LE GRAND CALCUL DES ARBRES

concerto pour violon et ensemble instrumental

Extrait de l'article de Pierre-Albert Castanet, in Les Cahiers du C.R.I.M.E.M., 1994, intitulé: LES POSTULATS PRIMORDIAUX ET LE PARADIGME DE MODERNITÉ

"...Homme de contrepoint à l'esprit curieux, Alain Bancquart a su discerner dans l'étude des fugues de Bach l'importance du radicalisme des disciplines de reflexion, d'écriture e de théorie polyphoniques par rapport à celles parallèlles de l'homophonie et de l'harmonie...la révérence à Jean-Sébastien Bach est véritablement explicite dans l'aspect thématique de l'unisson de la seconde partie de Memoire pour quatuor à cordes (1985). Notons également le lyrisme contenu de l'écriture extrêmement virtuse du Concerto pour violon (1993). Dans cet exercice où les processus de communication sont évidemment exacerbés, Bancquarg a forgé des arceaux de polyphonie savante, très complexes, digne de la charpente d'une gigantesque fugue. Dans la lignée d'une histoire rationnelle et pertinente de la polyphonie occidentale, il est sans doute fatal de rencontrer le geste tenace et introspectif de Bancquart en faveur d'une oeuvre d'art monumentalement formalisée, méritant les faveurs d'un "ars subtilus" du vingtième siècle qui annoncerait un âge d'or contrapunctique à (re)découvrir ou à (re)formuler....Il y a chez Bancquart ces "mûssen, sollen, kônnen" beethoveniens qui rigidifient les arêtes du cadre de vie musicale. Ils instaurent immédiatement des rapports de tension qui annihilent la simple écoute naîve afin de fortifier plus encore la perception , la compréhension et la nécessité de l'oeuvre. Dans cette perspective, la dernière pièce du compositeur-à ce jour- : Plain chant (1993) pour flûte et cordes, tente par exemple de radicaliser le vieux rêve wagnérien d'une "mélodie infinie". Friedrich Nietzsche a vu dans ce complxe de boucle ininterrompue un broyeur d'unité de temps et de force. Selon le philosophe musicien, la projection mélodique sans fin "trouve sa richesse d'invention précisément dans ce qui, pour une oreille d'un autre âge, sonne comme un paradoxe rythmique et comme un blasphème".

A l'aide d'une combinatoire de modes de durées finement cohérente, Bancquart ose tisser le plus long canon rythmique du monde (40 minutes) entre le soliste et le ripieno. "