Force ouvrière, un syndicat de combat... contre SUD !
Le samedi 11 octobre 2008, TomJo La Brique
Force ouvrière veut éliminer SUD. Dans une lettre que nous nous sommes procurée, le syndicat FO menace de contester leur représentativité dans toutes les collectivités aux élections professionnelles. A Paris, Nantes, Angers ou Lyon, les mairies PS barrent la route à SUD. A Lille, SUD Collectivités Territoriales attaque au Tribunal Administratif la mairie « socialiste » qui refuse leurs listes. Y’a de l’esbroufe dans les hautes sphères !
C’était devenu un secret de Polichinelle. Force Ouvrière met des bâtons dans les roues de SUD pour qu’il ne se présente pas aux élections professionnelles du 6 novembre prochain dans les collectivités territoriales. Dans cette lettre de menace, le cabinet d’avocats de FO s’adresse aux présidents des Centres départementaux de gestion, établissements publics qui assurent un certain nombre de missions pour les collectivités locales, comme l’organisation des élections professionnelles des petites communes. La direction de FO conteste la représentativité des syndicats SUD, UNSA, FSU et SNDGCT. Ils mettent en cause les « accords de Bercy » sur la « rénovation du dialogue social » signés le 2 juin 2008. Ces accords n’auraient, disent-ils, « aucune valeur juridique ».
Intimidations de FO en coulisses
FO agite le chiffon jaune et joue la division syndicale : « L’acceptation de l ’un de ces syndicats non représentatifs au premier tour des élections du 6 novembre 2008 sera systématiquement contestée devant les juridictions administratives ». Position que l’organisation n’assume évidemment pas publiquement. Le syndicat est majoritaire à la ville de Lille. Qui s’en accommode très bien. Les revendications de FO, comme la journée de congés demandée après la victoire de Martine Aubry, sont très souvent honorées par la maire. Aujourd’hui il semble clair que FO fait pression sur la mairie pour rejeter les listes SUD. D’autant qu’à la charge du PS, on trouve moult exemples de différends avec les syndiquéEs SUD.
Quand SUD débarque, le PS voit rouge
On se souvient des propos de François Hollande pendant les grèves des cheminots de l’an passé : « Le syndicalisme à combattre, c’est le syndicalisme de SUD » [article de François Hollande en .pdf]. Au moins un point sur lequel Aubry et Hollande se retrouveront lors du prochain congrès du PS. Interpellé par l’Union Syndicale Solidaires, Hollande avait démenti à la hâte prétextant que le journaliste avait mal compris. A Dunkerque, le maire « socialiste » Michel Delebarre préside une association d’insertion et d’action sociale de 1800 salarié.es : l’AFEJI. Quand un syndicat SUD s’était formé il y a plus d’un an, l’employeur Delebarre le mettait au tribunal en contestant sa représentativité. Les agents territoriaux avaient eux-mêmes élu des délégués SUD.
SUD se mobilise
À Lille, les militant.es de SUD contre-attaquent. Leur communiqué informe que la ville de Lille est la seule collectivité du Nord à avoir refusé une liste SUD. Ces syndicalistes en appellent à « toutes les personnes soucieuses de la démocratie et de la liberté d’expression » à signer leur pétition de soutien. On compte aujourd’hui 1200 signatures. À l’occasion de leur conférence de presse de vendredi 10 octobre, les militant.es se permettaient cette petite leçon de syndicalisme aux autoritaires socialistes : « Ce n’est pas les employeurs qui décident à la place des salarié.es de qui va les représenter ». Les fondamentaux sont parfois bons à rappeller, pour les employeurs, comme pour les syndicats d’accompagnement. Avant d’ajouter à l’encontre des dirigeant.es socialistes : « Montrez que vous êtes de gauche, que votre ennemi c’est le patronat, pas les organisations syndicales ».
Où sont les bases ?
Sur le site d’Indymedia Lille, Eric Dussart, syndicaliste CNT et signataire de la pétition de SUD, rappelle la répression qu’avait subie la CNT-PTT elle aussi en 2006. Un accord sur lequel la CGT et SUD s’étaient abstenus durcissait les conditions de représentativité à La Poste. Après 20 ans de présence, les délégué.es syndicaux CNT devaient arrêter leurs activités : plus de délégué.es, plus de panneaux syndicaux. Mais il leur en faudra sans doute plus pour se taire. Reste à savoir si les bases syndicales de FO, la CGT ou de SUD, régulièrement amenées à lutter côte à côte contre les attaques patronales, sont au fait de ces hautes manoeuvres. La division syndicale a encore de beaux jours devant elle. A moins que les militant.es de base se rebiffent. Et qu’ils se rappellent que l’union fait la force...ouvrière.
Voir l'article de François Hollande contre SUD (en .pdf)