La criminalisation de l'immigration tue:

Mort d'un sans papier en Savoie !

15 juin 2007

Témoignage de Laurent Ripart

 

"J’étais aujourd’hui à Saint-Michel de Maurienne pour la manif organisée par le syndicat CGT de l’usine Métaltemple, qui après avoir été pillée par un fond de pension est menacée de fermeture.

Vers 14h30, la manif s’est dirigée vers la barrière du péage et a coupé l’autoroute. Un camion anglais tractant un bateau off-shore de luxe a été obligé de s’arrêter : le chauffeur est descendu et a entendu taper de l’intérieur sur la coque du bateau. Il a appelé les gendarmes qui ont ouvert le cockpit et découvert 4 sans-papiers : l’un d’entre eux était déjà mort d’asphyxie et de déshydratation, mais les trois autres  respiraient encore.

Les gendarmes ont sorti les survivants du bateau, les ont allongé par terre et pour premier soin leur ont passé les menottes (j’ai pris une photo de la scène ci-jointe). Au pays de Sarko, même lorsqu’il est en danger de mort, le sans-papier n’est décidément perçu que comme un dangereux délinquant."

 

Toute l'histoire

 

Le 14 juin 2007, de 250 à 400 personnes ont manifesté pour la défense de l’industrie en Maurienne. Comme d’habitude, plusieurs élus de gauche, socialistes ou communistes, étaient présent mais aucun élu de droite n'était là auprès des ouvriers et des salariés de Métaltemple - menacé par une délocalisation - d’Alcan, d’Ferropem ou de la SNCF. Cette manifestation était organisée par la CGT, et par Convergences pour le développement des Services Publics.

 

« J’étais aujourd’hui à Saint-Michel-de-Maurienne pour la manif organisée par le syndicat CGT de l’usine Métaltemple, qui après avoir été pillée par un fond de pension est menacée de fermeture. Vers 14h30, la manif s’est dirigée vers la barrière du péage et a coupé l’autoroute » explique Laurent Ripart, responsable de la LCR Savoie, dans un courriel largement diffusé. Là, la circulation a été bloquée par la Gendarmerie pendant plus d’une heure pour permettre le passage des manifestants. « Un bateau off-shore de 20 m de long revenant d’une course en Grèce, tractée sur un semi-remorque anglais » précise dans un autre message Gérard Etellin, de Solidaires Savoie. Le camion venait de franchir le tunnel du Fréjus.

 

A 15h30 « le chauffeur est descendu et a entendu taper de l’intérieur sur la coque du bateau » poursuit Laurent Ripart. Pour l'AFP, se sont les manifestants eux-même qui ont prévenu les gendarmes alors qu'ils entendaient du bruit. « Il a appelé les gendarmes qui ont ouvert le cockpit et découvert quatre sans-papiers : l’un d’entre eux était déjà mort d’asphyxie et de déshydratation, mais les trois autres respiraient encore. Les gendarmes ont sorti les survivants du bateau, les ont allongé par terre et pour premier soin leur ont passé les menottes (j’ai pris une photo de la scène ci-jointe [reprise sur ce blog]). Au pays de Sarko, même lorsqu’il est en danger de mort, le sans-papier n’est décidément perçu que comme un dangereux délinquant. »

 

Les gendarmes, une manifestante secouriste volontaire et deux élus locaux également pompiers volontaires ont dû desceller les trappes d’accès à l’hydroglisseur, scotchées de l’extérieur, avant de descendre dans la pénombre. L’un des clandestins était déjà mort, les trois autres étaient particulièrement déshydratés et affaiblis, incapables de sortir seul du bateau ou de rester debout ensuite ; ils venaient de passer presque quatre jours enfermés. Pourtant, la première priorité des gendarmes a été de les menotter, au titre de sécurité. Selon l'AFP, « les trois survivants avaient très chaud et étaient très fatigués, a précisé la gendarmerie. Selon les pompiers, trois ambulances et deux équipes médicales d'urgence ont été envoyées sur les lieux.»

 

Selon France Bleue Pays de Savoie et le Dauphiné libéré, ces clandestins sont des Kurdes ou des Afghans qui essayaient de rejoindre la Grande-Bretagne. Ils sont à présent hospitalisés.

 

Vendredi après-midi, une nouvelle dépêche AFP reprenant les propos du procureur de Chambéry Henri-Michel Perret précisait que les quatre immigrés sont des Afghans. Seul l’un des trois survivants a pu être entendu par la Justice. Sur le port de Patras (Grèce) un passeur a demandé 600 euros à chacun des quatre hommes – qui ne se connaissaient pas – pour les introduire lundi dernier dans le navire. Ils n’avaient pas de nourriture et un demi-litre d’eau chacun. La personne décédée est morte des suites de déshydratation. Les hommes étaient cachés à l’insu des chauffeurs anglais du camion qui transportait le navire et des deux véhicules d’assistance.

 

« Ce que l'article [du Dauphiné libéré du 14 juin] ne dit pas c'est qu'ils ont été menottés par les gendarmes alors qu'ils étaient incapables de tenir debout et complètement déshydratés, je faisais partie des manifestants présents, et je vous assure que ces pauvres bougres étaient dans un sale état ; les menottes pour des gens qui fuient la misère et l'acquittement pour les plus grand assassins que sont les trusts qui provoquent la misère » indiquait un participant à la manifestation, sur le blog de Xavier Lett, conseiller général de Maurienne. Lors de ce drame de l’immigration clandestine, une fois les immigrés sortis du cercueil et pris en charge par les secouristes, la Gendarmerie devait-elle ajouter les bracelets ?

Les trois Afghans sont actuellements en garde à vue.

 

Article écrit le 15 juin 2007.

Publié sur Rassembler à Gauche, Savoie

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