Au joli bois

Au joly boys, en l'ombre d'ung soucy,
M'y fault aller pour passer ma tristesse,

Remply de dueil d'ung souvenir transy,
Menger m'y fault maintes poires d'angoisse,

En ung jardin remply de noires flours
De mes deux yeulx feray larmes et plours.

Fy de lyesse et hardiesse! Regret m'oppresse,
Puis que j'ay perdu mes amours.

Las! trop j'endure, Le temps m'y dure, Je vous asseure:
Soulas, vous n'avez plus de cours!
Au joli bois en l'ombre d'un souci,
m'y faut aller pour passer ma tristesse.

Rempli de deuil d'un souvenir transi,
manger m'y faut maintes poires d'angoisse.

En un jardin rempli de noires fleurs,
de mes deux yeux ferai larmes et pleurs.

Fi de liesse et hardiesse ! Regret m'oppresse
puisque j'ai perdu mes amours.

Las trop j'endure. Le temps m'y dure. Je vous assure :
Soulas vous n'avez plus de cours.

Solas ou soulas (plaisir, joie) en
français médiéval a donné solace (réconfort, consolation, soulagement) en anglais moderne et solaz (bon temps, loisir, récréation) en espagnol moderne.
La dernière phrase signifie donc : Joie vous n'avez plus cours.

Amatemi ben mio

Amatemi ben mio,
che se d'amarmi dolce vita mia.
Non vimostrate pia.
Vivero, virero sconsolato,
sol per amarvi
non essendo amato.

Felice la mia vita
Sarà d'ogn'altra,
sel del vostro Amore
Se nutrira il mio core,
Ma se voi ch'io tant'amo
Me non amate, piu viver non bramo

Amor tu pur'il sai
Il non amar quanto sia grande errore
Dunque quel duro core
Passerai, co'l tuo strale
Accio ch'amando temperi ilmio male.
Aimez-moi, ma bien aimée,
Car si, de m'aimer, ma douce vie,
Vous ne vous montrez pas charitable,
Je vivrai inconsolé
Par le seul fait de vous aimer
Sans être payé de retour.

Ma vie sera heureuse
Plus que toute autre
Si mon coeur pourra se nourrir
De votre amour,
Mais si, vous que j'aime tant,
Ne m'aimez pas, je ne désirerai plus vivre.

Mon amour, tu sais bien
Que c'est une grande erreur que de ne pas aimer.
C'est pourquoi ta flêche
évitera ce coeur qui souffre,
Afin que, en m'aimant, tu apaises mon mal.

Lärchenbaum

Lärchenbaum, mein Lärchenbaum !
Sag : Wer dich hieher gesetzt ?
Pflanzte dich der Frülingswind ?
Oder war's ein Vogel ?
Oder kamst von selbst hier auf,
wie uns die Liebe kommt ?

Nicht kam ich von selbst hier auf,
wie die Liebe kommt.
Noch hat mich der Frühlingswind,
noch ein Vogel her gepflanzt,
doch ein Mädchen,
das hat mich mit der weissen Hand
an des teuren Bruders Grab
hieher gepflanzt vor Jahren.
Früh am Morgen kam sie her.
Weinte sehr um ihn.
Nacht schon war's, da ging sie erst.
Klagte sehr um ihn.
Ach !
Und ihre Tränenflut wurde mir zum Regen.
Und ihr schmerzlich Klagelied wurde mir zum Lüftchen.
Ihre Seufzer wärmten mich,
wie die Sonne wärmt.
Und ihr helles Tränenauge wurde mir zum Monde.
Ihr Tränenaug' zum Monde,

Lärchenbaum, Lärchenbaum, mein Lärchenbaum !
Mélèze, mon mélèze !
Dis : Qui t'a placé ici ?
Le vent du printemps t'a-t-il planté ?
Ou était ce un oiseau ?
Ou es tu venu ici de toi-même,
comme l'amour nous vient ?

Je ne suis pas venu ici de moi-même,
comme l'amour vient.
Ce n'est ni le vent du printemps
ni un oiseau qui m'a planté ici,
mais une jeune fille,
qui m'a avec sa main blanche
sur la tombe de son cher frère
planté ici pour des années.
Tôt le matin elle est venue ici.
Elle pleurait beaucoup pour lui.
C'était déjà la nuit, quand elle est enfin partie.
Elle se lamentait beaucoup pour lui.
Ah !
Et le flot de ses larmes a été ma pluie.
Et sa complainte douloureuse a été ma brise.
Ses soupirs m'ont réchauffé,
comme le soleil réchauffe.
Et son oeil triste éploré a été ma lune.
Son oeil éploré ma lune.

Mélèze, mélèze, mon mélèze !

O salutaris hostia

O salutaris hostia,
quae coeli pandis ostium.
Bella premunt hostilia,
Da robur, fer auxilium.

Uni trinoque domino
sit sempiterna gloria,
qui vitam sine termino
nobis donet in patria
Amen
 
O salutaire victime,
tu ouvres la porte du ciel
Les [guerres hostiles | puissantes hostilités] nous accablent.
Donne de la force, apporte de l'aide

Au seigneur unique et triple
soit la gloire éternelle
qui nous donne la vie sans fin
dans la patrie.
Amen
 
O salutaire hostie, adorable victime,
qui nous ouvres le ciel à tous,
d'un puissant ennemi l'insulte nous opprime:
Soit notre force et défends nous.

Gloire soit à jamais à l'être inconcevable
de la sainte unité des trois
dont la bonté nous donne un règne interminable
en la patrie où tous sont rois.
Amen
P. Corneille

Es geht eine dunkle Wolk' herein

Es geht eine dunkle Wolk' herein.
Mich Deucht : Es wird ein Regen sein,
ein Regen aus den Wolken whol in das grüne Gras.

Komme liebe Sonne! O komme bald ! Komme liebe Sonne!
Und kommt die liebe Sonn' nicht bald,
verwelket alls im grünen Wald,
und alle müden Blumen, die haben müden Tod.

Es geht eine dunkle Wolk' herein.
Es soll und muss geschieden sein.
Ade, Feinslieb,
dein Scheiden macht mir das Herze schwer.
Scheiden ist schwer.
Un nuage sombre arrive.
Je le crains : Il va y avoir de la pluie,
une pluie sortie du nuage, en plein sur l'herbe verte.

Viens cher soleil! O viens vite! Viens cher soleil!
Et si le cher soleil ne vient pas vite,
tout dans la forêt verte dépérira,
et toutes les fleurs fanées mourront.

Un nuage sombre arrive.
Il faut nous séparer.
Adieu, mon amour,
Te quitter me brise le coeur.
La séparation est pénible.

The willow tree

O take me in your arms, love
For keen doth the wind blow
O take me in your arms, love
For bitter is my deep woe.

She hears me not, she heeds me not
Nor will she listen to me
While here I lie alone
To die beneath the willow tree.

My love hath wealth and beauty
Rich suitors attend her door
My love hath wealth and beauty
She slights me because I am poor.

The ribbon fair that bound her hair
Is all that is left to me
While here I lie alone
To die beneath the willow tree.

I once had gold and silver
I thought them without end
I once had gold and silver
I thought I had a true friend.

My wealth is lost, my friend is false
My love hath he stolen from me
While here I lie alone
To die beneath the willow tree.
O prends moi dans tes bras, mon amour,
Car un vent glacial souffle.
O prends moi dans tes bras, mon amour,
Car ma détresse profonde est amère.

Elle ne m'entend pas, elle ne s'intéresse pas à moi.
Elle ne veut pas non plus m'écouter,
alors que je suis allongé seul
pour mourir sous un saule.

Mon amour a la fortune et la beauté.
De riches prétendants se pressent à sa porte.
Mon amour a la fortune et la beauté.
Elle me dédaigne parce que je suis pauvre.

Le joli ruban qui attachait ses cheveux
est tout ce qui me reste
alors que je suis allongé seul
pour mourir sous un saule.

J'ai eu un jour de l'or et de l'argent
Je pensais qu'ils dureraient toujours
J'ai eu un jour de l'or et de l'argent
Je pensais avoir un ami fidèle.

J'ai perdu ma fortune, mon ami m'a trahi.
Il m'a volé mon amour,
alors que je suis allongé seul
pour mourir sous un saule.