Histoire du cinéma japonais en France (1951-2001)

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Le cinéma japonais chez les spectateurs

Ces vingt dernières années ont marqué une véritable évolution relative à la multiplication du support permettant de lire les films, qui sont à présent d'avantage exposés. La télévision, la vidéo et maintenant le DVD font que son audience est multipliée, d'autant plus que le téléfilm de qualité, conçu pour le petit écran, retient l'attention au détriment de la sortie en salle.

Si rien ne remplace l'attrait qu'exerce le grand écran, il est impossible de comparer les 160 millions de spectateurs annuels de 1999 aux 423 millions de spectateurs annuels de 1947, ou aux 411 millions de 1957. Si les premiers ont beaucoup moins nombreux que les seconds, ils ont en revanche accès à d'autres médias pour visionner les films de son choix.

Procédons tout d'abord à une rapide chronologie, de l'histoire la télévision en France.

Ce n'est qu'en 1953, avec le couronnement de la Reine Elizabeth d'Angleterre que la télévision devient un phénomène de société et commence à entrer dans les foyers . 

 

        Celle-ci, qui n'offrait qu'une seule chaîne aux téléspectateurs ne devint en couleur qu'en 1967. L'ORTF disparaît en 1974, trois chaînes toujours publiques sont en service et il faut attendre 1982 pour voir l'apparition de chaînes privées. C'est en 1984 qu'apparaît canal plus ("la chaîne du cinéma'), le câble est lancé en 1986, au moment où la vidéo prend une réalité commerciale, et dix ans plus tard se développe les "bouquets satellites" ainsi que les DVD.

Fin 1999, il y avait en France une centaine de chaînes thématiques, plusieurs spécialisées sur le cinéma avec diffusion de films (Cinéfaz, Cinéclassic…).

On estime que le taux d'équipement en téléviseurs est proche de la saturation. En 1973 déjà, 14% seulement des français, dont 26% de parisiens, ne disposaient pas de télévision à domicile. Selon le Département de Etudes et de la Prospective du Ministère de la Culture, l'augmentation de la fréquence d'écoute de la télévision a été régulière depuis le milieu des années 1970, plus marqué dans les années 1980, et se poursuivant dans les années 1990

- La télévision

Peu de films japonais sont diffusés à la télévision française. Quand c'est le cas, c'est souvent dans le cadre des ciné-clubs programmés une fois par semaine sur certaines chaînes.

La section ciné-club de France 3 s'appelle le Cinéma de Minuit . Elle est gérée depuis 1978 par la même personne, ce qui empêche un certain renouvellement du type de films diffusés. FR3 a toujours refusé de diffuser des films japonais, et fait tourner en boucle toujours les mêmes standards, Torp, Tourneur, Tex Avery…La chaîne, inféodée à la MGM, ne diffuse que des films français, américains, et italiens, qui sont rediffusés à intervalles réguliers, sans innovation.

Par contre Antenne 2, devenue France 2 , propose un ciné-club animé par J .Philippe , qui propose une sélection étendue et moins imperméable aux cinémas sud américains, indous, et surtout japonais. Celui-ci a commencé dans les années 1970 pour ne s'éteindre qu'en 1999. Frédéric Mitterrand a distribué des films japonais, en coordination avec P. Dauman . Il a aussi repris ce ciné-club sur Antenne 2 où il a permis la diffusion de films d'Ozu , de Mizoguchi , de Kurosawa . Ce fut déterminant pour la notoriété de ces auteurs par un plus large public.

France 2 , ARTE et Canal + sont les chaînes qui ont le plus fait pour la connaissance du cinéma japonais. Mais c'est le câble qui diffuse le plus de films nippons. Celui-ci diffuse de grands classiques, et tous les films japonais (120) du catalogue de la société Alive ont été plusieurs fois diffusés sur les chaînes câblées. Celles-ci comptent environ 1 500 000 abonnés. Les multi-diffusions assurent une moyenne d'environ 800 000 spectateurs aux films diffusés sur ce réseau, contre 2 à 3 000 000 lors d'une diffusion sur ARTE, qui bénéficie du réseau hertzien.

La télévision a joué un rôle considérable dès lors qu'elle a commencé à télédiffuser ces films, et cela dès les années 1970 grâce au ciné club de France 2 . Une diffusion d'un film d'auteur sur le réseau hertzien a les effets d'une bande annonce pour attirer le public vers les prochains films de ce même auteur à être projeté dans les salles obscures

Il faut aussi voir la dimension mercantile du cinéma japonais. Si celui-ci est programmé sur la chaîne publique ARTE , c'est qu'il obtient un bon écho, à la fois critique et public. Le nombre de diffusions d'un même film est un bon indicateur de mesure. C'est en programmant l'Empire des Sens qu' ARTE fait ses meilleurs chiffres d'audience.

 

- Les cassettes VHS

Avec l'apparition du magnétoscope et des cassettes vidéo enregistrables, la fréquentation en salle a considérablement baissé. Les salles se sont protégées de la vidéo en imposant des temps de délais entre la sortie en salle du film, et sa mise en vente sous format VHS. Des vidéos clubs se sont implantés. Ils permettent la location de ces films pour un prix inférieur à celui d'une place de cinéma…

Cependant, cette époque correspond à une nouvelle politique de multiplication des salles de cinéma, qui veut qu'il y ait plus d'écrans pour projeter de plus nombreux films, mais qui implique la réduction de la taille de ces mêmes salles, ainsi que de leur écran. Or, pour le spectateur, si l'attrait d'un écran vraiment grand disparaît, n'aura-t-il pas tendance à finalement rester chez lui visionner son film choisi tranquillement sur le petit écran de sa télévision?

Les dépenses en vidéo ont plus que doublé en pourcentage depuis le début des années 1980 (quoique subissant une légère érosion depuis la fin des années 1990). Les jeunes générations actuelles qui s'intéressent au cinéma ont forgé leur cinéphilie autant dans les salles de cinéma que dans les vidéo clubs ou les médiathèques.

Ainsi, il apparaît que le cinéma japonais est assez peu représenté en France face aux autres nationalités, mais que sa présence est cependant croissante. En cinquante ans, le cinéma japonais a réussi grâce au travail des distributeurs à se faire de plus en plus accessible au public français. Cependant, force est de constater que cette accessibilité reste relative face à l'ensemble de la production nippone. De plus, le cinéma japonais a été tributaire d'engouements non organisés, suscitant une incohérence dans la chronologie et les thèmes présentés en France. C'est ainsi qu'il sort encore à l'heure actuelle des films produits dans les années cinquante, et que certains auteurs sont ignorés alors que d'autres moins talentueux voient leur filmographie présentée dans notre pays.

Tentons de dresser une chrono typologie du cinéma japonais qui a été présenté en France au gré des modes et de l'histoire aussi bien du cinéma japonais dans son contexte que de l'histoire de la fréquentation des salles françaises.