Histoire du cinéma japonais en France (1951-2001)

Etude

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Des difficultés rencontrées lors de cette étude.

- Retrouver la trace de tous les films japonais sortis en France entre 1951 et 2001.

La première difficulté repose sur le fait que la plupart des films japonais sortis en France n'ont pas connu le succès, ont été peu diffusés, et après avoir réalisé moins de 5000 entrées, ont sombré dans l'oubli. Retrouver des traces de ces films, ou même des spectateurs qui se sont retrouvés (par accident?) devant le dit film reste très difficile.

Le problème de la traduction des titres s'est posé lors de cette étude. En effet, ceux-ci sont parfois traduits de manière différente selon le fait qu'ils soient sortis lors de festivals, ou en salle. C'est ainsi que des films comme, par exemple, Cochons et Cuirassés de Shohei Imamura qui porte aussi le titre de Filles et Gangsters . Le problème se pose aussi pour Le Pousse-Pousse , aussi sorti sous le nom de Matsu le Bandit . Identifier les films n'est donc pas toujours chose aisée. Seule la confrontation entre les ouvrages de référence concernant le cinéma japonais et les bases de données de cinéfil.com a permis d'identifier 362 films sur les 373 films japonais diffusés en France et ayant fait l'objet d'entrées payantes en France.

- Effectuer des choix représentatifs

Pour ce qui est de la presse, il est difficile de retrouver toutes les critiques de ces films parues dans toute la presse française depuis 1951. Des choix se sont donc imposés. Tout d'abord, et presque paradoxalement, l'accent a été plus mis sur la presse généraliste que sur la presse cinéma, au sens où celle-ci est beaucoup moins lue, et que son impact sur le public est donc moins important.

Le second choix opéré a été d'effectuer notre étude en partie à partir des revues de presse non pas des 373 films, mais d'une trentaine de films, chacun représentatif d'un genre, d'une époque. Ce choix reste partial mais se veut "efficace".

Figure 1 : Films dont la revue de presse a fait l'objet d'une étude approfondie pour la présente étude

Quels sont les films sélectionnés?

  • Rashômon d'Akira Kurosawa parce qu'il est le film qui a permis au cinéma japonais d'être reconnu en France.
  • Les Enfants d'Hiroshima de Kaneto Shindo , qui montre un Japon totalement différent du monde des samouraïs.
  • Le Christ en Bronze de Minoru Shibuya, reflet de l'exotisme.
  • Les Contes de la Lune Vague après la Pluie de Kenji Mizoguchi , folklore japonais et images d'exotisme.
  • L'Île Nue de Kaneto Shindo , comme exotisme militant de gauche des années 1960.
  • La Légende de madame Pai Nang par Taiji Yabushita et Kazuhiko Okabe, en tant que premier dessin animé japonais sortis en France
  • La Forteresse cachée d'Akira Kurosawa , comme aventure exotique épique.
  • Tokyo Olympiades de Kon Ichikawa pour son immense succès publique, et son autre vision du documentaire.
  • Onibaba de Kaneto Shindo comme décrédibilisation d'un auteur consacré génial, et avènement d'un cinéma nouveau.
  • Chasseur d'espions , de Jon Sukuda , pour son aspect "film de genre".
  • Godzilla 1980 de Jun Fukuda , Les Evadés de l'Espace de Kinji Fukusaku et La Guerre des Monstres de Inoshiro Honda comme représentants d'un genre et pour leur très grand succès.
  • Eros+Massacre de Yoshishige Yoshida et Premier amour, Version infernale , de Susumu Hani , comme témoignage du type de films japonais intellectualisants qui ne marchent pas en France.
  • La Cérémonie de Nagisa Oshima , comme révélation d'un auteur et premier impact critique d'Oshima.
  • L'Empire des Sens de Nagisa Oshima pour son succès et le scandale qu'il a généré.
  • Le Goût du Saké de Yasujiro Ozu et Nuages Flottants de Mikio Naruse pour la révélation tardive de leurs auteurs respectifs .
  • Goldorak de la TOEI Company en tant que premier grand succès de l'animation japonaise en France.
  • Kagemusha et Ran d'Akira Kurosawa pour la permanence du succès de l'exotisme, et de l'auteur qu'est Kurosawa.
  • La Ballade de Narayama de SHOHEI Imamura comme révélation d'un cinéaste et d'une vision singulière du Japon.
  • Furyo de Nagisa Oshima pour son impact critique et son succès public
  • Crazy Family de Sogo Ishii et Tampopo de Juzo Itami pour témoins de l'apparition de la comédie japonaise, et son faible impact en France.
  • Typhoon Club de Shinji Somai comme première impression des problèmes de la jeunesse japonaise.
  • Akira de Katsuhiro Otomo comme premier vecteur du phénomène Manga.
  • Porco Rosso et Princesse Mononoke de Hayao Miyazaki pour montrer l'évolution de la vision d'un auteur.
  • Sonatine , Hana Bi et A Scene at the Sea Takeshi Kitano pour montrer les aléas de la diffusion de l'œuvre d'un auteur et l'évolution de sa perception par la presse et le public., et voir comment Kitano a su s'imposer.
  • Tora San de Yoji Yamada pour montrer l'échec de la comédie japonaise.
  • Gemini de Shinya Tsukamoto comme exemple du cinéma alternatif japonais.

Ces revues de presse sont complétées par les critiques de l'année du cinéma de Daniel Heymann, qui recense tous les films sortis en France depuis 1978, et celles de Télérama , depuis 1995, publiées régulièrement lors de la sortie de films japonais en salle, ou lors de diffusion de films japonais sur les petits écrans.

-Les limites imposées par l'étude chiffrée.

L'autre difficulté réside dans l'analyse chiffrée : la situation cinématographique a évolué depuis les années cinquante, les cinémas rencontrant un pic de fréquentation dans les années 1970, avant de connaître une baisse avec l'arrivée de la cassette vidéo. Comparer des chiffres hors contexte est difficile, c'est ainsi que certains films des années 1970 ont réalisé d'excellents scores dans l'absolu que les films des années 1990 n'atteignent plus aux vues de la baisse globale de fréquentation des salles.

La comparaison des chiffres retrouve sa validité quand on compare le taux de fréquentation par salle de chacun des films entre eux. Hors, il est impossible de faire ce calcul pour les films antérieurs à 1963, au sens où le CNC ne répertoriait non le nombre de séances, mais le nombre de semaines à l'affiche par salle.

Pour l'analyse chiffrée des films sortis avant 1963, il a fallu prendre en compte le fait que dans les totaux donnés par le CNC , il fallait retrancher le nombre d'entrées réalisées en Algérie jusqu'en 1962.

                    Les chiffres à partir desquels l'étude a été faite (voir Chiffres du CNC) sont le nombre d'entrées réalisé pour chaque film entre la date de sa sortie et la quarantième semaine de l'année 2001.