Histoire du cinéma japonais en France (1951-2001)

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la redécouverte de grands auteurs oubliés des Français

Il est incroyable de voir que le premier film d'Ozu sorti en France soit le Voyage à Tokyo , réalisé en 1953, mais sortis en 1978, soit 15 ans après la mort du réalisateur [1] . A l'époque, Ozu bénéficiait d'une notoriété pour ainsi dire abstraite. Partout cité comme référence dans la presse, son œuvre est demeurée inaccessible au grand public jusqu'à la diffusion du Voyage à Tokyo le 8 février 1978, ce qui a d'ailleurs contribué à nourrir une réputation d'intellectualité du réalisateur. C'est le « Saint André-des-Arts », salle d'art et d'essai qui a pris l'initiative de découvrir Ozu en permettant la première projection en France du Goût du Saké , qui fut le plus grand succès en France de l'auteur avec 127410 entrées réalisées entre le jour de sa sortie et la 41 ème semaine de l'année 2000.

 

Ozu aime plus particulièrement le cinéma occidental : Griffith, Lubitsh, Murnau, Chaplin, Loyd, Sternberg.. Sa notoriété va débuter au japon en 1930 avec  Jeune demoiselle  (non distribué en France) . Les références au cinéma américain sont récurrentes dès ses premières œuvres. Mais il ne cherche pas à imiter mais plutôt à exploiter à sa manière les thèmes et les outils de ce cinéma qui le passionne. Cet attrait pour le modèle occidental ne concernera pas toute son ouvre puisqu'il réalise également des films très populaires au japon : les shomin-geki . Ce genre de cinéma, typiquement japonais, porte principalement sur les réalités quotidiennes du petit peuple. Les manières de filmer et de conduire la narration s'éloignent des pratiques occidentales (caméra basse, refus des fondus, apparition de plans sans rapport immédiat au récit, faux raccords, etc..).. Ozu résiste aux innovations. Il arrivera tardivement au cinéma parlant, en 1936. C'est en 1949 qu'il signe un film admirable Printemps tardif  . Dans ce film sobre dépourvu d'effets superficiels et de propos inutiles, Ozu aborde un thème qu'il reprendra à plusieurs reprises dans ses films : les rapports entre générations dans la vie familiale japonaise. On peut même parler de remake, tant l'histoire de Printemps tardif   sera proche de celles utilisées dans deux autres chefs d'œuvres d'Ozu : Fin d'Automne   en 1960 et   Le Goût du Saké   en 1962. Son film le plus connu en France est Le Voyage à Tokyo   de 1953. Les films de Yasujiro Ozu sont généralement considérés par le public étranger comme reflétant le mieux l'esprit japonais, sans doute parce que le calme et la retenue dont font ils font preuve évoquent la philosophie Zen et l'art des jardins.

" Comme toujours chez Ozu , il semble qu'il ne se passe rien " [2]

Comme l'Allemagne de Wenders, ou le Brésil de Rocha, le Japon d'Ozu n'est plus le Japon et pas encore l'Amérique : Seulement un territoire en voie de modernisation.

Aucun distributeur n'avait osé montrer ces films de peur qu'ils n'intéressent pas le public français. Les sujets intimistes dans un Japon quotidien s'éloignent des fastes de l'histoire et de l'attrait du folklore, ce qui fait que les Japonais ont longtemps considéré cet auteur inexportable. Il est l'un des premiers à montrer les Japonais dans leur quotidien d'après guerre, un Japon qui n'est plus celui des samouraïs et des Kimonos. A l'exotisme de la richesse et du faste succède celui de la pudeur, de la politesse excessive, de leur extrême retenu dans l'expression des sentiments. C'est au contraire une véritable révélation, qui a connu un succès critique considérable. Les œuvres d'Ozu ne sont pas encore toutes sorties en France, et les films diffusés ont souvent connu des distributions limitées, par le biais des rétrospectives et festivals, notamment lors de la Rétrospective Ozu en 1992.


[1] idem

[2] In L'Express , 02/12/1978, F. F., Le goût du saké.

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