Communiqué de presse : le 29 novembre 2006
Le
SIDA: la mort est politique !
"Même pas vrai", diront-ils : la mort
n'est pas politique. "S'agirait pas de tout politiser. Il y a de la
fatalité dans la vie"... Et face à la fatalité, on ne peut pas grand
chose : notre compassion, nos larmes, peut-être.
À TaPaGeS, nous n'avons plus de larmes en
stock -juste des tonnes de colère. Car la mort est bien, quoi qu'ils en
disent, politique.
Lorsque l'industrie pharmaceutique
prospère sur des charniers, lorsque les médicaments sont toujours
protégés par des brevets rendant leur accès impossible à la population
la plus pauvre, lorsque ce qu'ils appellent les pays du Sud croulent
sous les dettes et peuvent crever sans que l'Occident ne s'en soucie.
Lorsque le gouvernement français s'acharne
à casser les systèmes de santé publique, qu'il pourchasse putes et
toxicos rendant impossible toute politique de prévention, expulse des
sans-papiers malades les condamnant ainsi à mort.
Lorsque la politique transphobe et
homophobe de l'État maintient dans la précarité, la clandestinité tout
un pan de la société.
Lorsqu'il n'existe aucune véritable
politique volontariste en milieu scolaire, professionnel : le SIDA
s'attrape en baisant ou par le shoot. Et c'est de cela dont il faut
parler : pas d'amour, de sentiments, de petits oiseaux, de ciel bleu ou
de morale. La recrudescence des contaminations chez les jeunes, les
pratiques à risques ne se préviennent ni par l'hypocrisie ni,
d'ailleurs, par les anathèmes.
Il restera des deux décennies, l'une
mitterrandienne, l'autre chiraquienne, un immense cimetière, rempli à
ras de tous/-tes ceux/celles que cette société vomit, opprime et humilie
: les femmes, les étrangerEs, les tox', les putes, les taulardEs, les
transpédégouines, et des continents entiers qu' ils laissent mourir, la
main sur le cœur et le portefeuille. Ce monde est fait pour les hommes
riches, blancs, hétéros, en bonne santé, chrétiens... Et mieux vaut
avoir tous les numéros...
Nous exigeons de toute urgence le
financement à 100 %, par les États qui s'y sont engagés, du plan mondial
de contrôle de la pandémie établi en 2001, l'arrêt des persécutions dont
sont victimes les migrantEs, l'abrogation des lois Sarkozy, la
libération des détenuEs malades, de vraies politiques de prévention de
l'homophobie et de la transphobie, un contrôle contraignant de
l'industrie pharmaceutique.
Nous ne voulons plus d'une politique
indexée sur les désirs du Vatican et les dividendes des actionnaires !
Nous nous souvenons que c'est sous la
pression de groupes radicaux, en colère, militants, que les
gouvernements, de droite comme de gauche, ont été contraints à agir. Un
peu. Toujours à reculons. Chaque fois le minimum.
Notre mort est politique, notre vie l'est
aussi. Il y a urgence à imposer un autre monde où la santé de touTEs
primerait sur les intérêts des laboratoires pharmaceutiques.
Où la solidarité l'emporterait sur le
flicage, l'égoïsme et le cynisme. Et la prévention sur l'Ordre
moralisateur, l'indifférence et les regrets après coup.
Le 1er décembre est une journée de lutte
contre le SIDA - et contre ceux qui en sont objectivement les alliés.
TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg), le 29 novembre 2006
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