Premières photos
de cette belle journée du 1er juin 2004
Journée littéraire et artistique autour de : "Balzac
et la petite tailleuse chinoise"
( La Comédie Communiste)
de Dai Sijie (2002) avec Zhou Xun, Chen Kun, Liu Ye, Wang Shuangbao,
Cong Zhijun,
BALZAC ET LA PETITE TAILLEUSE CHINOISE : 2002
Genre : Comédie Dramatique
Note : 7.5/10
Présenté en ouverture de la Sélection " Un
Certain Regard ", Balzac et la petite tailleuse chinoise est l'adaptation
par l'auteur lui-même du roman éponyme de Dai Sijie. Au cœur
d'une vallée du Sud-Ouest de la Chine, dans les années Mao,
un camp de rééducation a pour mission de faire rentrer dans
le rang des individus réactionnaires dont les crimes majeurs se
résument à posséder des livres de cuisines "
anti-révolutionnaires " ou des jouets qui produisent des sons
bizarres. Ma (Liu Ye) et Luo (Chen Kun) sont deux jeunes hommes d'une
vingtaine d'années qui débarquent dans ces montagnes isolées
de la vie citadine pour apprendre à devenir, au contact de la population
autochtone, de véritables " paysans révolutionnaires
". C'est là qu'ils vont rencontrer la petite tailleuse (Xun
Zhou), petite-fille du tailleur du village " de l'autre côté
de l'œil du ciel " et Binoclard, le fils d'écrivain réactionnaire
pseudo-repenti qui dissimule des ouvrages interdits dans une petite mallette
convoitée par les deux héros. Poussés par la curiosité
que stimulent en eux ces contrées lointaines et exotiques, ils
vont dérober la valisette et se délecter de la lecture de
la Comédie Humaine de Balzac, du Rouge et le Noir de Stendhal,
de Flaubert, Kipling, Doistoïevski ou Nicolas Gogol.
Ce film est un clin d'œil magique au mélange des cultures,
une porte ouverte sur le rêve d'évasion qu'a impulsé
chez les esprits libertaires la Révolution Culturelle du Grand
Timonier : Le progrès qui, pour lui, consiste en un grand pas en
arrière, la destruction de toutes les formes de cultures qui ne
prônent pas le communisme et l'encensement de pays lointains qui
suivent le vent des drapeaux rouges. Voilà ce qu'a été
la Révolution culturelle. C'est également la thèse
de Dai Sijie qu'il défend aussi ardemment que dans son roman et
la raison pour laquelle les autorités de Pékin voient là
l'œuvre d'un démon subversif !
Au cœur de splendides décors évoluent des personnages
touchants, légèrement archétypés pour mieux
illustrer le propos. Les trois protagonistes principaux forment un trio
convaincant qui, aux côtés d'une lumière flatteuse
et d'une mise en scène bucolique, participe de concert à
créer une ambiance romantique à laquelle les chefs d'œuvre
de littérature que lisent les trois amis ne sont pas étrangers.
En signe d'alphabétisation, les deux jeunes amis, l'un, fils de
médecin " ennemi du peuple " et l'autre violoniste doué
vont transmettre à la petite tailleuse le plaisir de la littérature
et de la lecture immisçant en elle le désir de connaître
autre chose sans savoir jusqu'où cela pourra les conduire.
Autre séquence symbolique qui restaure la tradition orale chez
les villageois, la transcription théâtrale des films qu'ils
sont allés voir à la ville (Nord-Coréens bien sûr
!) C'est alors que dans une scène mythique, à l'instar de
Mozart qui chante la gloire de Mao, Balzac se retrouve l'auteur génial
d'un film de propagande communiste et Ursule Mirouët, l'héroïne
involontaire du peuple chinois.
Les trois interprètes dont Xun Zhou (Suzhou River) plus rayonnante
que jamais apportent au récit la touche mélodramatique sans
laquelle ce film serait resté une œuvre politique réactionnaire
et parviennent à faire vivre si sincèrement cette relation
triangulaire que l'on ne peut que ressortir convaincu par les prestations
de jeunes talents très prometteurs. L'histoire d'amour, qui aurait
pu durer, se trouve cependant avortée par le désir de connaître
autre chose, comme on l'a dit, par l'appel inexorable de ces pays lointains
où le capitalisme est roi, où les gens arpentent glorieusement
les Champs-Elysées.
Les trois interprètes dont Xun Zhou (Suzhou River) plus rayonnante
que jamais apportent au récit la touche mélodramatique sans
laquelle ce film serait resté une œuvre politique réactionnaire
et parviennent à faire vivre si sincèrement cette relation
triangulaire que l'on ne peut que ressortir convaincu par les prestations
de jeunes talents très prometteurs. L'histoire d'amour, qui aurait
pu durer, se trouve cependant avortée par le désir de connaître
autre chose, comme on l'a dit, par l'appel inexorable de ces pays lointains
où le capitalisme est roi, où les gens arpentent glorieusement
les Champs-Elysées.
Une fuite, fruit d'une conviction que " la Beauté féminine
est un trésor inestimable " et qu'il faut en profiter tant
qu'il est encore temps, ce à quoi Ronsard n'aurait pas trouvé
à redire. Quelques années plus tard, que reste-t-il du grand
idéal révolutionnaire de Mao Zedong ? Où réside
le bonheur promis au peuple en gage de son dévouement à
la cause communiste ? Aujourd'hui Shangaï, Pékin suivent leurs
aînées capitalistes et l'on célèbre le 1er
Mai la réussite des Grands du Privé. Qui alors avait raison
? Le vieux chef thuriféraire qui risquait sa vie pour le portrait
du président ou la petite tailleuse éprise de liberté
dont la silhouette blanche, sur les marches de son avenir, continue de
nous hanter ?
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