Appel du comité d'occupation de l'université de Rouen


Université - Appel de Rouen : grève, occupation, blocage, nous avons commencé


Aujourd'hui, et depuis le 25 octobre 2007 à Rouen, une Assemblée Générale a déclaré la grève, l'occupation et le blocage de l'Université. Nous sommes la génération qui s'est battu dans la rue ces dernières années, ces derniers mois. Depuis plusieurs jours, nous avons observé la mobilisation des autres villes. Il nous a semblé que chacun, là où il était, attendait un signal, une étincelle, pour que tout commence. Nous n'avons plus de raison d'attendre.

Des cheminots nous retenons la force de paralysie, la capacité à dérégler les gestes tellement huilés du quotidien. Du CPE nous gardons la force d'initiative et la possibilité de vaincre dans l'affrontement. Si ce mouvement naît du prétexte de la loi sur l'autonomie des universités, il s'inscrit plus généralement dans une offensive à l'encontre du pouvoir en place. La France d'après, nous y sommes et rien ne nous la fera aimer. Ce à quoi nous sommes confrontés n'est pas un simple durcissement des institutions mais la constitution d'une force politique prête à tout pour éliminer ceux qui ne filent pas droit, ceux qui ne partagent pas leur désir d'un monde parfaitement policé où les cadres aux dents colgate roulent en velib' au milieu des rafles de sans papiers. Il n'y aura pas de trève. C'est une vérité de l'époque que nous devons assumer.

Les cheminots, la loi sur l'ADN, les profs, les fonctionnaires, tous ces fronts qui s'ouvrent appellent le meilleur de notre intelligence, une pensée stratégique maximale. Nous faisons le pari que ce moment est opportun pour nous retrouver, pour retourner dans la rue, pour prendre le pavé et nous jeter dans la lutte. Notre mouvement sait qu'il n'est pas isolable, qu'il rentre en
résonnance avec tous ceux qui ont pris la décision de lutter là où ils sont, à leur manière et de toute leur détermination. Nous savons que le préalable à tout mouvement est une suspension du cours normal des choses. D'où la grève. Nous avons besoin de temps et de lieux pour nous retrouver, nous organiser et penser ensemble. D'où l'occupation. Nous pensons que ce monde se tient par la circulation ininterrompue d'argent, de travail, et d'information et que pour l'entamer il nous faut enrayer cette machine. D'où le blocage. Nous appelons ceux qui nous entendent à nous rejoindre, à s'organiser là où ils sont. Le travail est à déserter, les lieux sont à occuper, les flux sont à bloquer.

 30 octobre 2007

 

 

APPEL DE LA COORDINATION NATIONALE  DES 27 ET 28 OCTOBRE 2007 A TOULOUSE

 

Une coordination nationale universitaire, rassemblant 36 délégués mandatés par 21 universités, s'est réunie les 27 et 28 Octobre à Toulouse suite à une nouvelle attaque du gouvernement contre le service public de l'enseignement supérieur: la loi Pécresse, dite "de libertés et responsabilités des universités" (LRU).

 

Cette loi permet un désengagement financier de l'Etat au profit des entreprises et des intérêts privés. Par leur présence accrue dans les conseils, ils influenceront forcement le contenu des cours. Les universités auront ainsi moins de financement pour les filières considérées comme non-rentables par les nouveaux financeurs. Elles seront gérées comme des entreprises sur des bases de rentabilité: mise concurrence des universités et des personnels, précarisation et dégradation des conditions de travail et des salaires, concentration des pouvoirs au sein des conseils d'administration et dans les mains du président de l'université. La loi instaure également une pré-sélection des lycéens à l'entrée de l'université.

 

Ce démantèlement de l'enseignement supérieur est encadré par le processus de Bologne, initié en 1999, dont l'objectif principal est la mise en concurrence des universités à l'échelle européenne (d'où aujourd'hui des frais d'inscriptions à 1000 euros en moyenne en Allemagne et au Portugal, à 3000 euros en Italie)

 

C'est pourquoi, nous exigeons l'abrogation inconditionnelle et immédiate de la LRU et nous nous prononçons :

 

– Pour un vrai droit à l'éducation et à la formation pour tous

– Pour la défense des statuts des personnels d'université, pour la titularisation des personnels précaires

– Contre la privatisation de l'université publique et la politique de pénurie budgétaire, pour le réengagement financier massif de l'Etat, pour l'augmentation des aides sociales étudiantes, pour la construction de logements sociaux à hauteur des besoins.

 

Mais cette loi n'est pas isolée. Ce gouvernement est résolu à nous imposer un mouvement social d'ampleur historique. Nous ne devons pas faire son jeu qui consiste à dresser les uns contre les autres les travailleurs et les étudiants, le public et le privé, les Français et les étrangers. Tout au contraire, alors qu'un large mouvement social se dessine dans tout le pays, alors que le 18 Octobre les salariés de la SNCF, de la RATP et d'EDF-GDF ont montré qu'ils étaient disponibles pour lutter, nous devons articuler nos revendications.

 

 C'est pourquoi nous sommes décidés à nous battre :

– Pour le rétablissement des 22 000 emplois de fonctionnaires (dont 11 200 dans l'Education Nationale) liquidés dans le budget 2008 et des 25 000 postes supprimés au cours des cinq années précédentes,

– Contre le démantèlement des services publics.

– Contre la privatisation de la Sécurité sociale et les franchises médicales

– Pour la défense des régimes spéciaux de retraites, les 37.5 annuités pour tous, la retraite à 60 ans à taux plein

– Pour l'abrogation des lois anti-immigrés, CESEDA et Hortefeux; une carte d'étudiant = une carte de séjour.

– Pour l'amnistie de tous les réprimés des mouvements sociaux.

 

Nous sommes déterminés à construire la mobilisation dans nos universités et nos lycées, et l'unité d'action avec les salariés. Au rouleau compresseur du gouvernement, nous opposons la convergence de tous les secteurs attaqués, qui seule pourra le faire céder.

 

Nous appelons les universités à construire la grève avec piquets de grève dès que possible, comme seul moyen pour gagner, et à bloquer les CA pour empêcher l'application de la loi.

 

Nous appelons aux manifestations des 30 Octobre, 8 et 20 Novembre, et à toutes autres initiatives lancées par les salariés.

 

Communiqué fédéral d'Alternative libertaire

 

Universités

La loi Pécresse doit être retirée

 

La « loi relative aux libertés et responsabilités des universités » (LRU) votée cet été au parlement constitue une attaque grave contre le service public d’éducation. En instaurant un fonctionnement managérial et un financement par le secteur privé des universités cette loi fait peser de lourdes menaces tant sur les contenus pédagogique et la recherche que sur les conditions de travail des personnels et les conditions d’étude des étudiant-e-s. Notamment en ouvrant grande la porte à la sélection et à l’augmentation des frais d’inscription.

 

Derrière les déclarations hypocrites et mensongères des réformateurs qui prétendent lutter contre l’échec scolaire et le chômage des jeunes, l’objectif est désormais clair : faire des universités de simples entreprises chargées de livrer au patronat de la main d’œuvre docile sur des postes à court terme et de fournir des experts et des expertises visant à perfectionner et légitimer les politiques de domination sociale.

 

En faisait passer la loi en force et durant l’été, le gouvernement entendait éviter les foudres du mouvements social. Il s’est trompé.

 

Au début de l’été des Assemblées générales (AG) ont rassemblés des personnels des universités appelant au retrait de cette loi inique. Depuis le mois de septembre de nouvelles la mobilisation étudiante s’amplifie.

 

Aujourd’hui les AG de Toulouse Mirail, Rouen, Paris 1 et Perpignan ont votés la mise en place de piquets de grève et beaucoup d’autres universités devraient suivre dans les prochains jours. Une première coordination nationale à Toulouse le 27 et 28 octobre regroupant 22 sites universitaires a appelée au développement de la mobilisation et à sa coordination. Les jours de la LRU sont désormais comptés.

 

Alternative libertaire soutient et participe pleinement au développement de ce mouvement de grève qui au delà du retrait de la loi Pécresse exprime déjà des volontés plus offensives. En effet les problèmes sociaux, dénoncés avec force lors du mouvement contre la précarité du printemps 2006, n’ont pas disparus. Nous soutenons dans ce sens l’élargissement des axes revendicatifs mais aussi les initiatives (forum, débats etc.) visant à la réappropriation des questions politiques à la base. Seul le développement d’un rapport de force conséquent permettra, outre le retrait de la loi, l’amélioration des conditions de travail et d’étude sur les universités et la construction d’une éducation au service de toutes tous et contrôlée démocratiquement.

 

Enfin nous appuierons les perspectives de convergences avec les autres secteurs en lutte. La logique de casse des acquis sociaux et de privatisation des services publics touche aussi bien les secteurs de l’éducation que ceux des transports ou de l’énergie. La convergence sera nécessaire afin de faire reculer les politiques actuelles dans leur ensemble.

 

Alternative libertaire, le 5 novembre 2007