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Éditorial
D'une superficie cumulée de 120 000 km2 environ (exceptées les terres françaises
Antarctiques qui couvrent 432 000 km2), les Départements(1) et Territoires(2) d'Outre-mer
(DOM-TOM) sont toujours présentés comme des espaces paradisiaques, où la douceur du
climat intertropical n'a d'égale que la luxuriance de leur végétation et plus généralement leur
biodiversité élevée.
Ces informations – issues des dépliants touristiques – doivent cependant être pondérées, car
la réalité des DOM-TOM est beaucoup plus complexe.
Habités par plus de 2 millions d'habitants, la répartition des populations est très inégale, puisque la Guyane qui couvre 91 000 km2 n'est peuplée que de 158 000 âmes (1999), alors que la Réunion – 36 fois plus petite – est 4,5 fois plus peuplée ; il est évident dans ces conditions, que la pression sur le milieu n'est pas la même.
En Guyane, si la pression urbaine n'est pas dominante, la déforestation, le trafic d'espèces
animales et végétales, la pollution des fleuves – par utilisation de mercure dans les
exploitations aurifères – sont autant d'éléments qui conditionnent durablement l'évolution du
territoire. A la Réunion, en dépit des nombreux efforts réalisés pour traiter les eaux usées
urbaines, par exemple, d'importants volumes d'eaux polluées se déversent encore dans le
lagon et polluent la faune et la flore sous-marines. Il est vrai que la frange côtière est
fortement urbanisée, puisque 85 % de la population y résident.
En dehors de cette appréciation écologique, il serait inconcevable de passer sous silence les
tensions sociales et raciales qui existent encore et qui résultent directement de la période
esclavagiste. Rappelons à titre d'information, que dans les DFA (Départements Français
d'Amériques : Martinique, Guadeloupe et Guyane), l'abolition de l'esclavage n'a été
promulguée qu'en 1848. En dépit des nombreux progrès économiques et sociaux réalisés
depuis, il n'empêche que des complexes, relayés souvent par les relents d'une époque
révolue, favorisent les tensions entre les différentes communautés.
Face à la complexité de ces espaces, il convient de s'affranchir des stéréotypes traditionnels
en prenant la mesure de leur diversité. Les « confettis de l'Empire » seront donc présentés
et analysés sous les angles de l'aménagement, de l'environnement et du développement.
Souhaitons que ces informations permettent au plus grand nombre, d'avoir un regard plus
juste sur la réalité de ces espaces.
Pascal SAFFACHE
(1) Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion.
(2) Wallis et Futuna, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et les terres australes et antarctiques françaises.