Mexique : Police militaire contre Autogestion !

Oaxaca passé sous silence !

 

 

« La Commune d’Oaxaca est debout, aujourd’hui plus que jamais résolue à vaincre. […] Vous savez que notre victoire sera aussi la vôtre, ce sera le triomphe de la raison et de l’humanité sur la barbarie et le fascisme. »

 

KEZAKO ???

EZLN : Armée Zapatiste de Libération nationale du Chiapas, mouvement de libération unissant le mouvement d’extrême gauche et le mouvement des paysans sans terre du Chiapas. Il revendique l’autonomie des peuples indigène du Chiapas et du Mexique. C’est elle qui a organisé le soulèvement indigène en 1994. Son porte-parole est le sous-commandant Marcos.

Que se passe-t-il à Oaxaca, loin des caméras ?

Après plusieurs mois de grèves du syndicat des enseignant-e-s de cette province mexicaine pour obtenir des hausses salariales, et l’amélioration de l’éducation, l’APPO (Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca) rejoint le mouvement et demande la démission du gouverneur de la région, Ulises Ruiz. Celui-ci est responsable de la répression policière qui a touché les enseignants en grève ainsi que de nombreux détournements de fonds. On lui reproche aussi des meurtres d’opposants politiques et de syndicalistes.

 

Le mouvement de grève générale insurrectionnelle a débouché sur la prise en main d’Oaxaca par la population sous la forme d’une commune libre autogérée. Le gouverneur Ruiz a reçu le soutien du Président sortant mexicain Vicente Fox et de son successeur Felipe Calderon qui a envoyé la Police Fédérale Préventive (PFP - police militaire) pour réprimer le mouvement et reprendre la ville. Déjà terrorisé-e-s par  la police municipale et les groupes de paramilitaires, les habitant-e-s de Oaxaca ont décidé d’organiser la défense de la ville autogérée en y érigeant plus de 2000 barricades.

 

Comme toujours, c’est l’argument du « rétablissement de l’ordre » qui a été donné par les forces de répression pour justifier l’intervention. Dimanche 29 octobre, 4500 PFP, aidés de blindés, d’hélicoptères survolant la ville, et de milices paramilitaires fascistes, prenaient le zocalo (place centrale) d’Oaxaca, mettaient la ville à feu et à sang, pillaient les magasins, arrêtaient les habitant-e-s, violaient plusieurs femmes et tuaient au moins trois personnes. L’ordre a un coût !

Les piquets et barricades ont été reconstitués après le passage de la PFP, ou trois rues plus loin pour le plantón principal, puisque la PFP occupait le zócalo (place centrale).

 

Quel avenir pour le peuple d’Oaxaca ?

 

On peut aujourd’hui tirer un premier bilan de l’intervention de la PFP du 29 octobre pour reprendre Oaxaca au peuple rebelle : malgré sa brutalité, elle a été un échec. Trop illégitime et violente pour permettre l’issue sereine à la crise, trop faible face à la détermination d’une population qui depuis cinq mois a rompu avec le système politique mexicain, développé ses propres outils de contre-pouvoir, par une structure autogestionnaire : l’assemblée générale, sous le contrôle du peuple.

 

Pourtant jeudi 2 novembre, au matin, a démarré ce qui semble être une offensive de destruction finale du mouvement : les PFP ont attaqué Radio Universidad, l’organe de diffusion d’information de l’APPO, et l’Université Autogérée. Après 7 Heures de combat et de défense, les étudiant-e-s aidé-e-s des militant-e-s de l’APPO et de la population, ont repoussé la police qui a fui. Victoire totale, mais le bilan est lourd : un mort et 120 blessé-e-s.

 

« En ce jour le peuple héroique d’Oaxaca a donné une leçon de civisme et de dignité au monde entier, la PFP a dû reculer devant la poussée de plus de 50 000 guerilleros qui avec du bois, des pierres et des fusils à calibre lourd se sont confrontés à des blindés, des hélicoptères et des fusillades d’assaut » APPO.

 

 

APPO : Assemblée Populaire des Peuples d’Oaxaca, réunit plus de 360 organisations indigènes.

l’APPO fonctionne de manière autogestionnaire en coordination de « colonies » (quartiers), d’associations civiles et indigènes, d’organisations syndicales et politiques et de représentants de communes libérées. Son fonctionnement en Assemblée générale ouverte à tous est au vote majoritaire si le consensus n’est pas possible.

 

 

Oaxaca : un exemple à travers le monde !

 

Au Méxique, les enseignant-e-s préparent une grève illimitée, qui pourrait concerner 30 000 écoles tant que la PFP occupera Oaxaca. Signalons encore la solidarité sans faille du Syndicat des Electricien-ne-s, et de l’EZLN, toujours aux côtés de l’APPO. A Barcelone, à Los Angeles, à Vancouver, à Paris, à Marseille, des manifestations de soutien à l’APPO et à la Commune d’Oaxaca ont déjà eu lieu. En Italie l’ambassade du Mexique a été occupée par des manifestants.

 

L’exemple de la lutte de ces peuples indigènes, de ces travailleurs tous unis face au pouvoir autoritaire mexicain, devrait nous faire réfléchir à notre responsabilité, alors que nous nous apprêtons encore une fois à aller mettre un bulletin dans l’urne pour choisir ceux qui déciderons à notre place, ceux qui nous dépossèdent du contrôle de nos vies !

 

 

 

 

 

 

Le tract en format .pdf  ici