Résumé : Ce sont les Jours de Lumières, la fête du jour où le Bien remporta sa grande victoire contre le Mal. Les démons se tiennent tranquilles durant cette période, c'est bien connu… Mais il semblerait que les vérités du Haut Conseil ne soient plus très actuelles…
Période : Après le mariage de Piper et Léo ( 1 semaine ), avant la mort de Prue.
Note : Ce fanfic date de l'été dernier ( été 2001 ), je l'ai retrouvé au fond de mon disque dur lors de mon nettoyage de printemps. Je le publie donc maintenant. Désolée pour les quelques anachronismes que j'ai dû faire !
Auteur : Lyrys-In-Love



JOURS DE LUMIERES
Ou
NOUVELLE DECORATION CHEZ LES HALLIWELLS




C'est le soir. La musique trouble le silence hors du P3. Prue attend Phil, un jeune homme rencontré dans un journal, photographe professionnel comme elle. Elle se demande s'il va venir. Il a déjà dix minutes de retard ! Mais elle n'ose pas re-rentrer dans le P3 seule. Elle a parlé de son rendez-vous avec Phil toute la journée avec ses sœurs. Jamais elle ne supporterait de rentrer seule, et de montrer sa tristesse. Pour une fois, Prue sent ses fondations défaillir. Comme une anguille, l'esprit malin de la détresse jalouse s'insinue en elle.
Elle est la seule à être seule… Aucun des amis de ses sœurs n'est humain, mais ça n'a pas d'importance. Elles, elles ont quelqu'un à aimer, avec qui s'exhiber. Tandis que Prue doit s'efforcer de les protéger. Non parce que c'est son rôle d'aînée. Si ce n'était que ça… Mais parce qu'elle n'a rien d'autre à faire. C'est son unique moyen de paraître quelqu'un. De compter pour quelqu'un…
Elle regarde sa montre. Minuit. L'heure de Cendrillon est finie. La soirée aussi pour Prue. Elle inspire un grand coup. Un instant, sa vision se voile. Deux larmes brillent et s'éteignent aussi rapidement. Elle revoit Andy. Sa démarche assurée, son sourire rassurant. Si seulement… Lui, elle l'aimait vraiment. Un lien si puissant les unissait. Avec qui pourrait-elle reformer ce lien ?
Elle prend ses clés dans son sac, et se dirige vers sa voiture. Elle n'affrontera pas le regard de ses sœurs. Pas cette fois. Pas encore une fois.

Pendant ce temps, à l'intérieur du P3, Léo et Piper sont en grande discussion. Leur point de vue sur les responsabilités de couple diffère, et Piper l'exprime à grand cri.
_ Ce matin, tu me réveille, tu m'embrasses, et ensuite, sans même prévenir, tu disparais !! Comment veux-tu qu'après je puisse commencer quelque chose avec toi ? Je…
_ Piper, on en a déjà parlé… Je ne travaille pas horaire fixe.
_ Mais, tu crois pas qu'un époux devrait avoir un minimum de présence à côté de sa femme ? Cette dernière semaine, depuis notre mariage, je t'ai moins vu qu'au cours du dernier mois !
Léo se force à sourire. Il ne peut pas lui dire. Elle le tuera sur place quand elle l'apprendra. Mais comme elle le dit si bien, il est déjà mort…
_ Je suis désolé, murmure-t-il en l'attirant vers elle. J'ai beaucoup de travail en ce moment, mais ce sera bientôt fini. C'est promis.
_ Et le repas d'hier soir ?
Léo grimace, et s'enfonce sur son siège. Piper semble avoir dressé une liste très complète de ses manquements de la semaine. Et elle s'est mise en tête de lui gâcher sa soirée de tranquillité…
_ Je l'ai fait réchauffer en arrivant, plaide-t-il.
_ Ah oui ! C'est sûr que brûlé comme il était après que tu ais posé la main dessus, on ne pouvait plus le faire chauffer !
_ J'avais la tête ailleurs.
_ Tu as toujours la tête ailleurs ! Tu es sensé vivre avec moi, et tu n'es avec moi, ni en présence, ni en pensée !
_ Mais mon cœur est à toi…
Piper rougit, et son visage, tiré par la colère, se fend d'un léger sourire. Le sien de cœur aussi lui appartient. Elle se penche vers lui et l'embrasse.
_ C'est bien pour ça que je t'ai épousé, murmure-t-elle.
Les deux jeunes mariés s'enlacent tendrement, et le monde extérieur semble désormais à des lieues de là. Brusquement, Léo sursaute. Piper dérape, elle peste. Elle se redresse, et part sans jeter un regard à son compagnon. De toute façon, elle a compris que ce ne serait pas pour cette nuit. Ce dernier hésite à la suivre. On l'a convoqué. Il va à l'arrière, et disparaît, se promettant de lui offrir des fleurs rouges d'Ibiza à son retour.

Prue regarde la télé seule au manoir. Elle n'arrive pas à trouver le sommeil. Sa solitude l'obsède, et pèse toujours plus sur ses épaules. Malgré l'accident, avec son double astral, une semaine plutôt, elle ne vit pas. Elle ne se détend pas. A nouveau, elle se renferme. A l'intérieur les digues se brisent. Désespérément, elle s'accroche à la série.
Elle entend la porte d'entrée s'ouvrir. Piper déboule dans le salon, furieuse.
_ Ben, qu'est-ce que tu fais là ? demande Prue étonnée, et ravie de trouver un prétexte pour se sortir de sa déprime.
_ Léo est encore parti ! s'exclame sa sœur en descendant d'un coup un verre de whisky.
Prue s'approche, et va s'asseoir à côté d'elle.
_ Tu sais bien qu'il aide les gens, Piper. Tu dois accepter cela, et penser à toutes les vies qui sont ainsi sauvées…
Piper garde les yeux baissés, elle boude.
_ T'avais pas rendez-vous ? s'étonne-t-elle tout à coup en redressant la tête.
Prue se détourne, et a un sourire sans joie.
_ Il a eu un empêchement.
_ Désolée Prue…
_ C'est pas grave. Y aura toujours une autre chance. Et puis sinon, il n'y aurait eu personne pour t'accueillir à la maison !
Les deux sœurs sourient et tombent dans les bras. Le lien qui les unit est plus fort que tout. C'est une force qui ne peut se détruire, et qui apporte tant de stabilité dans leur vie.

A quelques kilomètres de là, hors de la ville, Phoebe regarde les étoiles. La veste de Cole, qu'elle a posée sur ses épaules l'a réchauffée. Elle se sent bien ici. Cole apparaît tout à coup à côté d'elle. Il a rapporté le pop-corn qu'elle avait demandé. C'est pratique finalement de sortir avec un démon. Il peut vous rapporter tout ce dont vous avez besoin en quelques minutes seulement.
_ Tiens, lui dit-il en lui tendant le paquet, et en se rasseyant à ses côtés. Je ne t'ai pas fait trop attendre ?
_ Non, c'est bon ! Merci, murmure-t-elle en plongeant sa main dans la boîte. Je regardais les étoiles.
_ Elles sont belles, hein ? Elles ne brilleront plus comme ça avant plus d'un siècle.
_ Que veux-tu dire ? s'étonne-t-elle en laissant retomber sa tête sur l'épaule de son compagnon.
_ Aujourd'hui et demain, ce sont les Jours de Lumière.
_ C'est quoi ?
_ Léo ne vous a rien dit ? Ah, ces Êtres de Lumières… C'est la fête du moment où le Bien est parvenu à prendre le dessus sur le mal, et gagner le ciel.
_ Une fête ?
_ Oui. Durant cette période, toutes les étoiles se mettent à briller plus que la normale, il y a des pluies d'étoiles filantes que l'on peut voir partout à travers le monde. On raconte que ce sont les esprits du Bien qui rejaillissent. Un peu comme un feu d'artifice. Les Ténèbres se tiennent tranquilles durant cette époque.
_ C'est beau, soupire-t-elle.
Le ciel est noir d'encre, et des milliers de points lumineux le traversent. Une étoile filante glisse sur ce tableau. Avec un sourire de béatitude, Phoebe fait un vœu.

Le soleil est levé depuis plusieurs heures quand le manoir des Halliwell s'éveille en sursaut. Piper a poussé un cri à réveiller les morts. Rapide et prête à tout, Prue descend les escaliers quatre à quatre, en manquant de rater une marche et de plonger tête la première sur le tapis. Enfin, sur ce qu'il reste du tapis…
Chez elle aussi, le choc est dur. Mais le cri de Piper l'a conditionné, et elle ne lâche qu'un " Oh, mon Dieu ! " de surprise.
Léo, dont tous les sens psychiques ont dû être mis à rude épreuve par cet appel inhumain de sa dulcinée, apparaît à côté d'elle, et reste là bouche bée.
En haut des escaliers, Phoebe et Cole observent le rez-de-chaussée avec étonnement. Phoebe a la bouche ouverte de stupéfaction, et ne songe même pas à la refermer, et Cole sourit, plus amusé qu'autre chose devant ce spectacle pour le moins étonnant.
Le hall et tout le rez-de-chaussée se sont transformés en ruines dignes de Pompéi. Les murs ont été noircis, et certains ont perdu une partie de leur ciment. Au milieu de la salle à manger, on peut croire qu'un obus a été largué sur le sofa, qui a d'ailleurs complètement disparu.
Piper est figé au milieu de ce décor digne d'Apocalypse Now, les bras légèrement écartés, avec la folle envie de tuer quelqu'un.
_ Qu'est-ce qui s'est passé ? songe enfin à demander Phoebe en descendant rejoindre ses sœurs.
_ Comment veux-tu que je le sache ? répond Piper furieuse. Je suis descendue et c'était comme cela ! Mais bon, c'est signé ce type d'acte ! Un démon qui a voulu refaire la décoration !
Léo semble tomber des nues. Il touche le mur le plus proche pour être sûr que ce n'est pas une hallucination, et regarde ses doigts noirs, d'un air interdit.
_ Léo ? demande Prue en se tournant vers lui avec une mine décidée.
Phoebe inspecte le hall avec méfiance.
_ C'est… parvient à articuler l'Être de Lumière. C'est impossible !
Piper le fixe, puis brusquement, éclate de rire. Un rire nerveux et inarrêtable.
_ Notre salon ressemble à un champ de guerre, et tout ce que tu trouves à dire, c'est que c'est impossible ? hurle-t-elle en s'agitant.
_ C'est les Jours de Lumières, Piper, la renseigne Phoebe. Les démons sont sensés se tenir tranquilles durant cette période.
Léo lance à Phoebe un regard interrogatif. Comment sait-elle ça ? Puis, un autre furieux vers Cole, toujours en haut des escaliers. De quoi se mêle-t-il celui-là à piétiner ses plates-bandes ?
_ Ah oui ? dit Piper avec un sourire mauvais. Et ça, c'est quoi ? La déco pour la fête de ce soir sans doute ?
La dureté de Piper ramène Léo à la réalité, comme une douche froide, désagréable.
_ Je l'ignore, Piper. Mais les démons n'entreprennent aucun opération lors des Jours de Lumières. On dit que les esprits du Bien, qui, il y a des millénaires ont vaincu les Ténèbres, reviennent durant cette période, et que les démons sont obligés de se cacher, et de disparaître de la surface de la terre pour survivre, sans quoi, ils sont renvoyés en enfer.
Toutes les têtes se tournent machinalement vers le haut des escaliers, en entendant ces propos. Cole hausse les épaules avec négligence.
_ Inutile de me regarder comme ça ! s'exclame-t-il en écartant les bras. Je ne suis pas responsable de toutes les absurdités auxquelles croient les Êtres de Lumière !
_ Les absurdités ? répète Léo en fronçant les sourcils.
_ Vos histoires étaient peut-être vraies au départ, mais ça fait des siècles que les Ténèbres n'en ressentent plus les effets !
Piper regarde Léo d'un drôle d'air. Elle attend des explications. Mais elles ne viennent pas. Léo ne comprend pas ce qui se passe. Avec un léger salut, il leur dit qu'il va voir le Haut Conseil, et qu'il revient très vite. Piper grogne, et s'assoit sur une chaise, qui émet un sourd craquement, et manque de plier sur le poids de son corps. De peur de se retrouver par terre, Piper se relève brusquement, la chaise a laissé une longue marque noire sur son pantalon beige. Son préféré ! Furieuse, elle donne un coup de pied sur le siège, qui s'effondre avec un bruit pitoyable, et remonte dans sa chambre pour se changer, tout en espérant que " ça part à la machine à laver. "
Prue fait le tour de la maison, constatant les dégâts avec effroi. Comment vont-elles réussir à tout remettre comme il faut ? Plus rien ne semble tenir debout. Les tableaux sont recouverts d'une pellicule noire. Les meubles sont à moitié carbonisés, à part certains, complètement réduits en cendre. Dans la cuisine, les tuyaux du lavabo ont explosé, et recréent les chutes du Niagara, version miniature.
_ Cole ? appelle-t-elle en revenant dans le hall. Tu as une idée sur l'identité du démon qui a fait ça ?
Ce dernier secoue la tête avec une moue dubitative.
_ Je pencherais pour le début de la Renversion, mais je suis incapable de te donner des noms, Prue.
_ La Renversion ? demande Phoebe. Qu'est-ce que c'est ?
_ La revanche des Ténèbres. Durant les Jours de Lumière. Ca fait des siècles que la Source y pense. Peut-être qu'elle s'est enfin décidée…
La sonnette d'entrée résonne tout à coup, comme un rappel déroutant vers le monde de la réalité. Phoebe va ouvrir avec appréhension : pas question que les voisins voient l'état de la maison ! C'est Darryl. Elle lui entrouvre la porte, et la referme presque aussitôt. Le policier est soufflé par l'intérieur lui-aussi.
_ Pas de questions ! lâche Phoebe devant la mine ébahie de Darryl.
_ OK. J'étais juste passée pour voir comment ça allait depuis les évènements de la semaine dernière… Mais je peux repasser.
_ Non, non. C'est bon, Darryl ! On refait un peu la déco, c'est tout !
_ En réalité, je crois qu'elles se sont adressées au mauvais décorateur, fait remarquer Cole avec un ton amusé qui lui vaut un regard assassin de la part de Prue.
Darryl affecte un sourire, plus semblable à une grimace, et laisse tomber ses mains sur son pantalon.
_ Eh bien… Mis à part ça ? Comment ça va ? Prue, depuis le mariage ? La sorcière a un sourire contraint. Cet échange de politesse commence à lasser Cole, qui repart dans la chambre de Phoebe. Il n'a pas dormi de la nuit, et aimerait se reposer encore quelques heures. Il prend goût au lit, c'est plus confortable que la crypte où il a trouvé refuge…
_ Ca va, dit en enfin Prue. Je me remets. Je me détends.
Elle hausse les épaules.
_ Je reprends goût à la vie.
Darryl acquiesce en silence. Le choc du premier moment est passé, mais la vision de cataclysme qui s'étend sous ses yeux lui a coupé tout sujet de conversation. Il sait pertinemment que le surnaturel existe, pourtant, à chaque fois, il s'en détache, et tombe toujours des nues quand il stoppe nez à nez avec l'univers de ses trois amies.
_ Et Piper ? demande-t-il enfin. Son mariage ?
_ On ne les a jamais entendus autant se disputer avec Léo, lâche Phoebe. Mais ça leur passera…
_ C'est toujours comme ça après, confirme Darryl.
Il entrouvre la bouche, et effectue un léger demi-tour.
_ Bon, je vais y aller. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous n'hésitez pas, n'est-ce pas ?
_ OK, Darryl ! s'exclame Phoebe en lui ouvrant la porte. Merci. A Bientôt !
L'inspecteur de police sort en faisant un dernier salut.
Phoebe referme la porte en poussant un long soupir. Elle s'appuie sur la poignée.
Pendant ce temps, Prue utilise son pouvoir pour enlever tous les débris qui traînent un peu partout, et les amonceler gros tas, dans le cratère du salon, à la place du divan. Pauvre divan, songe-t-elle, elle l'aimait bien. Le calme retombe sur la maison. Après la pluie, le beau temps, comme ont l'habitude de prédire les devins.

La sonnerie du téléphone retentit brusquement. Prue sursaute, et envoie le reste d'un vase par la vitre, ses mains ayant déviées, et Phoebe fait un bond de trois mètres. Une vie trop mouvementée à tendance à vous mettre les nerfs à fleur de peau. En allant décrocher, Phoebe songe que, malgré ses études de psychologie, ce ne serait pas une mauvaise idée d'aller voir un psy, en prenant soin, bien sûr, qu'il ne la prenne pas pour une folle, et ne la fasse enfermer dans un asile.
_ Allô ?
Elle pose le combiné sur son épaule.
_ Prue ! appelle-t-elle. C'est pour toi, c'est Phil !
Le sang de Prue ne fait qu'un tour. Peut-être a-t-il une bonne excuse ? Peut-être va-t-il l'inviter à sortir ce soir ? Déjà, elle regrette l'abattement d'hier, et veut repartir de l'avant. Voilà qui lui ressemble déjà plus.
_ Oui ? dit-elle en prenant le téléphone.
Phoebe, que la vue de son séjour dévastée a tendance à démoraliser, remonte les escaliers, pour regagner des lieux plus potables.
Prue s'assoit sur les escaliers. Phil s'excuse. Il dit qu'il est désolé pour hier soir, qu'il a eu une affaire urgente à régler, et qu'il n'a pu se libérer. Prue s'efforce de sourire. Phil n'a pas dit la nature de son empêchement… Elle lâche que ce n'est pas grave, qu'elle comprend parfaitement. A nouveau, elle se prend à espérer. Elle tortille ses mèches de cheveux avec ses doigts. Elle se s'en nerveuse comme une lycéenne tout à coup. Celui qui a dit que l'amour métamorphosait complètement avait raison. " Que fais-tu ce soir ? " se renseigne Phil. Il veut se faire pardonner. Prue pense soudain à l'état du rez-de-chaussée. La Renversion… Mais, elle balaie hors de sa tête tous ces soucis qui l'accablent. Elle doit vivre. Elle donne donc son accord. Mais pas chez elle, évidemment… Un rendez-vous dans un petit restaurant, c'est parfait. Phil lui dit qu'il l'embrasse. Elle rougit bêtement, et répond de la même façon.

Elle a à peine raccroché que Piper déboule en coup de feu. En parfait synchronisme avec Léo, qui devait retarder exprès son entrée pour elle.
_ Alors ? demande Prue d'un ton sec.
Elle voudrait régler cette histoire avant ce soir, et son nouveau rendez-vous.
_ Eh bien, ils pensent que ce pourrait être une tentative de renversement de pouvoir de la Source. Une sorte de vengeance, mais ils ne peuvent jurer de rien. Ils ont convoqué tout le monde, et annulé toutes les festivités prévues.
_ Ah bon ? On est même censé faire la fête aujourd'hui ? s'étonne Piper.
_ Oui, lâche Léo avec un sourire contrit, il y avait même une cérémonie prévue en votre honneur, à l'origine.
_ Ouah ! On est des stars ?
_ Oh, Piper, reviens sur terre, tu veux ? Alors Léo ?
L'Être de Lumière a une grimace d'excuse.
_ Ils n'en savent pas plus que nous. Ils ne se sont jamais doutés que la malédiction sur les démons ne fonctionnait plus. Ils pensent que pour mettre fin à tout ça, il faut la réactualiser.
_ Comment ça ?
_ Il faut la remettre en place en quelque sorte.
_ Tu sais ce qu'il faut faire pour ça ?
_ Le sortilège date de plusieurs millénaires. Il faut en écrire un nouveau. Très puissant, et qui n'a pas de point faible.
_ Nous ? s'étrangle à moitié Piper.
_ Vous êtes les seules sorcières à travers le monde à avoir subi une telle agression. Ils pensent que c'est donc vous qui êtes chargées d'effectuer l'actualisation.
_ Nos formules fonctionnent une fois sur cinq… Comment les Forces Supérieures peuvent-elles nous faire confiance ? grommelle Piper en mâchonnant le stylo du téléphone, la mine soucieuse.
_ Ils ont confiance en vous. Vous avec déjà accompli tant de choses…
_ Ca s'appelle le revers de la célébrité, soupire la jeune sorcière, en se levant pour déposer un baiser sur les lèvres de son mari.
Cela lui donnait toujours du courage. Elle sent une douce chaleur, force douce, qui s'insinue alors en elle, et la force à se reprendre en main, et à faire face à tous ces problèmes. Est-ce ça l'amour ? Celui tant attendu, et tant recherché ? Ce sentiment diffus que l'on peut déplacer les montagnes et les mers, qu'aucun obstacle n'est infranchissable, et que le mot si humain, " impossible ", n'a plus ni réalité ni forme. Ou ressent-elle cela parce que Léo est un Être de Lumière ? La magie de l'amour, ou la magie tout court…
Phoebe descend rapidement les marches de l'escalier. Elle trébuche d'ailleurs en arrivant à côté des deux tourtereaux.
_ Alors ? Du nouveau ? s'enquit-elle, anxieuse.
L'idée qu'un nouveau démon s'en prenne à elle ne l'empêchait pas de dormir, avec l'habitude, on parvient à s'y faire, c'est comme tout, mais le fait que le rez-de-chaussée ( son rez-de-chaussée !) ressemble à un remake du décor du film " Il faut sauver le soldat Ryan " lui était particulièrement dérangeante…
_ Il faut recréer l'ancienne malédiction des forces du Bien, explique Prue d'un ton sarcastique.
_ Oh ! Rien que ça… commente Phoebe en penchant légèrement sa tête sur le côté.
Ses formules marchent de mieux en mieux, c'est certain. Mais elle a encore tellement de zones d'ombres qu'elle ne maîtrise pas dans cette discipline, probablement la plus complexe dans l'univers de la magie. Il faut savoir trouver les bons mots, alliés aux bonnes forces, et déclamer ces incantations en se concentrant si fort que la migraine prend rapidement d'assaut sa tête. Vu de l'extérieur, cela paraît pourtant si simple de réciter une série de mots qui peuvent être assimilés à un simple poème, ode aux pouvoirs occultes… Pourquoi tout est-il si complexe sous des apparences si simples ?
_ Oui. C'est pour ça, Phoebe. Il faudrait que tu t'y mettes le plus vite possible, lâche Prue en enfilant son manteau.
Heureusement, qu'elle l'a monté dans sa chambre, sinon il ressemblerait à la veste bleue de Phoebe : un joli tas de cendres.
_ Où est-ce que tu vas ? s'étonne Piper.
_ J'ai encore quelques photos à faire développer. Et puis, de toute façon, je ne sais pas rédiger une formule correctement ! C'est tout de suite la cata…
Piper acquiesce, et se penche vers Léo. Elle fait ses yeux doux d'épouse folle amoureuse qui n'a qu'un rêve. Mais Léo secoue tristement la tête.
_ Non. Je suis désolé, mais je n'ai pas le temps… Avec tout ça, on est sur le branle-bas de combat là-haut. J'ai un million de choses à faire… Et toi aussi en plus… Aide Phoebe pour la formule ! Elle va en avoir besoin.
Cette dernière hoche avec résolution la tête : elle compte bien réquisitionner toute l'aide possible pour écrire cette fichue formule ! Invoquer les Puissances Supérieures datant de plusieurs millénaires n'est pas une chose très simple, déjà qu'elle n'arrive pas à calibrer correctement ses sorts pour retrouver une simple personne !
Avec un soupir de découragement, Piper s'écarte de Léo, et le regarde disparaître avec un voile de regret. Elle se tourne ensuite vers sa sœur.
_ Bon, ben, en avant ! s'écrie-t-elle avec un entrain forcé.

Ecrire une formule n'est pas de tout repos. Les deux sœurs le savent déjà. Mais, quand elles se retrouvent devant la page, un stylo dans la main, cela leur parut encore plus évident. Elles éprouvent soudain l'angoisse de la feuille blanche, si crainte par l'écrivain, et pourtant omniprésente… Les mots se forment. Les phrases trébuchent. Un début se détache, mais vite se dilue. Ca ne sort pas. Piper récite toutes les expressions qui lui passent par la tête, dans l'espoir que Phoebe y trouve son bonheur. Celle-ci est encore plus submergée par tout ça que sa sœur. Elle, qui, d'habitude, a l'imagination fertile, se retrouve complètement démunie. Cette sensation lui est particulièrement désagréable.
Pour ne rien arranger, Cole, à quelques mètres, les observent d'un regard qui trahi clairement ses pensées : " Pathétique ". Il a déjà vu de nombreuses sorcières rédiger des formules. Il sait que c'est compliqué. Mais la méthode débridée, et dénuée de tous fondements des sœurs lui fait presque pitié. " Eh bien, songe-t-il, si le monde doit se reposer sur elle, le monde est mal parti. " Pourtant, il ne s'inquiète pas outre mesure. Il a vu les trois sœurs à l'œuvre. Il sait de quoi elles sont capables. Même dans les situations les plus désespérées, elles s'en sortiront. Probablement avec une chance du diable - pardonnez l'expression -, mais elles s'en sortiront…
_ Cole ! s'énerve enfin Phoebe. Tu pourrais peut-être essayer de nous aider, au lieu de garder ce silence que je ne supporte plus !
Le démon a un sourire fugitif.
_ C'est vous les sauveteurs de l'univers. Mais, c'est bon, je vous laisse à vos occupations. A bientôt.
Il disparaît de la chaise dans un reflet trouble.
Phoebe pousse un profond soupir. Il y a des moments où l'apparent détachement de tout de Cole l'exaspère au plus haut point. Mais les sentiments, si forts, qu'elle éprouve au fond de son cœur, la ramènent toujours à son amour, écartant le reste de ses émotions. L'amour rend aveugle… N'est-ce pas ce que l'on dit ?
Piper et elle se re-penchent sur leurs notes. Elles vont bien finir par en voir le bout.

Vers six heures du soir, Léo apparaît enfin dans le salon. Complètement abruties par leurs longues heures ininterrompues - sauvetage du monde oblige - de travail, Piper et Phoebe sont affalées sur un matelas qu'elles ont monté au grenier, sirotant leur aspirine.
_ Du neuf, Léo ? demande Phoebe sans même relever la tête.
_ Pas trop. Il semble que les Ténèbres bougent un peu partout, mais il n'y a rien de concret pour l'instant.
_ Quoi ? s'étrangle à moitié Piper. Tu es parti prés de dix heures, et la seule chose que tu es capable de nous dire, c'est que pour l'instant, on en sait pas plus !
Léo grimace et secoue la tête.
_ Je suis désolé, mais c'est tout ce qu'ils savent. J'ai l'impression qu'ils se sont un peu laissés dépasser par les évènements…
_ Eh ben, si eux, ils sont dépassés, où va le monde ? marmonne Piper en se redressant.
_ Vous avez pu créer une formule ? s'inquiète Léo en l'aidant à se lever.
_ Oui, soupire sa femme.
Elle lui tend un bout de papier, qui ressemble à un torchon.
_ C'est ce qui est entouré… précise-t-elle.
Léo la lit. Il n'y connaît pas grand chose, mais il veut quand même savoir le résultat.
_ Ca a l'air correct, non ? déclare-t-il à la fin.
Piper hoche la tête. Elle ne paraît pas très convaincue.
_ Il faudra bien, lâcha Phoebe en se levant à son tour.
_ Alors on attend que Prue rentre, et ensuite, on récite la formule, et on prie pour que ça marche… conclut Piper d'un ton blasé.
Ses deux compagnons se forcent à sourire. Une montée d'adrénaline s'empare d'eux.

Prue rentre quelques minutes plus tard, une série de clichés sous le bras. Elle paraît détendue. Du moins plus calme qu'hier. La menace qui pèse sur elle et sur ses sœurs ne l'inquiète pas outre mesure, son esprit est déjà dans les nuages, avec Phil.
Elle rejoint rapidement ses sœurs au grenier.
_ Bon, allons-y, dit-elle d'un ton assuré.
Les trois sœurs se regardent. Elles sont tout à coup déterminées à tout. Phoebe montre le papier. Elles allaient commencer à réciter, quand la benjamine le retire brusquement.
_ Léo, tu nous as bien dit que, quand la malédiction était effective, tous les démons devaient se cacher, sous peine d'être détruits ?
_ Euh… oui…
_ Et Cole ? murmure-t-elle.
_ Quoi, Cole ? grogne Prue, impatiente et agressive à chaque fois que le démon est cité dans une conversation.
_ Eh ben, en arrivant à remettre le sort en place, si on l'avertit pas, il va mourir !
Piper et Léo grimacent. Oui, ça leur était vaguement venu à l'esprit, mais ils avaient préféré l'oublier, si la Source n'était pas parvenue à détruire Balthazar, il survivrait bien à une malédiction… Et puis, il était là ce matin, il a bien dû comprendre ce qui se passe.
Prue, elle, ne semble pas en faire de cas… Elle s'énerve. Son rendez-vous avec Phil est dans deux heures, elle ne va pas le gâcher à cause d'un démon ! Mais bon, Phoebe est sa sœur, malgré tout, elle veut la protéger, et éviter qu'elle n'ait trop mal.
_ Phoebe, tu sais où il est ? demanda Léo, compatissant.
La jeune femme secoue la tête. Elle s'en veut maintenant de l'avoir viré tout à l'heure. Si jamais… Non, elle refuse d'y penser. Elle fait signe à ses sœurs de l'attendre, et court jusqu'à sa chambre. Cole l'a déjà entendu lorsqu'elle l'a appelé, il peut encore l'entendre…
Elle ferme la porte de sa chambre, et inspire un grand coup pour chasser tous les doutes qui s'insinuent en elle. Encore une fois, elle ne peut faire le choix entre son devoir de sorcière et son amour pour Cole. Les réticences de Prue lui reviennent en mémoire. Peut-être a-t-elle raison. Peut-on combattre les démons et en aimer un ? Rien n'a été prévu pour ça… Tandis qu'elle continue d'appeler Cole en levant les yeux au plafond. Pourquoi fait-elle ça d'ailleurs ? Les démons sont sensés vivre en bas, non ? Ce dernier apparaît dans son dos. Phoebe commence à prendre peur. Elle crie presque.
_ Phoebe ! la ramène brusquement sur terre Cole.
Elle sursaute, et se jette dans ses bras.
_ Oh, tu m'as fait peur ! s'exclame-t-elle.
Cole sourit, et fronce les sourcils.
_ Moi ?
_ On doit réciter la formule pour que la malédiction reprenne effet…
_ Dans votre grenier ? s'étonne Cole.
_ Oui…
Il secoue doucement la tête, et s'écarte de sa bien-aimée.
_ Voyons Phoebe, ce type de formule est bien plus puissant que ce que vous avez l'habitude de faire ! Il faut une conjecture favorable, et l'appui des éléments pour que ça marche !
Phoebe ouvre de grands yeux. Si Cole lui avait parlé en chinois, elle n'aurait pas mieux compris.
_ La puissance d'une formule réside dans ses mots, et dans les forces invoquées, déclare-t-elle.
_ Mais oui… Seulement la formule qui est sensée remettre la malédiction en route n'est pas une formule de pacotille ! Vous ne pouvez pas la réciter comme un vulgaire retrouve-tout !
Phoebe rougit. Cole sait-il pour sa dernière formule ?
_ N'empêche qu'on va la réciter, et je ne veux pas que tu restes là.
_ Ca ne marchera pas.
Avec un long soupir, Phoebe entraîne Cole au grenier. Prue et Piper se sont assises sur une malle en l'attendant. Et Léo passe d'un pied sur l'autre, debout à côté du Livre des Ombres. En les voyant entrer, ses deux sœurs se relèvent.
_ Bon, c'est bon ? dit Prue, pressée.
Phoebe secoue la tête.
_ Il dit que ça a aucune chance de marcher.
Prue ouvre de grands yeux. Le chandelier, derrière elle, se met à bouger.
_ Et pourquoi lui ferions-nous confiance ?
_ Voyons, Léo ! s'exclame Cole avec indifférence. Vous devez bien savoir qu'on ne peut pas réciter une telle formule sans autre soutien.
_ Le pouvoir des Trois devraient suffire, lâche Léo.
Mais lui aussi ne paraît pas trop convaincu.
_ J'en ai parlé au Conseil, mais ils m'ont assuré que ça devrait être bon.
_ Léo, qu'est-ce que vous en pensez, vous ? insiste Cole.
Léo a une grimace. Selon lui, selon son expérience, certes limitée, mais néanmoins présente, ça ne suffirait pas. Lui, il était sur le terrain, pas dans les nuages… D'après tout ce qu'il avait vu, il faudrait aux trois sœurs bien plus que le Pouvoir des Trois pour réussir.
_ Je dirais que Cole a probablement raison…
Prue le foudroie du regard. Il ne va pas s'y mettre lui aussi…
_ Vous n'avez qu'à essayer, Prue, propose Cole, en s'asseyant sur un meuble. Mais je vous parie ce que vous voulez que ça ne marchera pas…
_ Le problème, c'est que si ça fonctionne, vous ne serez plus là pour me le dire !
Cole sourit.
_ Vous avez un véritable don pour dire les choses bien crues, mais aucun tact malheureusement.
Il faut toute sa maîtrise à Prue pour éviter d'envoyer Cole à l'autre bout de la pièce, d'un seul geste.
_ Allons-y, dit-elle.
Piper et Phoebe se regardent. Elles hésitent. Puis finalement, rejoignent leur sœur. Advienne que pourra…
Elles prennent chacun la main de leur aînée, et respire un grand coup.
_ En avant ! affirme Prue.
Elles récitent la formule avec toutes leurs forces. Ca doit marcher, se dit Prue avec détermination. Mais, lorsqu'elles ont fini, et qu'elles relèvent la tête, Cole les regarde toujours avec un léger sourire aux lèvres. Elles attendent, attendent, rien ne se passe.
_ Qu'est-ce que je vous avais dit ? soupire Cole.
_ Bon, dit Prue en s'efforçant de chasser sa déception, alors messieurs, que faut-il faire pour que cette fichue formule marche ?
_ Il faut aller hors de la ville, affirme Léo après un temps d'hésitation.
_ Et offrir aux divinités un présent qui les fera vous rejoindre dans votre quête… continue Cole.
Les trois sœurs hochent la tête. Prue et Piper se dirigent déjà vers la sortie. Phoebe rejoint Cole.
_ Maintenant, tu vas te cacher quelque part, promis ?
_ Je ne sais pas si les forces du Mal vont vous laisser faire sans réagir, observe-t-il inquiet et soucieux.
_ Mais on est assez grande pour se débrouiller toute seule. Ne l'oublie pas, d'accord ?
Avec un sourire forcé, le démon hoche la tête.
_ Fais bien attention à toi… murmure-t-il en déposant un baiser sur ses lèvres.
Sans même laisser à Phoebe le temps de réagir, il s'écarte, et disparaît sans rien dire.
Un instant, Phoebe fixe l'endroit où son aimé se tenait quelques secondes auparavant. Le reverra-t-elle un jour ? Elle refuse de penser à ça. Elle secoue la tête pour chasser ses idées noires.

Enfin, une heure plus tard, elles arrivent sur la colline que Léo avait repérée un peu plus tôt. D'après lui, c'est le meilleur endroit dans les environ pour ce type d'incantation. Les trois sœurs n'y connaissent rien, elles se contentent donc de suivre les indications de leur Être de Lumière leur dit. Après tout, elles lui font confiance plus que tout. Léo les guidera, et grâce à lui ( et à Cole, malgré toute l'animosité de Prue ), elles réussiront une nouvelle fois contre les Ténèbres…
Elles ont apporté plusieurs bougies, et de l'encens, et quelques pierres magiques, pour stimuler les éléments naturels. Cette fois, ça va marcher. Ca doit marcher !
Tandis que Phoebe trace le cercle de protection et dispose les pierres, Piper et Prue répandent l'encens et allument les bougies.
Le soleil tombe à l'horizon, ce n'est plus qu'un long disque rouge agonisant. La Lune a surgit à son opposé. Son disque argenté, qui, pour l'instant, ne brille pas encore très fort, offre une présence rassurante malgré tout. Les premières étoiles apparaissent dans le ciel qui se drape de sa robe noire.
Chacune des sœurs prend place à l'intérieur du cercle. Léo reste à l'écart, observant ses protégées. Il croise les doigts. Son âme prie en silence, et il envoie des ondes positives dans toute la nuit.
Les mains des trois sœurs se cramponnent. Elles ferment les yeux, et commencent l'incantation. La flamme de la bougie placée au centre s'emballe, elle semble vouloir gagner les étoiles.
Léo voit des formes argentées se mettre à tourner autour du cercle. Est-ce les esprits des Anciens ? Tout semble fonctionner.
Tout à coup, un démon surgit à côté de lui, il disparaît immédiatement. Le démon pousse un grognement. Il se jette sur le cercle, qui le repousse avec une puissance inimaginable. Il gémit de douleur. Il sent les prémices de la malédiction commencer à l'attaquer. Il faut qu'il les arrête. A l'intérieur du cercle, les sœurs ne l'ont même pas vu, tant elles sont concentrées. Elles sentent les pouvoirs immenses qui surgissent dans le noir et qui les entourent. Il faut qu'elles les guident, et les canalisent. La force des mots et le Pouvoir des Trois n'est pas de trop pour réussir. Il faut qu'elles tiennent bon.
Brusquement, tout cesse. De surprise, Phoebe tombe à l'arrière. Le cercle de protection a disparu pour une raison inconnue. Le démon lui saute dessus. Elle pousse un hurlement, Prue envoie l'intrus contre un arbre. Piper l'aide à se redresser.
_ Ca va ? s'enquit-elle, très inquiète.
_ Oui, oui, souffle Phoebe, encore sous le choc.
Piper lève ses mains, et fige le démon.
_ Ca n'a pas marché, constate Prue, horrifiée.
Le démon se défige soudain. Piper relève les mains, mais rien ne se passe.
_ Il a annihilé mes pouvoirs ! hurle-t-elle, en sautant sur le côté pour éviter la charge furieuse du démon.
Les trois sœurs se regroupent, face à elles, le démon a une grimace inhumaine. Soudain, sans raison particulière, il s'enflamme. Il pousse un hurlement, et disparaît.
Les trois sœurs restent interdites. Que s'est-il passé ?
_ Vous avez réussi ! s'exclame Léo en apparaissant à côté d'elles.
_ C'est la malédiction ? s'étonne Prue, avec un sourire de triomphe et d'incrédulité sur les lèvres.
_ Oui. Plusieurs dizaines de démons ont été détruits à travers toute la terre ! confirme Léo.
Piper saute de joie, et embrasse fougueusement son mari. Phoebe reste sombre. Cole a-t-il réussi à y échapper ? N'est-il pas resté trop prés d'ici pour la surveiller, ou la protéger au cas où ?
Prue la rejoint et passe son bras sur son épaule.
_ Ne t'inquiète pas, murmure-t-elle, je suis sûre qu'il s'en est sorti. Il t'aime trop pour pouvoir me faire ce plaisir.
Phoebe se force à sourire.
Tous les quatre regagnent vers le manoir. Une fois rentrée, Prue se change immédiatement, et part pour son rendez-vous avec Phil.
Piper et Léo semblent s'être enfin réconciliés, et convolent doucement. Ils sortent pour le P3. Leurs cœurs sont plus légers, et leurs esprits se sont retrouvés. A nouveau, ils sont unis pour le meilleur, et pour le pire. Phoebe reste au manoir, sur le canapé, racheté un peu plutôt. Elle a peur. Tout son être est glacé. Elle a rarement été aussi inquiète, pourtant, elle sait pertinemment que, durant cette dernière nuit, même si Cole est vivant, il ne pourra se montrer. Elle devrait essayer de dormir, mais elle n'y arrive pas. C'est plus fort qu'elle, elle attend.

_ Phoebe, chuchote une voix à son oreille.
La jeune sorcière sursaute, et ouvre les yeux. Le salon est inondé par les rayons du soleil levant, et on en oublie presque l'horrible décoration de la pièce. Le miracle d'une nouvelle journée qui commence… Elle lève le regard vers la personne qui vient de l'appeler. Un sourire éclaire son visage.
_ Cole ! s'écrie-t-elle en sautant dans ses bras.
Elle ne veut plus qu'il parte, qu'il la quitte…
_ Eh ! s'exclame-t-il amusé. Doucement… Je ne vais pas m'envoler !
_ J'ai eu si peur, lâche Phoebe sans l'écouter.
Elle bat des paupières pour cacher les larmes de joie qui lui montent aux yeux.
Prue descend les escaliers à ce moment-là. Elle lève les yeux au ciel en les voyant, mais un sourire fugitif passe sur ses lèvres. Sa main se pose sur le collier offert par Phil. Elle sent un amour profond s'en dégager. Est-ce sûr qu'elle ne rêve pas ?
Piper et Léo observent le plafond de leur chambre. Piper se redresse.
_ Dis Léo, si les forces du Mal se tenaient tranquilles durant la semaine… Comment ça se fait que tu n'étais jamais là ? s'étonne-t-elle.
Son mari sourit.
_ Une surprise pour vous trois. Tu sais, une fête…
Piper se réfugie dans ses bras.
_ Et même s'il y a eu un peu d'animation, est-ce qu'on y aura droit à la fête ?
_ Avec ce que vous avez fait hier soir, ce sera bien plus qu'une fête !
Ils échangent un long baiser plein d'amour.

 

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