Histoire du cinéma japonais en France (1951-2001)

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Les films de genre dans les années 1990

Les films d'action, traitant d'affaires criminelles ou encore les films noirs, occupent une place importante dans le cinéma japonais. Mais contrairement à ce qui s'est passé dans les années soixante et soixante-dix avec les films à la gloire des yakuzas qu'ils transformaient en héros, on assiste plutôt ces dernières années à l'émergence de films à petit budget sur des malfrats minables qui néanmoins s'obsti­nent dans leurs méfaits. Ils reflètent une société en crise due à une situation économique en décroissance depuis le début des années quatre-vingt-dix. On peut citer, parmi les films de ce type, Le Démon/ Feu follet (1997) de Rokuro Mochizuki ou Cure ( 1997) de Kiyoshi Kurosawa, qui sont des films criminels très angoissants, et qui plongent leurs racines dans une société japonaise contemporaine complexe, en perpétuelle évolu­tion.  Cette angoisse atteint son maximum dans Tokyo Fist (1995) de Shinya Tsukamoto .

La décennie 1990 est caractérisée par la grande diversité et l'importante quantité des films japonais qu'elle a proposés. La force vive, c'est du coté du dessin animé qu'on la trouve en cette dernière décennie.

Cependant, face à ce choix, le public s'est un peu perdu, et il y a eu un taux d'échecs substantiel qui a généré la faillite de plusieurs maisons de distributions. Hormis Miyazaki et Kitano , aucun cinéaste japonais n'a réellement émergé cette dernière décennie. Mais si le succès n'est pas toujours au rendez-vous, au moins peut-on saluer la diversification de l'offre en ce qui concerne le choix de films japonais sortis sur nos écrans. La réédition de classiques au même titre que la découverte de nouveaux auteurs contemporains ont permis au cinéma nippon de séduire un nouveau public.

Le public français a-t-il eu un échantillonnage satisfaisant du cinéma japonais ces cinquante dernières années? Telle serait la question bilan ce cette étude. La réponse serait : Non. La production japonaise est tellement énorme qu'on ne peut pas tout voir, et heureusement, parce qu'il n'y a pas que du bon. Dans les années cinquante, il y avait une seule image : celle du film de samouraïs sur fond de Japon traditionnel. Pourquoi n'a-t-on pas vu les autres films? Parce que le public français voulait l'exotisme haut de gamme. Les quelques films contemporains ne sont sortis qu'en ciné-club, et était réservé aux militants de gauche. De plus, seuls une dizaine de réalisateurs ont connu les grandes salles françaises.

Aujourd'hui, a-t-on un cinéma plus représentatif? Pas vraiment, on ne voit que des films de jeunes, plus ou moins intéressants. Même si on atteint 20 films par an sortis en France, il ne faut pas oublier que le Japon continue d'en produire 300 par an. On privilégie plus les jeunes auteurs que les anciens. Il y a une certaine image obligatoire du jeune cinéma japonais qui soit compliqué, obscure et violent. Il existe d'autres films intéressants, même si la chute de qualité des années 1970-80 se fait encore sentir.

Il y a le problème de la surestimation française des films japonais qui joue en faveur puis en défaveur de ces œuvres, tels ces films qui sortent un an après Cannes et connaissent des échecs commerciaux cuisants, ne réunissant que 2000 personnes en un mois. Beaucoup de films de genre ont plus de succès, et donnent plus une image de ce qu'est le cinéma même au Japon. Mais cela reste partiel. Les succès de Kitano et de Miyazaki ouvrent d'autres perspectives [1] : leur cinéma plus populaire, tout en gardant une patte auteur, et le succès qu'ils ont rencontré augurent d'une nouvelle image du cinéma japonais en France.

Le problème majeur n'est tant que le cinéma japonais plaise de plus en plus en France, mais qu'il survive au sein de son pays d'origine. Le public local ne l'aime pas vraiment même si Le Voyage de Chihiro , le dernier Miyazaki , est le grand gros succès de tous les temps là bas. Mais Les autres succès y sont principalement américains. [2]

La question reste de savoir dans quelle mesure ce dernier est apte à apprécier les œuvres qui lui sont proposées.


[1] Entretien Hubert Niogret op.cit

[2] Interview Christian Rakotomamonjy op.cit