Mon père est mort, escamoté par un enterrement sans date ni lieu, un simple e-mail annonçant le jour et l'heure de son décès. Que mérite d'autre une fille naturelle reconnue 60 ans après ? Je ne puis prendre le deuil, personne ne prenant en charge ma douleur. Une bouffée de haine me tient lieu de pleurs. Et ce silence dont on voudrait m'écraser. Je joue des coudes grâce à des inconnus qui m'offrent un pan de ciel, mais autour, toujours, le néant des autres vies vous couvre.
A celles qui regardent sans honte des pornos devant leurs enfants, à ceux qui ont l'indécence de raconter leurs croisières devant des proches qu'ils sous-paient.
Bien qu'ils se taisent sur leur existence, je dis que la vraie vulgarité est dans la pensée, non dans l'écrit, fût-il érotique !
Alors je ne suis pas discrète, certes non !

Dorothée Blanck

Aux familiers qui ne veulent pas que l'on lise mes Rêves. Si j'écris c'est bien grâce à eux qui me voudraient transparente.
Aux narcissiques je sors mon miroir, ils peuvent s'y refléter à l'envers, mais ils n'y croient pas, c'est ce qui les sauve !
On referme le couvercle sur moi, je ne fais pas partie de la famille.
Le 2 novembre 2002

 

Dorothée Blanck, 1936, en Suisse