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Le Grec oublié
Platiton





Le monde Grec semble faussement familier à l'érudit. Certes, tout honnête homme connaît Socrate, Platon, Aristote, Périclès, Démosthène, les Esculape et les Praxitèle n'ont guère de secret pour qui aspire au savoir. Pourtant, la civilisation hellénistique recèle bien des mystère cachés, et si l'on s'éloigne quelque peu des sentiers balisés des études académiques, l'approche de textes plus obscurs s'avère pleine d'attraits insoupçonnés. Ainsi, qui connaît encore Platiton ? Ce remarquable philosophe injustement oublié passait pourtant, à l'époque, pour l'égal de ses pairs aujourd'hui plus prisés. Rendons-lui hommage, comme il le mérite.




Il naquit probablement à Thèbes aux alentours de 520-510 av. J.C. et eut pour maître le grand Sogratte d'Excéma, à l'école duquel il apprit la rhétorique, la logique, la géométrie et, d'après les écrits de certains de ses condisciples quelque peu jaloux, d'autres matières plus distrayantes. C'est d'ailleurs lors de ses études qu'il énonça le premier de ses célèbres aphorisme : " Je me demande si nous autres Grecs ne sommes nous pas quelque peu portés sur les gens de notre sexe ". Cette interrogation, toujours d'une dramatique actualité, fit en son temps scandale et lui attira, tout à la fois, des amitiés solides et quelques inimitiés acharnées. " Je préfère mes amis à mes ennemis ", aurait-il alors lâché, dans un trait d'une ironie mordante qui fit un temps taire ses contempteurs.
Ses études terminées, il partit pour Alexandrie, le cœur intellectuel du monde antique, et pour la première fois, il fut confronté au monde " Barbare ", c'est à dire non-hellénique. A cette occasion, il aurait dit " Vérité en deçà des monts Phrynée, mensonge au delà ", un esprit de tolérance dont nous gagnerions à nous inspirer. Particulièrement frappé par la culture millénaire de l'Egypte et par la majesté de l'architecture monumentale, il tomba en arrêt devant la splendeur des pyramides de Gizeh : " Comme c'est grand. Dire qu'ils ont fait ça sans connaître la roue. C'est impressionnant ". En ces temps où la philosophie incluait la science, Platiton était autant géographe, ethnographe, économiste et observateur avisé des mœurs de son siècle. Ainsi il parvint à résumer toute la culture égyptienne d'une phrase d'une justesse et d'une concision stupéfiantes : " Sans le Nil, l'Egypte ne serait qu'un désert ".

De retour en Grèce, il s'installe à Athènes où la République vit ses heures les plus glorieuses. Cependant, un chagrin d'amour avec l'hétaïre Algara lui inspirera sa pièce la plus fameuse, " L'enterrement tragique ", dont ne nous sont parvenus que des fragments. En voici un extrait, magistral :

Clavos : Clitemnestre l'oracle m'a parlé, et m'a enjoint de me défier de ce qui est sous mes sandales. Qu'a-t-elle voulu dire, ô, sage éphèbe, éclaire donc la prophétie de la pythie à la flamme de ta raison.
Mesculas : Est bien souvent obscure le verbe de la pythonisse, car il importe que la vérité ne soit point donnée aux mortels sans les voiles du mystère. Sache cependant que la réflexion permet de déjouer les pièges des dieux et, après maint épreuves, de connaître les cours de ta destinée.
Clavos : J'entend, mon ami, mais j'entend, mais que m'a-t-elle signifié de sa prédiction ? Quel sera mon lot, pauvre de moi !
Mesculas : Je l'ignore, Clavos, mais je gage que lorsque l'heure sera venue, lorsque le moment sera propice, alors tes yeux seront dessillés et le dessein des dieux te sera révélé. Il se peut que cela ne soit que dans de nombreuses années, il se peut que cela ne soit qu'au soir de ta vie, lorsque le temps aura blanchi les cheveux de ta tête et que parmi tes enfants, tu t'apprêteras à mourir…
Clavos : Laisse, Mesculas mon ami, car l'avertissement de la pythie vient de m'être cruellement révélé, et sur l'excrément de Triskélé mon fidèle compagnon canin, je viens de glisser pour choir douloureusement sur le pavé.

Il participe aussi à l'érection du Parthénon, et suprême honneur, il sera l'auteur de la maxime qui ornera son fronton (contrairement à ce qui aura été dit par la suite) : " Connais-toi toi-même et tu sauras qui tu es ". Tout l'humanisme grec, tout l'idéal européen gravé dans le marbre.
Platiton prendra souvent part aux débats de l'assemblée athénienne, la première démocratie du monde. Cet homme peu suspect de lâcheté fut un des plus grands défenseurs de la paix avec Sparte, et dans son discours sur l'absurdité de la guerre, il s'exclama, lumineux de lucidité : " La guerre est un déchaînement de violence, un retour à la barbarie. Bien des hommes malheureux y trouvent la mort, et l'issue du combat n'est jamais certaine ".
Cependant, les fauteurs de guerre auront le dernier mot, et comploteront pour se débarrasser d'un adversaire si brillant. Menacé d'une infamante condamnation à mourir lapidé, il préfèrera s'empoisonnera à la digitaline, consolant ses disciples : " Plutôt la mort que le deshonneur ". Dans ses derniers mots, il traduira tout le désarroi de l'homme face à l'issue inévitable : " Pourquoi si tôt ? Il m'a semblé que ça a passé si vite ! ". Ainsi s'éteint un homme sage.





Si Platiton est aujourd'hui oublié, sa pensée immortelle n'en rayonne pas moins sur notre civilisation. Chaque jour, les media modernes, les satellites et les fibres optiques relaient la parole platitonéticienne, et tandis que l'auteur disparaît de la mémoire des hommes, il triomphe par son verbe. " Ainsi va le monde ", aurait dit le grand homme.





Bibliographie :

Oeuvres de Platiton traduites en français :