LES DRABBLES DE CASSIOPEA

 

Automne

(Drabble - De longues années après ‘Not Fade Away’. 300 mots.)

A l’automne , ils aiment marcher côte à côte , fouler les feuilles mortes quand le soleil a juste disparu à l’horizon. Il n’ a pas oublié quand elle a suggéré cela la première fois.
Il l’ a trouvée debout , devant la fenêtre de leur chambre , admirant les lueurs rougeoyantes du ciel.
Un ange de Boticelli , son profil pur se découpant contre la fenêtre.
Elle a murmuré combien elle voulait respirer les odeurs des feuilles , le parfum de la terre qui change et attend l’hiver.
Cette terre qui change , et qui sera gorgée de sève , quelques mois plus tard.
Alors ils sont partis , ont traversé le parc qui s’étend de part et d’autres du cimetière. Au fil des années , ils ont noté que le début de Novembre était la période idéale de l’automne. Toutes les couleurs flambaient et le sol n’était plus qu’un tapis éblouissant.

Souvent ils s’étendent sur les feuilles , et attendent la nuit. Elle contemple les branches dénudées , il contemple son visage mélancolique , la perfection de sa peau qui pour lui a gardé l’éclat de la pêche, cuivre doux sur le reflet mordoré des milliers de feuilles , cuivre doux qu’elle a pris sous un soleil où il ne peut pas la suivre.

Mais l’automne et ses jours encore doux , sa lumière qui faiblit , lui permettent d’avoir quelques instants de plus , dehors , avec elle.

Tant d’automnes ont passé.


Elle répète que c’est sa saison préférée.
Toute cette beauté , tout cet éclat , avant l’hiver qu’elle redoute.
Il ne dit rien. Mais l’automne lui rend la gorge douloureuse .


Il se sent si vivant. Éternellement vivant. Il ne redoute pas l’hiver , et cela fait de l’automne une saison de tourment.

 

Murmure.

(Drabble - Dans l'univers de la série, quelques mois après "Chosen". 200 mots)


Si elle ferme les yeux , elle l’entend. Même dans le tumulte de certaines nuits romaines , ces nuits d’Octobre encore douces qui rappellent la douceur californienne.
Ce souffle de velours sur sa peau. Ce souffle frais qui savait faire jaillir la passion la plus sauvage en elle.
Ce souffle d’amour qui réveillait une faim que seuls , ses sens apaisaient.

« Reste encore , amour. »


Le désir rendait alors sa voix ensorcelante.

Caresse sur sa peau assoupie , quand le plaisir l’ a laissée morte et pourtant mûre pour d’autres caresses.
Sa voix est un murmure qui sait pénétrer chaque pore de sa peau et glisser en elle , captivant , chaud comme le miel , doux comme la soie , enveloppant comme une algue qui viendrait s’enrouler autour de son cœur.
Elle sanglotait.

Murmure de prières.
Murmures courant sur son corps comme des vagues de feu.

Murmure de promesses , murmures infinis la portant vers l’extase , murmures d’amour.

Murmures d’amour dont elle a voulu trop tard.

Et dans un dernier murmure , il l’ a laissée seule sur la terre .


Tous les murmures de son cœur en deuil se perdent dans la nuit.

 

Feu.

130 mots.

Quand elle est sur son corps , drapée , alanguie , une magnifique guerrière vaincue. Quand elle l’emprisonne au cœur de son sexe brûlant , au creux de ses hanches.Quand elle le caresse , faisant naître des milliers de petites flammes qui étincellent sur sa peau..Quand elle le regarde de ses yeux clairs , fiers , attentifs. .. comme s’il était le seul homme sur la terre.Il sent le feu en lui.. ce feu pur qui a consumé leurs mains jointes , il y a longtemps.Ce feu pur qu’elle porte dans ses paumes , ses petites mains douces et fortes qui entourent son visage alors que sa bouche câline et murmure : " Je t’aime , Spike. "

Son monde commence et s’éteint sur les lèvres de Buffy.


 

Pas assez.

170 mots.

Sous les étoiles il guette le reflet de sa chevelure , l’or de sa peau , le son de sa voix , le mouvement de sa main.Il est dans son ombre . Chaque nuit.Ce n’est pas assez.Parfois il est à ses côtés. Parfois il peut se gorger de la lumière de son regard , recevoir son souffle de colère sur sa peau , sentir la dureté de ses poings . Et maintenant il connaît la douceur de son corps , l’étreinte de ses mains , la chaleur de son sexe soyeux.Ce n’est pas assez.Quand elle repose contre lui , moite , essoufflée , ses yeux voilés de désir , et sa semence baignant son sexe , ses cuisses .. ce n’est pas assez. Dans la nuit il est devenu une sentinelle , immobile , palpitante. Lui qui a été un chasseur redoutable , une créature faite pour traquer , étreindre à mort..

il n’est plus qu’un être qui attend , et qui étreint un rêve.

 

Lever de soleil.

180 mots.

Il n’ y a plus de lever de soleil pour lui , depuis longtemps. Le lever de soleil est dans  le frémissement de sa peau , dans la peur qui est une sentinelle , dans l’air qui tremble , dans les frissons qui lui parcourent la nuque à l’imminence du changement de couleur dans le ciel.Un soleil qui ne réchauffe plus son corps , qui ne le fait plus vibrer d’émerveillement , un soleil interdit , glorieux , un ennemi. Et pourtant..Cet ennemi fascinant , il l’a apprivoisé.A nouveau il en connaît la chaleur , la délicieuse caresse , le velours liquide qui brûle chaque parcelle de sa peau , fait palpiter ses muscles , étreint sa gorge , l’assoiffe , le torture , le rend fou , le fait délirer , l’enveloppe dans une houle furieuse , incandescente .Et  l  ’abandonne , vainqueur, vaincu , sur un rivage rêvé.

Dans les bras de Buffy , au creux de ses hanches , sur ses lèvres à la rosée exquise il goûte enfin  au lever du soleil.