GÉOGRAPHIE DE
1.
C’est le rapport
entre l’effectif d’une population et l’espace sur lequel elle vit. En français
et dans la plupart des langues du monde, elle s’exprime en habitants par km²
(sauf, souvent, en anglais, exception d’importance, à cause de la
réticence des Anglo-Saxons à adopter le système métrique). On peut la calculer
au sein d’un État, d’une région, d’un département, d’une commune ou de tout
espace défini.
N.b.: à titre de
rérérence pour les comparaisons, la densité de population de
A) LES ESPACES TRÈS PEU PEUPLÉS
1. LES RÉGIONS TRÈS ARIDES : DÉSERTS OU SEMI-DÉSERTS
BIOLOGIQUES
La densité de population est très faible dans certains milieux peu propices à la vie humaine
comme dans les régions arides : le
désert du Sahara, en Afrique, est le
plus grand désert chaud du monde; comme l’Antarctide (le plus grand désert
froid), c’est un désert biologique
presque total : presque pas de plantes, presque pas d’animaux, presque pas
d’hommes.
Étude d’une carte blanche du Sahara:
La feuille Tin
Begane de la carte du Sahara de l’I.G.N. (français) au 1/200.000
L’espace cartographié se situe en Algérie, au sud de Tamanrasset, dans la seule région de la terre
où le thermomètre peut atteindre 70° à l’ombre (cf. Viers, « Éléments de
climatologie », p. 150) : en tout et pour tout sur « un degré carré » (21-22 ° N, 5-6° E),
soit ici 10 à 12.000 km² : 9 noms différents (en langue touarègue : le
tamacheq), plus 2 « pistes », 3 bornes et 1 point astronomique.
Aucune végétation. Parce qu’il ne pleut jamais ? Non ! La preuve : on voit un
réseau « hydrographique » très dense, notamment dans le quart N-E. Il
y a eu du vent la nuit que j’y ai passée au pied de la montagne de Tin
Begane : le lendemain nous étions
comme les premiers habitants de la terre : aucune trace de voiture ni d’aucun
être vivant (à part les balises, tous les kilomètres) pendant une très longue
distance.
Projection de diapositives sur le Sahara algérien
Plateau duTademaït et plaine de Tin Begane comme
exemples de désert biologique presque absolu, oasis du Mzab comme exemple d’îlots de peuplement urbain et de colonisation
agricole au Bas-Sahara.
Si le Sahara est un
vaste désert, il comporte des îlots de fortes
densités : les oasis, qui sont souvent des villes.
Si l’on étudie la densité de population dans le monde au niveau statistique des États souverains
(appelés d’habitude « pays » dans le langage courant), ceux qui ont
une densité très faible liée à un climat chaud et aride sont les
suivants :
Tous les chiffres qui précèdent et
qui suivent sont des estimations pour le 1er juillet 2007 selon « 2007 World Population - Data
Sheet »,
publié en août 2007 par
le Population
Reference Bureau.
En Afrique australe
deux pays ont une densité de 3 habitants
par km² :
Il est très important de retenir que l’aridité d’un écosystème ne dépend pas seulement de la pluviométrie
(c’està-dire du total des pluies et de leur répartition dans l’année). Elle
dépend aussi :
-
de
la température : plus il fait
chaud,
·
plus
l’évaporation de l’eau de pluie est rapide et importante, ce qui diminue
l’apport d’eau à l’écosystème
·
plus
les plantes et les animaux transpirent (leurs besoins en eau augmentent donc)
Cela
signifie donc qu’à pluviométrie égale une
région peut être considérée comme aride ou subaride (subaride
signifie : presque aride) si elle est chaude et une autre comme
convenablement arrosée : par exemple la hauteur moyenne annuelle des
pluies est sensiblement la même à Paris et à Ndjaména la capitale du Tchad
(environ
-
de
la perméabilité du sol, elle-même
pouvant jouer de manière complexe...selon la composition granulométrique (argile,
limon et sable), selon le type d’argile : kaolinite (argile blanche
imperméable) ou montmorilllonite (argile noire gonflante, capable
d’emmagasiner de l’eau qui peut ensuite être captée par les racines des
plantes) et selon la profondeur du niveau imperméable.
-
de
la pente….Sur un sol imperméable en
pente, l’eau de pluie ruisselle : elle part vers l’aval et ne peut donc
profiter à la végétation.
-
de
l’exposition au soleil : plus
l’énergie reçue du soleil est importante, plus il fait chaud et plus les besoins
en eau des êtres vivants augmentent
-
de
l’exposition aux vents : le
vent, sauf s’il est très humide, est en général un facteur d’évaporation ;
il accroît donc les besoins en eau des êtres vivants.
Pour
caractériser un milieu naturel du point de vue de l’aridité, il convient donc
de prendre comme critère la végétation
(et plus généralement l’écosystème vivant) car ils intègrent tous les facteurs
environnementaux.
En Asie,
Généralement donc les régions très arides sont hostiles à
toute sorte de vie, végétale et par conséquent animale, et ces régions sont
très peu peuplées. Cependant on peut avoir de fortes densités locales : soit
quand il y a des ressources en eau souterraines (plus ou moins profondes :
exemples des oasis du Mzab, avec la
nappe albienne), ou par le biais d’un fleuve
allogène (l’Égypte « don du Nil » et le Pakistan « don de
l’Indus ») ou encore des sources de pétrodollars
ayant attiré l’immigration et permis la mobilisation de ressources en eau à
grands frais (dessalement de l’eau de
mer *, exploitation de ressources en eau profondes comme en Arabie devenue
exportatrice de blé (**) ! ou en Libye avec la « Grande
rivière artificielle », d’où les « déserts peuplés »
comme Bahreïn*** (en 2007 : 800.000 habitants sur moins de 695 km²: petite île
de 60 x
* Même si le coût du dessalement
de l’eau de mer a été divisé par dix depuis 1994, ce mode d’approvisionnement
en eau douce demeure assez onéreux et son utilisation est très concentrée
géographiquement : la péninsule arabique détient le 2/3 de la capacité
mondiale de production. Mais le recours
au dessalement progresse aux États-Unis, en Espagne, en Israël. La ville
d’Alger qui connaît d’énormes problèmes d’approvisionnement en eau douce devait
être dotée en 2007 d’une grande usine de dessalement (construite par
l’entreprise américaine General Electric).
** La production de blé en Arabie saoudite
est largement subventionnée par l’État. L’exportation n’est autorisée que s’il
s’agit d’un blé non subventionné ou si la subvention a été remboursée à l’État.
Voir à ce propos le Rapport du
groupe de travail de l'accession du Royaume d’Arabie saoudite à
l'Organisation Mondiale du Commerce
du 1er novembre 2005.
*** Bahreïn est le plus ancien producteur
arabe de pétrole parmi les pays riverains du Golfe arabo-persique (première
découverte en 1932) mais la production est tombée à 38.000 barils par jour en
2005. Mais Bahreïn reçoit de l’Arabie saoudite une quantité bien plus
importante de pétrole à prix coûtant, qu’il revend sur le marché en empochant
le bénéfice. Cette générosité du grand voisin a un coût politique…Il demeure
que de nos jours l’économie de Bahreïn est fondée sur les services plus que,
directement, sur le pétrole ; en fait, bien entendu, ce sont les
pétrodollars de la région qui s’y investissent et s’y dépensent.
Autre cas encore: Israël (densité: 332), pays dont
environ la moitié du petit territoire est occupé par le Néguev, un semi-désert, mais qui est un pays développé et un foyer
d’immigration pour le peuple juif et aussi un foyer de concentration de capitaux
(notamment américains).
Noter qu’en Europe et
dans les Amériques aucun État n’a la majorité de son territoire aride. Cela
tient au fait que l’aridité est largement liée à la continentalité et affecte surtout l’Ancien Monde (en Afrique et en
Asie, l’Europe étant le finisterre très découpé de l’Asie vers l’Océan
Atlantique : donc un espace peu continental). Mais cela tient aussi au découpage des frontières : il y a des régions très peu pluvieuses dans les
Amériques (Grand Nord canadien, vallée de la mort en Californie, désert
d’Atacama au Chili, nord de
2.
La forêt équatoriale est
très souvent aussi un domaine peu peuplé :
·
Amazonie en Amérique
·
En
Afrique: massif forestier congolais
lato sensu et confins Côte
d’Ivoire-Libéria (massif forestier libéro-éburnéen, au sein duquel se
trouve le Parc National de Taï, en Côte d’Ivoire)
·
En
Asie la forêt de Bornéo, de Sumatra et de
Étude de la feuille Pikounda de la carte de
l’Afrique Centrale au 1/200.000 de l’I.G.N. (français)
La ligne qui limite la
carte au sud est l’Équateur
(latitude 0°).
La longitude - entre 16
et 17 ° Est - est la même que celle de Vienne, la capitale de l’Autriche.
L’espace cartographié se situe dans
La carte de Pikounda est un exemple de ces nombreuses régions de forêt équatoriale comportant de
vastes espaces totalement vides d’hommes résidents, mais où l’on trouve
souvent un peuplement nomade de chasseurs-cueilleurs non-agriculteurs
(les Pygmées en Afrique équatoriale), sauf
dans des milieux particuliers comme la forêt
inondée, si présente sur la carte de Pikounda, où même les Pygmées ne
s’aventurent guère : la « vasière » congolaise est un désert
humain absolu ; voilà pourquoi a pu naître la rumeur qu’elle abriterait
encore des dinosaures vivants : c’est la légende du mokélé-mbembé
qui hanterait les parages du lac Télé (à
Les vraies forêts « vierges », celles qui n’ont jamais été
parcourues par l’homme, n’existent pratiquement plus sur terre…mais il est
possible qu’il y en ait sur la carte de Pikounda car la plus grande partie des
forêts ici cartographiées sont des forêts marécageuses, ce qui rend extrêmement
difficile leur pénétration par l’homme. Sur terre ferme on ne trouve plus guère
de forêts vierges au sens propre, mais on peut encore trouver des forêts dites primaires : on entend par là qu’elles n’ont jamais été défrichées
par l’homme. Le qualificatif primaire
s’oppose à secondaire...et à planté : une forêt secondaire est une forêt qui a repoussé sur l’emplacement
d’une forêt qui a été abattue par l’homme : c’est le cas de la majeure partie
des forêts équatoriales. Ces forêts secondaires se distinguent des forêts
primaires de plusieurs manières : notamment par la densité des végétaux
(plus forte en forêt secondaire) et par la composition floristique : le
peuplement comporte davantage d’espèces
dites « de lumière » ou « héliophiles »,
c’est-à-dire qui croissent bien mieux si
elles peuvent capter directement le rayonnement solaire ; parmi ces
espèces on peut citer le palmier à huile
(très utile à l’homme) et le parasolier
(moins utile). En observant la forêt le géographe ou le botaniste averti peut
détecter ces particularités dues à l’intervention de l’homme : il s’agit d’une anthropisation du paysage biologique.
En ce qui concerne la densité
par État, c’est la même chose que pour les déserts biologiques : les densités
sont très faibles sans jamais être nulles car il n’y a pas d’État sans hommes
quelque part : par définition un État ne peut avoir une densité nulle.
Exemples
d’États équatoriaux très peu densément peuplés
(Rappelons ici
que les chiffres de population sont en évolution constante et souvent
rapide : il est donc particulièrement important de les dater et de
chercher les chiffres les plus récents ! Ceux que nous donnons ici sont des
estimations pour le 1er juillet 2007 cf. supra)
- en Afrique: Gabon (d = 5),
Congo-Brazzaville (11), Guinée équatoriale
(18), Congo-Kinshasa (27)
- en Océanie:
- en Amérique: les trois Guyanes: Guyane (d=2), Suriname (3),
Guyana (4), et le Brésil (22) où la
moitié seulement du territoire est couvert par la forêt équatoriale (le
nord-ouest).
Voilà pourtant des régions où il fait chaud et où il pleut toute l’année: l’homme n’y a
pratiquement jamais froid, la
végétation est abondante : on peut faire
plusieurs récoltes par an, la faune est variée et pourtant, ces régions sont à la fois des déserts
humains et des espaces où la densité des êtres vivants est maxima...ceci
reste mal expliqué. En réalité l’homme
est un animal peu fécond (la femme
ne peut se comparer à la lapine ou à la souris... pour s’en tenir aux
mammifères) et il n’a pu « exploser » démographiquement qu’en diminuant sa mortalité (l’essence de l’humanité, c’est la lutte
organisée contre la mort : les greniers
sont les ancêtres de la sécurité sociale;
la médecine; l’organisation des
secours) grâce à l’organisation étatique,
elle-même liée à la naissance des villes,
à la surpopulation par rapport au mode
de vie prédateur, surpopulation nécessitant
pour la survie des individus
(et non plus de l’espèce) une organisation sociale avec spécialisation de plus en plus poussée du travail (métiers), et aux facilités de communication. Or les communications
sont beaucoup plus difficiles en forêt équatoriale (visibilité). Pratiquement
tous les grands États africains précoloniaux, par exemple, se sont développés
en milieu ouvert (savane ou steppe).
Remarques concernant les autres animaux (que
l’homme)
1. L’agriculture et l’élevage ne sont pas le propre de l’homme :
certaines espèces de fourmis et de termites, dites
« champignonnistes », cultivent des champignons; certaines espèces
de fourmis élèvent des pucerons.
2. L’habitat « urbain » n’est pas le propre de l’homme :
* Parmi les mammifères ont peut citer : 1) les castors qui vivent en colonies nombreuses constituées de terriers
ou de barrages sur les rivières, avec des huttes (par exemple au Canada) 2) Les
chauves-souris dont certaines espèces vivent en colonies très nombreuses, par
exemple en Afrique équatoriale (mais
dans leur cas il n’y a guère d’aménagement ).
* Parmi les oiseaux ont peut citer les colonies
de passereaux de la famille des Plocéidés (à laquelle appartiennent nos
moineaux) qui peuvent compter, selon certaines sources, jusqu’à plusieurs
millions d’individus : tisserins (Ploceus spp.) dont une espèce porte le nom
usuel d’oiseaux-gendarmes ou encore les oiseaux mange-mil (Quelea quelea,
toujours de la famille des Plocéidés).
* Parmi les insectes : les termites, les fourmis et autres insectes dits « sociaux »
(comme les abeilles) vivent en villes où les problèmes d’environnement
(évacuation des déchets, pollution atmosphérique) doivent être résolus par un
travail d’entretien et une architecture particulière.
* On peut citer, avec des
caractéristiques différentes, les colonies de pingouins et de manchots (ici pas
d’aménagement), ou les peuplements d’araignées sociales du Congo et du Gabon
(rappelons ici que les araignées ne sont pas des insectes !).
3. La spécialisation s’observe aussi chez les insectes sociaux (termites, fourmis, abeilles) et chez les
mammifères (ex : les cynocéphales ou babouins),
voire chez les rats (maîtres et
esclaves).
4. La médecine existe chez les animaux:
ils savent se soigner de certaines maladies (par exemple par consommation de
certaines plantes: cf. les chiens) et il est même probable que les mères de
certaines espèces animales savent administer la médecine à leurs petits, mais
cela reste très limité, embryonnaire.
Mais
de ces 4 points de vue l’homme va bien
plus loin que les autres animaux aussi bien pour l’importance relative du phénomène que pour la variété de ses formes.
Toutes
les familles d’animaux citées ci-dessus (sauf les babouins, les pingouins et
les araignées sociales) comptent infiniment
plus d’êtres vivants que l’espèce humaine (on a tendance à l’oublier); mais
on ne peut pas dire (au stade historique actuel, ne préjugeons pas de
l’avenir !) que ces animaux dominent l’homme car chacun de leurs individus
est beaucoup moins puissant qu’un individu humain, de même que les États-Unis
sont actuellement plus puissants que
Noter
que le milieu
d’origine de l’homme est la forêt équatoriale (nos vêtements ont
pour fonction de reconstituer pour notre peau un micro-climat équatorial...) où
sont restés nos plus proches parents (le bonobo, les chimpanzés communs et les
gorilles).
cf. sur cette question: Josef REICHHOLF (biologiste et écologue
de l’Université de Münich): « L’émergence
de l’homme », collection Champs, Flammarion, Paris, 1993, 356 p.
p. 61: « les primates sont avant tout des habitants de la forêt. Leurs
aptitudes particulières s’expliquent en fonction des exigences qu’impose la vie
dans celle-ci. L’australopithèque était
donc un dissident par rapport à la ligne générale, un dissident qui, en dépit de multiples adaptations ancestrales à
la vie dans la forêt, prit le chemin de
la savane ».
p. 64: « l’écart génétique qui nous sépare du singe anthropoïde est infime. Le
génotype de l’homme n’a que 1,2 % de différence avec celui de son plus proche
parent le chimpanzé et 1,4 % avec celui du gorille ».
p. 65: « le
bonobo est le plus proche de l’homme. On pourrait à bien des égards le
considérer comme une copie simplifiée de l’australopithèque... » La
carte WWF/IZCN/UICN « Connaître et protéger la richesse naturelle du
Zaïre » dit, à propos du « chimpanzé pygmée » ou
« nain » (Pan paniscus) :
« Le chimpanzé pygmée, ou Bonobo, vit exclusivement au Zaïre*. C’est l’un des plus proches
parents de l’homme. Le parc national de
* Zaïre : aujourd’hui,
comme avant, République démocratique du Congo (capitale: Kinshasa), ancien
Congo belge, à ne pas confondre avec
Mais
précisément, même en faisant abstraction de la chasse éhontée que l’homme leur
livre actuellement, mettant en danger la survie de ces espèces si proches de
nous, ces animaux, peu prolifiques comme
nous, n’ont pas, eux, bénéficié de l’explosion démographique liée à la
révolution néolithique et à l’organisation étatique : pensons aux
éléphants, aux lions, aux baleines: l’homme est le seul grand mammifère à avoir su créer les conditions d’un essor
démographique extraordinaire par la diminution de sa mortalité en modifiant
ses habitudes alimentaires (abandon de l’économie prédatrice) et en
complexifiant son organisation sociale.
Nous avons été amené à parler de tout cela pour souligner
que le milieu équatorial , en soi
favorable à la vie puisque c’est là que la biodiversité est la plus grande, n’a
été favorable à l’homme que jusqu’à un
certain point (à l’origine), mais que par ailleurs il a sans doute joué
comme un obstacle à la croissance
démographique en tant que milieu peu
favorable aux communications, mais aussi en tant que milieu « douillet » ne nécessitant pas une organisation
sociale poussée : ressources alimentaires toute l’année, possibilité de se
cacher pour échapper aux prédateurs, du reste peu nombreux pour l’homme
dans cette forêt : la panthère en Afrique, le jaguar en Amérique et le
tigre en Asie sont les seuls carnivores dangereux pour l’homme, les autres
grands animaux étant phytophages comme l’éléphant ou omnivores mais peu
carnivores comme le chimpanzé et le gorille). Pays sans greniers et sans cheptel ces régions de forêt équatoriale
étaient des régions sans capital : il n’y avait pas besoin de hiérarchie ou d’organisation militaire pour gérer et
protéger des biens communs vitaux comme dans les pays à longue saison sèche ou
à hiver prolongé où la production n’a lieu chaque année que pendant un laps de
temps assez bref.
Beaucoup de scientifiques ont mis en avant le complexe pathogène pour expliquer le sous-peuplement des milieux équatoriaux
: ce complexe y est, effectivement, plus riche, plus varié en milieu équatorial
(mais est-ce suffisant comme explication ?
On peut en douter car l’homme est originaire de la forêt équatoriale (cf.
supra). La trypanosomiase a joué un rôle important, certes, mais seulement en
Afrique (cf. chapitre de Reichholf – op. cit. –sur la mouche tsé-tsé, et thèse
de Gilles SAUTTER : « De l’Atlantique au Fleuve Congo »). Or
l’Amazonie et Bornéo aussi sont très peu peuplées : le rôle de cette maladie ne
peut être la seule explication du sous-peuplement des régions équatoriales.
L’explication est plutôt dans les conditions de la première
explosion démographique de l’humanité, celle permise par la révolution néolithique (agriculture,
élevage, artisanat) et l’apparition des villes et des États (et de la guerre).
La seconde révolution technique, la révolution
industrielle, née en Europe occidentale à la fin du XVIIIème et au début du XIXème siècles a entraîné uns seconde explosion démographique, la mortalité
baissant bien plus vite que la natalité.
D’une manière générale donc, en milieu tropical, les savanes sont (ou étaient) plus peuplées
que les forêts. Mais après avoir énoncé cette « vérité générale »
souvent (mais pas toujours !) vérifiée, il faut dire tout de même qu’il s’agit
en partie d’une tautologie puisque
bien des savanes sont anthropiques et qu’il est bien rare, où qu’on soit sur la
terre, que la forêt subsiste là où la densité humaine est forte ! Et que
d’autre part il y a des savanes presque
désertes comme sur le plateau de M’Bé au Congo ou celles de l’Angola, pays
presqu’entièrement couvert de savanes et dont la densité n’est que de 13
habitants par km²)...Troisièmement l’économie
moderne a bouleversé la donne : la plupart des grandes cultures « coloniales », aujourd’hui
« commerciales » des pays tropicaux ont pour zone écologique la zone
tropicale humide, c’est-à-dire celle où règne le climat équatorial, d’où
l’accumulation de population dans les zones agricoles consacrées à ces cultures
(côte du Libéria, Basse Côte d’Ivoire, Bas-Ghana, Bas-Nigéria). Dans ces
régions joue aussi l’attrait de la côte
car il se trouve que ce sont les régions côtières qui ont un climat équatorial
favorable à l’économie de plantation : le Bas-Togo et le Bas-Bénin, qui sont
une fenêtre de savanes sur l’Océan, sont aussi très peuplés. La création, par
la colonisation européenne, d’une économie
extravertie utilisant les ports comme lieux de contact priviliégiés avec
l’extérieur, a entraîné depuis le début du XXème siècle une migration très importante de l’intérieur du continent africain vers
les régions côtières.
Noter d’une manière
générale - nous ne parlons plus ici des seules régions très peu
peuplées -
que la signification de la densité n’est pas la même selon la distribution
du peuplement dans l’espace:
-
Elle
a vraiment un sens dans les pays ruraux
à peuplement étalé (comme en pays serer
au Sénégal cf. carte de la région de Thiès, ou en pays mossi au Burkina Faso
cf. carte de la région de Boulsa ** (cette
dernière est disponible à
-
Mais
c’est très différent quand le peuplement est concentré soit en noyaux (pays du Niari au Congo-Brazaville)
soit linéaire (le long des rares routes et/ou rivières en Afrique centrale): cf. cartes
de la thèse de Gilles SAUTTER, cartes des régions de Koulamoutou
(Gabon/Congo) et Ndendé (Gabon/Congo) : dans ces cas il eput être plus
intéressant de calculer la densité par
km de route (kilomètre linéaire) plutôt que par km².
-
Intérêt,
pour faire des comparaisons entre
des régions différentes, de calculer la
densité sur l’espace utilisé par l’homme (mais à quelle fin ?: agricole, élevage, chasse, énergie, tourisme,
militaire ?). On voit que la notion de
densité est très complexe et mérite diverses approches complémentaires.