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COURS SUR LA NATURE ET LES HOMMES EN AFRIQUE

 

Cours des 30 mai, 6 et 13 juin 2003

 

 

Dans la 3ème partie du cours : « LA VÉGÉTATION ET LA FAUNE COMME RESSOURCES ÉCONOMIQUES », nous avons déjà vu :

 

A)    LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DE LA VÉGÉTATION SUR L’ENSEMBLE DU CONTINENT

B)     L’EXPLOITATION FORESTIÈRE (L’EXPLOITATION DU BOIS)

 

Nous poursuivons donc par :

 

 

C)  LA CUEILLETTE (au sens large) DE PRODUITS VÉGÉTAUX

 

 

C.1. Cueillette de produits comestibles ou potables (aliments et boissons pour l’homme)

 

 

- La forêt équatoriale offre une gamme de ressources alimentaires végétales variée, que nous classerons ci-dessous selon la partie de la plante qui est consommée :

 

 

-         champignons : on mange le chapeau et le pied

 

-         bourgeons terminaux :

o       fougère-aigle (Pteridium aquilinum ; une des plus vieilles plantes de la terre : elle existait déjà avant l’apparition des plantes à fleurs ; c’est une des rares plantes qui existe presque sous toutes les latitudes du moment que le climat est assez pluvieux : c’est la même qui se trouve en France et dans la forêt du Congo) ; les bourgeons terminaux de cette fougère sont consommés cuits à l’eau par les Pygmées notamment mais aussi par d’autres populations.

o       « ntinia » (nom en lari, langue du Congo ; je n’en ai pas retrouvé le nom savant pour le moment ; cette plante est sauvage mais aussi cultivée par les Congolaises) ; herbe lianescente dont le bourgeon terminal et le haut de la tige, ressemblant à l’asperge, se mangent (après cuisson).

o       cœur de palmier (consommé par les Européens) ; il s’agit du bourgeon terminal du palmier à huile. Il se consomme cru.

 

-         feuilles :

o       « mfoumbou » (en langue lari), « koko » (en lingala) = Gnetum africanum (c’est une liane). Ces feuilles sont très riches en protéines (30 % du poids sec) mais on doit les couper en fines lamelles pour les consommer sans quoi elles seraient difficiles à manger car trop fibreuses. Tous les peuples de la forêt congolaise et de ses abords en consomment. Elles sont à la base de nombreux plats. La cuisson doit être très brève sinon le mfoumbou devient dur, immangeable.

o       « ndolé » (nom de ces feuilles – ou du plat préparé avec - dans une langue du Cameroun): feuilles de Vernonia amygdalina : c’est le plat caractéristique des régions forestières du Cameroun ; les feuilles, très amères, doivent subir une longue préparation (plusieurs cuissons, notamment) pour être comestibles.

 

-         tiges : le palmier-asperge (Ancistrophyllum secundiflorum , « mikawa » en lari (langue congolaise) : on en consomme la partie supérieure des tiges, qui sont cuites à la braise ; l’écorce, non-comestible est enlevée après la cuisson.

 

-         fruits :

 

o       fruits de plantes herbacées : « ntoundou » en lari, « tondolo » en lingala : fruit de diverses zingibéracées du genre Aframomum ;

o       fruits de lianes : malombo, tsia (fruit de Landolphia jumelii ; il est aussi cultivé) etc.

o       fruits d’arbres :

1.     les régimes de palmier à huile (distinguer palmeraies « naturelles » et plantations) : noix de palme, dont on tire : 1) la « mwamba ngaji » (nom en lari ; en français on dit : mouambe) : sauce obtenue par la cuisson de la pulpe des noix de palme : c’est une sauce très appréciée, très riche en lipides, en vitamine A, en calcium et en phosphore) ; 2) l’huile de palme (obtenue à partir de la pulpe des noix de palme : c’est une huile alimentaire qui est aussi très utilisée dans l’industrie des corps gras pour fabriquer des savons etc. ) et 3) huile de palmiste (obtenue à partir des amandes des noix de palme ; celle-ci n’est pas une huile alimentaire : elle n’a que des usages industriels et n’est pas comestible).

2.     « mbamou » (en kiyombé ?, langue congolaise ; = fruit de Gambeya lacourtiana).

3.     la cola : la noix de cola, graine du colatier, grand arbre des forêts équatoriales africaines ; les colas d’Afrique occidentale sont plus grosses, souvent plus claires (roses) et se divisent en deux parties seulement ; les colas d’Afrique centrale sont souvent d’un rouge violacé et se divisent en plusieurs parties. Le colatier est aussi cultivé par l’homme. Les plus grosses noix viennent généralement d’arbres cultivés et sélectionnés par l’homme depuis des générations (surtout en Afrique de l’Ouest forestière : sud de la Côte d’Ivoire, du Ghana et de la Nigéria). Mais les plus gros consommateurs de kola sont les peuples du Soudan et du Sahel, d’où l’existence d’un important commerce du sud vers le nord. La cola se croque ; elle a un goût très amer ; elle contient beaucoup de caféine : c’est un excitant. Elle passe pour aphrodisiaque…

4.     les safous sauvages (Dacryodes  edulis). Le « safou » (nom qu’on lui donne au Congo, est appelé « prune » ou « atanga » au Cameroun. C’est une drupe allongée avec une chair verte, une peau violette et un gros noyau. Elle a la particularité de n’être consommable qu’après cuisson (à la braise, c’est meilleur, ou à l’eau). Les safous sauvages sont petits et peu charnus. Mais en Afrique équatoriale occidentale (du Cameroun  à l’Angola, en passant par les deux Congo) cet arbre est aussi cultivé depuis des siècles et il donne alors de très gros fruits, très charnus.

 

 

-         racines : ignames sauvages (plusieurs espèces de Dioscorea) ; certaines ignames sauvages peuvent atteindre 200 kg…mais elles ne sont plus comestibles ; les hommes consomment les jeunes ignames, qui sont tendres et pèsent moins de 5 kg.

 

-         sève :

 

o       la liane à eau : plusieurs espèces de lianes ont une sève brute très abondante qui s’écoule quand on les coupe ; les Pygmées les connaissent bien et s’en servent pour boire.

o       différentes espèces de palmiers ont une sève sucrée qui fermente très vite à l’air chaud et donne ce qu’on appelle le vin de palme :

1.     Si l’on ne précise pas, il s’agit de la sève du palmier le plus abondant et le plus caractéristique de l’aire forestière africaine : le palmier à huile (Elaeis guineensis) ; le prélèvement se fait au niveau du bourgeon terminal (le «cœur de palmier »)  avec deux façons de la récolter : soit en grimpant à l’arbre vivant (le vin récolté s’appelle alors « nsamba » en lari et celui qui récolte le vin en grimpant en haut du palmier un « malafoutier »), soit en abattant le palmier de façon à ce qu’une fois tombé, il soit légèrement en pente, la tête vers le bas, pour permettre l’écoulement de la sève par gravité (le vin récolté porte alors le noms de « mboulou ») ; à l’époque coloniale, les autorités avaient interdit l’abattage des palmiers car elles voulaient que les palmiers vivent pour produire leurs fruits (noix de palme ; cf. supra).

2.     Vin de palmier-raphia (appelé au Congo : « ntuomi » ou « tombé » ou « ça soigne » sous-entendu : la tension); le palmier-raphia (Raphia vinifera = « raphia producteur de vin » ; il est aussi appelé palmier-bambou) est un arbre qui pousse dans les zones inondables en bordure des rivières ou dans des plaines inondables où ils peuvent former des raphiales ou forêts de raphia. Il y a de véritables palmeraies-vignobles le long de certaines rivières : par exemple la palmeraie-vignoble de la Louessé au Congo-Brazzaville (la Louéssé est un affluent du Kouilou-Niari, un fleuve de la taille de notre Loire).

3.     Cham-cham : vin d’un palmier de la Cuvette congolaise, consommé chaud : on le fait chauffer au feu.

 

A partir du vin de palme (sève naturellement fermentée ; pas plus de quelques degrés d’alcool), l’homme, dans certaines régions (en Côte d’Ivoire, au Ghana), obtient, par distillation, un alcool de palme très fort (40 à 70°) : c’est le« koutoukou » en Côte d’Ivoire, le « sodabi » au Togo et au Bénin (ce nom désigne l’alcool obtenu par distillation du vin d’Elaeis).

 

 

La forêt sèche et la savane offrent beaucoup moins de ressources végétales comestibles que la forêt. On peut citer : Distinguer zone soudanienne et savanes australes (champignons, fruits de chacal, malombo de savane, ntoundou de savane) fruits de chacal (mboulou)

 

 

-         de nouveau les champignons (ce ne sont pas les mêmes qu’en forêt équatoriale)

 

-         feuilles :

o       Les feuilles de baobab : très abondamment consommée dans les zones soudanienne et sahélienne ; elles sont séchées au soleil et servent ensuite tout au long de l’année à la préparation de sauces : les feuilles séchées sont alors pilées et deviennent une poudre verte ; la sauce « de baobab » ou sauce verte est très riche en calcium et en vitamines.

o       L’indigo est une teinture extraite des feuilles de l’indigotier, arbuste spontané (Papilionacée) des forêts sèches du Soudan (au sens de zone soudanienne). L’indigo sert, depuis des temps immémoriaux, à teindre les tissus en bleu foncé.

 

-         fruits d’arbres et d’arbustes :

 

o       le pain de singe (fruit du baobab)

o       le karité ou « arbre à beurre » (Butyrospermum Parkii) ; l’homme utilise la pulpe et l’amande ; le fruit, une grosse drupe à peau et à chair vertes, est très sucré ; les amandes servent à fabriquer le beurre de karité, utilisé par les Africains (Mali, Burkina Faso) comme corps gras dans l’alimentation, mais que les Européens importent en grande quantité pour leur industrie des corps gras (savons) et des cosmétiques (de très nombreuses crèmes pour la peau comprennent du beurre de karité).

o       les « nèfles » (fruits de Diospyros mespiliformis) : on consomme le fruit (la pulpe) ; le noyau comporte une amande semblable à une noix, qui est très appréciée des hommes et des bovins.

o       le « raisin » fruit de Lannea microcarpa (le raisinier) ; le raisinier est un arbre.

o       le tamarin : c’est la gousse d’un grand arbre, le tamarinier (Tamarindus indica) ; la pulpe est extrêmement acide : difficile à supporter pour ceux qui ont les dents sensibles, mais c’est le meilleur coupe-soif qui soit. Absorbé en quantité, c’est un laxatif. Au Mali et au Burkina Faso, on en fait une boisson, appelée aussi tamarin. La pharmacopée européenne l’utilise comme laxatif sous forme de confiture (appelée aussi tamarin).

o       le fruit du néré (Parkia biglobosa) : ce fruit est une légume au sens botanique, c’est-à-dire une gousse ; elle a de nombreux usage ; le plus important est de servir comme condiment : (appelé « soumbala » chez les Mossi). Avant préparation, les boules de soumbala, très malodorantes, empestent les coins des marchés où on les vend.

o       les fruits de l’arbuste Ximenia Americana ressemblent à des mirabelles, mais ils ont un goût beaucoup plus acide.

o       l’anone, fruit de l’arbuste Annona senegalensis ressemble, par l’aspect et par le goût, à la pomme cannelle (laquelle est une anone d’une autre espèce, arborescente et américaine, celle-là).

o       les jujubes, fruits d’un buisson très épineux (Ziziphus jujuba) qui ressemblent à de petites cerises ; glands de Balanites d’Égypte.

 

Vin de rônier (« mbangui », nom en julakan ; mais ce mot désigne le vin de palme en général, qu’il s’agisse de vin de rônier ou de vin d’Elaeis) : pays serer (Sénégal), sud du Burkina Faso, Côte d’Ivoire . Le rônier (Borassus aethiopum) est un palmier qui, comme le palmier-dattier a besoin d’eau pour ses racines et de beaucoup de soleil pour ses feuilles, mais qui, contrairement au palmier à huile, peut supporter que l’air soit sec pendant plusieurs mois : on le trouve aussi bien au Congo (île M’Bamou dans le Stanley Pool) ou dans les savanes de la Côte d’Ivoire qu’en pays serer au Sénégal ou dans le delta intérieur du Niger au Mali. Il est plus abondant dans les régions sèches où la concurrence pour la lumière est moindre que dans les régions naturellement couvertes de forêts denses. Le rônier se reconnaît au renflement de son tronc aux deux-tiers de sa hauteur et à ses palmes courtes en forme de main écartée. On distille aussi le vin de rônier.

 

 

Dans les régions sahéliennes :

 

-         fruits (graines) de plantes herbacées : cram-cram, fonio sauvage….

-         racines : « pommes de terre » sauvages des zones inondables.

-         exsudat (sève séchée au soleil) : gomme arabique (Acacia senegal)

 

 

Aucune cueillette possible dans les régions désertiques.

 

 

C.2  Plantes médicinales : ressource considérable pour l’avenir (feuilles, fleurs, fruits, racines, écorces), surtout en forêt.

 

 

C.3. Autres ressources végétales :

 

-         Liens (« nagbaandi » en pays gourmantché = Bauhinia reticulata), mais aussi écorce de baobab etc.

 

-         Fibres : le palmier-raphia déjà cité pour son vin ;  avec les fibres non tissées on fait des espèces de jupes ou des habits de masques ; en tissant les fibres ont fait des nattes, des couvertures, des pagnes. En Europe la fibre non tissée sert à faire des abat-jour, la fibre tissée des revêtements pour les murs.

 

-         Toitures :

o       Feuilles pour les toits (en forêt) : larges feuilles

o       « Tuiles de bambou » faites à partir de palmes de palmier-raphia (alias palmier-bambou)

o       Paille pour les toits et les seccos (en savane). La paille abonde en savane : pays des seccos et des toits de paille. Les seccos sont des pièces de paille tissée longues de 4 à 5 mètres environ et hautes d’à peu près 1,5 m qui peuvent servir de clôtures, de murs ou de revêtement interne pour les toitures (d’autres pailles étant ajoutées par dessus pour assurer l’étanchéité) ; les seccos sont faits avec de hautes herbes de la famille des andropogonées qui poussent sur les sols humides et plutôt riches.

 

-         L’alfa (l’herbe caractéristique des steppes du Maghreb) et les papyraies (peuplement de papyrus ; le papyrus est un plante aquatique qui pousse dans les zones inondées des régions tropicales (en eau douce) sont deux sources possibles de pâte à papier : les Égyptiens de l’Antiquité en savaient quelque chose (notre mot papier vient du mot papyrus).

 

-         Les feuilles d’emballage : les très larges feuilles que l’on trouve dans les régions tropicales humides servent fréquemment à envelopper de la nourriture pour le transport ou la cuisson. Les feuilles des marantacées (famille d’herbes de sous-bois des forêts équatoriales congolaises, particulièrement abondantes là où le peuplement arboré est moins dense) sont très utilisées en Afrique centrale équatoriale, notamment pour la cuisson des pains de manioc (chicouangues), du poisson ou de la viande (maboké), ou comme entonnoirs.

 

-         Le papyrus peut aussi servir à fabriquer des embarcations : barques-radeaux circulant sur le Nil ou le lac Tana (source principale du Nil, sur les hauts plateaux éthiopiens).

 

-         Le kapok : les fibres du kapokier servaient (à la manière de l’amadou) à allumer un feu à partir du choc de deux pierres ou du frottement de deux bois durs.

 

-         La jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) peut avoir divers usages : industriel pour la purification de l’eau dans des stations d’épuration (utilisation aux États-Unis), aliment pour les cochons au Congo-Brazzaville. La jacinthe d’eau (appelée « Congo ya sika » en lingala) est une plante aquatique flottante d’origine américaine qui a envahi les eaux douces des régions équatoriales (Bassin du Congo, Lac Victoria) et qui est nuisible à deux titres : elle entrave la navigation (les hélices des bateaux se bloquent quand elles se prennent dans un îlot dérivant de jacinthes…si bien que les gros bateaux préfèrent utiliser des aubes, comme les bateaux du Mississipi), et elle appauvrit l’eau en poissons de deux façons : a) en freinant les remous de l’eau, elles entravent son oxygénation ; b) en empêchant la lumière de pénétrer dans l’eau elles empêchent la formation du plancton.

 

-         Les fortifications végétales : voir l’article de Christian SEIGNOBOS : « Des fortifications végétales dans la zone soudano-sahélienne (Tchad et Nord-Cameroun) » in : « L’arbre en Afrique tropicale – La fonction et le signe », Cahiers ORSTOM, série Sciences Humaines, vol. XVII – n° 3-4, ORSTOM, Paris, 1980, 320 p. + cartes hors texte. De telles fortifications existaient aussi au pays gourmantché (est du Burkina Faso).

 

 

         Afrique du Nord : la cueillette a beaucoup moins d’importance qu’en Afrique Noire car la densité de population est telle que les ressources naturelles sont limitées, d’autant plus que le climat méditerranéen (de tendance chaude et sèche pour l’essentiel  des surfaces) ou le climat désertique (Égypte, Libye, sud des États maghrébins) ne permettent guère le développement d’une végétation et d’une faune très abondantes. On peut cependant signaler comme ayant une certaine importance ;

 

-         La récolte de l’alfa (le nom vient de l’arabe « halfâ » ; c’est une herbe de la famille des graminacées),, notamment dans les hautes steppes de la Tunisie centrale ; les fibres d’alfa servent à fabriquer des objets (cabas, nattes, chapeaux, espadrilles), des cordes et de la pâte à papier.

-         La récolte du liège sur les chênes-lièges dans les forêts les plus arrosées du Maghreb ; le chêne-liège est un arbre sempervirent, c’est-à-dire à feuillage persistant. Le liège est l’écorce du chêne-liège ; on ne peut le prélever que tous les dix ans environ (après une récolte, il faut ce temps pour que le liège se reconstitue). Le liège est surtout utilisé pour fabrique des bouchons pour les bouteilles de vin, mais aussi pour fabriquer des semelles de chaussures, des flotteurs de filets de pêche ou des revêtements muraux par exemple.

-         Les fruits de l’arganier, arbre épineux (sapotacée) qui ne se trouve que dans le sud-ouest du Maroc (entre Essaouira et Agadir).

 

 

D)  LES PACAGES : pâturages naturels herbeux ou « aériens » (feuilles des arbres).

 

La savane, formation herbeuse, présente des pâturages naturels qui - s’ils sont souvent de qualité médiocre – permettent néanmoins de pratiquer le gros et le petit élevage.

 

La steppe permet de nourrir chèvres et chameaux (arbres), bovins et moutons (herbes), mais pas mieux qu’en savane.

 

          Dans les régions désertiques, dans les rares espaces ayant un peu de végétation, on peut nourrir un bétail rustique (petits ruminants, chameaux, ânes, mais pas de bœufs) mais il faut de vastes espaces et le nomadisme est nécessaire ; il y a des pâturages éphémères après les rares pluies (conservation des graines).

 

 

 

E)   LES RESSOURCES ANIMALES : LA CHASSE, LA PÊCHE ET LA CUEILLETE D’INSECTES.

 

E.1.  Un peu partout en Afrique Noire, on consomme des insectes : sauterelles, grillons, termites, chenilles, voire fourmis, larves de scarabée-rhinocéros…

 

E.2. La forêt équatoriale abrite une faune constituée essentiellement d’insectes, de reptiles, d’oiseaux et de petits mammifères. Parmi les petits mammifères, on peut retenir particulièrement :

-         des antilopes, surtout les céphalophes ;

-         des rongeurs, notamment le porc-épic (nom scientifique : athérure) ;

-         des potamochères (porcs sauvages au pelage roux) ;

-         des singes (surtout les cercopithèques) ;

-         les pangolins.

-         des carnivores comme la civette, la genette et la nandinie.

 

On mange aussi :

-         le buffle, l’éléphant, le chimpanzé et le gorille (gros mammifères) ;

-         des reptiles : les crocodiles, les varans et certains serpents, dont la vipère du Gabon (Bitis gabonica, extrêmement venimeuse) ;

-         des escargots, notamment des escargots géants (les achatines) ;

-         les tortues.

 

Les populations se nourrissent aussi de crevettes d’eau douce et de crevettes de mer, d’huîtres géantes (à Pointe Noire au Congo-Brazzaville). Tilapia nilotica, un poisson originaire du Nil, est devenu une espèce très commune en pisciculture mais que l’on trouve aujourd’hui ensauvagé dans le bassin du Congo; de même le silure, gros poisson-chat sauvage abondant en Afrique est aujourd’hui aussi élevé par les paysans dans certaines régions : ainsi les Batéké du plateau de M’Bé, au Congo-Brazza, élèvent dans des puits creusés pour cela les petits silures qu’ils ont pêchés : c’est une sorte d’embouche.

 

Les habitants des forêts consomment donc beaucoup ces animaux sauvages qui fournissent une part importante de l’apport en protéines.

 

Les grands mammifères (buffles, éléphants, chimpanzés et gorilles, panthères) sont aujourd’hui peu nombreux. C’est un progrès pour l’homme vivant dans ces forêts du point de vue et du danger et des dégâts aux cultures (éléphants, grands singes).. Les « écolo » étrangers, eux, regrettent la disparition (ou la raréfaction) de la grande faune….

 

Note : l’éléphant est plus phyllophage qu’herbivore au sens strict : voilà pourquoi on le trouve en forêt ; les autres mammifères de forêt sont généralement frugivores, c’est-à-dire qu’ils mangent surtout des fruits sauvages (fruits tombés des arbres essentiellement).

 

E.3. La faune des savanes se caractéris(ait) par l’abondance des grands herbivores : antilopes, zèbres, girafes, rhinocéros, buffles, ce qui est plutôt favorable à l’homme car ce sont de bons gibiers….mais aussi, jusqu’à récemment, par l’abondance des grands fauves (lions, panthères, guépard) qui les chassent : ils consitu(ai)ent à la fois un danger et des concurrents pour l’homme et pour les animaux qu’il élève. Il y a aussi beaucoup de petits animaux, notamment des gros rongeurs : aulacodes, différentes espèces de rats sauvages. On mange aussi certains serpents comme le python (souvent appelé improprement « boa » en Afrique ; le vrai boa est américain).

 

Consommation d’œufs de pintade et autres oiseaux ; noter que la pintade est un oiseau originaire d’Afrique tropicale où on le trouve à l’état sauvage comme à l’état domestique. La pintade se trouve dans les régions de savanes et de forêts sèches.

 

 

          E.4. La faune des régions de steppe est moins abondante (hors intervention de l’homme) qu’en forêt ou en savane. Elle se caractérise notamment par l’importance des animaux coureurs (milieu ouvert) : autruches, gazelles, girafes, guépards. On y trouve aussi de gros oiseaux voleurs : grues, hérons, outardes, particulièrement attirés par les zones humides. Il y a une abondance particulière de scorpions (qui ne sont pas des insectes, mais des arachnides : les scorpions ont 8 pattes comme les araignées, et non 6 comme les insectes). Parmi tous ces animaux seules les gazelles et les outardes sont couramment chassées pour leur chair.

 

 

 

 

4. LES SOLS AFRICAINS :

QUALITÉS AGRONOMIQUES ET CONDITIONS SOCIALES ET TECHNIQUES DE LEUR MISE EN VALEUR.

 

 

4.1. Les pays de forêt équatoriale :

 

La forêt donne beaucoup de matière organique : après brûlis, on peut toujours cultiver, même sur un sol pauvre.

 

L’érosion est très active sur les espaces découverts : destruction rapide des routes par ravinement ; les pistes ravinées et boueuses sont bien plus mauvaises qu’en savane, ce qui est un obstacle à la commercialisation des produits agricoles.

 

Les sols sur lesquels pousse la forêt équatoriale africaine sont généralement des sols ferrallitiques :

 

-         Ces sols sont très profonds. La roche n’apparaît presque nulle part : la culture est possible presque sur la totalité de l’espace (gros avantage), mais il y a un inconvénient : il n’y a pas de pierres pour la construction de maisons, de routes, de ponts.

-         Ces sols ont peu d’humus mais cet humus est assez riche.

-         Ces sols sont souvent trop lessivés, c’est-à-dire appauvris par l’eau d’infiltration. Ces sols acides manquent de bases et de phosphore (surtout sur roches acides comme le granite et le gneiss, surtout quand ils sont leucocrates c’est-à-dire clairs).

-         Mais la structure physique (disons : la disposition des fentes capillaires etc.) est souvent favorable.

 

          Ce sont des sols argileux rubéfiés. Après la pluie ils donnent, s’ils sont à découvert, une boue glissante (la « savonnette ») : difficulté des communications en pays de forêt.

 

 

4.2. Les pays de savane et de forêt sèche

 

Les savanes se rencontrent généralement sur les sols ferrugineux tropicaux.

·        Ces sols n’ont pratiquement pas d’humus (faible couvert végétal).

·        Ils sont beaucoup moins épais (que les sols ferrallitiques) ; quelquefois la roche-mère apparaît (granite au Burkina Faso) : avantage pour la construction et inconvénient pour l’agriculture.

·        Ils sont plus riches chimiquement que les sols ferrallitiques parce que moins lessivés (moins acides).

·        Mais leur structure est mauvaise : l’air et l’eau y circulent mal. L’argile (kaolinite), très compacte, empêche la pénétration des racines : d’où de vastes surfaces blanches ou grises, dures, sans végétation.

Pour des raisons qu’il serait trop long d’expliquer ici et sur lesquelles les chercheurs ne sont pas tous d’accord, ces sols comportent souvent des horizons indurés : les cuirasses latéritiques. Ces cuirasses, absolument stériles, couvrent de vastes superficies dans les pays de savane. Elles limitent considérablement l’espace utilisable pour l’agriculture.

 

 

 

4.3. Les pays de steppes sèches :

 

          Fragilité des sols (car la steppe est une formation ouverte).

 

Les sols caractéristiques de la steppe sont les sols bruns semi-acides. Ce sont des sols peu profonds (quelques décimètres à quelques centimètres), de couleur brun-rouge à gris, peu lessivés et donc chimiquement riches (sols alcalins, c’est-à-dire riches en bases), comprenant en outre une matière organique assez abondante.

 

         Ces sols sont très favorables à la culture des plantes annuelles mais moins favorables aux arbres (vu leur minceur). Le climat n’est pas assez humide pour permettre la ferruginisation (et donc la rubéfaction) : pas de cuirasses !! Mais quelquefois il n’est pas assez pluvieux pour permettre l’évacuation des sels (pourtant très solubles) qui remontent par capillarité et se déposent dans la partie supérieure du profil : on a lors des sols halomorphes (solonetz) sur le pourtour des cuvettes surtout.

 

Note : les sols actuels ne dépendent pas seulement du climat actuel. Les climats changent. Les climats du passé (on les appelle « paléoclimats ») ont participé à la formation des sols que nous voyons et utilisons aujourd’hui : ces sols sont donc en partie hérités des contextes climatiques d’autrefois.

 

 

4.4. Les déserts chauds :

 

Sols squelettiques : ce sont des lithosols (= « sols rocheux »).

 

On a soit du sable vif (dunes, ergs) soit un reg (pavage de gros blocs, les particules fines ayant été entraînées par le vent). Dans ces deux cas à peu près aucune culture n’est possible.

 

 

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