Love
will tear us apart déplace les lieux communs des expositions collectives.
Elle les réordonne en les inversant. L’exposition ne trace
ainsi aucun ordre auquel le spectateur ne doive couper court. Aussi bien
l’une des visées de l’exposition est-elle de mettre
en pièce le cloisonnement des catégories artistiques et
d’y substituer une imbrication. L’installation est ici la
forme d’expression privilégiée de cette mêlée
contre-nature. Echantillonnage de techniques, mixed-media fondus dans
une œuvre pleine de collusion, et de tension, de césures,
l’installation n’harmonise pas les arts dont elle est brassée.
Elle en est l’hybridation dont l’effet, imprévisible,
n’appartient en propre à aucune de ses composantes qui restent
consignées à demeure dans l’œuvre, sans prendre
le devant. De même que l’installation amalgame ainsi plusieurs
arts, l’exposition présente un foisonnement de travaux sans
qu’aucun n’en soit l’emblème ou le résumé,
tant leur accumulation voire leur prolifération s’établissent
ici comme manière de décevoir toute classification stable
et globale. Rien n’est univoque dans cette exposition et la première
voix à céder la place est celle de l’artiste, dont
l’intention doit s’effacer devant le regard du spectateur.
Prime donc ici l’effet de l’art, son expérimentation
sensible et non ce qui le sous-tendrait secrètement du fin fond
d’un concept désincarné. Judicaël
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