
hydrocarbures d’abord et avant tout » (L’Intelligent du 2 mai 2004, avec
le sous-titre : « L’Agoa profite surtout
aux États-Unis ».
Les États-Unis ont mis en place à Accra un Centre pour le Commerce en Afrique de l’Ouest (West Africa Trade Hub : WATH) « pour augmenter la compétitivité du commerce ouest-africain », promouvoir « les exportations de la région, surtout aux États-Unis sous l’égide de l’AGOA » et une « fluidification des échanges à l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest » (selon une annonce du WATH dans L’Intelligent du 5/12/2004). Ce centre est financé par l’Agence pour le Développement International des États-Unis (U.S.A.I.D.). Pour de plus amples informations, voir le site : www.watradehub.com
Un des
premiers à avoir proclamé ce type de conditionnalité est François MITTERRAND
dans son discours de