La Performance - Du Futurisme à nos jours

RoseLee Goldberg
Editions Thames & Hudson, coll. L'Univers de l'art.

Quatrième de couverture :

La performance a joué un rôle fondamental dans l'histoire de l'art du XXe siècle. A mesure que les grandes écoles de la modernité - du cubisme au minimalisme et à l'art conceptuel - se figeaient dans l'orthodoxie, certains artistes étaient amenés à adopter les stratégies fluides de la performance, moyen pour eux de briser les catégories consacrées, et d'ouvrir de nouvelles voies. Cet ouvrage, première histoire de la performance, retrace la création des futuristes, des dadaïstes, des surréalistes et des ateliers Bauhaus et propose une analyse des oeuvres contemporaines d'artistes aussi différents que Piero Manzoni, John Cage, Merce Cunningham, Gilbert & George, Dan Graham, Laurie Anderson, Robert Wilson, Pina Bausch ou Alain Platel tout en décrivant le contexte socio-culturel dans lequel leurs oeuvres s'incrivent.

RoseLee Goldberg fut directrice de la Royal Collège of Art Gallery à Londres et conservatrice au Kitchen Center for Video, Music and Performance de New York. Elle se consacre aujourd'hui à l'enseignement de l'histoire de la Performance et de l'art contemporain. Elle est l'auteur, aux Editions Thames & Hudson, de Performances, l'art en action.


La performance, art de la mise en scène et du mouvement, s'inscrit dans la lignée des grandes tendances qui ont marqué la création au cours du siècle dernier. Phénomène à part entière, situé en marge des courants figées par l'Histoire, la performance ouvre sur un autre mode d'expression lié au corps, au geste et à l'action. Loin des cimaises, proche du théâtre, de la danse, de la musique, du cirque et du mime, et surtout face au public. Un décloisonnement des genres qui – du cubisme à l'art conceptuel – va expérimenter de nouvelles voies, engendrer d'autres démarches, influencer la pensée contemporaine. Comme les revues Dada ou les manifestes édités par les Futuristes et les Surréalistes, la performance joue un rôle essentiel : transmettre des idées, les mettre en forme et en œuvre par l'artiste lui-même. Pas de réels comédiens ni de figurants mais des peintres, des sculpteurs qui associent l'image au texte. Parfois engagés dans une impasse, via les aléas d'un contexte socio-économique et culturel, les artistes ont dû inventer un vecteur d'échanges et de rencontres. Visionnaire ou d'avant-garde, celui-ci accusait les ruptures, annonçait clairement une volonté de changer. Changer de monde et de conception, mieux considérer le statut de l'artiste et cerner sa place dans la société. Inattendue, éphémère et presque rituelle, la performance intervient en plein cœur de la vie quotidienne allant jusqu'à – surtout dans les années 70 et 80 – heurter le spectateur. Pour le faire réagir, pour que se prolonge et se disperse le sentiment déjanté, souvent dérangeant ou totalement incompris, d'une liberté totale. Comme par exemple se couvrir de sang de bœuf (performance Meat Joy de Carolee Schneemann réalisée en 1964), jeter dans la Seine vingt grammes de feuilles d'or (Yves Klein, le 26 janvier 1962), se recouvrir de feutrine et s'enfermer pendant sept jours avec un coyotte sauvage (Joseph Beuys, 1974). Une histoire complexe qui perdure de nos jours et revendique par la vidéo l'aspect aliénant des nouvelles technologies. A travers un texte et des visuels essentiellement en noir et blanc, ce livre suit dans l'ordre chronologique l'évolution d'une "sensibilité"  pour reprendre le terme de l'auteur – Roselee Goldberg. Pas de réponses arrêtées, ni de conclusion hâtive mais une étape franchie qui "ne peut que donner une image de la vie qui évolue hors de ses pages". On attendra donc le prochain ouvrage en souhaitant qu'il accorde une place plus importante aux images qui - selon l'art de la scène - exigent une dimension proche du réel donc en couleurs.

Claire Gilly, © Le Monde, 24/09/2001

 

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