LESTARDS et L’ORDRE DE SAINT ANTOINE DE VIENNOIS

Saint Antoine était un ermite égyptien du IV siècle. Après sa mort en 356, sa dépouille fut transporté à Alexandrie puis à Byzance. En 1070, lors d’une croisade, elle fut remise au croisé Jocelyn, Baron du Viennois, à la condition qu’elle reçoive une digne sépulture et qu’un cloître soit bâti auprès de son tombeau. Le corps du Saint fut ainsi ramené dans un village du Dauphiné situé près de Vienne, qui prendra plus tard le nom de Saint- Antoine-L’abbaye.
En 1095, à la suite d’une guérison miraculeuse, le pape Urbain II autorisa la création d’un ordre hospitalier, l’ordre de Saint –Antoine de Viennois, qui devait faire preuve de charité envers les pauvres et les malades.
L’ordre implanta alors une abbaye à St-Antonin-L’abbaye et des commanderies dans l’Europe entière, dont une à Lestards vers 1300. Cette dernière était située à proximité de l’église, probablement dans les bâtiments de la ferme que l’on appelle encore ‘la Commanderie’.

Une commanderie était à l’origine un établissement hospitalier ou une maison-forte dans lesquels les voyageurs, les pèlerins et les malades trouvaient gîte, soins et protection. Elle était de plus un relais entre les possessions de l’ordre ainsi qu’une exploitation agricole et relevait directement de l’abbaye-mère. Ce que confirment pour Lestards les archives départementales de la Corrèze dans un ‘bail des dixmes de bledz, agneaux, filasses, cens rentes et autres droitz et usaiges du domaine dépendant de la commanderie St-Antoine de Lestards ‘ daté de 1624.

La commanderie était dirigée par un commandeur nommé par l’abbé de St- Antoine-L’abbaye. Pendant quatre siècles, de nombreux commandeurs se sont succédés à Lestards, en particulier :
-1300 : Pierre de Beaumont
-1391 : Danalon Rigaud
-1436 : Guillaume Maisonneuve
-1470 : Durand de Vernet
-1509 : Pierre de Faucon
-1569 : Georges de Nespoux
-1587 : François de Leschamel
-1597 : Charles Bernard
-1601 : Jean Lantourne
-1606 : Michel Duport
-1615 : Jean Decoux
-1649 : Simon de Bonnefon
-1650 : Antoine Camus
-1675 : Léonard Philiparie
Les pierres tombales de ceux-ci sont probablement celles marquées de croix et de symboles que l’on peut découvrir autour de l’église et dans l’édifice lui-même.
Les hospitaliers de St-Antoine s ‘employaient à soigner une terrible maladie qui foudroyait quiconque en était atteint : le mal des Ardents, ou feu de St-Antoine. Les malheureux atteints de cette maladie voyaient brûler leurs membres comme par l’effet d’une chaleur interne. Les chairs se gangrenaient et les os, saisis à leur tour, cassaient comme du bois mort et tombaient d’eux-mêmes.
Le remède de ce mal était le saint Vinage, un breuvage à base de vin connu seul des frères de l’ordre, qui devait être mis en contact avec les ossements du saint le jour de l’Ascension. Mélangé à la graisse de porc il servait également d’onguent.
Au fil des siècles, la commanderie prit de l’ampleur et obtint la cure de Lestards. Le commandeur devint ainsi curé de Lestards et assura la direction de la paroisse avec la collaboration d’un vicaire .
En 1770, après une longue période de prospérité, les archives nous apprennent que ‘Messire François Dulcem, marquis de Boisse, vicomte de Treignac s’oppose à Maître Jean De Gains, prêtre et vicaire perpétuel de la paroisse de Lestards, pour la revente du fief et de la commanderie’.
Depuis 1766 en effet la tranquillité de l’ordre était menacée en la personne de l’archevêque de Toulouse, Loménie de Brienne, futur premier ministre de Louis XVI.
Celui ci condamna par l’Edit de 1768 les commanderies où le nombre de religieux n’excédait pas vingt sujets par maison.. L’abbaye-mère et les commanderies furent ainsi dans l’obligation de céder leurs biens à l’Ordre de Malte.
Cette union fut très courte puis en 1789, veille de la Révolution Française, les biens furent vendus comme propriété nationale.
Ainsi s’éteignit l’un des plus prestigieux ordres de la Chrétienté.
Sources : Maison du tourisme et du Patrimoine de St Antoine- L’abbaye
                Dictionnaire des paroisses de l’abbé Poulbrière
                Archives départementales de la Corrèze

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