Revue de Presse

Ordination de Geneviève Beney 2 juillet 2005 à Lyon

 

1)    Agence France Presse

 

LYON, 2 juil 2005 (AFP) - Une femme "ordonnée" prêtre à Lyon pour la

première fois en France

 

Geneviève Beney est devenue samedi la première femme française

"ordonnée" prêtre, au cours d'une célébration organisée sur une

péniche à Lyon et présidée par trois femmes "évêques", un choix qui

lui vaut une excommunication automatique de l'Eglise catholique.

 

La péniche a quitté l'embarcadère peu après 17H00 et commencé à

remonter la Saône, près de la colline de Fourvière, alors que les

quelque 60 personnes admises à bord -- dont une poignée de journalistes

triés sur le volet -- entonnaient le premier chant de la célébration.

 

Petite femme discrète de 55 ans, mariée à un protestant et sans enfant,

Geneviève Beney, vêtue d'une ample robe d'été orange, a choisi

d'embarquer sans prononcer un mot, laissant une porte-parole lire une

déclaration.

 

"Notre transgression de femmes ordonnées est légitime car c'est une

question de dignité humaine (...) Pouvoir répondre en libre choix à

l'appel reçu est un droit inaliénable", expliquait le texte.

 

Les trois "évêques", une Allemande, une Autrichienne et une

Sud-Africaine, toutes déjà excommuniées, c'est-à-dire interdites de

sacrements mais pas exclues de l'Eglise, ont pour leur part répondu

pendant près de deux heures à la presse, vêtues de l'aube blanche des

célébrants recouverte d'une chasuble et d'une étole en soie rouge.

 

Les deux premières avaient fait partie des sept premières femmes

"ordonnées" prêtres en juin 2002 sur le Danube par l'archevêque argentin

Romulo Braschi, membre de l'Eglise catholique et apostolique

charismatique du Christ-Roi, non reconnue par le Vatican qui les avait

rapidement excommuniées.

 

"Nous sommes venus à Lyon parce que c'est la ville des premiers martyrs

de Gaule. Martyr, cela veut dire témoin, et notre engagement se veut un

témoignage, quoi qu'il nous en coûte de douleurs, d'agressions, de

solitude", a expliqué l'Allemande Gisela Forster.

 

Les "évêques" ont expliqué que toutes les ordinations de femmes se

tenaient sur un bateau pour rappeler celui où Jésus avait appelé ses

deux premiers apôtres, et pour symboliser la fragilité de leur position

dans l'Eglise.

 

"Mais nous aimons l'Eglise catholique. Elle a perdu sa philosophie

originelle, elle s'est trop focalisée sur la sexualité. Mais c'est notre

Eglise, et on n'abandonne pas une amie malade", a ajouté Gisela

Forster.

 

Mariée et installée à Munich, Gisela Forster célèbre la messe

régulièrement avec des groupes de passage, confesse ceux qui le

souhaitent, bénit des mariages, baptise des enfants, accompagne des

mourants... mais ses actes ne sont pas valides au regard de l'Eglise

catholique.

 

L'archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, qui n'a pas souhaité

réagir après la célébration, avait demandé mercredi à Mme Beney de

renoncer à cet "acte grave de rupture". "Il n'y aura, en effet, aucune

vérité dans les mots qui seront prononcés, ni dans les actes qui

seront posés", avait affirmé le cardinal.

 

"L'un des moyens de changer une loi injuste, c'est de la violer", a

répondu la Sud-africaine Patricia Fresen, ancienne religieuse

dominicaine, qui vit à Munich, où elle est chargée de la formation des

futures femmes prêtres.

 

Une dizaine de femmes au total ont déjà été "ordonnées" prêtres, et 65

autres sont en formation pour le devenir, selon Mme Fresen. Une autre

"ordination" de femmes doit avoir lieu le 25 juillet sur un

bateau-mouche au milieu du Saint-Laurent, entre le Canada et les

Etats-Unis.

 

La cérémonie d'"ordination" de Geneviève Beney, la première femme

prêtre française, a débuté samedi vers 17H15, sur une péniche, à

Lyon, présidée par trois femmes "évêques" excommuniées, a constaté une

journaliste de l'AFP.

 

Avec plus d'une heure de retard, la péniche a quitté l'embarcadère et

commencé à remonter la Saône, près de la colline de Fourvière, alors que

les quelque 60 personnes admises à bord -- dont une poignée de

journalistes triés sur le volet -- entonnaient le premier chant de la

célébration.

 

Auparavant, les trois "évêques", une Allemande, une Autrichienne et une

Sud-africaine, avaient expliqué leur geste, à la fois "réponse à un

appel de Dieu" et "acte de protestation", au cours d'une conférence de

presse.

 

Geneviève Beney, 55 ans, mariée à un protestant et sans enfant, est

montée discrètement sur la péniche, vêtue d'une ample robe d'été orange,

se refusant à tout commentaire.

 

L'Eglise catholique romaine refuse l'ordination des femmes. Si la

célébration, qui devrait durer deux heures, se poursuit jusqu'à

son terme, Geneviève Beney sera automatiquement excommuniée,

c'est-à-dire interdite de sacrements mais pas exclue de l'Eglise.

 

Selon les trois célébrantes, une dizaine de femmes au total ont déjà été

"ordonnées" prêtres depuis la première cérémonie, qui avait eu lieu en

2002 sur le Danube entre l'Allemagne et l'Autriche, et environ 65 autres

femmes sont actuellement en formation pour le devenir.

 

Une autre "ordination" de femmes doit avoir lieu le 25 juillet sur un

bateau-mouche au milieu du Saint-Laurent, entre le Canada et les

Etats-Unis.

 

*--

 

 

LYON, 2 juil 2005 (AFP) - "Ordination" d'une femme prêtre à Lyon: la

cérémonie a débuté

 

La cérémonie d'"ordination" de Geneviève Beney, la première femme

prêtre française, a débuté samedi vers 17H15, sur une péniche, à

Lyon, présidée par trois femmes "évêques" excommuniées, a constaté une

journaliste de l'AFP.

 

Avec plus d'une heure de retard, la péniche a quitté l'embarcadère et

commencé à remonter la Saône, près de la colline de Fourvière, alors que

les quelque 60 personnes admises à bord -- dont une poignée de

journalistes triés sur le volet -- entonnaient le premier chant de la

célébration.

 

Auparavant, les trois "évêques", une Allemande, une Autrichienne et une

Sud-africaine, avaient expliqué leur geste, à la fois "réponse à un

appel de Dieu" et "acte de protestation", au cours d'une conférence de

presse.

 

Geneviève Beney, 55 ans, mariée à un protestant et sans enfant, est

montée discrètement sur la péniche, vêtue d'une ample robe d'été orange,

se refusant à tout commentaire.

 

L'Eglise catholique romaine refuse l'ordination des femmes. Si la

célébration, qui devrait durer deux heures, se poursuit jusqu'à

son terme, Geneviève Beney sera automatiquement excommuniée,

c'est-à-dire interdite de sacrements mais pas exclue de l'Eglise.

 

Selon les trois célébrantes, une dizaine de femmes au total ont déjà été

"ordonnées" prêtres depuis la première cérémonie, qui avait eu lieu en

2002 sur le Danube entre l'Allemagne et l'Autriche, et environ 65 autres

femmes sont actuellement en formation pour le devenir.

 

Une autre "ordination" de femmes doit avoir lieu le 25 juillet sur un

bateau-mouche au milieu du Saint-Laurent, entre le Canada et les

Etats-Unis.

 

*--

 

LYON, 2 juil 2005 (AFP) - Pas de femmes prêtres, popes ou imams, mais

des femmes pasteurs ou rabbins

 

L'Eglise catholique romaine, tout en affirmant le rôle et la dignité

des femmes en son sein, refuse catégoriquement de les voir présider au

culte, une position que partagent les orthodoxes et les musulmans, mais

pas tous les juifs et les protestants.

 

Alors que de nombreux mouvements réformateurs ou contestataires

soulèvent la question depuis des années, Jean Paul II a pris

solennellement position en mai 1994 dans une lettre apostolique,

"Ordinatio Sacerdotalis".

 

"L'Eglise n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination

sacerdotale à des femmes et cette position doit être définitivement

tenue par tous les fidèles de l'Eglise", précisait la lettre, frappée

selon le cardinal Josef Ratzinger, devenu Benoît XVI, du sceau de

l'infaillibilité pontificale.

 

Les femmes, comme tous les laïcs, peuvent donc enseigner le catéchisme,

animer des prières, présider des funérailles ou être aumônier de prison,

mais seuls les prêtres peuvent prêcher et célébrer les sacrements

(communion, baptême, mariage...).

 

L'Eglise explique que Jésus n'a choisi que des hommes pour apôtres et

que lorsqu'un prêtre célèbre la messe, il refait les gestes de la Cène,

et représente ainsi le Christ sur terre. Or, le Christ était un homme.

 

Parmi les autres Eglises chrétiennes, la majorité des protestants et

les anglicans ont commencé à partir des années 1950 à nommer des femmes

pasteurs, puis évêques. En revanche, les orthodoxes refusent les femmes

popes.

 

Les communautés juives libérales, qui représentent un peu plus du quart

des juifs dans le monde, ordonnent des femmes rabbins.

 

Chez les musulmans, il n'y a pas de femmes imams.

 

 

2)    Le Monde

 

La première femme prêtre en France a été excommuniée

  

 

LE MONDE | 04.07.05 | 13h55  .  Mis à jour le 04.07.05 | 13h55

LYON de notre envoyé spécial

 

Elles se font un brin de maquillage et mettent du rouge à lèvres avant d'affronter les caméras. Puis enfilent une aube blanche et une chasuble de soie rouge, qu'elles ont peintes elles-mêmes et, autour du cou, une étole. Gisela Forster, qui est Allemande, Christine Mayr-Lumetzberger, Autrichienne, Patricia Freisen, Sud-Africaine en rupture avec l'ordre dominicain, sont trois femmes "évêques" excommuniées par leur Eglise catholique depuis leur "consécration" en juin 2002. Elles sont à Lyon, samedi 2 juillet, pour ordonner, à bord d'une péniche, la première femme prêtre française, Geneviève Beney, 56 ans, mariée, militante associative, après un bagage de théologie.

 

Leur anneau pastoral, leur croix pectorale scintillent au soleil, face à la meute des photographes et des cameramen. Et un bouquet de fleurs sur lequel on peut lire le mot "Egalité". "On se croirait au mariage du couple homosexuel de Bègles", ironise un prêtre lyonnais. Geneviève Beney, l'héroïne du jour, arrive à la dernière minute, fuit les caméras, boycotte la conférence de presse qu'elle a convoquée, s'enfuit dans la cale de la péniche où, à travers les hublots, sans retenue, les photographes continuent de la traquer.

 

Premier paradoxe pour une cérémonie d'ordination sacerdotale : il y a plus de caméras et de micros que de fidèles. Ceux-ci ­ une soixantaine ­ montent à bord avec dévotion, venus d'Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas, d'Autriche, de France, de Suisse, témoins âgés de tous les combats menés ­ et perdus ­ contre Rome pour la "fin des discriminations"  et contre "l'oppression sexiste" . Parmi eux, deux prêtres mariés, aussi en rupture de ban avec leur Eglise. Le seul journaliste autorisé à monter à bord est le directeur de Golias , bulletin de cette paroisse des mécontents.

 

Sous les cantiques des fidèles, Geneviève Beney sera ordonnée prêtre entre Rhône et Saône, dans cette péniche promue symbole de la situation d'errance de ces femmes marginales. Une cérémonie de cinq heures selon le rituel classique de l'Eglise, avec litanies, psaumes, prosternation, imposition des mains par les femmes ­ "évêques". Autant de gestes, bien sûr, invalides. Le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, avait prévenu la veille : un tel passage à l'acte signifie une rupture avec l'Eglise. Geneviève Beney a été excommuniée d'office, sans qu'il y ait besoin de procédure supplémentaire.

 

Elle conteste cette sanction. Elle s'estime toujours "dans la communion spirituelle avec la communauté universelle" . Elle a laissé un texte à la presse dans lequel elle se dit consciente d'avoir commis un "acte de transgression".  Mais, précise-t-elle, c'est une transgression "légitime" , pour répondre à une situation "obsolète" . Les trois "évêques" ont expliqué que toutes les voies étant bouchées pour promouvoir le rôle des femmes dans l'Eglise, il ne leur restait plus que l'illégalité et la clandestinité. "L'un des moyens de changer une loi injuste est de la violer" , affirme Patricia Freisen. Mais sans changer d'Eglise : "On ne q uitte pas une amie qui est  malade."

 

Pour cette première en France, elles ont choisi Lyon, l'ancienne capitale des Gaules, la ville des premiers martyrs chrétiens. Car elles disent vivre "u ne histoire d'isolement et de grandes souffrances" . Ces femmes célèbrent la messe une fois par mois ­ avec des pasteurs protestants ­, des baptêmes, des mariages, des enterrements. Mais refusent de dire quels évêques les ont consacrées : des hommes " en règle avec le Vatican" , affirment-elles, mais, de source sûre, on sait qu'il s'agit de Romulo Brascho, "archevêque"  argentin, membre de l'Eglise apostolique et charismatique du Christ-Roi, non reconnue par Rome.

 

Pour elles, cet "acte prophétique" est l'amorce d'un mouvement : 65 femmes catholiques dans le monde seraient en train de se préparer au sacerdoce, dont 40 Américaines ­ 9 seront ordonnées, le 25 juillet, sur le fleuve Saint-Laurent, au Canada ­ et une vingtaine d'Européennes (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Suède, Suisse, etc.). Gisela Forster, qui vient du diocèse de Munich, prétend avoir échangé une correspondance avec le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, ancien collègue de son mari à la faculté de théologie. "Ratzinger m'aime, je l'aime. Ne suis-je pas une femme merveilleuse ?" , dit-elle en riant avant de monter sur la péniche. A l'entendre, une nouvelle "Eglise des catacombes"  est en train de naître. Comme aux premiers temps chrétiens.

 

 

Henri Tincq

Article paru dans l'édition du 05.07.05

 

Mascarade

  

 

LE MONDE | 04.07.05 | 13h55  .  Mis à jour le 04.07.05 | 13h55

 

Sans doute la liste des injustices et des oppressions subies par les femmes dans l'histoire de l'Eglise catholique est-elle inépuisable. Aucune autre institution n'est aussi massivement masculine, à son sommet et dans sa mentalité, aussi étrangère aux revendications modernes de parité. "Où est donc ici la moitié de l'humanité ? " , s'écriait déjà un évêque lors du concile Vatican II, au début des années 1960.

 

L'Eglise souffre d'un manque de prêtres, s'épuise à trouver des palliatifs, s'arc-boute sur des arguments de tradition et d'autorité pour verrouiller l'accès des ministères ordonnés, "exclusivement réservés aux hommes" , martelait Jean Paul II en 1994.

 

Pourtant, s'il est vrai que Jésus-Christ n'a choisi pour apôtres que des hommes, rien, dans les Evangiles, n'indique qu'il a interdit aux femmes, dont il était très entouré, d'exercer une fonction sacerdotale.

 

Mais ces ordinations sauvages, hypermédiatisées, où le goût de la provocation, de la clandestinité et le choix de l'illégalité tiennent lieu d'arguments théologiques, sont-elles le meilleur moyen de faire avancer la cause des femmes ?

 

Dans la tradition catholique, on se propose au sacerdoce. On ne se le donne pas. Et l'on est prêtre pour un "peuple" . Mais où est le peuple de ces femmes "évêques" et "prêtres" sans fidèles, ordonnées par des clercs en rupture avec leur Eglise ? On est ici plus près de la mascarade que de l'acte prophétique.

 

D'autres femmes ont choisi de rester et de mener sans bruit le combat féministe. Elles enseignent dans les grandes universités, assurent la transmission de la foi aux jeunes générations, sont à la pointe du mouvement qui pousse les laïcs (non-clercs) ­ non sans résistance ­ aux avant-postes de l'Eglise, préparent les baptêmes, les mariages, les enterrements, sont aumônières dans les prisons, les hôpitaux, les lycées.

 

On dira que ce sont des lots de consolation. Mais le sacerdoce n'est pas le tout de la responsabilité chrétienne. Il y a une réflexion à reprendre sur l'avenir des ministères ordonnés, mais la provocation est le meilleur moyen de la retarder.

 

 

H. T.

Article paru dans l'édition du 05.07.05

 

3)    Libération

 

A Lyon, la «mère Geneviève» hérisse le cardinal
Première ordination illégale d'une femme prêtre en France, samedi.

Par Alice GERAUD
vendredi 01 juillet 2005



Lyon correspondance

geneviève Beney, dame catholique de 56 ans, fait voir rouge le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. Bravant la loi de l'Eglise, elle s'apprête à se faire ordonner prêtre par deux évêques femmes, elles aussi ordonnées illégalement (au regard du droit canon) en juin 2002. Toutes se réclament du mouvement Women Ordination World Wide, courant contestataire au sein de l'Eglise catholique. La cérémonie, une première en France, aura lieu samedi à Lyon à bord d'un bateau loué. «Le bateau, c'est un symbole très présent dans la Bible. Comme l'Arche de Noé, c'est un lieu d'accueil», dit Elfride Hart, l'une des fondatrices du mouvement. Etre sur un bateau nous permet aussi d'échapper aux pressions de l'épiscopat. Les églises ne sont pas vraiment prêtes à nous ouvrir leurs portes.»

Avant d'embarquer, elle a prévu d'organiser une conférence de presse et d'inviter plusieurs évêques femmes, un prêtre néerlandais, et des membres du mouvement venus de toute l'Europe à l'investiture de la première femme prêtre de France. «Prétendue femme prêtre, précise l'archevêché qui n'hésite pas à qualifier l'initiative d'«acte grave». Selon le père Vincent Feroldi, porte-parole du diocèse, «cette ordination est une parodie d'ordination». Mercredi, le cardinal Barbarin a prévenu la contrevenante qu'elle encourait l'excommunication. Réaction à laquelle s'attend Geneviève Beney. En juin 2002, sept femmes, quatre Allemandes, deux Autrichiennes et une Américaine, qui s'étaient fait ordonner prêtres sur le Danube avaient subi le même sort.

Jointe par téléphone il y a quelques semaines, Geneviève Beney expliquait qu'elle ne souhaitait pas se mettre «en position de rupture avec l'Eglise». «Il s'agit d'un acte symbolique pour tenter de faire avancer les choses et faire en sorte que l'Eglise vive enfin avec son temps», expliquait-elle. Geneviève Beney n'a pas toujours été militante pour la réforme de l'Eglise. Née à Paris dans une famille catholique «modeste», elle était prof de gym et de danse avant de tout plaquer pour étudier la théologie à Strasbourg. Elle dit avoir ensuite cherché sa place dans l'Eglise, sans parvenir à la trouver. A la fin des années 80, elle s'est installée dans le Gard où elle a rencontré son mari, un protestant. Dans leur village de Saint-Victor-des-Oules (Gard), elle propose ses services à la paroisse. Lorsqu'elle est devenue diacre l'an dernier, l'évêque de Nîmes lui avait envoyé un avertissement. Geneviève Beney n'en a pas tenu compte : «Ma décision est l'aboutissement de tout un cheminement personnel, je ne pouvais pas m'arrêter là.»

 http://www.liberation.fr/pagephp?Article=308113

 

© Libération

 

4)    La Croix

 

Publié le 30-06-2005 sur le site www.la-croix.com  

 

 

       Une Française revendique l'ordination

 

Geneviève Beney serait «ordonnée» prêtre à l'occasion d'une

cérémonie organisée sur une péniche à Lyon, samedi 2 juillet, acte

déjà condamné par l'Église catholique

 

Haussement d'épaules. Régine Maire, membre du conseil épiscopal de

l'archevêché de Lyon, refuse d'accorder trop d'attention à ce

qu'elle appelle une «transgression». À savoir la cérémonie

d'«ordination» sacerdotale d'une femme, Geneviève Beney,

samedi 2 juillet à Lyon sur une péniche.

 

Le mot de «transgression» est d'ailleurs utilisé par Geneviève Beney

elle-même, théologienne de 55 ans, licenciée de la faculté de

Strasbourg, qui s'en explique dans Témoignage chrétien (sollicitée à

plusieurs reprises par La Croix, elle a préféré ne pas nous répondre

avant son «ordination»). Elle affirme cependant rester «dans la

communion spirituelle avec la communauté universelle » de l'Église

catholique.

 

Ce n'est pas l'avis de l'archevêque de Lyon, le cardinal Philippe

Barbarin, qui, après lui avoir envoyé personnellement une lettre,

estime, dans un communiqué «qu'il n'y a aucune vérité dans les mots

qui seront prononcés, ni dans les actes qui seront posés en cette

circonstance». 

 

Une situation estimée injuste

 

 

Geneviève Beney, mariée sans enfant, se situe dans la mouvance des sept

femmes «ordonnées» prêtres en juin 2002 sur le Danube, et qui avaient

été, par la suite, excommuniées latae sententiae (de fait) par

l'Église catholique. Après un an et demi de formation, elle-même

est devenue «diacre» en juin 2004. Affirmant ne pas souhaiter faire un

«coup médiatique», elle veut, dit-elle, lutter ainsi contre une

situation estimée injuste, «qui réserve aux seuls hommes célibataires la

prêtrise», et induit «l'inégalité des hommes et femmes en matière de

responsabilité ecclésiale».

 

Une «revendication un peu dépassée», aux yeux de Régine Maire, qui

estime que les femmes exercent aujourd'hui de nombreuses

responsabilités dans l'Église. «Quant au problème du ministère, il

dépasse d'ailleurs celui des femmes et concerne tous les laïcs engagés

dans l'Église», ajoute-t-elle.

 

De fait, une enquête réalisée par La Croix indiquait récemment que plus

d'un tiers des diocèses compte aujourd'hui des femmes dans leur

conseil épiscopal (sorte de conseil d'administration). Quant aux

enseignantes, dans les instituts de formation comme les universités

catholiques, elles sont nombreuses.

 

«Personnellement, je n'ai jamais éprouvé de mal à participer à des

responsabilités de la vie ecclésiale», témoigne une autre Lyonnaise,

Catherine Perrotin, enseignante en éthique à l'Institut catholique de

Lyon. Pour elle, il existe de multiples manières d'être associé, et

«la vraie question» porte plutôt sur la capacité à la collaboration

de ceux qui sont en place, capacité variable selon les évêques. «Le

ministère n'est pas un obstacle en soi», affirme-t-elle encore.

 

La lettre Ordinatio sacerdotalis a voulu figer la réponse

 

 

Il est vrai que, du côté du ministère, les choses semblent

aujourd'hui durablement figées. La lettre apostolique de Jean-Paul

II Ordinatio sacerdotalis (1994) a, en effet, confirmé, avec un degré

d'autorité plus grand, la déclaration Inter insignores de la

Congrégation pour la doctrine de la foi qui, en 1976, rejetait

l'ordination presbytérale des femmes. La lettre de 1994 avait, à

l'époque, été commentée par le cardinal Joseph Ratzinger comme

ayant un caractère «définitif» - ce sont ses termes.

 

«À partir du moment où l'on emploie le terme définitif, on place la

déclaration dans l'orbite de l'infaillibilité pontificale»,

analyse ainsi le P. Laurent Villemin, ecclésiologue à la Catho de Paris.

 

 

L'opposition à l'accès des femmes au ministère presbytéral repose,

selon ces deux documents, sur trois raisons. Tout d'abord, alors que

les femmes jouent un rôle décisif dans la vie de Jésus, le Christ a

choisi ses apôtres parmi les hommes. Ensuite, la tradition de l'Église

a toujours observé fidèlement ce choix du Christ. Enfin, le magistère ne

l'a jamais remis en cause.

 

Les deux déclarations ne s'engagent que sur ces arguments. On ne

trouve donc pas de considérations d'ordre symbolique concernant le

rôle du prêtre, (quand il célèbre l'Eucharistie, il agit in

«persona Christi»), ni la symbolique des épousailles entre le Christ

(représenté par le prêtre) et l'Église (l'épouse).

 

Pour sa part, le théologien dominicain Hervé Legrand (1), affirme

qu'il n'existe pas d'obstacle dans la Bible et la tradition à

ce que l'ordination puisse habiliter une femme à exercer une «charge

pastorale» (sans évoquer explicitement le presbytérat).

 

La question de l'ordination des femmes ne se pose d'ailleurs pas de

la même manière pour le diaconat et le presbytérat. La Commission

théologique internationale (dont le président n'est autre que le

préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi) a rendu en 2003

un avis ouvert sur l'accès des femmes au diaconat, en refusant de

trancher au regard de l'histoire. Avis particulièrement intéressant,

car jusqu'ici, s'agissant des femmes, on a beaucoup utilisé les

arguments de la tradition et du magistère.

 

Les premiers temps de l'Église ont en effet vu des femmes diacres.

Mais la Commission a estimé ne pouvoir savoir si leur implication

liturgique était alors de nature sacramentelle. Jusqu'ici, ni le pape,

ni la Congrégation pour la doctrine de la foi ne se sont prononcés sur

ce point.

 

Isabelle de GAULMYN

 

(1) «Traditio perpetuo servata ? La non-ordination des femmes :

tradition ou simple fait historique ?», dans Rituels. Mélanges offerts

au Père Gy, Paris, Cerf, 1990, pp. 393-416.

 

 

 Régine du Charlat
Religieuse auxiliatrice, théologienne


- La Croix : Comment recevez-vous ce qui s'est passé à Lyon, samedi, à savoir l'« ordination sacerdotale » d'une femme ?

-Régine du Charlat :
Savoir si le ministère ordonné est possible ou non pour les femmes est bien une question qui se pose. Mais je crois que la manière avec laquelle on répond à une question est fondamentale. Or, la manière choisie par Geneviève Beney , ce week-end, à Lyon, me semble irrecevable. D'abord, parce qu'on ne se donne pas à soi-même une mission. C'est l'Église qui donne la mission. Une compétence ne tient pas lieu de mission ! Ensuite, on ne peut faire dire à l'Église ce qu'elle ne dit pas. Même si on peut regretter qu'elle se trompe. De ce point de vue, la formule du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, expliquant qu'il n'y a « aucune vérité » dans cet acte me convient bien : il est contradictoire de revendiquer une ordination, c'est-à-dire, littéralement, une mission dans un cadre institutionnel donné, et en même temps de refuser de respecter l'organisation de cette institution.

- Oui, mais dans ce cas précis, pour une femme, c'est de toute façon impossible !

- Un geste qui n'est pas possible du dedans a-t-il une utilité si on le fait de l'extérieur ? Je ne crois pas. Surtout, nous sommes quand même dans une Église où les femmes peuvent accéder à des responsabilités. Les femmes actives dans l'Église sont nombreuses ; on les trouve partout, à des postes importants, engagées avec sérieux. La question de l'inégalité homme-femme n'est pas propre à l'Église, même si elle s'y pose, évidemment. Moi-même, j'ai eu à en souffrir ; j'ai dû patienter ; et je crois pouvoir dire que j'ai obtenu cette reconnaissance d'égalité. Ce qui m'a permis de patienter, c'est que j'ai toujours pensé qu'il était important d'apporter une réponse juste aux situations données.

- Femme ministre, c'est complètement exclu ?

- Tout dépend ce que l'on entend par « ministre ». Le mot ministère signifie service. Je peux dire que j'exerce un ministère, mais qui n'est pas un ministère ordonné. Il existe des milliers de femmes, en France, qui exercent un ministère. Le problème, c'est que le mot est utilisé couramment comme se référant à l'ordination.

- On a cependant le sentiment qu'aujourd'hui la réflexion sur le rôle et la place des femmes dans l'Église est bloquée ?

- Je n'ai pas d'idée sur ce qui serait bien ou pas bien, pour les femmes. Mais je crois qu'il y a aujourd'hui tout un chemin à parcourir, pour se poser la question de manière plus juste, et dépassionnée. D'abord, nous devons retravailler la symbolique du masculin et du féminin dans la Bible. Ainsi, lorsque saint Paul parle des hommes et des femmes (« femmes, soyez soumises... » Ep 5, 22), en réalité, il fait jouer le rapport féminin-masculin pour dire quelque chose du rapport de l'Église au Christ, et non de la situation de la femme par rapport à l'homme. Or, nous nous contentons d'une lecture sociologique. Sans explorer ce que cette symbolique biblique peut comporter comme richesse. La féminité dit quelque chose d'important de la foi, et de notre rapport à Dieu. À partir de là, il faudrait pouvoir sereinement réexplorer l'Écriture et la Tradition. Je plaide pour une relecture dépassionnée. On a quand même le droit de réinterpréter le texte biblique en fonction d'une époque. Mais encore une fois, il faut le faire avec justesse.

- Que répondre, cependant, lorsqu'une femme dit qu'elle se sent « appelée » à la prêtrise ?

- Mais un prêtre ne se décide pas de lui-même à être prêtre. Sans doute met-on trop l'accent, aujourd'hui, sur la dimension personnelle de la vocation. Un évêque, parfois, dit non à un candidat à la prêtrise. On peut se sentir appelé, on peut se proposer au sacerdoce, mais on ne peut « se le donner ». « Je ne fais rien de moi-même », dit le Christ lui-même (Jn, 8).

- De ce fait, l'Église ne donne-t elle pas le sentiment d'écarter les femmes des responsabilités ?

- Aborder la question du sacerdoce des femmes à partir de l'accès aux responsabilités, c'est confondre les plans. Le prêtre n'est pas celui qui décide de tout. Ce n'est pas un chef d'entreprise. Le ministère ne se définit pas par le pouvoir de décision, il est d'ordre sacramentel. C'est un signe destiné à signifier la présence du Christ. Si les femmes étaient ordonnées un jour, elles n'en acquerraient ni plus ni moins de pouvoir de décision. Je ne suis pas contre le pouvoir, mais ce n'est pas la définition du ministère.

- Refuser ce droit aux femmes, paraît « inaudible » dans notre société...

- Le ministère n'est pas un droit, c'est une mission ! Bien sûr qu'il existe encore un problème pour les femmes, et leur reconnaissance dans l'Église. Mais en ne posant que la question des « femmes prêtres », on isole un signe de l'ensemble. On ignore les cohérences internes à l'Église. Encore une fois, beaucoup de femmes, dans l'Église, sont en situation de responsabilité. Il est vrai que la télévision se contente trop souvent de renvoyer, comme image de l'Église, celle d'évêques place Saint-Pierre. Pourquoi ne parle-t-on pas des femmes à l'oeuvre dans l'Église ? Mais cela, sans doute, ce n'est pas médiatique...

Propos recueillis par Isabelle de GAULMYN

 

5                     Le Figaro

 

RELIGION Geneviève Beney a été excommuniée
L'Eglise inflexible après «l'ordination» d'une femme à Lyon

Élie Maréchal
[04 juillet 2005]

Tout sourire, Geneviève Beney a enfin obtenu ce qu'elle voulait : depuis samedi, elle est, dit-elle, «la première femme française ordonnée prêtre». La cérémonie s'est déroulée sur une péniche de tourisme naviguant au pied de la colline de Fourvière, siège de l'archevêché de Lyon, comme pour mieux narguer le primat des Gaules, le cardinal Philippe Barbarin.

Cette ordination «ne remplit aucune des conditions requises par l'Eglise catholique, avait fait savoir l'archevêque auparavant. Une telle cérémonie constituera sans équivoque un acte grave de rupture à l'égard de l'Eglise catholique.»

Geneviève Beney est donc excommuniée. Malgré les objurgations du prélat, une soixantaine de personnes sont venues s'embarquer pour relever le défi aux côtés de Geneviève Beney, âgée de 55 ans, épouse d'un protestant, sans enfant, domiciliée dans le Gard. Elle-même de dire : «Cette ordination est une transgression. Elle est une rupture avec une situation que je considère comme obsolète, car injuste envers les femmes, une situation qui maintient l'inégalité entre hommes et femmes en matière de responsabilités et prises de décisions ecclésiales.»

Trois femmes «évêques» - une Allemande, une Autrichienne, une Sud-Africaine - sont venues imposer les mains à l'impétrante. Les deux premières avaient fait partie des sept premières femmes «ordonnées» prêtres, en juin 2002, sur le Danube, par l'archevêque argentin Romulo Braschi, membre de l'Eglise catholique et apostolique charismatique du Christ-Roi, non reconnue par le Vatican, qui les avait rapidement excommuniées.

A de multiples reprises, l'Eglise catholique a récemment réaffirmé sa différence par rapport aux Eglises protestantes ou anglicane, qui ont des femmes pasteurs, prêtres, voire évêques. Jean-Paul II, dans sa lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis (1994), a confirmé que l'Eglise catholique «ne se considère pas autorisée à admettre les femmes à l'ordination sacerdotale» : cette position, insistait-il, doit être définitivement tenue par tous les fidèles». En 1995, le cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et futur Benoît XVI, coupait court au débat, apposant le sceau de l'infaillibilité sur ce refus.

La controverse n'a cependant pas cessé. En France, outre la revue contestataire Golias, l'association Femmes et Hommes en Eglise continue de revendiquer le sacerdoce féminin, et elle prépare un colloque à Paris pour janvier prochain sur cette question. A la fin de ce mois-ci, Toronto accueillera le IIe Congrès international pour l'ordination des femmes.

Au Canada, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, aux Pays-Bas et en Suède, une soixantaine de femmes se prépareraient à l'ordination. Pour Christine Mayr-Lumetzberger, fondatrice de l'initiative fem mes ministres ordonnées dans l'Eglise catholique et l'une des trois «évêques» à avoir ordonné samedi Geneviève Beney, il s'agit de renouer avec la tradition de l'Eglise primitive «dans laquelle femmes et hommes prenaient part à égalité dans le service et la direction de la communauté».