COURS SUR LA NATURE ET LES HOMMES EN AFRIQUE
Dans la 3ème partie
du cours : « LA VÉGÉTATION ET LA FAUNE COMME RESSOURCES ÉCONOMIQUES »,
nous avons déjà vu :
A)
LA RÉPARTITION
GÉOGRAPHIQUE DE LA VÉGÉTATION SUR L’ENSEMBLE DU CONTINENT
B)
L’EXPLOITATION
FORESTIÈRE (L’EXPLOITATION DU BOIS)
Nous poursuivons donc par :
C) LA
CUEILLETTE (au sens large) DE PRODUITS VÉGÉTAUX
C.1. Cueillette de produits
comestibles ou potables (aliments et boissons pour l’homme)
- La forêt équatoriale
offre une gamme de ressources alimentaires végétales variée, que nous
classerons ci-dessous selon la partie de la plante qui est consommée :
-
champignons : on mange le chapeau et le pied
-
bourgeons terminaux :
o
fougère-aigle
(Pteridium aquilinum ; une des plus vieilles plantes de la
terre : elle existait déjà avant l’apparition des plantes à fleurs ;
c’est une des rares plantes qui existe presque sous toutes les latitudes du
moment que le climat est assez pluvieux : c’est la même qui se trouve en
France et dans la forêt du Congo) ; les bourgeons terminaux de cette
fougère sont consommés cuits à l’eau par les Pygmées notamment mais aussi par
d’autres populations.
o
« ntinia »
(nom en lari, langue du Congo ; je n’en ai pas retrouvé le nom savant pour
le moment ; cette plante est sauvage mais aussi cultivée par les
Congolaises) ; herbe lianescente dont le bourgeon terminal et le haut de
la tige, ressemblant à l’asperge, se mangent (après cuisson).
o
cœur
de palmier (consommé par les Européens) ; il s’agit du bourgeon terminal
du palmier à huile. Il se consomme cru.
-
feuilles :
o
« mfoumbou »
(en langue lari), « koko » (en lingala) = Gnetum africanum (c’est
une liane). Ces feuilles sont très riches en protéines (30 % du poids sec) mais
on doit les couper en fines lamelles pour les consommer sans quoi elles
seraient difficiles à manger car trop fibreuses. Tous les peuples de la forêt
congolaise et de ses abords en consomment. Elles sont à la base de nombreux
plats. La cuisson doit être très brève sinon le mfoumbou devient dur,
immangeable.
o
« ndolé » (nom
de ces feuilles – ou du plat préparé avec - dans une langue du Cameroun):
feuilles de Vernonia amygdalina :
c’est le plat caractéristique des régions forestières du Cameroun ; les
feuilles, très amères, doivent subir une longue préparation (plusieurs
cuissons, notamment) pour être comestibles.
-
tiges : le palmier-asperge (Ancistrophyllum
secundiflorum ,
« mikawa » en lari (langue congolaise) : on en consomme la
partie supérieure des tiges, qui sont cuites à la braise ; l’écorce,
non-comestible est enlevée après la cuisson.
-
fruits :
o
fruits
de plantes herbacées : « ntoundou » en lari,
« tondolo » en lingala : fruit de diverses zingibéracées du genre Aframomum ;
o
fruits
de lianes : malombo, tsia (fruit de Landolphia
jumelii ; il est
aussi cultivé) etc.
o
fruits
d’arbres :
1.
les régimes de palmier à huile (distinguer
palmeraies « naturelles » et plantations) : noix de palme, dont on tire : 1) la « mwamba ngaji » (nom en
lari ; en français on dit : mouambe) : sauce
obtenue par la cuisson de la pulpe des noix de palme : c’est une sauce
très appréciée, très riche en lipides, en vitamine A, en calcium et en phosphore) ;
2) l’huile de palme (obtenue à partir de la pulpe des noix de
palme : c’est une huile alimentaire qui est aussi très utilisée dans
l’industrie des corps gras pour fabriquer des savons etc. ) et 3) huile de palmiste (obtenue à partir des amandes des noix de
palme ; celle-ci n’est pas une huile alimentaire : elle n’a que des
usages industriels et n’est pas comestible).
2.
« mbamou » (en kiyombé ?, langue
congolaise ; = fruit de Gambeya lacourtiana).
3.
la cola :
la noix de cola, graine du colatier, grand arbre des forêts équatoriales
africaines ; les colas d’Afrique occidentale sont plus grosses, souvent
plus claires (roses) et se divisent en deux parties seulement ; les colas
d’Afrique centrale sont souvent d’un rouge violacé et se divisent en plusieurs
parties. Le colatier est aussi cultivé par l’homme. Les plus grosses noix
viennent généralement d’arbres cultivés et sélectionnés par l’homme depuis des
générations (surtout en Afrique de l’Ouest forestière : sud de la Côte
d’Ivoire, du Ghana et de la Nigéria). Mais les plus gros consommateurs de kola
sont les peuples du Soudan et du Sahel, d’où l’existence d’un important
commerce du sud vers le nord. La cola se croque ; elle a un goût très
amer ; elle contient beaucoup de caféine : c’est un excitant. Elle
passe pour aphrodisiaque…
4.
les safous sauvages (Dacryodes edulis). Le
« safou » (nom qu’on lui donne au Congo, est appelé
« prune » ou « atanga » au Cameroun. C’est une drupe
allongée avec une chair verte, une peau violette et un gros noyau. Elle a la
particularité de n’être consommable qu’après cuisson (à la braise, c’est
meilleur, ou à l’eau). Les safous sauvages sont petits et peu charnus. Mais en
Afrique équatoriale occidentale (du Cameroun
à l’Angola, en passant par les deux Congo) cet arbre est aussi cultivé
depuis des siècles et il donne alors de très gros fruits, très charnus.
-
racines : ignames sauvages
(plusieurs espèces de Dioscorea) ;
certaines ignames sauvages peuvent atteindre 200 kg…mais elles ne sont plus
comestibles ; les hommes consomment les jeunes ignames, qui sont tendres
et pèsent moins de 5 kg.
-
sève :
o
la liane à eau :
plusieurs espèces de lianes ont une sève brute très abondante qui s’écoule
quand on les coupe ; les Pygmées les connaissent bien et s’en servent pour
boire.
o
différentes espèces de palmiers ont
une sève sucrée qui fermente très vite à l’air chaud et donne ce qu’on appelle
le vin de palme :
1.
Si l’on ne précise pas, il s’agit de la sève du
palmier le plus abondant et le plus caractéristique de l’aire forestière
africaine : le palmier à huile (Elaeis guineensis) ;
le prélèvement se fait au niveau du bourgeon terminal (le «cœur de palmier ») avec deux façons de la récolter :
soit en grimpant à l’arbre vivant (le vin récolté s’appelle alors
« nsamba » en lari et celui qui récolte le vin en grimpant en haut du
palmier un « malafoutier »), soit en abattant le palmier de façon à
ce qu’une fois tombé, il soit légèrement en pente, la tête vers le bas, pour
permettre l’écoulement de la sève par gravité (le vin récolté porte alors le
noms de « mboulou ») ; à l’époque coloniale, les autorités
avaient interdit l’abattage des palmiers car elles voulaient que les palmiers
vivent pour produire leurs fruits (noix de palme ; cf. supra).
2.
Vin de palmier-raphia (appelé
au Congo : « ntuomi » ou « tombé » ou « ça
soigne » sous-entendu : la tension); le palmier-raphia (Raphia vinifera = « raphia producteur
de vin » ; il est aussi appelé palmier-bambou) est un arbre qui
pousse dans les zones inondables en bordure des rivières ou dans des plaines
inondables où ils peuvent former des raphiales ou forêts de raphia. Il y a de
véritables palmeraies-vignobles le long de certaines rivières : par
exemple la palmeraie-vignoble de la Louessé au Congo-Brazzaville (la Louéssé
est un affluent du Kouilou-Niari, un fleuve de la taille de notre Loire).
3.
Cham-cham : vin d’un palmier de la Cuvette
congolaise, consommé chaud : on le fait chauffer au feu.
A partir du vin de palme (sève
naturellement fermentée ; pas plus de quelques degrés d’alcool), l’homme,
dans certaines régions (en Côte d’Ivoire, au Ghana), obtient, par distillation, un alcool
de palme très fort (40 à 70°) : c’est le« koutoukou »
en Côte d’Ivoire, le « sodabi » au Togo et au Bénin (ce nom désigne
l’alcool obtenu par distillation du vin d’Elaeis).
La
forêt sèche et la savane offrent beaucoup moins de ressources
végétales comestibles que la forêt. On peut citer : Distinguer zone
soudanienne et savanes australes (champignons, fruits de chacal, malombo de
savane, ntoundou de savane) fruits de chacal (mboulou)
-
de nouveau les champignons (ce ne sont pas les
mêmes qu’en forêt équatoriale)
-
feuilles :
o Les feuilles
de baobab : très abondamment consommée dans les zones soudanienne et
sahélienne ; elles sont séchées au soleil et servent ensuite tout au long
de l’année à la préparation de sauces : les feuilles séchées sont alors
pilées et deviennent une poudre verte ; la sauce « de baobab »
ou sauce verte est très riche en calcium et en vitamines.
o L’indigo est une
teinture extraite des feuilles de l’indigotier,
arbuste spontané (Papilionacée) des forêts sèches du Soudan (au sens de zone
soudanienne). L’indigo sert, depuis des temps immémoriaux, à teindre les tissus
en bleu foncé.
-
fruits d’arbres et d’arbustes :
o le pain
de singe (fruit du baobab)
o le
karité ou « arbre à beurre » (Butyrospermum
Parkii) ; l’homme utilise la pulpe et l’amande ; le
fruit, une grosse drupe à peau et à chair vertes, est très sucré ; les
amandes servent à fabriquer le beurre de karité, utilisé par les Africains
(Mali, Burkina Faso) comme corps gras dans l’alimentation, mais que les
Européens importent en grande quantité pour leur industrie des corps gras
(savons) et des cosmétiques (de très nombreuses crèmes pour la peau comprennent
du beurre de karité).
o les
« nèfles » (fruits de Diospyros
mespiliformis) : on consomme le fruit (la pulpe) ; le
noyau comporte une amande semblable à une noix, qui est très appréciée des
hommes et des bovins.
o le
« raisin » fruit de Lannea microcarpa
(le raisinier) ; le raisinier est
un arbre.
o le
tamarin : c’est la gousse d’un grand arbre, le tamarinier (Tamarindus indica) ; la pulpe est
extrêmement acide : difficile à supporter pour ceux qui ont les dents
sensibles, mais c’est le meilleur coupe-soif qui soit. Absorbé en quantité,
c’est un laxatif. Au Mali et au Burkina Faso, on en fait une boisson, appelée
aussi tamarin. La pharmacopée européenne l’utilise comme laxatif sous forme de
confiture (appelée aussi tamarin).
o le
fruit du néré (Parkia biglobosa) :
ce fruit est une légume au sens botanique, c’est-à-dire une gousse ; elle
a de nombreux usage ; le plus important est de servir comme
condiment : (appelé « soumbala » chez les Mossi). Avant
préparation, les boules de soumbala, très malodorantes, empestent les coins des
marchés où on les vend.
o
les fruits de l’arbuste Ximenia Americana ressemblent à des
mirabelles, mais ils ont un goût beaucoup plus acide.
o l’anone,
fruit de l’arbuste Annona senegalensis
ressemble, par l’aspect et par le goût, à la pomme cannelle (laquelle est
une anone d’une autre espèce, arborescente et américaine, celle-là).
o les
jujubes, fruits d’un buisson très épineux (Ziziphus
jujuba) qui ressemblent à de petites cerises ; glands de Balanites d’Égypte.
Vin de rônier
(« mbangui », nom en julakan ; mais ce mot désigne le vin de
palme en général, qu’il s’agisse de vin de rônier ou de vin d’Elaeis) : pays
serer (Sénégal), sud du Burkina Faso, Côte d’Ivoire . Le rônier (Borassus aethiopum) est un palmier qui,
comme le palmier-dattier a besoin d’eau pour ses racines et de beaucoup de
soleil pour ses feuilles, mais qui, contrairement au palmier à huile, peut
supporter que l’air soit sec pendant plusieurs mois : on le trouve aussi
bien au Congo (île M’Bamou dans le Stanley Pool) ou dans les savanes de la Côte
d’Ivoire qu’en pays serer au Sénégal ou dans le delta intérieur du Niger au
Mali. Il est plus abondant dans les régions sèches où la concurrence pour la
lumière est moindre que dans les régions naturellement couvertes de forêts
denses. Le rônier se reconnaît au renflement de son tronc aux deux-tiers de sa
hauteur et à ses palmes courtes en forme de main écartée. On distille aussi le
vin de rônier.
Dans
les régions sahéliennes :
-
fruits (graines) de plantes herbacées : cram-cram,
fonio sauvage….
-
racines : « pommes de terre » sauvages des
zones inondables.
-
exsudat (sève séchée au soleil) : gomme arabique (Acacia senegal)
Aucune
cueillette possible dans les régions désertiques.
C.2 Plantes médicinales : ressource considérable pour l’avenir (feuilles, fleurs, fruits, racines, écorces), surtout en forêt.
C.3. Autres ressources
végétales :
-
Liens (« nagbaandi »
en pays gourmantché = Bauhinia reticulata), mais
aussi écorce de baobab etc.
-
Fibres : le palmier-raphia déjà
cité pour son vin ; avec les
fibres non tissées on fait des espèces de jupes ou des habits de masques ;
en tissant les fibres ont fait des nattes, des couvertures, des pagnes. En
Europe la fibre non tissée sert à faire des abat-jour, la fibre tissée des
revêtements pour les murs.
-
Toitures :
o Feuilles pour
les toits (en forêt) : larges feuilles
o « Tuiles
de bambou » faites à partir de palmes de palmier-raphia
(alias palmier-bambou)
o Paille
pour les toits et les seccos (en savane). La paille abonde en
savane : pays des seccos et des toits de paille.
Les seccos sont des pièces de paille tissée longues de 4 à 5 mètres environ et
hautes d’à peu près 1,5 m qui peuvent servir de clôtures, de murs ou de
revêtement interne pour les toitures (d’autres pailles étant ajoutées par
dessus pour assurer l’étanchéité) ; les seccos sont faits avec de hautes
herbes de la famille des andropogonées
qui poussent sur les sols humides et plutôt riches.
-
L’alfa (l’herbe caractéristique des steppes du
Maghreb) et les papyraies (peuplement de papyrus ; le papyrus est
un plante aquatique qui pousse dans les zones inondées des régions tropicales
(en eau douce) sont deux sources possibles de pâte à papier : les
Égyptiens de l’Antiquité en savaient quelque chose (notre mot papier vient du
mot papyrus).
-
Les feuilles d’emballage : les très larges
feuilles que l’on trouve dans les régions tropicales humides servent
fréquemment à envelopper de la nourriture pour le transport ou la cuisson. Les
feuilles des marantacées
(famille d’herbes de sous-bois des forêts équatoriales congolaises,
particulièrement abondantes là où le peuplement arboré est moins dense) sont
très utilisées en Afrique centrale équatoriale, notamment pour la cuisson des
pains de manioc (chicouangues), du poisson ou de la viande (maboké), ou comme
entonnoirs.
-
Le papyrus peut aussi servir à fabriquer des embarcations :
barques-radeaux circulant sur le Nil ou le lac Tana (source principale du Nil,
sur les hauts plateaux éthiopiens).
-
Le kapok : les fibres du kapokier servaient
(à la manière de l’amadou) à allumer un feu à partir du choc de deux pierres ou
du frottement de deux bois durs.
-
La jacinthe d’eau (Eichhornia
crassipes) peut avoir divers usages : industriel
pour la purification de l’eau dans des stations d’épuration (utilisation aux
États-Unis), aliment pour les cochons au Congo-Brazzaville. La jacinthe
d’eau (appelée « Congo ya sika » en lingala) est une plante
aquatique flottante d’origine américaine qui a envahi les eaux douces des
régions équatoriales (Bassin du Congo, Lac Victoria) et qui est nuisible à deux
titres : elle entrave la navigation (les hélices des bateaux se bloquent
quand elles se prennent dans un îlot dérivant de jacinthes…si bien que les gros
bateaux préfèrent utiliser des aubes, comme les bateaux du Mississipi), et elle
appauvrit l’eau en poissons de deux façons : a) en freinant les remous de
l’eau, elles entravent son oxygénation ; b) en empêchant la lumière de
pénétrer dans l’eau elles empêchent la formation du plancton.
-
Les fortifications végétales : voir l’article de
Christian SEIGNOBOS : « Des fortifications végétales dans la zone
soudano-sahélienne (Tchad et Nord-Cameroun) » in : « L’arbre en
Afrique tropicale – La fonction et le signe », Cahiers ORSTOM, série
Sciences Humaines, vol. XVII – n° 3-4, ORSTOM, Paris, 1980, 320 p. + cartes
hors texte. De telles fortifications existaient aussi au pays gourmantché (est
du Burkina Faso).
Afrique du Nord : la cueillette a beaucoup moins
d’importance qu’en Afrique Noire car la densité de population est telle que les
ressources naturelles sont limitées, d’autant plus que le climat méditerranéen
(de tendance chaude et sèche pour l’essentiel
des surfaces) ou le climat désertique (Égypte, Libye, sud des États
maghrébins) ne permettent guère le développement d’une végétation et d’une
faune très abondantes. On peut cependant signaler comme ayant une certaine
importance ;
-
La récolte de l’alfa (le nom vient de l’arabe
« halfâ » ; c’est une herbe de la famille des graminacées),, notamment dans les hautes
steppes de la Tunisie centrale ; les fibres d’alfa servent à
fabriquer des objets (cabas, nattes, chapeaux, espadrilles), des cordes et de
la pâte à papier.
-
La récolte du liège sur les chênes-lièges dans
les forêts les plus arrosées du Maghreb ; le chêne-liège est un arbre
sempervirent, c’est-à-dire à feuillage persistant. Le liège est l’écorce du
chêne-liège ; on ne peut le prélever que tous les dix ans environ (après
une récolte, il faut ce temps pour que le liège se reconstitue). Le liège est
surtout utilisé pour fabrique des bouchons pour les bouteilles de vin, mais
aussi pour fabriquer des semelles de chaussures, des flotteurs de filets de
pêche ou des revêtements muraux par exemple.
-
Les fruits de l’arganier, arbre
épineux (sapotacée) qui ne se
trouve que dans le sud-ouest du Maroc (entre Essaouira et Agadir).
La
savane, formation herbeuse, présente des pâturages naturels qui - s’ils
sont souvent de qualité médiocre – permettent néanmoins de pratiquer le gros et
le petit élevage.
La steppe
permet de nourrir chèvres et chameaux (arbres), bovins et moutons (herbes),
mais pas mieux qu’en savane.
Dans les régions désertiques,
dans les rares espaces ayant un peu de végétation, on peut nourrir un bétail
rustique (petits ruminants, chameaux, ânes, mais pas de bœufs) mais il
faut de vastes espaces et le nomadisme est nécessaire ; il y a des
pâturages éphémères après les rares pluies (conservation des graines).
E.1. Un peu partout en Afrique Noire, on consomme
des insectes : sauterelles, grillons, termites, chenilles, voire fourmis,
larves de scarabée-rhinocéros…
E.2. La forêt équatoriale abrite une faune
constituée essentiellement d’insectes, de reptiles, d’oiseaux et de petits
mammifères. Parmi les petits mammifères, on peut retenir
particulièrement :
-
des antilopes, surtout les céphalophes ;
-
des rongeurs, notamment le porc-épic (nom
scientifique : athérure) ;
-
des potamochères (porcs sauvages au pelage
roux) ;
-
des singes (surtout les cercopithèques) ;
-
les pangolins.
-
des carnivores comme la civette, la genette et la
nandinie.
On
mange aussi :
-
le buffle, l’éléphant, le chimpanzé et le gorille (gros
mammifères) ;
-
des reptiles : les crocodiles, les varans et
certains serpents, dont la vipère du Gabon (Bitis
gabonica, extrêmement venimeuse) ;
-
des
escargots, notamment des escargots géants (les achatines) ;
-
les
tortues.
Les populations se nourrissent
aussi de crevettes d’eau douce et de crevettes de mer, d’huîtres
géantes (à Pointe Noire au Congo-Brazzaville). Tilapia
nilotica, un poisson originaire du Nil, est devenu une espèce très
commune en pisciculture mais que l’on trouve aujourd’hui ensauvagé dans le
bassin du Congo; de même le silure, gros poisson-chat sauvage abondant en
Afrique est aujourd’hui aussi élevé par les paysans dans certaines
régions : ainsi les Batéké du plateau de M’Bé, au Congo-Brazza, élèvent
dans des puits creusés pour cela les petits silures qu’ils ont pêchés :
c’est une sorte d’embouche.
Les
habitants des forêts consomment donc beaucoup ces animaux sauvages qui
fournissent une part importante de l’apport en protéines.
Les
grands mammifères (buffles, éléphants, chimpanzés et gorilles, panthères) sont
aujourd’hui peu nombreux. C’est un progrès pour l’homme vivant dans ces forêts
du point de vue et du danger et des dégâts aux cultures (éléphants, grands
singes).. Les « écolo » étrangers, eux, regrettent la disparition (ou
la raréfaction) de la grande faune….
Note :
l’éléphant est plus phyllophage qu’herbivore au sens strict : voilà
pourquoi on le trouve en forêt ; les autres mammifères de forêt sont généralement
frugivores, c’est-à-dire qu’ils mangent surtout des fruits sauvages (fruits
tombés des arbres essentiellement).
E.3. La faune des savanes se caractéris(ait) par
l’abondance des grands herbivores : antilopes, zèbres, girafes, rhinocéros,
buffles, ce qui est plutôt favorable à l’homme car ce sont de bons gibiers….mais
aussi, jusqu’à récemment, par l’abondance des grands fauves (lions, panthères,
guépard) qui les chassent : ils consitu(ai)ent à la fois un danger et des
concurrents pour l’homme et pour les animaux qu’il élève. Il y a aussi beaucoup
de petits animaux, notamment des gros rongeurs : aulacodes, différentes
espèces de rats sauvages. On mange aussi certains serpents comme le python
(souvent appelé improprement « boa » en Afrique ; le vrai boa
est américain).
Consommation
d’œufs de pintade
et autres oiseaux ; noter que la pintade est un oiseau originaire
d’Afrique tropicale où on le trouve à l’état sauvage comme à l’état domestique.
La pintade se trouve dans les régions de savanes et de forêts sèches.
E.4. La faune des régions de steppe est moins abondante
(hors intervention de l’homme) qu’en forêt ou en savane. Elle se caractérise
notamment par l’importance des animaux coureurs (milieu ouvert) :
autruches, gazelles, girafes, guépards. On y trouve aussi de gros oiseaux
voleurs : grues, hérons, outardes, particulièrement attirés par les zones
humides. Il y a une abondance particulière de scorpions (qui ne sont pas des
insectes, mais des arachnides : les scorpions ont 8 pattes comme les
araignées, et non 6 comme les insectes). Parmi tous ces animaux seules les
gazelles et les outardes sont couramment chassées pour leur chair.
4.
LES SOLS AFRICAINS :
QUALITÉS
AGRONOMIQUES ET CONDITIONS SOCIALES ET TECHNIQUES DE LEUR MISE EN VALEUR.
4.1.
Les pays de forêt équatoriale :
La
forêt donne beaucoup de matière organique : après brûlis, on peut toujours
cultiver, même sur un sol pauvre.
L’érosion
est très active sur les espaces découverts : destruction rapide des routes
par ravinement ; les pistes ravinées et boueuses sont bien plus mauvaises
qu’en savane, ce qui est un obstacle à la commercialisation des produits
agricoles.
Les
sols sur lesquels pousse la forêt équatoriale africaine sont
généralement des sols ferrallitiques :
-
Ces sols sont très profonds. La
roche n’apparaît presque nulle part : la culture est possible presque sur
la totalité de l’espace (gros avantage), mais il y a un inconvénient : il
n’y a pas de pierres pour la construction de maisons, de routes, de ponts.
-
Ces sols ont peu d’humus mais cet humus est
assez riche.
-
Ces sols sont souvent trop lessivés, c’est-à-dire
appauvris par l’eau d’infiltration. Ces sols acides manquent de bases et
de phosphore (surtout sur roches acides comme le granite et le gneiss, surtout
quand ils sont leucocrates c’est-à-dire clairs).
-
Mais la structure physique (disons : la
disposition des fentes capillaires etc.) est souvent favorable.
Ce sont des sols argileux
rubéfiés. Après la pluie ils donnent, s’ils sont à découvert, une boue
glissante (la « savonnette ») : difficulté des communications en
pays de forêt.
4.2.
Les pays de savane et de forêt sèche
Les
savanes se rencontrent généralement sur les sols ferrugineux tropicaux.
·
Ces sols n’ont pratiquement pas d’humus (faible couvert
végétal).
·
Ils sont beaucoup moins épais (que les sols
ferrallitiques) ; quelquefois la roche-mère apparaît (granite au Burkina
Faso) : avantage pour la construction et inconvénient pour l’agriculture.
·
Ils sont plus riches chimiquement que les sols
ferrallitiques parce que moins lessivés (moins acides).
·
Mais leur structure est mauvaise : l’air et
l’eau y circulent mal. L’argile (kaolinite), très compacte, empêche
la pénétration des racines : d’où de vastes surfaces blanches ou grises,
dures, sans végétation.
Pour
des raisons qu’il serait trop long d’expliquer ici et sur lesquelles les
chercheurs ne sont pas tous d’accord, ces sols comportent souvent des horizons
indurés : les cuirasses latéritiques. Ces cuirasses, absolument
stériles, couvrent de vastes superficies dans les pays de savane. Elles
limitent considérablement l’espace utilisable pour l’agriculture.
4.3.
Les pays de steppes sèches :
Fragilité des sols
(car la steppe est une formation ouverte).
Les sols
caractéristiques de la steppe sont les sols bruns semi-acides. Ce sont
des sols peu profonds (quelques décimètres à quelques centimètres), de couleur
brun-rouge à gris, peu lessivés et donc chimiquement riches (sols alcalins,
c’est-à-dire riches en bases), comprenant en outre une matière organique assez
abondante.
Ces sols sont très favorables à la culture des
plantes annuelles mais moins favorables aux arbres (vu leur minceur). Le climat
n’est pas assez humide pour permettre la ferruginisation (et donc la
rubéfaction) : pas de cuirasses !! Mais quelquefois il n’est pas
assez pluvieux pour permettre l’évacuation des sels (pourtant très solubles)
qui remontent par capillarité et se déposent dans la partie supérieure du
profil : on a lors des sols halomorphes (solonetz) sur le pourtour
des cuvettes surtout.
Note :
les sols actuels ne dépendent pas seulement du climat actuel. Les climats
changent. Les climats du passé (on les appelle « paléoclimats ») ont
participé à la formation des sols que nous voyons et utilisons
aujourd’hui : ces sols sont donc en partie hérités des contextes
climatiques d’autrefois.
4.4.
Les déserts chauds :
Sols squelettiques :
ce sont des lithosols (= « sols rocheux »).
On
a soit du sable vif (dunes, ergs) soit un reg (pavage de
gros blocs, les particules fines ayant été entraînées par le vent). Dans ces
deux cas à peu près aucune culture n’est possible.