Les témougnages
concernant M. Babaev, ressortissant russe d'origine azeris.
(publié dans la Feuille de Chou n°777)
“Rendre la
honte plus honteuse en la publiant“
Témoignage
Ce matin j’ai vu
Babaiev qui revenait de l’aéroport de Bâle-Mulhouse .
Il devait partir pour
la Finlande, Helsinki. Il a dit à la PAF qu’il ne refusait pas
de partir pour la Finlande mais uniquement avec sa famille.
Il a été ligoté,
pieds et mains, et a été transporté par 4 hommes dans l’avion.
Dans l’avion il a tenté de se débattre et a crié qu’il ne
voulait pas partir sans femme et son fils. Il a reçu quelques
coups. Le commandant de bord a refusé son embarquement.
Babaeiv a été ramené
à Geispolsheim ce matin à 10h00.
Il est bien
contusionné et fortement atteint moralement:
“ce qu’ils m’ont
fait on ne le ferait pas un chien!”.
Le témoignage de sa
femme Marina a été transmis à C Trautmann et A Jung.
J’ai l’assurance
qu’il a été transmis au préfet. L’a -t–il lu je ne sais pas.
Mais il me semble de
plus en plus clairement que ce témoignage devrait être rendu
public. Il faut que les adhérents, les copains et les amis et
tous les autres, presse comprise, sachent qu’en connaissance de
ce témoignage le préfet a pris la décision de renvoyer les
Babaiev, avec un enfant de 4 ans, en Finlande et de là, sans
aucun doute possible, car son asile a été refusé en Finlande, en
Russie où le pire les attend..
Témoignage, 1ère partie.
Nous avons quitté la Russie pour cause de discrimination et de
persécution par les autorités russes.
Les deux dernières années, mon mari s’occupait de change
(conversion dollars/roubles). La situation des caucasiens est
très mauvaise ; on ne leur accorde pas d’emploi à cause de leur
à cause de leur origine et de leur apparence. Mais le change
était une activité tolérée. Chaque jour mon mari était contrôlé
par les Omons (milice du FSB). Ils le brutalisaient,
l’insultaient et lui volaient son argent. Ils le faisait souvent
monter en voiture, le battaient, et lui disaient de rentrer dans
son pays. A chaque contrôle, il devait leur donner de l’argent
pour être libéré. Ces faits se produisaient essentiellement avec
des caucasiens.
Les Omons, ayant combattu en Tchétchénie, nourrissaient une
hargne particulière pour tous ceux qui n’étaient pas russes. Ils
manifestaient une brutalité et une grossièreté particulière
envers les caucasiens. Ils disaient à mon mari que sa nation
devait être détruite, qu’il n’avait pas de place en Russie.
Juste à la fin de l’année 2006, ils ont battu mon mari dans
l’entrée de l’immeuble que nous habitions. 3 hommes lui ont
cassé les bras, le nez et ils lui ont pris 28 000 dollars,
l’équivalent de 300 000 roubles. Une partie de cet argent
appartenait à des compatriotes avec qui il travaillait. Ces
hommes étaient masqués, mais mon mari est convaincu que
c’étaient des Omons puisque chaque fois qu’ils le contrôlaient,
ils relevaient son adresse. Il a averti son collègue de travail
de ce qui lui était arrivé. Celui-ci, après avoir averti les
Omons, est arrivé avec eux et ils lui ont fixé un bref délai
pour qu’il rende l’argent qui lui avait été volé, faute de quoi,
ils l’on menacé de lui régler son compte. Il ne restait plus à
mon mari d’autres solutions que de quitter Mourmansk et la nuit
suivante, il partit pour Saint-Pétersbourg.
Je ne savais plus que faire. J’avais une chambre dans un
appartement communautaire et j’ai pensé la vendre pour rejoindre
mon mari. Une semaine plus tard, j’ai reçu la visite de
personnes se prévalant de « Ouboma ( ?) ». Ils ont examiné la
chambre et m’ont demandé où était mon mari. Ensuite, ils m’ont
dit qu’il était dangereux pour moi de rester dans cette chambre,
il valait mieux que je la quitte, car il y avait un réel danger
du côté de « la criminelle ».
Le soir même, je suis allée chez une amie. Nous avons avec elle
trouvé quelqu’un qui avait besoin d’une chambre. J’ai donc eu
besoin des documents concernant cette chambre. Je suis allée
chez moi, ai ramassé ces documents et quand je suis sortie, j’ai
été attrapée, avec une main sur la bouche, pour que je ne crie
pas et on m’a emmenée dans une voiture, chaussée de Leningrad.
Là, j’ai été violée par 3 hommes. 2 me tenaient et me fermaient
la bouche, de tout son poids, un homme ivre m’écrasait au point
que je pensais vraiment étouffer. Ils m’injuriaient et me
disaient « On n’en a rien à foutre des culs noirs » (surnom
injurieux donné habituellement aux caucasiens). Ils me
disaient que je suis une paillasse et qu’il faudrait me mettre
en pièces. Ils me tapaient le ventre. Ils m’ont dit que la
prochaine fois ils m’arracheraient les organes génitaux pour que
je ne puisse plus donner naissance à un « turkey ( ?) ».
C’est heureux que mon fils ne soit trouvé chez mes parents à ce
moment-là. Bien que ceux-ci ne veuillent pas le voir puisqu’il
était fils d’un « non russe », malgré la réticence de mon père,
ils ont accepté de le garder une semaine.
Je suis restée chez mon amie pendant une semaine. je n’avais
plus envie de rien, je me sentais comme un cadavre, je sentais
ma vie finie. C’est en pensant à mon amie et à mon fils que j’ai
tenu. Pendant cette semaine, grâce à mon amie et au titre de
propriété que j’avais sauvegardé, j’ai réussi à vendre ma
chambre 3000 dollars.
je considère que ce qui m’est arrivé est une infamie, une
humiliation, un monstrueux viol. J’avais peur que quelqu’un
l’apprenne, j’avais peur que mon mari, connaissant ces faits ne
veuillent plus vivre avec moi, marqué par cette tâche terrible
et indélébile.
Fin janvier 2005, j’ai acheté des billets de train pour
Saint-Pétersbourg. J’ai reçu un coup de fil, me disant que
j’allais recevoir une convocation d’urgence. J’ai rendu les
billets et une semaine plus tard, tôt le matin, je suis allée à
l’aéroport et je me suis envolée avec mon fils par le 1er
avion pour Saint Pétersbourg. Mon mari ne savait pas quand
j’allais arriver car nous n’avions plus communiqué. C’est
seulement quand je suis arrivée à Saint-Pétersbourg, à la
station de métro Kouptchino que je lui ai téléphoné et qu’il m’a
indiqué où aller. Il avait loué une petite chambre dans un
appartement communautaire.
Mon mari a investi l’argent que j’avais ramené avec un
compatriote dans un local commercial. Ils ont tous deux ouvert
un magasin de vêtements. Ils vendaient des vêtements bon marché
provenant de Moscou. Un moi plus tard, nous apprenions que le
beau-frère de mon mari avait été tué tué à Mourmansk et que son
épouse était devenue veuve avec ses trois enfants. J’ai oublié
de dire que, lorsque j’étais à Mourmansk, le beau-frère de mon
mari avait été présenté 4 fois à la télévision dans l’émission «
recherches ».
A Pétersbourg, l’attitude envers les caucasiens est très
curieuse. Chaque jour, j’attendais mon mari sans savoir s’il
reviendrait. Souvent les miliciens fouillaient et retournaient
tout dans sa camionnette. Ils le retenaient jusqu’à ce qu’il
leur donne 200 à 500 roubles. En le relâchant, souvent 24 heures
plus tard, ils lui faisaient remarquer qu’il n’était pas russe.
Il existe un terme officiel ; « une face de nationalité
caucasienne ». C’est une sorte de gens qui ne peut se déplacer
tranquillement dans la rue parce que les miliciens « insatiables
» considèrent que c’est de leur devoir de l’interpeller et de
l’arrêter. La vie est ponctuée de slogans : « bats-le », « les
non russes dehors, hors de la ville », « tu mérites ? », « Les
culs noirs, jetez les dehors ». Sur chaque porte d’entrée sont
collés des slogans fascistes. Aux portes du métro, dans les
trains, l’attitude est agressive envers les non russes. La
jeunesse véhicule aussi cette haine nationaliste. Dans un parc,
une vieille femme m’a crié ; « Attrape ton gamin et file en
Allemagne ». Une fois, sortant de l’autobus, mon mari s’est
trouvé devant un groupe nombreux de jeunes skins. Ils l’ont
entraîné sous un porche et à tour de rôle, ils lui ont craché au
visage et ils l’ont averti que la prochaine fois ils le
tueraient.
Tout le monde sait qu’en Russie, on tue les non russes. Il n’y a
pas si longtemps, une jeune fille tadjik a été tuée de 8 coups
de couteau. La justice a reconnu ces faits comme un acte de
khouliganisme. Il en est de même pour les étudiants africains et
iraniens.
Quand nous étions en Suède, nous avons rencontré une famille
azerbaïdjanaise qui demandait l’asile. Leur fils de 26 ans a été
tué à Saint-Pétersbourg. Chaque année, on expédie des centaines
de cercueils en Azerbaïdjan.
Mon fils était encore petit et il ne
comprenait pas ces rapports méchants et ces menaces. J’ai du mal
à comprendre comment il pouvait vivre tranquille dans un tel
pays, tant on n’a pas l’assurance de savoir si demain on sera
encore en vie. On interdisait à mon fils le jardin d’enfants. On
me disait qu’il n’y avait pas de place et on me demandait
pourquoi j’étais venue ici et n’étais pas restée à Mourmansk. 7
mois plus tard, après beaucoup de difficultés et avoir payé 200
dollars, soit 1500 roubles, je lui ai trouvé une place dans un
jardin d’enfants. Par la suite, j’ai appris que l’éducatrice le
méprisait, le battait, le comparant à un nègre et lui disait
qu’il était bien sombre. quand tous les enfants dormaient dans
leur lit, le mien dormait dans un passage sur un traversin. Au
bout de 2 mois, il est tombé malade de ? . Il a attrapé une
bronchite, une angine et une salmonellose. Après de longs soins
à l’hôpital, je l’ai emmené une dernière fois à l’école pour la
fête du nouvel an. Il a pleuré malgré ma présence. Il était
tellement terrifié qu’il en a vomi. Il n’arrive pas à oublier
Tamara Mikhailovna, l’éducatrice. Il a peur des enfants et de
l’école. Il souffre de nombreuses peurs, auquel s’est encore
rajouté la peur de la police et la peur de retourner un jour en
Russie. Il a peur pour sa vie et pour la vie de ses parents.
En janvier 2006, on nous a annoncé que
parmi nos compatriotes de Mourmansk, des gens demandaient de nos
nouvelles. Après avoir rapidement ouver … ?;;;, nous avons
quitté la Russie,le 6 mai 2006.
23 septembre 2007
MARINA BABAEVA
Traduit du
russe par FE et MA
Témoignage, 2ème partie
Fin mai 2006, nous avons fui la Russie pour la Finlande mais,
n’y avons pas demandé refuge. Nous craignions beaucoup d’être
refoulés en Russie. La Finlande étant limitrophe, ils auraient
pu nous arrêter dès la frontière et nous ignorions totalement ce
qu’est « l’asile ». Nous quittions simplement le pays pour fuir
la mort. Ayant réussi à fuir, nous avons décidé de partir encore
plus loin.
Parvenu à « Khanko ( ?)», nous sommes montés dans un bateau et
sommes arrivés à « Rostok » en Allemagne. Puis nous nous sommes
rendus dans la ville la plus proche « Hambourg » où nous sommes
restés environ 2 semaines, errant d’hôtel en hôtel, craignant la
police, ne sachant pas ce qu’ils feraient de nous. Lorsque nous
nous sommes retrouvés sans argent, et après être restés
terrifiés dans la rue jusqu’au soir, nous sommes tout de même
rendus à la police la plus proche. Je suis entrée, ai demandé :
« Puis je rester dans ce pays ? » La réponse fut négative. ‘ai
répété que je voulais rester, le policier a alors demandé « Azyl
? » Ayant confusément deviné qu’il était question de réfugié,
j’ai répondu « oui ». Honnêtement, j’ai présenté mes papiers,
tamponnés en Finlande. J’ignorais tout du droit d’asile et des
accords de Dublin. On nous a alors dirigé sur une petite
bourgade « Alberstadt » où nous avons vécu dans une grande
caserne, éloignée de la ville. Tout près se trouvaient de grands
camps de concentration.
Tous ceux avec qui nous avons parlé à l’intérieur du camp nous
ont déclarés que, pour le prix de notre honnêteté, nous serions
punis et que nos passeports nous feraient refaire la route à
l’envers. Nous n’avons pas pris ai sérieux ce qu’ils nous
disaient, croyant que notre honnêteté et notre probité n’étant
pas un péché, seraient reconnus. Nous avons donc attendu que
l’on réponde à notre demande. Les conditions de vie au camp
n’étaient pas à la hauteur. Sols vétustes, pourris, jamais
lessivés ce qui attiraient les cloportes. Trois fois par jour
nous allions chercher à manger dans des boîtes en carton, et à
ceux qui n’en avaient pas, la nourriture était servi dans des
assiettes en plastique avec cuillères et fourchettes en
plastique, qu’il fallait aller nettoyer à la cuisine pour s’en
resservir. Pour les autres je ne sais pas, mais moi cela m’a
dégoutté, je me suis sentie humiliée, traitée comme une moins
que rien, avec cette boîte en carton où se mélangeait nourriture
solide et liquide. Difficile de l’avaler.
Au bout de 3 mois, nous avons reçu 100 euros.
Nous attendions un transfert pour septembre, mais nous avons
soudainement été informés que nous allions être renvoyés en
Finlande. C’est alors que pour la première fois nous avons
entendu parler des « accords de Dublin » concernant les réfugiés
et que c’était le pays par lequel nous étions entrés, ou qui
nous avait accordé un visa, qui devait se charger de nous. Nous
fûmes expédiés en Finlande le 8 août 2006 sous la garde de trois
hommes armés, comme des criminels. Nous fûmes fouillés, on nous
pris tous nos papiers d’identité et ceux que nous avions reçus
en Allemagne. Ils ne nous furent pas rendus mais envoyés en
Finlande. On nous a fait monté dans un avion avec notre escorte
avant tout le monde, et tous ceux qui attendaient, perplexes,
nous regardaient de travers. On nous a installé à l’arrière.
Notre petit garçon a pleuré pendant tout le trajet tant il avait
peur, il croyait que nous allions tomber. Fatigués, éreintés,
nous sommes arrivés en Finlande, à Helsinki, où nous attendait
la police des douanes qui, à l’aide d’un interprète, nous
informa que notre visa était périmé et qu’ils nous renvoyaient
dans notre pays. Après de longues tergiversations, ils nous ont
enfermés dans une cellule, où nous avons dû remplir un dossier,
exposant pourquoi nous avions fui notre pays et pourquoi nous
demandions asile. Mon mari et moi l’avons rédigé. Pendant que
nous écrivions, notre petit garçon à nos côtés pleurait, de
faim, de sommeil, d’angoisse. Il criait, demandait à sortir
dehors.
Nous sommes restés au poste de douane jusque tard dans la
soirée. Nous avons été convoqués chacun séparément, avons
raconté à nouveau oralement. Tout ce cauchemar terminé, nous
avons été envoyés dans un centre d’accueil d’Helsinki, où nous
avons subi un long interrogatoire celui que l’on intitule «
interrogatoire de transit ». Celui que nous avions déjà subi au
poste de douane.
Nous sommes restés 4 mois dans le grand centre d’accueil
d’Helsinki. En décembre, nous avons été convoqués pour un long
interrogatoire. Ils nous informèrent que nous étions transférés
ailleurs, non loin du bourg appelé « Rouki » et aujourd’hui «
Sikkayoki ». La région de « Oulu » se trouve au nord de la
Finlande. Nous devions y attendre la réponse à notre demande. Le
personnel du centre nous affirmait que là-bas les conditions
étaient meilleures pour les enfants et que la chambre était plus
grande. Nous avons quitté Helsinki en train à 22h et sommes
arrivés tôt le matin à 6h où l’on est venu nous chercher. Pour
nous emmener « là-bas ».
Nous avons vécu dans la forêt au nord de la Finlande, le village
le plus proche étant à 6 km. On nous a installés dans une maison
habitée par 3 familles de tsiganes. Notre chambre avait 7m2, une
petite armoire sans portes, cassées, un lit double et un petit
lit, le tout en mauvais état. Pas de place pour se remuer, juste
un petit passage vers la fenêtre. Un chahut terrible et des
nuages de fumée de cigarettes pénétrant dans la chambre. Les
voilà les meilleures conditions pour les enfants.
Deux fois par semaine on nous emmenait en minibus au magasin et
nous avions 30 minutes pour faire nos courses. Le bus était
bourré et quelques malheureuses personnes faisaient les 6 kms à
pied à travers la forêt, dans l’obscurité et par -3O°.
Nous devions également travailler sa ns être payés. Si nous
étions absent au travail, on nous adressait un avertissement ; à
la 2ème absence, l’allocation était diminuée de 24%
et pour chaque absence le pourcentage augmentait. Si nous
n’assistions pas au cours de finlandais, l’allocation était
également réduite de 24% et plus. Je devais lessiver le sol là
où se déroulaient les cours. D’autres femmes lessivaient
l’office, les cabinets, les toilettes du personnel ; les hommes
cassaient d’énormes caisses et chargeaient parfois les camions.
C’était un travail épuisant. Les jours de repos, nous restions
seuls sur place, personne ne se préoccupait de nous.
Plusieurs nationalités y étaient représentées : l’Afghanistan,
la Somalie, l’Afrique, la Palestine, la Géorgie, la Russie, la
Biélorussie.
Au bout de 3 mois, nous avons appris que notre demande d’asle
était refusée et que dans les 8 jours la police pouvait venir
nous chercher pour nous reconduire à la frontière russe. Nous
avions 8 jours pour décider de déposer un recours et 30 jours
pour pouvoir faire appel de cette décision. L’avocat nous dit
que même si dans notre pays nous étions menacés de mort, cela ne
fournissait pas la preuve que la Russie représentait un danger
pour nous, qu’ici on ne prenait pas en considération les «
Dublin », qu’étant dans ce cas, tu étais sûr d’obtenir un refus.
Le tribunal a rejeté notre demande mais l’avocat ne nous en a
pas informé. Nous avons réussi avec beaucoup de difficulté à
apprendre la décision de refus de la part du tribunal et dans la
journée nous avons fait nos préparatifs et avons quitté la
Finlande pour la Suède voisine, dans une vieille « Ford Fiesta »
que nous avait procuré des déportés tsiganes. Les finnois ne
nous ont rendu ni nos passeports ni le compte rendu de nos
interrogatoires.
Nous avons traversé toute la Suède du nord au sud, tout en
souffrant, notre enfant et nous d’une grave laryngite et
bronchite. Arrivés au centre de la Suède, n’en pouvant plus,
nous nous sommes rendus à l’hôpital. Nous y avons été soignés,
puis nous avons été orientés vers le nord, où, disaient-ils nous
serions accueillis. C’était une erreur, 0 Boden dans le nord,
nous avons appris qu’il fallait nous rendre au sud, à Stockholm.
Ce n’était que là que nous pouvions être enregistrés. Arrivés
là, nous fûmes envoyés à « ? « , de là dès le lendemain retour à
Stockholm, à nouveau la même procédure « d’asile » le renvoi
dans une autre ville, dans un camp de transit où nous sommes
restés un peu plus d’une semaine ; dans une minuscule chambrette
en attendant un transfert. Transférés à Söderhamm, à environ 200
kms de Stockholm.
Là, au bout de 3 mois, nous avons été informés que nous devions
retourner en Finlande, où l’on nous attendait.
Je ne comprends pas pourquoi la Finlande se moque de nous ainsi.
Déjà rejetés, leur confortable police a déjà étudié notre
dossier et l’a refusé. Elle se prépare chaque fois à nous
renvoyer. Pourquoi ne nous laissent-ils pas en paix ? Pourquoi
ne nous oublient-ils pas ? Nous nous sentons véritablement
stigmatisés par ce terme « les Dublin ». Nous souffrons pour
avoir honnêtement, sans mentir et sans rien dissimuler, donné
nos papiers. Cela fait déjà un an et trois mois que nous
souffrons. Il s’avère qu’en Europe, où l’on brandit les droits
de l’Homme, on bafoue ces droits. On a inventé une loi, au nom
de laquelle on shoote dans un être humain comme dans un ballon
de football. Les hypocrites et les menteurs sont acceptés car
ils sont conformes à la loi, alors que l’on joue au foot avec
les gens sincères, car une loi existe contre eux.
Mon enfant n’a pas de foyer, ne sait même plus qui nous sommes
d’où on vient et où nous allons vivre. chaque endroit où nous
passons la nuit, il le nomme « notre maison ». Il ne sait pas ce
qu’est un foyer et sa cuisine, il est rempli de peurs, a peur de
la police, des maîtres, des enfants. Il souffre « d’allergie ?
», mais la loi n’en a que faire. Nous sommes « Des Dublin » un
point c’est tout.
Et voilà que partis de Suède, nous sommes en France. Espérant en
la justice et les droits de l’Homme. Mais il semble qu’en
France, il faille vivre une demie année comme clandestin avant
d’avoir le droit de demander l’asile, et pendant ces 6 mois, il
faut changer de gîte, d’hôtel, de centre d’accueil tous les 10,
15 jours. Il faut aller dans une cantine 2 fois par jour, voir
un avocat, un psychologue, Casa, et près de cet endroit et près
de l’hôtel, t’attendent des collaborateurs compatissants de la
police. Actuellement, mon mari se trouve dans un camp de
rétention et mon fils commence à s’habituer à cette sorte de
vie, à devoir nous cacher, nous enfuir, partir dans un autre
pays, tandis que son papa est en prison, non pour avoir commis
un crime, mais parce qu’il n’a pas de papiers, parce qu’il veut
vivre tranquille et travailler.
23.09.2007
MARINA BABAEVA
|
Communiqué de presse :
M. Babaeiv est "libre"...
Alors que deux
membres du RESF 67 venaient d’arriver au Centre de Rétention
Administrative de Geispolsheim, pour rendre rendre visite à M.
Babaiev, qui s’y trouvait depuis 14 jours, pendant que sa femme
et son enfant de 4 ans sont à l’abri, les gendarmes à la grille
ont annoncé, tout sourire, vite partagé, qu’il allait être
libéré deux minutes après !
M. Babaiev est
sorti, en boitant, séquelle de la tentative musclée mais ratée
d’embarquement quelques jours avant, un sac à la main.
Il a parlé avec
ceux qui, agglutinés derrière la grille,sous une pluie fine,
sont retenus, parmi lesquels, des locuteurs du russe et bien
d’autres nationalités.
Puis il est
revenu à Strasbourg.
Après un
passage à CASAS, lieu devant lequel il avait été interpellé par
la police en civil, ainsi que sa femme (elle avait été libérée
après une heure, car son fils était à l’école, et personne
d’autre que la maman n’était supposé le chercher), il s’est
rendu immédiatement à la Sécurité Sociale, car il avait reçu un
avis d’obtention de la CMU (Couverture maladie universelle) pour
retirer sa carte. Il est déjà intégré!
A l’heure
actuelle, nous ne savons pas la raison pour laquelle le Préfet
du Bas-Rhin l’a fait libérer, Monsieur Babaev ne dispose d'aucun
droit, d'aucun toit et ne semble pas autorisé à déposer une
demande d'asile en bonne et due forme…
Une fois encore
ce sont les actions de nombreux particuliers et d’élus, parmi
lesquels, la député européenne Catherine Trautmann, ont abouti à
cette libération.
Que tous ceux
qui ont agi soient remerciés!
La
détermination du réseau sort augmentée de cette victoire, certes
individuelle ,mais prometteuse pour d’autres cas tout aussi
scandaleux de rétention et d’expulsion.
Contacts RESF :
Christophe ZANDER 06/81/44/62/55
Laurence TRAMUT 06/62/08/82/94
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