La lutte des classe côté patronal...

 

 

L'UIMM (patronat de la métallurgie) est assise sur un trésor de plusieurs centaines de millions d'euros

[ 16/10/07 ]

 

Les retraits d'argent de l'UIMM ont été effectués, selon nos informations, depuis plusieurs fonds de réserve, dont une caisse de solidarité « antigrève » créée en 1968, au portefeuille aujourd'hui évalué à 160 millions d'euros.

 

Depuis le début de l'affaire Gautier-Sauvagnac, c'est la destination des retraits d'argent de l'Union des industries et métiers de la métallurgie qui alimente la rumeur. Syndicats, hommes et partis politiques, salariés et retraités de la métallurgie... toutes les pistes sont examinées par les enquêteurs. En revanche, on savait jusqu'ici peu de chose de l'origine des millions d'euros sortis de différents comptes bancaires. Selon nos informations, l'UIMM pioche depuis des années dans plusieurs « fonds de réserve », dont l'existence doit être révélée dans prochains jours.

 

Résister aux syndicats

 

Le plus important d'entre eux, baptisé « Epim », est une caisse de solidarité « antigrève » constituée après les événements de mai 1968 pour inciter financièrement les chefs d'entreprise à résister aux syndicats, en cas de conflit social. « Il s'agissait d'éviter la mollesse de certains patrons dans les négociations, de les encourager à la fermeté moyennant rétribution », raconte un ancien président du CNPF.

 

Inspirée du modèle suédois, l'idée avait germé dans l'esprit d'Emile Boursier, à l'époque vice-président délégué général de l'UIMM, lequel en assura la gestion jusqu'en 1984 avant de passer le flambeau à Pierre Guillen, puis, dix ans plus tard, à Denis Gautier-Sauvagnac, avant que le système ne s'éteigne progressivement.

 

Concrètement, les entreprises versaient une cotisation spéciale à ce dispositif, de l'ordre de 0,1 % de leur masse salariale, ce qui permit de constituer, au fil des ans, une belle cagnotte. A la fin des années 1990, il se disait dans l'entourage de Jean Gandois, puis d'Ernest-Antoine Seillière, que son montant atteignait 1 milliard de francs, soit un peu plus de 150 millions d'euros. Aujourd'hui, il s'agit d'un portefeuille dont la valeur de marché s'élève à 160 millions d'euros.

 

« Absolument rien d'occulte »

 

Mais ce n'est pas tout. La cagnotte de l'UIMM se compose d'autres fonds dont la valeur comptable se chiffre en centaines de millions d'euros supplémentaires. De quoi largement autoriser les retraits en cours d'examen par la brigade financière du parquet de Paris.

 

Dans une interview accordée au « Monde », l'ancien président de l'UIMM Daniel Dewavrin a confirmé hier, à demi-mot, l'existence du système. « Au-delà de leurs cotisations normales », révèle-t-il, des adhérents volontaires « versaient d'autres cotisations, dûment déclarées - et pas en espèces - sur un compte bancaire ». Il affirme que les sommes en jeu n'ont « absolument rien d'occulte » et parle d'« environ 2 millions d'euros par an » de retraits. Ce qui, de source policière, pèse 24 à 32 kilos selon les coupures employées, et tient dans quatre attachés-cases. Les adhérents de l'UIMM n'ont pas fini d'être surpris de l'usage qui a été fait de leur obole !

G. D. ET D. S

 

 

Communiqué d'Alternative libertaire,

18-10-07

 

UIMM et Medef :

à qui profite la corruption ?

 

Les révélations sur les caisses noires du patronat sont assez salées: non seulement les grands patrons ont constitué une caisse antigrève en prélevant de l’argent sur le travail des salarié-e-s, mais en plus... ce serait la faute des syndicats !

 

Que des syndicats maisons, « jaunes », existent n’est une nouvelle pour personne. Qu’ils puissent participer, contre espèce sonnante et trébuchante, à la « fluidité sociale », cela met à nu le fameux « paritarisme »: un jeu de dupes ! Ces « pauvres patrons » qui sont paraît-il écrasés de « charges » et d'impôts, ont trouvé le moyen de payer des « surcotisations » pour créer une caisse antigrève. Ces 160 millions d’euros sont le produit du travail des salarié-e-s, à qui on a refusé tant de fois des revalorisations salariales, et cet argent est utilisé contre eux !

 

Si ces révélations sortent maintenant, à grand concours de « on ne savait pas » hypocrites, ce n’est pas dû au hasard. Qu'il soit question de rapports de forces internes au Medef entre vieille garde de l’industrie et bras armé d’un nouveau capitalisme financier, certes. Mais l'intérêt est surtout de miner le terrain syndical au moment où débute le premier conflit social d’ampleur de l’ère Sarkozy. Il est temps de rendre publics les comptes des entreprises.

 

Les patrons sont organisés,

organisons nous !

 

Alternative libertaire, le 18 octobre 2007

 

Communiqué de l'Union syndicale Solidaires

16-10-07

 

A qui profitent les « caisses noires » du patronat ?

 

 

Depuis le 26 septembre une enquête est ouverte par la brigade financière sur les retraits en liquide effectués par le patron de l'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie), Denis Gautier-Sauvagnac, jusqu'à hier chef de file de la délégation du Medef pour les conférences « sociales » tripartites. Les sommes sont importantes (17 millions estimés à ce jour) et les investigations se poursuivent.

 

Les bouches s'ouvrent et on apprend maintenant que des centaines de millions d'euros sont mis en réserve comme caisse de résistance par le patronat de la métallurgie : cette pratique aurait été généralisée après le mouvement social de Mai 68 ! Les responsables de l'UIMM déclarent maintenant que ces fonds servent aussi à « fluidifier les relations sociales » ; dans le langage patronal, cela veut dire : aider certains syndicats à être plus conciliants et favoriser la signature d'accords qui s'appliquent même s'ils sont signés par des organisations minoritaires !

Mais il est quand même curieux que les faits avérés pour l'instant (retraits de fonds importants en liquide mettant en cause un responsable patronal) donnent lieu à des commentaires jetant la suspicion généralisée sur le mouvement syndical alors même que ce sont des responsables patronaux qui sont en cause ! Ce sont les mêmes qui se plaignent du « coût » du travail et des charges des cotisations sociales et qui, dans le même temps, remplissent des « caisses noires » !

 

Le patronat a toujours eu deux fers au feu pour faire face au mouvement syndical et aux luttes sociales ! Le fait syndical est toujours contesté et ce sont des entraves quotidiennes, des pressions exercées sur les militant-es syndicaux pouvant aller jusqu'au licenciement ou les poursuites judicaires ; dans le même temps les patrons cherchent aussi à se concilier les faveurs de certains syndicalistes.

 

Ces faits renforcent la détermination de l'Union syndicale Solidaires à agir pour que les règles de la représentativité syndicale changent : elles doivent reposer sur le libre choix des salariés pour l'organisation syndicale dans laquelle ils se reconnaissent et non plus sur une présomption irréfragable établie il y a plus de 40 ans, qui favorise certains indépendamment de ce qu'ils représentent.

 

Cela suppose l'abrogation de l'Arrêté du 31 mars 1966 pour le secteur privé, l'abrogation de la loi Perben de 1996 (pour la Fonction publique), la liberté de candidature pour le 1er tour pour toute organisation syndicale indépendante et légalement constituée, la détermination de la représentativité à tous les niveaux sur la base des résultats aux élections professionnelles et l'attribution de moyens matériels et financiers en toute transparence et en toute équité sans favoritisme, ce qui n'est pas le cas actuellement. Parallèlement, il faut en finir avec la possibilité d'accord minoritaire. C'est cette réglementation qui a incité des patrons à créer des syndicats « maison » et à s'acheter les bonnes grâces de quelques-uns. Au contraire, il faudrait que pour être valide, un accord soit signé par des syndicats représentant une majorité des salariés.

 

L'actuel Président de la République s'était engagé à changer ces règles anti-démocratiques : il est temps de passer des promesses aux actes !

 

Annick Coupé

Union syndicale SOLIDAIRES

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