Dossier : NO to NATO - NON à l'OTAN

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OTAN

Soixante ans et toutes ses dents !

 

Article d'Alternative libertaire, n°178, novembre 2008.

 

Du 2 au 4 avril 2009, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord doit se réunir à Strasbourg et à Kehl (Allemagne), pour fêter comme il se doit son soixantième anniversaire. Fondée le 4 avril 1949 pour rassembler l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest face à la menace soviétique, l’alliance doit maintenant trouver une nouvelle légitimité.

 

L’OTAN nouveau est arrivé !

Dès 1989 et la chute du bloc soviétique, l’OTAN a tout de suite cherché à se restructurer. Dans quel but une telle débauche de moyens militaires ? Pourquoi faire fonctionner une structure de 22 000 employés et 60 000 militaires ? L’ennemi est trouvé, bien avant le 11 septembre 2001 : c’est déjà le terrorisme arabo-musulman ! L’OTAN est donc appelée à devenir le bras armé de la croisade anti-terroriste américaine partout dans le monde. En 1999, au sommet de Washington, trois niveaux d’intervention sont théorisés : défense interne de ses territoires, défense préventive sur les territoires adjacents (son intervention en Yougoslavie dès 1994) et surtout « défense » externe. Pour cela, l’alliance met en place de nouvelles structures :

-          le groupement de forces interarmées multinationale (GFIM), véritable armée globale, temporaire, de projection (comme en Afghanistan)

-          la Nato response force, armée internationale permanente d’intervention rapide, qui peut regrouper jusqu’à 25 000 soldats (dont 1700 français).

Deux conceptions différentes sur l’avenir de l’OTAN s’opposent depuis le sommet de Bruxelles en 2001. Georges W. Bush prévoyait alors un Global NATO qui ferait le tour du monde, de l’Alaska à la Sibérie, traitant l’ensemble des questions concernant l’ordre mondial, que ce soit de façon militaire ou politique. Il s’agirait donc d’une sorte d’ONU du Nord.

De l’autre côté la majorité des pays européens, dont la France et l’Allemagne, préfèrerait couper l’OTAN en deux, laissant une certaine autonomie aux pays européens, qui développeraient une défense commune. Ces pays souhaitent aussi limiter l’extension géographique et thématique pour ne pas entrer en concurrence avec l’ONU.

 

Le choc des impérialismes.

Mais c’était sans compter sur la Russie. Avec ses importantes ressources naturelles, ses multiples frontières, la Russie a les moyens de redevenir une grande puissance impérialiste. L’affrontement géorgien de cet été démontre bien que la Russie ne supportera plus le grignotage de l’OTAN dans ses zones d’influences : intervention de l’OTAN au Kosovo en 2004 pour affaiblir la Serbie, « révolution » orange en Ukraine en 2004, etc.

Le projet de bouclier anti-missile américain, basé en Pologne et en République tchèque, vise bien à se prémunir contre ce renouveau de l’impérialisme russe. Mais un second projet anti-missile, existe aussi, dans le sud-est de l’Europe, face au moyen orient ! C’est sur ce projet très onéreux que se font entendre des voix discordantes européennes…

Lors du sommet de Bucarest en 2008, la France a affirmé la volonté de revenir à sa juste place dans l’alliance, ce qui devrait se concrétiser au sommet de Strasbourg. La France avait quitté le commandement intégré de l’OTAN en 1966 pour affirmer la volonté du général De Gaulle de se doter de l’arme nucléaire sans être dépendant des Américains. Mais dès 1991, François Mitterrand a tiré le bilan de la guerre du Golfe : l’armée française n’était pas habituée à travailler avec ses alliés et ne maîtrisait pas les méthodes et procédures de l’OTAN. Il avait déjà programmé un retour progressif de la France.

Si ce retour permet bien de répondre à l’appel américain pour un plus grand investissement militaire et financier de ses alliés, c’est aussi un moyen pour la France de négocier un renfort français en Afghanistan (avec les effets que l’on sait) contre une autonomie européenne dans la construction de sa défense commune. Le but de Sarkozy est de placer la France en position de leader, d’être l’homme des Etats-Unis en Europe, de se tailler un fief sur le vieux continent. Si la France et l’Allemagne se sont opposées, en 2008, à l’intégration de l’Ukraine et de la Géorgie, c’est par peur d’un conflit économique avec la Russie (qui fournit l’essentiel du gaz européen)… mais aussi parce que les liens très étroits entre ces pays de l’Est et les Etats-Unis pourraient être un obstacle à leur projet de défense autonome européenne.

 

Ce sommet de 2009 devra donc trancher, mais de toute façon, préparera le choc avec l’impérialisme russe. Une mobilisation mondiale et massive est nécessaire pour arrêter cet engrenage belliciste ! Un contre sommet est déjà prévu à Strasbourg durant la première semaine d’avril : http://sommet-otan-2009.blogspot.com/

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