Histoire
du cinéma japonais en France (1951-2001)
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Conditions de réalisation de cette étudeEtudier le degré de pénétration d'un cinéma revient aussi à étudier le nombre de spectateurs que celui-ci a attiré. Ce travail est réalisé à partir des chiffres fournis par le CNC.Tableau présentant le nombre total de spectateurs français qui ont vu des films japonais entre 1951 et 1999.
Plusieurs éléments apparaissent à la lecture de ce tableau. Il est tout d'abord difficile de dégager une tendance générale. Le graphique est dit "en dents de scie", et ne permet pas de dégager une dynamique globale sur ces cinquante dernières années.( Voir figure 4). Figure 2 : Evolution du nombre annuel de spectateurs pour le cinéma japonais en France. Entre 1951 et 2000, la moyenne annuelle du nombre de spectateurs français pour le nombre moyen annuel de spectateurs (entrées payantes) est 403 134, soit 0.26 % du nombre total de spectateurs annuel en France. Un premier constat s'impose : c'est très peu. Cependant, on remarque que si le cinéma japonais entre 1951 et 2000 n'attire que 0.26% des spectateurs français, il représente tout de même 1.79% de l'ensemble des films proposés aux spectateurs français. La comparaison entre les deux graphiques 4 et 5 montre que le nombre de films présentés et le nombre de spectateurs ne concordent pas. Si les années 1957, 1976, 1983 et 2000 sont des années qui ont attiré plus de deux millions de spectateurs en leur offrant des films inédits, ce sont les années 1991, 1994, 1995,1999 et 2000 qui ont proposé le plus grand nombre de films japonais inédits (plus de 15 par an). L'augmentation de l'offre ne permet donc pas un accroissement significatif du nombre de spectateurs. Peut être peut-on incriminer le type de films sélectionnés, à 90% classés art et essai (équivalent à complexe et ennuyeux aux yeux du grand public) sur ces 10 dernières années. Figure 4 tableaux présentant les parts de marché en pourcentage du total France par nationalité Parts de marché en pourcentage du total France par nationalité
Si l'on regarde les parts de marché en pourcentage du total France par nationalité, le cinéma japonais semble quasiment absent, relégué à la catégorie "autres" du tableau, à partager un maigre pourcentage avec tous les pays du monde hors France, Etats-Unis, Grande Bretagne et Italie. Notre étude va donc porter sur un cinéma peu connu du grand public, et dont le succès aura toujours été relatif au regard des autres grandes puissances cinématographiques présentes en France. Simon Simsi, dans son ouvrage Ciné-Passions qui étudie les grands succès des films projetés en France de 1945 à 1999, élabore pour chaque année un classement des 20 films, toutes nationalités confondues, qui ont attiré le plus de spectateurs cette année-là. Qu'en conclure? Avec ses 0.1% des meilleurs succès populaires en France, le cinéma japonais n'est vraiment pas reconnu du grand public. Le seul film qui ait fait partie de ce top 20 est l'Empire des Sens en 1976…censuré pour pornographie. Le nombre d'amateurs d'érotisme était certainement plus élevé que le nombre de nippo cinéphiles dans les salles diffusant ce film. Si l'on oberve le nombre d'entrées des 359 films japonais sortis en France entre 1951 et 2001, on se rend compte que seuls 6% des films ont fait plus de 500 000 spectateurs, ce qui est très peu. D'autant plus que 73 % ont réalisé moins de 100 000 entrées, soit s'apparentent à des échecs commerciaux…. Figure 6 : Nombre d'entrées pour les films japonais en France 1951 et 2001.
Le cinéma japonais, tourné en japonais, fruit d'une culture peu connue et peu appréciée du tout-venant français, reste donc un cinéma de curiosité. Le fait est qu'il est essentiellement distribué dans les salles d'art et d'essai , qui projettent des films de genre ou d'auteurs rares ou peu diffusés, souvent à perte, grâce à des structures comme l'AFCA qui subventionnent ce type de cinéma. Il bénéficie globalement de peu de promotion, en dehors des festivals, nous y reviendrons. L'audience de ces films est donc essentiellement composée de cinéphiles curieux. Les films japonais sortis en France connaissent un succès relatif, et connaissent une diffusion limitée. Sur une période de 50 ans (entre 1951 et 2000), environ 370 films ont connu une sortie cinéma en France, parfois dans des manifestations de plus ou moins large étendue, se limitant souvent au seul public parisien (Hommage à Kurosawa en 1985, Rétrospective Ozu en 1992…). Les grands circuits de distribution évitent de prendre des risques en diffusant ce genre de films, et demeurent frileux quant à la large diffusion de films fruits d'une culture extrêmement différente, éloignée des canons des grands succès populaires traditionnels. Evidemment, par rapport aux cinémas albanais, islandais ou thaïlandais, la cinématographie nipponne a l'air nettement mieux considérée -mais que retient-on, sinon une poignée de noms? Le fait est que le Japon est l'un des plus grands producteurs mondiaux de cinéma, réalisant jusqu'à plus de 500 films par an certaines années. Le nombre restreint de films japonais que nous avons pu découvrir sur nos écrans ne peut être significatif de la richesse et de l'ampleur de ce cinéma d'Extrême Orient, trop mal connu. En 50 ans, la France n'a pu voir que l'équivalent d'une seule année de production cinématographique japonaise. Figure 7 : nombre de films produits par an au Japon
Jean d'Yvoire écrivait en 1955 (parlant des films japonais) "L'existence de films pour festivals et celle de films pour le marché intérieur, rend toute étude sur le cinéma nippon très difficile, surtout lorsqu'on s'adresse à un public n'habitant pas le Japon, car, ou bien on est contraint de ne parler que des films qu'on a pu voir à l'étranger_ On en a projeté 8 en France depuis 1950_ou bien des films que l'on y voit pas_ Le japon a produit 1800 longs métrages de 1946 à 1954, et en sortira environ 400 rien que pour cette année 1955; et ceux-ci constituent quand même pour les japonais la partie la plus vraie, la plus humaine et la plus réellement japonaise de la production nippone d'après guerre." En effet, n'a été projeté en France de façon nationale, hors festival, que 373 films japonais, soit moins de la production d'une année de cinéma au Japon. ( voir figures 8 et 9).
Cependant, si le nombre de films japonais présentés en France reste extrêmement faible au regard de l'ensemble de la production cinématographique japonaise, force est de constater que le nombre de films japonais présentés par an est croissant, notamment dans les années 1990 qui ont offert le plus grand nombre de films japonais au public français. (voir figure 10.) Le cinéma japonais est donc un cinéma rare en France. Se pose alors la question de savoir comment celui-ci pénètre nos frontières, et si les difficultés qu'il rencontre peut expliquer à la fois sa faible présence sur les écrans français, et, paradoxalement son omniprésence médiatique.
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