l'influence du CO2 sur le climat

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Jean Ritter

Résidence Dauphine, pavillon du Barry - 78430 Louveciennes - France

Louveciennes le 9 avril 2001

 

Je réponds à ta lettre. Tu trouveras ci-joint un tirage des notes que j'ai rédigées sur l'influence des données astronomiques sur le climat en vue de les exploiter pour une deuxième édition de mon livre ' Ossau Cotiella, une histoire géologique des Pyrénées'. J'y joins une photocopie de la seule page du livre dont je m'inspire, où il soit question du C02. C'est dire l'importance accordée au problème dans les publications non destinées au public.

Je fais appel à ma mémoire pour préciser l'influence du CO2 sur le climat actuel. La courbe qui mesure l'effet de serre en fonction de la teneur en CO2 dans l'atmosphère admet comme asymptote une horizontale légèrement ascendante. Nous sommes déjà collés à l'asymptote de sorte que toute augmentation a un effet négligeable sur l'effet de serre.

Les volcans constituent la principale source de CO2. La teneur du CO2 dans l'atmosphère est contrôlée par l'océan dans ce qu'il est convenu d'appeler le cycle du C02. Or celui-ci est très mal connu. L'océan absorbe le C02 par dissolution. Il le stocke sous différentes formes.

Les carbonates sont une de ces formes. Ils sont bien connus mais leur formation, leur dissolution, leur transport et surtout leur destruction le sont moins.

Les clathrates sont moins connus. Ce sont des hydrates de méthane, solides, obtenus par une réaction entre l'eau et le CO2 dans un domaine étroit de température et de pression, avec libération d ' oxygène. Sujet tabou, à la pointe des recherches actuelles. Ils sont très instables mais il y en a néanmoins d'énormes quantités dans la mer, interstratifiées avec d'autres dépôts, sable, produits organiques, calcaires (par exemple au large de la Nouvelle Calédonie, sur le plateau continental). Tu imagines que les pétroliers les évitent soigneusement car ils craignent de faire sauter leurs sondes.

Enfin il y a le CO2 qui reste en dissolution. On soupçonne des libérations massive de CO2 obtenues à certaines époques à partir de clathrates d'avoir été responsables de certains "événements" géologiques, c'est à dire de pics soudain de température. L'un d'eux, bien documenté, se situe à 55 millions d'années.

D 'autre part le climat est une donnée aléatoire qui connaît une tendance un peu comme les cours de bourse. Vus en moyenne glissante à six mois les cours montent mais considérés à 30 jours ils peuvent baisser.

Il faut aussi garder présent à l'esprit que le grand gouverneur est l'océan, les courants marins et aussi atmosphériques) qui sont sous la dépendance de divers facteurs dont le plus important est la forme des fonds, d'ordre tectonique. Certains phénomènes peuvent amener un pic brusque de température (des augmentations de 10° C en moins de dix ans sont documentés) qui ne dure pas, mais globalement le temps de réponse (système global non linéaire des auteurs) est grand, 1 000 à 1200 ans par exemple pour l'Atlantique nord. Un bon livre sur le sujet., facile à lire, est Quand l'océan se fâche de Jean-Claude Duplessy, Odile Jacob 1996.

A la fin de la précédente glaciation, le climat a connu une importante montée de la température plus importante que l'actuelle à latitude égale (et du CO2, mais quelle est celle qui est la cause et l'autre l'effet?), et il est logique qu'il en soit de même à notre époque. Pour se faire une opinion sur la cause, je te renvoie à mon papier et au livre qu'il utilise. Pour ma part je n'en ai pas.

Les gens qui font des prévisions à court terme (quelques années ou dizaines d'années) utilisent donc des 'modèles', plus ou moins sûrs, qui font la joie des mathématiciens, des informaticiens et de la CIA. Je te laisse libre de leur apporter du crédit. A mon avis, on rentre alors dans les domaines conjecturales et politiques.

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