SOCIÉTÉS ET MILIEUX NATURELS EN AFRIQUE NOIRE

 

ÉLÉMENT DE COURS

 

Voici les cours qui auraient dû avoir lieu les 16, 23 et 30 novembre et le 7 décembre 2007

 

RETOUR A LA PAGE D’ACCUEIL

 

 

 

Altération du milieu naturel due à l’altitude

 

         Le fait essentiel est la diminution de la température : elle baisse en moyenne de 0,55° C tous les 100 m.

 

La cause de cette baisse de température est que la densité de l’air diminue : plus on s’élève, moins il y a de molécules absorbant le rayonnement solaire par unité de volume (mètre cube par exemple).

 

La température moyenne annuelle au niveau de la mer en Afrique tropicale est le plus souvent de l’ordre de 26° C : à 1.000 m d’altitude elle s’abaisse à 20°5 (environ) ; à 2.000 m il n’y a plus que 15° (température moyenne de Madrid); à 2.500 m (altitude d’Addis-Abéba) : 12°3 environ (température moyenne du Val de Loire); à 3.000 mètres : 9°5 ; à 4.000 mètres : 4°…ce qui veut déjà dire qu’il gèle pratiquement toutes les nuits. Retenons qu’entre 2.000 et 3.000 m les températures moyennes sont à peu près semblables à celles des pays tempérés : ces hautes terres ont attiré plus que les basses terres les hommes originaires des pays « tempérés » : colonisation anglaise de peuplement au Kenya (les « White Highlands » bien représentées dans le célèbre film « Out of Africa »)…

 

…colonisation belge au Katanga, portugaise en Angola, française sur les Hautes Terres malgaches : toutes les régions de l’Afrique tropicale qui ont connu une colonisation de peuplement de la part des Européens sont des régions d’altitude.

 

         La diminution de la température est un avantage car elle favorise le travail physique (moindre transpiration et besoin de s’activer pour lutter contre la fraîcheur ou le froid), élimine certaines endémies typiques des climats chauds (paludisme *, trypanosomiase) et diminue l'évaporation : => un haut plateau tropical a besoin de moins d’eau qu’une plaine ou un bas plateau pour l’agriculture.

 

* Au dessus de 1200-1500 m il n’y a pratiquement plus de moustiques, selon « Le travail en haute altitude », document de la médecine du travail du C.N.R.S. Pourtant il existe un paludisme d’altitude en Afrique Noire et à Madagascar.

 

         En revanche à haute altitude le manque d’oxygène est un facteur limitant de la force de travail (en tout cas pour ceux qui ne sont pas adaptés). Mais pour les populations qui y vivent en permanence depuis des siècles ou des millénaires des adaptations peuvent se produire comme cela a été constaté dans les Andes péruviennes et boliviennes: en atmosphère hypobare l’hypoxie artérielle provoque une adaptation du corps humain : elle « permet la libération par le rein de l’érythropoïetine, laquelle stimule la production d’érythrocytes »  (nom scientifique des globules rouges). L’augmentation du nombre des globules rouges (la polyglobulie) augmente la capacité de transport de l’oxygène par le sang. « La polyglobulie chez les natifs à haute altitude est proportionnelle à l’altitude à laquelle ils vivent » (cf. cours de licence STAPS de François COTTIN 1998-1999). Mais cette adaptation comporte par ailleurs des dangers pour la santé (on parle alors de polyglobulie pathologique d’altitude). Cette forme d’adaptation à l’altitude ne se retrouve pas chez les populations des hauts plateaux éthiopiens (ni chez les Tibétains) qui ne présentent pas de polyglobulie et pourtant sont tout aussi performantes pour le travail physique. Une autre forme d’adaptation est l’augmentation du débit respiratoire : le fait qu’il soit plus élevé chez les Tibétains que chez les habitants des Andes compense dans une certaine mesure l’absence de polyglobulie.

 

         Les montagnes tropicales sont celles où l’homme vit le plus haut car la température, à altitude égale, y est plus élevée : le village le plus haut d’Europe, Saint-Véran, est à 2.500 m à peine. En Éthiopie il y a des villages jusqu’à 4.000 mètres (record battu par les Andes où l’on trouve des villages jusqu’à 5.000 m ; en Bolivie, sur l’altiplano, l’agriculture monte jusqu’à 4.200 m ).

 

         Mais comme les températures diminuent, les conditions biogéographiques et édaphiques ne sont pas les mêmes : il y a un étagement de la végétation et un étagement des sols.

 

         Sur les bas versants la pédogenèse de type tropical (sols rubéfiés) peut avoir lieu. On trouve encore des sols rouges sur les hauts plateaux éthiopiens…mais sans doute guère au dessus de 2.500 m. En bas la végétation zonale monte à l’assaut des versants (forêt équatoriale, forêt sèche - savane, steppe…ou végétation désertique voire absence de végétation). Au delà d’une certaine limite altitudinale les arbres ne peuvent plus pousser : on a des prairies ou des steppes à graminées (vers 2.500 m au Cameroun, 3.000 m en Éthiopie, 4.000 m souvent ailleurs). Au delà le gel devient fréquent et l’on n’a plus que des lichens et des mousses. Vers 4.000 ou 5.000 m on rencontre les pierres gélivées puis les neiges éternelles. Le limite de ces neiges est plus basse sous l’équateur que sous les tropiques. Dans les Andes sèches péruviennes la limite des neiges éternelles est à 6.000 m !

 

         L’agriculture doit s’adapter à cette diminution de la température : les plantes tropicales peuvent être cultivées sur les bas versants mais au delà de 2.500 - 3.000 m il faut des plantes capables de résister au froid : blé, orge et, au sommet, pommes de terre. Les prairies et steppes d’altitude peuvent servir de pâturages (dega éthiopienne). N.b. L’orge et le blé dur sont originaires de l’Afrique (hautes terres de l’Afrique de l’est , notamment Éthiopie).

 

         Il faut noter que si les températures moyennes apparentent les hautes terres tropicales aux pays tempérés, les conditions de l’activité rurale sont cependant radicalement différentes.

 

         Par exemple à 3.000 m d’altitude au Kilimandjaro la température moyenne annuelle est de 7° C comme dans telle ou telle ville de la plaine de Sibérie ; mais la similitude s’arrête là. Au Kilimandjaro la température vraie oscille effectivement autour de 7° sans s’en éloigner beaucoup (peut-être 10° le jour et 4° la nuit). Au contraire en Sibérie la moyenne cache d’énormes différences : un hiver où les températures descendent à – 30 ou – 40 ° et un été bref mais assez chaud (15 à 20 °, avec maxima dépassant 35 ° ! qu’on ne connaîtra jamais au Kilimanjaro), assez pluvieux et ensoleillé. => A cause de l’été, phénomène des hautes latitudes où les jours sont bien plus longs que les nuits => l’ensoleillement très durable favorise une photosynthèse longue chaque jour et donc une croissance accélérée de la plante. Au contraire, pour une même température moyenne de 7°, les plantes croissent très difficilement au Kilimandjaro (il n’y fait jamais chaud)…

 

         Autre comparaison : entre 1.500 et 2.000 m il y a dans les montagnes tropicales des conditions thermiques comparables en moyenne annuelle à celles des basses terres méditerranénnes mais sans hiver et sans été, c’est à dire sans que la végétation soit arrêtée par le gel ou par une chaleur excessive. Avec une température plus ou moins constante (sauf la variation quotidienne entre le jour et la nuit) la végétation est dans des conditions optimales pour croître toute l’année (sous réserve qu’il pleuve) : on peut donc faire sur un même sol 2 à 3 récoltes par an d’une culture à cycle court (céréales par exemple).

 

L’altitude introduit un moindre risque sanitaire (Éthiopie, Hautes Terres malgaches, Highlands du Kenya) mais une plus forte attraction pour la colonisation européenne, d’où frustrations, injustices, accaparement de terres (révolte kikuyu : les Mau-Mau)…mais investissements (routes, chemins de fer, divers équipements) et modernisation. L’altitude, par son rôle sur la température module les plantes cultivables : le blé et le riz, le litchi, le café, l’hévéa etc.

        

         Des cartes de la production de blé et de café en Afrique illustrent bien le rôle de l’altitude dans la répartition de ces cultures et notamment, pour le café, entre l’arabica et le robusta.

 

 

Altération du milieu naturel due au relief : pluies orographiques et exposition aux mouvements de l’atmosphère.

 

·                           Tout relief tend à créer une ascendance et donc à provoquer des pluies : les pluies orographiques.

 

o       Dans les régions arides les hautes montagnes sont des points d’attraction (Éthiopie, Touareg de l’Aïr).

o       voire de véritables châteaux d’eau : cf. les climats de Douala et de Buea au pied du Mont Cameroun.

o       Dans les régions pluvieuses les pluies peuvent devenir excessives : précipitations énormes du Mont Cameroun par exemple.

o       Il arrive même souvent que les nuages stagnent (selon les conditions locales vers 1.500, 2.000, 2.500, voire jusqu’à 4.000 mètres. => Il y a des versants qui ne voient presque jamais le soleil et sont dans un perpétuel brouillard  => forêt des nuages avec mousses pendantes, bambous, fougères arborescentes (exemple : Mont Cameroun). Ce niveau des nuages est très répulsif : l’homme s’installe au dessous (au Mont Cameroun), mais dans les Andes, l’homme s’est installé au dessus.

o       Au delà de ce niveau de précipitations maximum les précipitations diminuent. La très haute montagne est peu arrosée. Les neiges résistent grâce au froid mais il neige rarement.

o       Tout relief crée aussi un abri en aval de lui (par rapport aux mouvements de l’atmosphère) => opposition de versants « au vent » et de versants « sous le vent », plus marquée dans la zone chaude où les courants atmosphériques sont relativement constants : on en trouve des exemples aux Iles du Cap Vert et à la Réunion eu au Congo-Brazzaville (avec la chaîne du Mayombe et le climat de Loudima « sous le vent » donc plus sec).

 

A partir de 1.000 m le mois le plus frais est < 18°. Apparition de cultures de pays frais : orge, pomme de terre et de l’élevage. Atténuation de l’amplitude thermique et diminution de la chaleur => villes de repos (Harar pour Djibouti, Dalaba au Fouta Djalon).

 

 

Altération du milieu naturel due à la pente : érosion, pédologie, refuge et enclavement, ensoleillement (E-W / N-S).

 

ð       Refuge, difficultés de communication, isolement mais enclavement pour le développement moderne.

ð       Effet de pente => sols plus riches, moins lessivés ; en fait appauvrissement vers le haut, renouvellement sur le milieu de pente, enrichissement vers le bas.

ð         Le rôle de l’exposition aux vents et au soleil : particularités des pentes et reliefs par rapport aux plateaux. Le soleil matinal est moins efficace. En zone tropicale un versant reçoit moins de chaleur par unité de surface que les plaines ou plateaux environnants (quand le soleil est haut dans le ciel, donc surtout versants nord et sud, les versants ouest et est étant exposés aux rayons obliques du début de la matinée et de la fin de l’après-midi.). C’est le contraire de ce que l’on observe sur les adrets (versants sud) dans les montagnes tempérées.

ð       Le risque d’érosion des sols (lié aussi à l’intensité des pluies, aux plantes cultivées, aux façons culturales). Penser à l’arachide, au degré de couverture végétale, aux labours etc. Une carte du danger d’érosion (selon les critères naturels) doit en principe intégrer ces différents facteurs.

 

Conclusion sur la pente : Inégal développement : avantage aux plaines ou aux plateaux. Les montagnards quittent leurs montagnes-refuges. La pente était leur défense dans le contexte antérieur.

 

 

 

 

2. LE CLIMAT

 

 

a) RÔle de la pluie pour les activitÉs rurales et l’alimentation

 

         Il y a en Afrique d’énormes différences de pluviométrie puisqu’on y trouve aussi bien des déserts où il y a des années sans aucune pluie (certaines parties du Sahara, Namibe) et l’une des régions les plus arrosées de la planète : le Mont Cameroun.

 

         Or c’est la pluviométrie qui est le caractère climatique le plus déterminant pour le géographe, car c’est lui qui explique le plus les différences écologiques (végétation, faune) et fait varier, pour l’homme, les potentialités du milieu naturel.

 

          Du point de vue de la quantité des précipitations il y a donc toute la gamme possible sur terre : depuis les régions où il ne pleut presque jamais (Sahara, Désert de Namibe) jusqu’aux régions hyper-arrosées du Cameroun sud-occidental (Avec 4 mètres de pluie Douala est une des grandes villes les plus pluvieuses du globe et le Petit Mont Cameroun est le lieu le plus pluvieux de l’Afrique et l’un des plus pluvieux du monde: 11 mètres de hauteur de pluie annuelle).

 

Il faut distinguer nettement :

 

-         les espaces bien ou assez bien arrosés (aux latitudes proches de l’équateur, sauf à l’est, près de l’Océan Indien) ;

 

-         les régions soumises aux sécheresses et aux famines (Sahel, Soudan, certaines parties de l’Afrique de l’Est) ;

 

-         les régions de climat méditerranéen où la tendance sèche domine mais où les pluies ont lieu pendant l’hiver de l’hémisphère sud : en juin-juillet au Cap.

 

 

          La répartition des pluies dans l’année (durée de la saison pluvieuse et répartitions du ou des maximum(s) et du ou des minimum(s) est ce qui définit le mieux les différents climats de l’Afrique noire.

 

          La répartition de la pluviométrie est zonale dans une grande partie de l’Afrique noire...mais ce n’est guère vrai le long de l’Océan atlantique sud, à cause du courant de Benguela et, bien sûr, le relief peut créer des pluviométries azonales (pluies orographiques : exemples : l’Aïr, ou, en bien plus important, l’Éthiopie).

 

 

La sécheresse

 

          L'Afrique est le continent le plus concerné par la sécheresse. Elle abrite le plus grand désert du monde: le Sahara: 8 millions de km2, soit 30 % du continent reçoivent moins de 100 mm de précipitations par an; c'est aussi le désert le plus absolu de tous. Ce désert a séparé l'Afrique tropicale des autres foyers de civilisation (2.000 km du Nord au Sud; seul lien : la vallée du Nil); l'Afrique du Nord a eu des échanges permanents avec l'Europe et l'Asie, pas l'Afrique tropicale.

 

          Pourquoi cette sécheresse ? En raison de la force de Coriolis qui détermine la circulation des fluides (liquides et gaz), liée à la rotation de la terre et, pour les eaux marines, en raison aussi des obstacles continentaux, il y a toujours aux latitudes proches des deux Tropiques, dans les 2 hémisphères, et sur tous les continents, des déserts sur la face ouest de tous les continents. Mais les faces est au contraire sont pluvieuses (Amérique centrale, Asie des moussons, côte brésilienne, côte mozambicaine)...

 

…mais à cause de la présence de l'Asie à l'est de l'Afrique au niveau du Tropique du Cancer, l'Afrique n'étant pas bordée par un océan, elle est sèche et le Sahara s'étend jusqu'à la limite est  du continent (le désert se poursuit d'ailleurs en Arabie). Cette situation résulte de la migration de la plaque Afrique vers le nord (1cm/an, une montagne est en train de se former entre la Crète et l’Afrique, sous les eaux de la Méditerranée). De même la présence du subcontinent indien qui a « rejoint » (en provenance du Gondwana) le continent eurasiatique empêche la formation dans l’Océan Indien d’un vaste tourbillon de courants marins comme il y en a dans l’Atlantique et le Pacifique. Un planisphère montrant les courants marins illustre très bien l’originalité de l’Océan Indien par rapport au modèle commun au Pacifique et à l’Atlantique : dans ces deux Océans il y a systématiquement des courants relativement froids à la latitude des Tropiques le long des faces ouest des continents et des courants relativement chauds le long des faces est : avec une seule exception : la face est de l’Afrique dans l’hémisphère nord bordée par l’étroite Mer Rouge au-delà de laquelle on retrouve le désert (normal) de la face ouest de l’Eurasie. La Mer Rouge est certes une mer chaude mais sa masse et sa largeur sont très insuffisantes pour déterminer des climats pluvieux sur la face est dun continent africain comme le font les océans partout ailleurs. L’Océan Indien austral présente une circulation marine à peu près normale, mais dans l’hémisphère nord, cet océan n’est qu’un mini-océan presque coupé en deux par l’Inde péninsulaire (qui entrave la circulation des eaux marines) et ils prészente par rapport à l’Atlantique et au Pacifique la particularité de ne pas recevoir d’eaux froides boréales.

 

          Au contraire dans les Amériques il y a des océans à l'est et de plus la très longue chaîne occidentale (des Rocheuses aux Andes) arrête près de la côte les influences asséchantes des courants froids de Californie et de Humboldt.

 

 

Y-a-til un assèchement du climat en Afrique noire ?

 

cf. « Évolution des climats et des ressources en eau » par Jacques Sircoulon in « L’environnement en Afrique », Afrique contemporaine, 1992 (qui, lui, parle d’assèchement, vu la date à laquelle il écrit).

 

          Il y a eu un déficit pluviométrique systématique pendant une quinzaine d’années (de 1969 à 1985) dans de nombreux pays africains (pas tous): dans l’hémisphère nord, recul vers le sud des isohyètes; discuter la notion de déficit....mais ce n’est plus vrai depuis : Pourtier écrit même (Afriques Noires, p.69) : « les années 1990 ont vu le retour d’un « Sahel vert » ».

 

          Ainsi, au Mali, il y a eu une grave sécheresse en 1983-84, qui entraîné un déficit céréalier qui a culminé à 480.000 tonnes en 1985, mais ensuite il y a eu des pluies excédentaires: en 1989-90, 500.000 t d’excédent (Quid 1997 p. 1300a).

 

          De même au Niger, il y eu une sécheresse en 1984 mais les pluies sont « abondantes depuis 1991 » (Quid 1997).

 

          Ce déficit pluviométrique systématique a entraîné un effondrement des ressources hydriques, d’où une dégradation sévère de l’environnement: mais est-ce nouveau ? Déjà en 1910 le général Tilho se demandait si le lac Tchad n’était pas en voie de disparition ; le niveau avait remonté dans les décennies suivantes mais il s’est de nouveau abaissé depuis 1970 si bien que l’expression « le lac Tchad » n’est plus valide de nos jours : l’abaissement du niveau de l’eau a entraîné une fragmentation et pour être exact il faut parler aujourd’hui des lacs Tchad.

         

          Il y a des phases sèches, mais aussi des phases humides : la sécheresse est donc une phénomène cyclique : plusieurs années particulièrement sèches sèches se succèdent puis des années plus pluvieuses se succèdent. Les sécheresses de 1913 et de 1940 ont été aussi graves que celles de la période 1969-1985. D’une manière générale, depuis 2.500 ans B.P.*, c’est-à-dire depuis le VIème siècle avant Jésus-Christ, la tendance est à l’aridification sur les marges du Sahara (cf. Pourtier, Afriques Noires p. 69).

 

* B.P. signifie : « before present » : le « présent » a été défini par une convention internationale des géologues comme l’année 1950, pour éviter toute référence à Jésus-Christ.

 

 

          Du site FAO 4-4-02 : selon F. Paladini (1985), à propos de la zone d’un projet FAO au Niger :

 

          « Une longue période de sécheresse, qui a débuté en 1965-66, a culminé en 1984. Elle a provoqué une accélération de l’érosion et par conséquent une désertification autour de la zone du projet (où la pluviométrie s’est abaissée à 150 mm). C’est pourquoi on a parlé de paysage lunaire au début du projet.

 

 

Sécheresses et désertification : ici le mot sécheresse est pris dans un autre sens, en rapport avec le premier, mais différent; il peut se mettre au pluriel.

 

          Y-a-t-il en l’Afrique noire une désertification c’est-à-dire une avancée sans retour des déserts ? Si oui est-elle due aux sécheresses ou, disons plutôt, à l’assèchement du climat ?

 

          D’abord cela ne concerne que certaines parties de l’Afrique : Sahel, Afrique de l’est, une partie de l’Afrique australe.

 

          Ne pas confondre désertification et diminution des précipitations ! La désertification est réelle par endroits mais largement due à l’action de l’homme et de ses troupeaux, qui n’ont jamais été aussi nombreux.

 

          De nos jours l’homme est le principal acteur de la désertification: croissance démographique...et croissance des « besoins » par habitant (enseignement, santé, loisirs, société), surexploitation du milieu naturel (environnement) fragilisé par la sécheresse.

 

          La zone sahélienne lato sensu est la plus sensible (entre 100 et 750 mm, soit 600 km de large, pour les hydrologues) : averses brèves,  très intenses, sur des surfaces réduites (rarement plus de 100-200 km2).

 

 

          Sécheresses et famines : la part de la nature et la part de l’humain (Congo-Brazza, Soudan, Éthiopie), de la densité humaine (Sahel). Au Congo-Brazzaville la famine de la fin des années 1990, qui a motivé une intervention de Médecins Sans Frontières (M.S.F.), n’était nullement due à la sécheresse, mais à la guerre civile qui y avait éclaté en juin 1997. Au Sud-Soudan qui a connu des famines récurrentes depuis un quart de siècle la sécheresse n’a toujours été que l’une des causes.

 

          Les effets des famines : morts, maladies, migrations (vers les villes ou vers le sud), vente de bétail, envolée des prix du grain s’il n’y a pas d’aide ou d’organisme public régulateur du marché des céréales.

 

          La sécheresse en tant qu’anomalie de pluviosité est toujours grave; des pluies abondantes sont en général favorables à de bonnes récoltes mais...

 

…des pluies trop fortes peuvent dévaster les cultures ou même l’habitat : Djibouti, Somalie, Tanzanie naguère, et en octobre 2007 : Ghana, Burkina Faso, Niger, Mali, mais aussi, en novembre 2007 : Brazzaville et Kinshasa ont connu des pluies exceptionnelles qui ont provoqué de graves inondations dans ces deux capitales qui se font face sur les rives du Congo (les deux capitales les plus proches du monde).

 

 

 

LES RISQUES CLIMATIQUES

 

La COFACE (informations captées sur la Toile le 3 avril 2002), à la rubrique « Points faibles », note pour de nombreux pays africains la sensibilité aux aléas climatiques. 

 

Résumé des observations de la COFACE :

 

1.     La plupart des pays africains ont une économie qui dépend encore largement de l’agriculture qui représente une part importante du P.I.B. (30 % à Madagascar par exemple) et surtout de la population active : 80 % des Malgaches tirent l’essentiel de leurs revenus de l’agriculture.

2.     Or la production agricole dépend beaucoup du climat et de ses aléas.

3.     La pluie est le facteur climatique principal. Ainsi au Burkina Faso la bonne pluviométrie de 2001 a permis une bonne récolte de coton (principale culture commerciale, récoltée en fin d’année et dont la campagne de commercialisation est toujours à cheval sur deux années : 2001 et 2002 pour la dernière campagne).

4.     Mais d’autres facteurs climatiques peuvent intervenir, comme les tempêtes : ainsi à Madagascar, en 2001, les tempêtes sur les caféières ont fait baisser sensiblement la production.

5.     La pluviométrie conditionne aussi la production d’électricité et donc indirectement l’activité industrielle : cette sensibilité est notée au Kenya, en Côte d’Ivoire, au Ghana… (ces deux pays pour des années très antérieures – années 1980).

 

 

LE RISQUE DE SÉCHERESSE : source d’inégal développement : opposer Sahel et Guinée.

 

Source : Nations Unies 8 avril 2002 :

MAURITANIE : Appel urgent du PAM en faveur des victimes de la sécheresse

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a lancé un appel urgent mardi sollicitant 7,5 millions de dollars pour procurer 16.000 tonnes d'aide à quelque 250.000 Mauritaniens affectés par la sécheresse, a rapporté l'agence de l'ONU. Elle a ajouté que 70.000 victimes recevraient, entre le 1er avril et le 30 septembre, des rations de riz, de fèves et d'huile végétale. Les autres victimes ne pourront bénéficier alors que de simples rations de céréales de juin à septembre. Ces personnes vivent dans le Plateau d'Aleg, dans la vallée du fleuve Sénégal et dans le sud des deux Hodhs, a précisé l'agence.

 

 

Noter que le risque de famine ou de disette, de nos jours, est davantage lié aux conflits qu’à la sécheresse :

 

La sécheresse responsable du non-remplissage des réservoirs hydroélectriques (Kossou en Côte d’Ivoire, Lac Volta au Ghana), d’où une pénurie d’électricité…difficile à vivre dans des immeubles conçus pour être climatisés : le risque de sécheresse n’avait pas été prévu par les architectes des immeubles du Plateau en Abidjan. De même fin mars 2002, le directeur général (américain) de la Société Nationale d’Électricité du Cameroun, face aux récriminations des usagers contre les coupures de courant et les dégâts dus aux surtensions sur le réseau (incendies, destruction de matériel électrique, décès) répond : « Près de 98 % de notre production est hydraulique. Nous espérons qu’avec l’arrivée de la saison des pluies, vers mi-avril – début mai, certains obstacles seront levés »…et évoque le projet de construction de centrales thermiques à gaz pour assurer une production suffisante en saison sèche.

 

Pour la sécheresse, voir la carte « Les dérives du climat » dans Le Monde Bilan Économique et Social 2000 (paru le 10-1-2001) p. 23 : en l’an 2000 : il y a eu une sécheresse au Niger (mais cette carte oublie le Burkina Faso où en 2001 encore bien des gens sont morts de faim, suite à cette sécheresse de l’an 2000), en Érythrée et en Éthiopie et au Kenya.

 

 

         Voir le lien entre climat et santé : exemple de la méningite :

 

Source : ONU 8-4-02

 

BURKINA FASO : « Le bilan actuel des décès des suites de la méningite s'élève à 672. Une épidémie de méningite au Burkina Faso a abouti à 813 décès sur les 6.145 cas enregistrés depuis janvier, a rapporté mercredi l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.). D'après des responsables de la santé au Burkina Faso il y a une semaine, 15 des 53 districts sanitaires du pays ont atteint le seuil épidémique de dix cas pour chaque 100.000 habitants. Les responsables de la santé attribuent la propagation de la maladie à la récente apparition au Burkina Faso, pour la première fois, du germe de la méningite d'Arabie Saoudite, le W135. Les autorités burkinabè ont indiqué que des musulmans qui étaient retournés du pèlerinage à La Mecque en l'an 2000 ont probablement apporté le germe. Le vaccin contre ce type de germe n'est pas disponible au Burkina Faso, qui ne connaissait jusqu'à présent que les formes A et C ».

 

         « La méningite est une infection virale ou bactérienne du liquide de la moelle épinière et encéphalique. En Afrique, la maladie surgit souvent durant les saisons annuelles sèches lorsque les vents forts du désert soufflent au sud, provoquant une pluie de poussière sur la région. En janvier, les responsables de la santé ont lancé une « campagne massive de prévention », d'un coût de 1,66 million de dollars, contre la méningite, dans le but d'immuniser trois millions d'habitants ayant entre deux et 30 ans ».

                                  

 

LE RISQUE DE TEMPÊTE : LES CYCLONES

 

Pour les régions touchées par le cyclone à Madagascar cf. www.France.diplomatie.fr

 

La carte montre qu’il s’agit de régions au Nord du pays. Le texte dit, et c’est vrai, que c’est la côte Est qui est en général touchée par les cyclones.

 

 

RISQUES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

 

La question de l’eau potable : les microbes dans l’eau de boisson

 

Un ouvrage sur la question : « Alimentation en eau des populations menacées », Par Eric Drouart et Jean-Michel Vouillamoz, Responsables du département Eau et Assainissement d'Action contre la Faim), Editions Hermann, 1999, 500p.

1,5 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable. Les maladies liées à l'eau représentent 80% des pathologies dans les pays du Tiers-Monde.

 

Maladies pour lesquelles l’épidémiologie dépend assez fortement de facteurs naturels : méningite, onchocercose, bilharziose (appelée aussi schistosomiase), paludisme, trypanosomiase, dengue, choléra…et de nombreuses autres maladies (le plus souvent gastro-intestinales).

 

         A partir de janvier 2001 : épidémie de choléra au Kwazulu-Natal en Afrique du Sud : il y avait déjà 59 morts et 15.000 malades mi-janvier. Les malades ont tous été contaminés par l’eau. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la région fin décembre 2000 et début janvier 2001 ont favorisé la pullulation du vibrion (la bactérie pathogène). De nos jours le choléra est pourtant une maladie que l’on sait prévenir et guérir quand il y a un système de santé efficace…notamment par la réhydratation des malades et par l’hygiène (pour la prévention).

 

 

 

B) RÔle de la tempÉrature pour les activitÉs rurales et l’alimentation

 

Des pays chauds

 

          L’Afrique (30 millions de km2) est le continent le plus chaud et le plus sec de la terre - si l’on met à part les cas des petits continents :  Antarctide (13 millions de km2), Australie (7,6 millions de km2) et Groënland (2,2 millions de km2). L’Australie est moins chaude que l’Afrique mais la proportion des terres recevant moins de 500 mm de pluies y est supérieure. L’Antarctide et le Groënland ne sont évidemment pas chauds, mais ils reçoivent aussi très peu de précipitations (on ne peut plus ici, parler de pluies...mais d’équivalent pluie : c’est de la neige le plus souvent.

 

 

Les températures :

 

          L’Afrique noire est située presqu’entièrement entre les deux tropiques : elle bénéficie ou subit, selon le point de vue où l’on se place, de climats chauds. (On parle de climat chaud quand la température moyenne du mois le plus frais est supérieure à 18 ou 20°, selon les auteurs*; en général c’est janvier dans l’hémisphère nord et juillet dans l’hémisphère sud: c’est important pour nous car nous étudions un ensemble à cheval sur l’équateur).

 

* 18°C d'après Köppen, un Allemand, qui est le plus célèbre des climatologues et dont la classification des climats est une référence mondialement connue; ou 20° selon d'autres, comme Emmanuel de Martonne, un des pères de la géographie française)

 

          En prenant 18° pour critère, l'isotherme exclut tout le nord de l'Afrique jusqu'au Sahara central : il passe nettement au sud du Tropique si bien que le nord de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Tchad et du Soudan ont un climat qui comporte au moins un mois frais (janvier). C’est aussi le cas des hautes terres de l'Éthiopie, de l'Érythrée et du nord du Somaliland. Dans l'hémisphère sud l'isotherme 18° en juillet exclut la plus grande partie du continent et la moitié de Madagascar ! En effet la conjonction de l'altitude (surtout) et de la position sur la terre (dans l'hémisphère sud, plus frais que l'hémisphère nord) fait de cette Afrique australe un ensemble de terres au climat tempéré (au sens propre, celui utilisé en géographie dès le XIVème siècle : ni très chaud, ni très froid : cf. Dictionnaire Robert).

 

          Ainsi dans le désert côtier de Namibe, refroidi par le courant de Benguela, et jusqu’au 10ème parallèle sud sur les hauts plateaux du sud de l’Angola et du Katanga au Congo-Kinshasa, et a fortiori sur les hautes terres des régions plus méridionales, le mois de juillet (hiver austral) a une température inférieure à 18°C. Plus au sud encore la latitude joue (Le Cap est à 33°56’ de latitude sud = la latitude de Casablanca dans l’hémisphère nord).

 

          Dans l'hémisphère sud africain donc, seules la cuvette du Congo, la vallée du Zambèze et les basses terres proches de l'Océan Indien ont un climat chaud toute l’année.

 

          En Afrique noire s'opposent donc un hémisphère nord au climat toujours chaud sauf à haute altitude et un hémisphère sud au climat doux, sauf à basse altitude (N.b.: attention ! nous parlons ici des températures vraies, les seules qui nous importent, et non des températures « réduites au niveau de la mer » comme c'est souvent le cas dans les planisphères (ex : Atlas 2000 p. 126).

 

 

A propos de l'incidence de la température sur l'économie :

         

- Température et énergie

 

          Économies : chauffage des maisons et locaux de travail, pulls, manteaux, chaussettes, couvertures et aussi on a moins faim (la quantité de calories quotidienne nécessaire au corps diminue avec la chaleur....mais consommation de froid (réfrigérateurs, climatisation) ou de vent (ventilateurs, brasseurs d’air), mais qui n’est pas nécessaire, contrairement à la lutte contre le froid. Tenir compte  de ces économies si l’on veut évaluer, à partir du P.N.B./habitant ou du nombre de calories alimentaires consommées par jour, la qualité de la vie ou le niveau de nutrition, mais penser que l’argent dépensé nécessairement à lutter contre le froid est tout de même produit, donc a un sens en termes de puissance économique).

 

- Température et tourisme : pas de possibilité de sports d’hiver....qui enrichissent les Alpes par exemple. Une chaleur pas trop accablante est un atout touristique mais les trop fortes chaleurs sont un obstacle au développement du tourisme (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) ; la chaleur permanente permet le tourisme d’hiver et le tourisme balnéaire d’hiver notamment.

 

- Pénibilité du travail : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »... En Afrique tropicale, c’est-à-dire dans la plus grande partie du continent, sauf en altitude, la chaleur est presque toujours un obstacle au travail physique, qu’elle rend très pénible, surtout si l’humidité relative est élevée (toute l’année en régions équatoriales, une partie de l’année ailleurs).

 

- D’autre part la chaleur peut être un danger quand l’homme ne peut pas s’hydrater suffisamment : risque d’insolation : le chapeau est obligatoire dans les régions concernées, même pour les autochtones ; danger de la mode moderne urbaine où le chapeau a tendance à disparaître.

 

- Mauvaise conservation des denrées alimentaires : légumes, fruits, lait, beurre, fromage (des civilisations sans fromage), viande, poisson... Le risque alimentaire (hygiène des produits, l’eau de boisson). Le climat chaud et humide favorise une putréfaction rapide. Penser à l’aflatoxine (substance cancérigène qui se développe dans les graines d’arachides conservées en atmosphère chaude).

 

- La chaleur rend difficile la conservation des médicaments (notamment des sérums antivenimeux contre les morsures de serpents etc.). Mais penser aussi aux médicaments (leur condition de stockage, leur exposition sur les marchés : on est à l’intersection des conditions naturelles et des conditions sociales).

 

 

Et le réchauffement de la planète ?

 

         Pour diminuer la quantité de dioxyde de carbone (CO2) – le principal « gaz à effet de serre » - la F.A.O. préconise de le piéger dans la biomasse. Le recours à l’agroforesterie permet d’augmenter la biomasse par hectare. Et elle cite en exemple la culture de mil sous Acacia au Mali….C’est ce que font les Serer du Sénégal (et d’autres) depuis bien longtemps, avec Acacia albida.

 

 

 

 

RETOUR A LA PAGE D’ACCUEIL