Moins de pollution augmenterait le réchauffement

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Paradoxalement, alors qu'un des axes de la lutte contre la pollution est la réduction des aérosols, cette réduction pourrait accroître le réchauffement.

C'EST UN TERRIBLE dilemme auquel est confrontée la planète. La lutte pour un air plus pur n'est pas dénuée d'effets pervers. La limitation de la pollution provenant des aérosols, risque en effet d'entraîner une accélération du réchauffement climatique. Ce paradoxe vient d'être mis en évidence par une équipe internationale qui publie ses travaux dans la revue Nature cette semaine.

Car les aérosols ont pour effet de refroidir la planète, un phénomène connu depuis longtemps, mais dont les scientifiques maîtrisent encore mal l'ampleur. Or leur impact sur le climat serait plus important que ne l'estimaient jusqu'à présent les modèles, avancent des chercheurs de la

Noaa américaine et du Met Office l'équivalent britannique de Météo France - qui comptent parmi eux deux Français.

Les aérosols, ces nuages de particules microscopiques, sont des suspensions sous forme de gaz de fines particules solides ou liquides. Elles proviennent soit de la dispersion de substances à la surface de la Terre (suie des feux, poussières provenant d'éruptions volcaniques), soit de rejets industriels de poussières, gaz ou spray (centrales électriques, avions, transports).

Les conclusions des chercheurs menées par Nicolas Bellouin (Met Office) s'appuient sur de nouvelles données, obtenues à partir des observations d'un instrument de mesure des particules chimiques embarqué à bord des sarellites Terra et Aqua de la Nasa. Jusqu'à présent, les mesures ne portaient que sur les aérosols présents au-dessus des océans. Or ces derniers ne représentent qu'un tiers du forçage radiatif des aérosols d'origine humaine, c'est-à-dire la dispersion et l'absorption du rayonnement solaire qu'ils entraînent. De nouvelles mesures ont donc eu lieu à la fois au dessus des océans et des continents.

Les aérosols réfléchissent le rayonnement solaire

Résultat: les aérosols liés à l'activité humaine réfléchissent le rayonnement solaire dans des proportions beaucoup plus élevées qu'on ne le pensait jusqu'à présent. Les résultats de cette étude (0,8 W par mètre carré) se situent dans la fourchette haute du dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) en 2001.

Les auteurs en concluent que " par conséquent, le contrôle continu des émissions d'aérosols pourrait entraîner un réchauffement plus important que prévu par les modèles actuels ". Des chercheurs avaient déjà observé ce phénomène après les attentats du 1l Septembre, qui avaient cloué au sol tous les avions de ligne sur le sol américain. La suppression des émissions polluantes de ces engins avait entraîné une hausse des températures la journée.

De quoi s'interroger: est-ce bien nécessaire de lutter contre cette forme de pollution si ces efforts aboutissent à annihiler ceux de la communauté internationale pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, jugés responsables du réchauffement climatique? La question est posée.

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CLIMAT

Dans les pays du nord la température a augmenté de O,4°C en dix ans.

20OS arrive juste derrière 1998 dans le top-ten des années les plus chaudes.

2005 A BATTU tous les records de chaleur dans l'hémisphère Nord. Tel est ce qui ressort des données compilées par l'homologue britannique de Météo France, le Met Office, et l'Université de l'est de l'Angleterre East Anglia. A fin novembre, la température de l'eau et de l'air se situe O,65°C au-dessus le la moyenne annuelle calculée pour la période 1861-1990, qui sert communément de base de référence en climatologie.

Dans l'hémisphère Sud, cette anomalie par rapport aux normales n'est que de O,32°C, ce qui place 2005 en quatrième position dans le Top-ten des années les plus chaudes. Si l'on considère l'ensemble du globe, l'augmentation de température moyenne est de 0,48°C et l'année écoulée arrive juste derrière 1998, devançant ainsi 2003 et 2004. Mais en 1998, l'effet El Nino ( avait quelque peu affecté les données.

Si l'hémisphère Nord est davantage touché par la hausse des températures, c'est parce que la proportion de terre y est plus grande qu'au sud, davantage recouvert par les océans. Or la Terre a une plus grande réactivité aux conditions atmosphériques que les océans.

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Un nouvel indice du caractère anthropique du réchauffement

Les pays du Nord connaissent actuellement une température plus élevée de 0,4°C en moyenne qu'il y a dix ans, sachant que la marge d'erreur est de O,l°C. " Les données montrent par ailleurs que la température à la surface de l'eau dans l'Atlantique est la plus élevée depuis 1880 ", ajoute David Viner, de l'Université d'East Anglia.

Les chercheurs britanniques voient dans cette évolution un nouvel indice du caractère anthropique du réchauffement. " C'est de la physique simple: davantage de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, des émissions qui augmentent globalement, d'où des températures en hausse", commente David Viner.

" Si 2005 est l'année la plus chaude dans l'hémisphère Nord depuis 1860, cela ne prouve tien d'autre que 2005 est l'année la Plus chaude dans l'hémisphère Nord depuis 1860 ", lui a rétorqué sur le site BBC news Fred Singer, du Science & Environmental Policy Project à Washington, relançant la polémique.

Huit des dix années les plus chaudes depuis 1860 ont eu lieu depuis dix ans.

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