Dans notre étude sur
l’habitat rural, après avoir vu les sites d’habitat (A)
nous étudions maintenant (B) les matériaux de construction.
·
Les troglodytes : dans le falaise de Banfora,
au Mont Elgon en Ouganda
·
La pierre sèche (sans lien) : Kouroumba
(Aribinda), Dogon (Mali), Bassari (Guinée), Agoro (Ouganda).
·
La pierre liée par un « ciment »
local : chez les Mafa du Nord-Cameroun.
·
La terre :
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Tchika ou poto-poto : Éthiopie, pays de forêt
-
Pisé (définition *) : Massa
(cases-obus des confins Tchad-Cameroun)
-
Briques séchées au soleil (banco ou briques
adobe): Mossi par exemple, mais c’est récent. Bambara, Haoussa.
-
Chevrons : Dagari, Gourmantché du sud (cf. photo de
Rémy dans Yobri)
● Le bois :
-
planches éclatées :
pays de forêts (surtout Gabon, Congo, Cameroun)
-
troncs plantés espacés (l’air passe) : case
circulaire des Nhaneka du sud de l’Angola (Gourou p. 84)
-
écorce : Gabon.
● La paille :
Peuls, ekarbanes des Touareg-Bella, anciens Serer, Gourma du Nord, Pendé du
Congo-Kinshasa, Lari, Téké. N.B. le secco se dit karata en bamanankan.
● En fibres
tressées : Kaba du Kasaï
● Feuilles :
Mbunda du Kouilou (Congo-Kinshasa), Pygmées.
● La brique
cuite : Niari (Bembé), signe d’aisance.
● Les parpaings
de ciment : Sénégal (notamment aux Iles du Saloum), Côte d’Ivoire.
C’est le matériau le plus utilisé dans les villes africaines, celui qui
est le plus conquérant dans l’habitat rural.
B.1.2.
LES LES MATÉRIAUX POUR LES TOITS
1. Toit
et murs confondus : Peuls, Pendé du Kouilou
(Congo-Kinshasa : en forme de ruche), case-obus en pisé des Massa des
confins Cameroun-Tchad, Kiga de l’Ouganda.
2. Toits
en terrasse : Bambara et Minyanka (région de San) du Mali,
Sarakolé ; Bobo, Bwa, Dagari, Gourounsi du Burkina Faso ; Haoussa de
la Nigéria et du Niger, littoral de l’Afrique orientale. Toit en terrasse se
dit bili en bamanankan.
3. Toits
de paille, souvent cônique (dans les savanes) : Mossi,
Gourmantché ; mais il peut être aussi à 2 ou 4 plans inclinés
(Serer, pays de forêt) ; cas particulier : la maison bamiléké
traditionnelle : très haut toit cônique très épais.
4. Toits
de feuilles : dans le forêt. Ce peut-être des « tuiles
de bambou » (palmes tressées) ou des feuilles larges.
5. Toits
de tuiles : rares : surtout utilisés à l’époque coloniale avant
l’utilisation de la tôle ondulée (les tuiles peuvent se fabriquer sur
place : il suffit d’avoir de l’argile et du bois). On en trouve donc dans
les bâtiments anciens par exemple à Luanda et Malabo.
6. Progression
rapide du toit en tôle ondulée (appelée corcoro en Ethiopie), en
général à double pente, plus rarement à 4 pentes, et, de plus en
plus, à une seule pente. Dans ce dernier cas le coût est bien
moindre mais la maison est très chaude…et cela entraîne souvent des frais de
climatisation supérieurs au gain fait lors de la construction…mais il y a une
question d’urgence, de date de disponibilté des revenus, d’avoir une somme
importante en une seule fois…ou de payer petit à petit (l’électricité)…mais
l’achat du ou des climatiseurs, même d’occasion est une grosse dépense aussi.
Existence ou non d’un plafond.
N.b. Il existe quelquefois des plafonds :
par exemple en pays diola, notamment chez les Floup.
La question de l’orientation des
pièces : sous les Tropiques, les pièces les plus chaudes sont celles
qui donnent sur l’ouest : éviter d’y mettre les chambres à coucher !
En effet en milieu de journée le soleil est très haut : il ne frappe pas
perpendiculairement les murs et d’autre part ceux-ci peuvent être facilement
mis à l’ombre grâce à un léger dépassement du toit. Au contraire en fin
d’après-midi les rayons du soleil déclinant sont perpendiculaires aux murs
ouest et les échauffent fortement.
B.2. LES MATÉRIAUX POUR LES AUTRES CONSTRUCTIONS
PRIVÉES
B.2.1. LES
GRENIERS : on ne les trouve pas partout : dans les pays de
céréaliculture (savanes) pas dans les pays de forêt où l’on se nourrit de
tubercules (manioc, ignames) et de banane plantain.
-
Ils ont souvent l’aspect d’une petite maison,
mais dont le toit est amovible
-
Ils sont quelquefois situés loin du village,
sur les champs :
a. Cas
du Gourma
b. Ces
des dunes de l’Oudalan : greniers isolés des Nomades.
B.2.2.
LES BÂTIMENTS D’ÉLEVAGE : bercail, porcheries,
poulaillers…
-
au pays sidamo, les veaux passent la nuit
dans la case, les autres bœufs dans la cour
-
il y souvent un parc en plein air,
surtout en hivernage * (pour empêcher les animaux d’aller se nourrir des
cultures) ; cet enclos est le plus souvent hors du village, à proximité
des champs.
-
Les Mafa du Nord-Cameroun ont une case à
bœuf, une case à chèvre…mais c’est pour sacrifier l’animal. De même
chez les Matakam de la même région (Sautter, cours, p. 34) : « une
petite case aux murs de pierre sert à engraisser le bœuf de la
famille ».
-
« Dans le delta intérieur du Niger,
les Peul enferment leurs vaches laitières, durant la première
moitié des la saison des pluies dans des cases sombres pendant toute la
journée, mesure de protection contre les mouches piqueuses »
(ibidem, citant l’étude de Jean GALLAIS). Les Nuer du Bahr-el-Ghazal (Soudan)
font de même.
-
Les Bamiléké avaient autrefois des
étables-vérandas (cf. Etudes Rurales p. 253).
3. GÉOGRAPHIE
DES PLANTES CULTIVÉES
Définitions :
Qu’est-ce qu’une céréale ? (le
nom vient de Cérès, la déesse des moissons des Romains de l’antiquité )
La définition du Petit Larousse est la suivante :
« plante, généralement de la famille des graminacées,
dont les grains servent, surtout réduits en farine, à la nourriture de l’homme
et des animaux domestiques (blé, seigle, avoine, orge, riz, maïs
etc.) ».
Les céréales sont donc des graminées ( graminée = plante de la famille des
graminacées) cultivées pour leurs grains riches en amidon (N.b. Seule
exception : le sarrasin, souvent classé parmi les céréales n’est pas une
graminée, mais une polygonacée).
Les graminées sont des herbes
monocotylédones ; il y en a plus de 10.000 espèces (exemples : les
céréales, la plupart des herbes des prairies, savanes et steppes, la canne à sucre, le bambou…).
Les céréales les plus cultivées en Afrique noire sont les mils
(sorgho et petit mil), le maïs, le riz, le blé et le tef.
1.
LES MILS
·
Sorgho et petit mil (ou millet ou mil
chandelle) : les distinguer. Couleur des feuilles.
Épi pour le petit mil, panicule pour le sorgho. Différentes formes de
panicules : belco et mwahari.
·
Ce sont deux céréales d’origine africaine.
·
Les exigences et les aptitudes :
le petit mil est plus rustique (moins exigeant en eau et sur la qualité des
sols ; adapté aux sols légers des régions sèches. C’est la principale
culture du Sahel. Dans la zone nord-soudanienne il est souvent associé au
sorgho, dans les mêmes champs ; ou bien on le trouve sur les sols les
moins riches (naturellement ou parce que le sol a déjà été cultivé plusieurs
années de suite sans restitution (suffisante) de la fertilité. Le sorgho a
besoin de plus de pluie, de sols plus riches (sols argileux en position
topographique basse : bas-fonds, cuvettes), mais ses rendements sont
meilleurs. C’est la céréale qui domine dans la zone soudanienne. Le sorgho est
aussi cultivé en Afrique orientale, du lac Victoria au Natal.
2. LE MAÏS
Le maïs est une plante importée
d’Amérique par les Portugais (surtout). Mais cette importation est très
ancienne (XVIème siècle, comme celle de l’arachide ou du manioc) et
les Africains des régions où cette plante est arrivée depuis très longtemps
(régions côtières surtout) ne savent pas en général qu’il s’agit d’une plante
exotique.
Le maïs est assez exigeant en eau et
pour la qualité des sols. Il a l’avantage d’être une plante assez hâtive et de
bénéficier d’investissements importants de la recherche agronomique mondiale (comme
le riz, mais contrairement aux mils) .
Le maïs est cultivé un peu partout en
Afrique noire (sauf dans les régions les plus sèches en ce qui concerne la
culture pluviale ; en irrigué tout devient possible), mais avec une
importance très variable selon les régions. Comme céréale, il domine là où les
mils auraient du mal à mûrir, c’est-à-dire dans les régions de climat nuageux
ou d’altitude : régions de forêt équatoriale (régions bordières du Golfe
de Guinée et bassin du Congo, côtes de l’Afrique sud-orientale) et hautes
terres d’Afrique orientale (sauf en Ethiopie). Exemple : dans le sud du
Bénin et du Togo, sur le Terre de Barre, le maïs est l’un des deux aliments de
base (avec le manioc). Mais le maïs a conquis aussi des régions plus sèches comme
l’ouest du Burkina Faso (pays bwa du côté de Houndé).
Le maïs est consommé largement dans les
villes même dans des régions où il n’est guère un aliment traditionnel :
ainsi de nos jours à Ouagadougou, le plat national (le sagabou) est plus
souvent fait avec de la farine de maïs qu’avec la farine de sorgho ou de petit
mil. Cela suppose des importations coûteuses. Mais le maïs a la cote : sa
farine est plus blanche, c’est l’aliment des gens « bien ». (Voir le
DEA d’Anna RAUWEL sur la question).
Le maïs est aussi largement consommé
comme en-cas sous forme d’épi grillé à grignoter (dans ce cas il ne faut pas
attendre la maturité complète pour le cueillir sinon les grains sont durs) ou
encore bouilli à l’eau (pour cette préparation il vaut mieux des grains encore
plus tendres : l’épi est cueilli encore tendre, avec des grains encore
blanchâtres).
Attention : maïs
se dit milho en portugais ! En effet le maïs ressemble beaucoup, par son
feuillage, aux mils. Ses feuilles larges et foncées ressemblent beaucoup à celles
du sorgho. Les variétés cultivées en Afrique Noire sont des variétés très
hautes (3 à 4 mètres). Contrairement au sorgho le maïs fait un épi (comme le
petit mil) mais les grains sont beaucoup plus gros que ceux du petit mil et ils
sont aplatis (selon 2 plans horizontaux, sur la plante) et d’un jaune-orangé
plus ou moins prononcé alors que le petit mil a des grains ronds et blancs.
L’épi du maïs est bas (à environ 1 mètre du sol, alors que celui du petit mil
est tout en haut).
3. LE RIZ
Genre : Oryza
Famille : Graminacées
Origine : Chine, Inde et Delta intérieur
du Niger.
La plante se présente en touffes de chaumes de 1 à
3m de haut (3 à 60 tiges par touffe).
Les tiges sont creuses. Les feuilles longues de 30cm à 1m sont
de couleur verte. La dernière ou
« feuille paniculaire » se raccorde à la tige
par un nœud d’où part l’inflorescence; celle-ci porte les épillets renfermant
le fruit ou paddy (le grain et ses enveloppes). La longueur du fruit varie
de 4 à 14 mm (1000 grains pèsent de 30
à 42 g et on compte de 0,9 à 3,6 g de grains de paddy par panicule).
Tous les riz cultivés appartiennent à deux espèces :
-
Oryza sativa d’origine asiatique
-
Oryza glaberrima d’origine africaine (variétés cultivées
en Afrique de l’Ouest).
L’optimum de température se situe entre 30° et 35°. Pour
les riz irrigués la température de l’eau doit également être élevée
(entre 32 et 34° au moment de la formation des touffes, ou tallage). Pour les
riz irrigués il faut plus de 2 m
d’eau pendant la phase végétative. Pour les riz non irrigués improprement
appelés pluviaux II faut de 900 à 1300 mm (normes pour l’espèce sativa).
Les besoins en lumière sont très importants mais un excès de lumière peut être
mauvais pour la plante (ex. côte Ouest
de Madagascar). Le riz est une plante peu exigeante quant aux propriétés
physiques et chimiques du sol.
Le cycle végétatif du riz
varie considérablement avec les
variétés, les lieux de culture, la saison de culture, les façons
de culture, etc. de 4 mois à plus d’un an. A Madagascar par exemple, en
culture normale avec des variétés
sélectionnées, ce cycle végétatif varie de 120 à 180 jours.
Il existe deux grandes catégories de riziculture :
-
LA RIZICULTURE AQUATIQUE :
Elle peut se réaliser de deux manières :
o
Avec repiquage : le semis se fait dans la pépinière et il
est suivi, après 30 ou
35 jours, d’un triage et d’un repiquage
en rizière.
o
Sans repiquage : semis à la volée directement dans la rizière. On peut effectuer 2 et même trois
cultures dans l’année.
- LA
RIZICULTURE SECHE : Elle peut
être itinérante ou permanente, mais il ne faut semer que
dans les zones très favorables.
Rendement moyen à Madagascar : 1,7 t/ha (contre 7 à 10 tonnes
en très bonne culture).