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                                          Sommaire

Dossier
Éditorial (P. Saffache) 

Les outre-mers français : des « îlots de richesse » dans des « océans de pauvreté » (D. Benjamin, H. Godard)

Saint-Martin, un pôle d'attraction migratoire dans la Caraïbe :
contexte, logiques et insertion économique (C. Audebert) 

Les transformations socioéconomiques à Mayotte et à la Réunion : automobile et mobilité (D. Benjamin, H. Godard) 

Saint-Martin et Saint-Barthélemy : état des milieux littoraux et recommandations pour une gestion durable (P. Saffache) 

Croissance démographique des outre-mers français : renforcement des pôles urbains (D. Benjamin, H. Godard) 

L'aménagement durable vu à travers les politiques de curage des rivières du centre de la Martinique et de dragage de la baie de Fort-de-France (P. Saffache) 


Hors dossier
Les coraux dans la Caraïbe : dégradations et gestions différenciées (M. Desse et P. Saffache) 

La préservation de la qualité sanitaire du milieu littoral : petit guide méthodologique à l'attention des décideurs (P. Saffache)  


                                         Éditorial

D'une superficie cumulée de 120 000 km2 environ (exceptées les terres françaises Antarctiques qui couvrent 432 000 km2), les Départements(1) et Territoires(2) d'Outre-mer (DOM-TOM) sont toujours présentés comme des espaces paradisiaques, où la douceur du climat intertropical n'a d'égale que la luxuriance de leur végétation et plus généralement leur biodiversité élevée.
Ces informations – issues des dépliants touristiques – doivent cependant être pondérées, car la réalité des DOM-TOM est beaucoup plus complexe.

 Habités par plus de 2 millions d'habitants, la répartition des populations est très inégale, puisque la Guyane qui couvre 91 000 km2 n'est peuplée que de 158 000 âmes (1999), alors que la Réunion – 36 fois plus petite – est 4,5 fois plus peuplée ; il est évident dans ces conditions, que la pression sur le milieu n'est pas la même.

En Guyane, si la pression urbaine n'est pas dominante, la déforestation, le trafic d'espèces animales et végétales, la pollution des fleuves – par utilisation de mercure dans les exploitations aurifères – sont autant d'éléments qui conditionnent durablement l'évolution du territoire. A la Réunion, en dépit des nombreux efforts réalisés pour traiter les eaux usées urbaines, par exemple, d'importants volumes d'eaux polluées se déversent encore dans le lagon et polluent la faune et la flore sous-marines. Il est vrai que la frange côtière est fortement urbanisée, puisque 85 % de la population y résident. 

En dehors de cette appréciation écologique, il serait inconcevable de passer sous silence les tensions sociales et raciales qui existent encore et qui résultent directement de la période esclavagiste. Rappelons à titre d'information, que dans les DFA (Départements Français d'Amériques : Martinique, Guadeloupe et Guyane), l'abolition de l'esclavage n'a été promulguée qu'en 1848. En dépit des nombreux progrès économiques et sociaux réalisés 
depuis, il n'empêche que des complexes, relayés souvent par les relents d'une époque révolue, favorisent les tensions entre les différentes communautés.

Face à la complexité de ces espaces, il convient de s'affranchir des stéréotypes traditionnels en prenant la mesure de leur diversité. Les « confettis de l'Empire » seront donc présentés et analysés sous les angles de l'aménagement, de l'environnement et du développement.

Souhaitons que ces informations permettent au plus grand nombre, d'avoir un regard plus juste sur la réalité de ces espaces.

Pascal SAFFACHE

(1) Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion.
(2) Wallis et Futuna, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et les terres australes et antarctiques françaises.