Revue
de Presse
1) Agence France Presse
LYON, 2 juil 2005 (AFP) - Une femme "ordonnée" prêtre à Lyon pour
la
première fois en France
Geneviève Beney est devenue samedi la première femme française
"ordonnée" prêtre, au cours d'une célébration organisée sur une
péniche à Lyon et présidée par trois femmes "évêques", un choix
qui
lui vaut une excommunication automatique de l'Eglise catholique.
La péniche a quitté l'embarcadère peu après 17H00 et commencé à
remonter la Saône, près de la colline de Fourvière, alors que les
quelque 60 personnes admises à bord -- dont une poignée de journalistes
triés sur le volet -- entonnaient le premier chant de la célébration.
Petite femme discrète de 55 ans, mariée à un protestant et sans enfant,
Geneviève Beney, vêtue d'une ample robe d'été orange, a choisi
d'embarquer sans prononcer un mot, laissant une porte-parole lire une
déclaration.
"Notre transgression de femmes ordonnées est légitime car c'est une
question de dignité humaine (...) Pouvoir répondre en libre choix à
l'appel reçu est un droit inaliénable", expliquait le texte.
Les trois "évêques", une Allemande, une Autrichienne et une
Sud-Africaine, toutes déjà excommuniées, c'est-à-dire interdites de
sacrements mais pas exclues de l'Eglise, ont pour leur part répondu
pendant près de deux heures à la presse, vêtues de l'aube blanche des
célébrants recouverte d'une chasuble et d'une étole en soie rouge.
Les deux premières avaient fait partie des sept premières femmes
"ordonnées" prêtres en juin 2002 sur le Danube par l'archevêque
argentin
Romulo Braschi, membre de l'Eglise catholique et apostolique
charismatique du Christ-Roi, non reconnue par le Vatican qui les avait
rapidement excommuniées.
"Nous sommes venus à Lyon parce que c'est la ville des premiers
martyrs
de Gaule. Martyr, cela veut dire témoin, et notre engagement se veut un
témoignage, quoi qu'il nous en coûte de douleurs, d'agressions, de
solitude", a expliqué l'Allemande Gisela Forster.
Les "évêques" ont expliqué que toutes les ordinations de femmes
se
tenaient sur un bateau pour rappeler celui où Jésus avait appelé ses
deux premiers apôtres, et pour symboliser la fragilité de leur position
dans l'Eglise.
"Mais nous aimons l'Eglise catholique. Elle a perdu sa philosophie
originelle, elle s'est trop focalisée sur la sexualité. Mais c'est notre
Eglise, et on n'abandonne pas une amie malade", a ajouté Gisela
Forster.
Mariée et installée à Munich, Gisela Forster célèbre la messe
régulièrement avec des groupes de passage, confesse ceux qui le
souhaitent, bénit des mariages, baptise des enfants, accompagne des
mourants... mais ses actes ne sont pas valides au regard de l'Eglise
catholique.
L'archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, qui n'a pas souhaité
réagir après la célébration, avait demandé mercredi à Mme Beney de
renoncer à cet "acte grave de rupture". "Il n'y aura, en
effet, aucune
vérité dans les mots qui seront prononcés, ni dans les actes qui
seront posés", avait affirmé le cardinal.
"L'un des moyens de changer une loi injuste, c'est de la violer",
a
répondu la Sud-africaine Patricia Fresen, ancienne religieuse
dominicaine, qui vit à Munich, où elle est chargée de la formation des
futures femmes prêtres.
Une dizaine de femmes au total ont déjà été "ordonnées" prêtres,
et 65
autres sont en formation pour le devenir, selon Mme Fresen. Une autre
"ordination" de femmes doit avoir lieu le 25 juillet sur un
bateau-mouche au milieu du Saint-Laurent, entre le Canada et les
Etats-Unis.
La cérémonie d'"ordination" de Geneviève Beney, la première femme
prêtre française, a débuté samedi vers 17H15, sur une péniche, à
Lyon, présidée par trois femmes "évêques" excommuniées, a
constaté une
journaliste de l'AFP.
Avec plus d'une heure de retard, la péniche a quitté l'embarcadère et
commencé à remonter la Saône, près de la colline de Fourvière, alors que
les quelque 60 personnes admises à bord -- dont une poignée de
journalistes triés sur le volet -- entonnaient le premier chant de la
célébration.
Auparavant, les trois "évêques", une Allemande, une Autrichienne
et une
Sud-africaine, avaient expliqué leur geste, à la fois "réponse à un
appel de Dieu" et "acte de protestation", au cours d'une
conférence de
presse.
Geneviève Beney, 55 ans, mariée à un protestant et sans enfant, est
montée discrètement sur la péniche, vêtue d'une ample robe d'été orange,
se refusant à tout commentaire.
L'Eglise catholique romaine refuse l'ordination des femmes. Si la
célébration, qui devrait durer deux heures, se poursuit jusqu'à
son terme, Geneviève Beney sera automatiquement excommuniée,
c'est-à-dire interdite de sacrements mais pas exclue de l'Eglise.
Selon les trois célébrantes, une dizaine de femmes au total ont déjà été
"ordonnées" prêtres depuis la première cérémonie, qui avait eu lieu
en
2002 sur le Danube entre l'Allemagne et l'Autriche, et environ 65 autres
femmes sont actuellement en formation pour le devenir.
Une autre "ordination" de femmes doit avoir lieu le 25 juillet
sur un
bateau-mouche au milieu du Saint-Laurent, entre le Canada et les
Etats-Unis.
*--
LYON, 2 juil 2005 (AFP) - "Ordination" d'une femme prêtre à Lyon:
la
cérémonie a débuté
La cérémonie d'"ordination" de Geneviève Beney, la première femme
prêtre française, a débuté samedi vers 17H15, sur une péniche, à
Lyon, présidée par trois femmes "évêques" excommuniées, a
constaté une
journaliste de l'AFP.
Avec plus d'une heure de retard, la péniche a quitté l'embarcadère et
commencé à remonter la Saône, près de la colline de Fourvière, alors que
les quelque 60 personnes admises à bord -- dont une poignée de
journalistes triés sur le volet -- entonnaient le premier chant de la
célébration.
Auparavant, les trois "évêques", une Allemande, une Autrichienne
et une
Sud-africaine, avaient expliqué leur geste, à la fois "réponse à un
appel de Dieu" et "acte de protestation", au cours d'une
conférence de
presse.
Geneviève Beney, 55 ans, mariée à un protestant et sans enfant, est
montée discrètement sur la péniche, vêtue d'une ample robe d'été orange,
se refusant à tout commentaire.
L'Eglise catholique romaine refuse l'ordination des femmes. Si la
célébration, qui devrait durer deux heures, se poursuit jusqu'à
son terme, Geneviève Beney sera automatiquement excommuniée,
c'est-à-dire interdite de sacrements mais pas exclue de l'Eglise.
Selon les trois célébrantes, une dizaine de femmes au total ont déjà été
"ordonnées" prêtres depuis la première cérémonie, qui avait eu
lieu en
2002 sur le Danube entre l'Allemagne et l'Autriche, et environ 65 autres
femmes sont actuellement en formation pour le devenir.
Une autre "ordination" de femmes doit avoir lieu le 25 juillet
sur un
bateau-mouche au milieu du Saint-Laurent, entre le Canada et les
Etats-Unis.
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LYON, 2 juil 2005 (AFP) - Pas de femmes prêtres, popes ou imams, mais
des femmes pasteurs ou rabbins
L'Eglise catholique romaine, tout en affirmant le rôle et la dignité
des femmes en son sein, refuse catégoriquement de les voir présider au
culte, une position que partagent les orthodoxes et les musulmans, mais
pas tous les juifs et les protestants.
Alors que de nombreux mouvements réformateurs ou contestataires
soulèvent la question depuis des années, Jean Paul II a pris
solennellement position en mai 1994 dans une lettre apostolique,
"Ordinatio Sacerdotalis".
"L'Eglise n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination
sacerdotale à des femmes et cette position doit être définitivement
tenue par tous les fidèles de l'Eglise", précisait la lettre, frappée
selon le cardinal Josef Ratzinger, devenu Benoît XVI, du sceau de
l'infaillibilité pontificale.
Les femmes, comme tous les laïcs, peuvent donc enseigner le catéchisme,
animer des prières, présider des funérailles ou être aumônier de prison,
mais seuls les prêtres peuvent prêcher et célébrer les sacrements
(communion, baptême, mariage...).
L'Eglise explique que Jésus n'a choisi que des hommes pour apôtres et
que lorsqu'un prêtre célèbre la messe, il refait les gestes de la Cène,
et représente ainsi le Christ sur terre. Or, le Christ était un homme.
Parmi les autres Eglises chrétiennes, la majorité des protestants et
les anglicans ont commencé à partir des années 1950 à nommer des femmes
pasteurs, puis évêques. En revanche, les orthodoxes refusent les femmes
popes.
Les communautés juives libérales, qui représentent un peu plus du quart
des juifs dans le monde, ordonnent des femmes rabbins.
Chez les musulmans, il n'y a pas de femmes imams.
2) Le Monde
LE MONDE | 04.07.05 | 13h55 . Mis à jour le 04.07.05 | 13h55
LYON de notre envoyé spécial
Elles se font un brin de maquillage et mettent du rouge à lèvres avant
d'affronter les caméras. Puis enfilent une aube blanche et une chasuble de soie
rouge, qu'elles ont peintes elles-mêmes et, autour du cou, une étole. Gisela
Forster, qui est Allemande, Christine Mayr-Lumetzberger, Autrichienne, Patricia
Freisen, Sud-Africaine en rupture avec l'ordre dominicain, sont trois femmes
"évêques" excommuniées par leur Eglise catholique depuis leur
"consécration" en juin 2002. Elles sont à Lyon, samedi 2 juillet,
pour ordonner, à bord d'une péniche, la première femme prêtre française,
Geneviève Beney, 56 ans, mariée, militante associative, après un bagage de
théologie.
Leur anneau pastoral, leur croix pectorale scintillent au soleil, face à la
meute des photographes et des cameramen. Et un bouquet de fleurs sur lequel on
peut lire le mot "Egalité". "On se croirait au mariage du couple
homosexuel de Bègles", ironise un prêtre lyonnais. Geneviève Beney,
l'héroïne du jour, arrive à la dernière minute, fuit les caméras, boycotte la
conférence de presse qu'elle a convoquée, s'enfuit dans la cale de la péniche
où, à travers les hublots, sans retenue, les photographes continuent de la
traquer.
Premier paradoxe pour une cérémonie d'ordination sacerdotale : il y a plus
de caméras et de micros que de fidèles. Ceux-ci une soixantaine montent à
bord avec dévotion, venus d'Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas, d'Autriche,
de France, de Suisse, témoins âgés de tous les combats menés et perdus
contre Rome pour la "fin des discriminations" et contre "l'oppression sexiste" .
Parmi eux, deux prêtres mariés, aussi en rupture de ban avec leur Eglise. Le
seul journaliste autorisé à monter à bord est le directeur de Golias , bulletin
de cette paroisse des mécontents.
Sous les cantiques des fidèles, Geneviève Beney sera ordonnée prêtre entre
Rhône et Saône, dans cette péniche promue symbole de la situation d'errance de
ces femmes marginales. Une cérémonie de cinq heures selon le rituel classique
de l'Eglise, avec litanies, psaumes, prosternation, imposition des mains par
les femmes "évêques". Autant de gestes, bien sûr, invalides. Le
cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, avait prévenu la veille : un tel passage
à l'acte signifie une rupture avec l'Eglise. Geneviève Beney a été excommuniée
d'office, sans qu'il y ait besoin de procédure supplémentaire.
Elle conteste cette sanction. Elle s'estime toujours "dans la
communion spirituelle avec la communauté universelle" . Elle a laissé un
texte à la presse dans lequel elle se dit consciente d'avoir commis un
"acte de transgression".
Mais, précise-t-elle, c'est une transgression "légitime" ,
pour répondre à une situation "obsolète" . Les trois
"évêques" ont expliqué que toutes les voies étant bouchées pour
promouvoir le rôle des femmes dans l'Eglise, il ne leur restait plus que
l'illégalité et la clandestinité. "L'un des moyens de changer une loi
injuste est de la violer" , affirme Patricia Freisen. Mais sans changer
d'Eglise : "On ne q uitte pas une amie qui est malade."
Pour cette première en France, elles ont choisi Lyon, l'ancienne capitale
des Gaules, la ville des premiers martyrs chrétiens. Car elles disent vivre
"u ne histoire d'isolement et de grandes souffrances" . Ces femmes
célèbrent la messe une fois par mois avec des pasteurs protestants , des
baptêmes, des mariages, des enterrements. Mais refusent de dire quels évêques
les ont consacrées : des hommes " en règle avec le Vatican" ,
affirment-elles, mais, de source sûre, on sait qu'il s'agit de Romulo Brascho,
"archevêque" argentin, membre
de l'Eglise apostolique et charismatique du Christ-Roi, non reconnue par Rome.
Pour elles, cet "acte prophétique" est l'amorce d'un mouvement :
65 femmes catholiques dans le monde seraient en train de se préparer au
sacerdoce, dont 40 Américaines 9 seront ordonnées, le 25 juillet, sur le
fleuve Saint-Laurent, au Canada et une vingtaine d'Européennes (Allemagne,
Autriche, Pays-Bas, Suède, Suisse, etc.). Gisela Forster, qui vient du diocèse
de Munich, prétend avoir échangé une correspondance avec le cardinal Ratzinger,
futur Benoît XVI, ancien collègue de son mari à la faculté de théologie.
"Ratzinger m'aime, je l'aime. Ne suis-je pas une femme merveilleuse
?" , dit-elle en riant avant de monter sur la péniche. A l'entendre, une
nouvelle "Eglise des catacombes"
est en train de naître. Comme aux premiers temps chrétiens.
Henri Tincq
Article paru dans l'édition du 05.07.05
Mascarade
LE MONDE | 04.07.05 | 13h55 . Mis à jour le 04.07.05 | 13h55
Sans doute la liste des injustices et des oppressions subies par les femmes
dans l'histoire de l'Eglise catholique est-elle inépuisable. Aucune autre
institution n'est aussi massivement masculine, à son sommet et dans sa
mentalité, aussi étrangère aux revendications modernes de parité. "Où est
donc ici la moitié de l'humanité ? " , s'écriait déjà un évêque lors du
concile Vatican II, au début des années 1960.
L'Eglise souffre d'un manque de prêtres, s'épuise à trouver des palliatifs,
s'arc-boute sur des arguments de tradition et d'autorité pour verrouiller
l'accès des ministères ordonnés, "exclusivement réservés aux hommes"
, martelait Jean Paul II en 1994.
Pourtant, s'il est vrai que Jésus-Christ n'a choisi pour apôtres que des
hommes, rien, dans les Evangiles, n'indique qu'il a interdit aux femmes, dont
il était très entouré, d'exercer une fonction sacerdotale.
Mais ces ordinations sauvages, hypermédiatisées, où le goût de la
provocation, de la clandestinité et le choix de l'illégalité tiennent lieu
d'arguments théologiques, sont-elles le meilleur moyen de faire avancer la
cause des femmes ?
Dans la tradition catholique, on se propose au sacerdoce. On ne se le donne
pas. Et l'on est prêtre pour un "peuple" . Mais où est le peuple de
ces femmes "évêques" et "prêtres" sans fidèles, ordonnées
par des clercs en rupture avec leur Eglise ? On est ici plus près de la
mascarade que de l'acte prophétique.
D'autres femmes ont choisi de rester et de mener sans bruit le combat
féministe. Elles enseignent dans les grandes universités, assurent la
transmission de la foi aux jeunes générations, sont à la pointe du mouvement
qui pousse les laïcs (non-clercs) non sans résistance aux avant-postes de
l'Eglise, préparent les baptêmes, les mariages, les enterrements, sont aumônières
dans les prisons, les hôpitaux, les lycées.
On dira que ce sont des lots de consolation. Mais le sacerdoce n'est pas le
tout de la responsabilité chrétienne. Il y a une réflexion à reprendre sur
l'avenir des ministères ordonnés, mais la provocation est le meilleur moyen de
la retarder.
H. T.
Article paru dans l'édition du 05.07.05
3) Libération
A Lyon, la «mère Geneviève» hérisse le cardinal
Première ordination illégale d'une femme prêtre en
France, samedi.
Par Alice GERAUD
vendredi 01 juillet 2005
Lyon correspondance
eneviève Beney, dame
catholique de 56 ans, fait voir rouge le cardinal Philippe Barbarin, archevêque
de Lyon. Bravant la loi de l'Eglise, elle s'apprête à se faire ordonner prêtre
par deux évêques femmes, elles aussi ordonnées illégalement (au regard du droit
canon) en juin 2002. Toutes se réclament du mouvement Women Ordination World
Wide, courant contestataire au sein de l'Eglise catholique. La cérémonie, une
première en France, aura lieu samedi à Lyon à bord d'un bateau loué. «Le
bateau, c'est un symbole très présent dans la Bible. Comme l'Arche de Noé,
c'est un lieu d'accueil», dit Elfride Hart, l'une des fondatrices du
mouvement. Etre sur un bateau nous permet aussi d'échapper aux pressions de
l'épiscopat. Les églises ne sont pas vraiment prêtes à nous ouvrir leurs
portes.»
Avant
d'embarquer, elle a prévu d'organiser une conférence de presse et d'inviter
plusieurs évêques femmes, un prêtre néerlandais, et des membres du mouvement
venus de toute l'Europe à l'investiture de la première femme prêtre de France. «Prétendue
femme prêtre, précise l'archevêché qui n'hésite pas à qualifier
l'initiative d'«acte grave». Selon le père Vincent Feroldi, porte-parole
du diocèse, «cette ordination est une parodie d'ordination». Mercredi,
le cardinal Barbarin a prévenu la contrevenante qu'elle encourait
l'excommunication. Réaction à laquelle s'attend Geneviève Beney. En juin 2002,
sept femmes, quatre Allemandes, deux Autrichiennes et une Américaine, qui
s'étaient fait ordonner prêtres sur le Danube avaient subi le même sort.
Jointe par
téléphone il y a quelques semaines, Geneviève Beney expliquait qu'elle ne
souhaitait pas se mettre «en position de rupture avec l'Eglise». «Il
s'agit d'un acte symbolique pour tenter de faire avancer les choses et faire en
sorte que l'Eglise vive enfin avec son temps», expliquait-elle. Geneviève
Beney n'a pas toujours été militante pour la réforme de l'Eglise. Née à Paris
dans une famille catholique «modeste», elle était prof de gym et de
danse avant de tout plaquer pour étudier la théologie à Strasbourg. Elle dit
avoir ensuite cherché sa place dans l'Eglise, sans parvenir à la trouver. A la
fin des années 80, elle s'est installée dans le Gard où elle a rencontré son
mari, un protestant. Dans leur village de Saint-Victor-des-Oules (Gard), elle
propose ses services à la paroisse. Lorsqu'elle est devenue diacre l'an
dernier, l'évêque de Nîmes lui avait envoyé un avertissement. Geneviève Beney
n'en a pas tenu compte : «Ma décision est l'aboutissement de tout un cheminement
personnel, je ne pouvais pas m'arrêter là.»
http://www.liberation.fr/pagephp?Article=308113
4) La Croix
Publié le 30-06-2005 sur le site www.la-croix.com
Une Française revendique
l'ordination
Geneviève Beney serait «ordonnée» prêtre à l'occasion d'une
cérémonie organisée sur une péniche à Lyon, samedi 2 juillet, acte
déjà condamné par l'Église catholique
Haussement d'épaules. Régine Maire, membre du conseil épiscopal de
l'archevêché de Lyon, refuse d'accorder trop d'attention à ce
qu'elle appelle une «transgression». À savoir la cérémonie
d'«ordination» sacerdotale d'une femme, Geneviève Beney,
samedi 2 juillet à Lyon sur une péniche.
Le mot de «transgression» est d'ailleurs utilisé par Geneviève Beney
elle-même, théologienne de 55 ans, licenciée de la faculté de
Strasbourg, qui s'en explique dans Témoignage chrétien (sollicitée à
plusieurs reprises par La Croix, elle a préféré ne pas nous répondre
avant son «ordination»). Elle affirme cependant rester «dans la
communion spirituelle avec la communauté universelle » de l'Église
catholique.
Ce n'est pas l'avis de l'archevêque de Lyon, le cardinal Philippe
Barbarin, qui, après lui avoir envoyé personnellement une lettre,
estime, dans un communiqué «qu'il n'y a aucune vérité dans les mots
qui seront prononcés, ni dans les actes qui seront posés en cette
circonstance».
Une situation estimée injuste
Geneviève Beney, mariée sans enfant, se situe dans la mouvance des sept
femmes «ordonnées» prêtres en juin 2002 sur le Danube, et qui avaient
été, par la suite, excommuniées latae sententiae (de fait) par
l'Église catholique. Après un an et demi de formation, elle-même
est devenue «diacre» en juin 2004. Affirmant ne pas souhaiter faire un
«coup médiatique», elle veut, dit-elle, lutter ainsi contre une
situation estimée injuste, «qui réserve aux seuls hommes célibataires la
prêtrise», et induit «l'inégalité des hommes et femmes en matière de
responsabilité ecclésiale».
Une «revendication un peu dépassée», aux yeux de Régine Maire, qui
estime que les femmes exercent aujourd'hui de nombreuses
responsabilités dans l'Église. «Quant au problème du ministère, il
dépasse d'ailleurs celui des femmes et concerne tous les laïcs engagés
dans l'Église», ajoute-t-elle.
De fait, une enquête réalisée par La Croix indiquait récemment que plus
d'un tiers des diocèses compte aujourd'hui des femmes dans leur
conseil épiscopal (sorte de conseil d'administration). Quant aux
enseignantes, dans les instituts de formation comme les universités
catholiques, elles sont nombreuses.
«Personnellement, je n'ai jamais éprouvé de mal à participer à des
responsabilités de la vie ecclésiale», témoigne une autre Lyonnaise,
Catherine Perrotin, enseignante en éthique à l'Institut catholique de
Lyon. Pour elle, il existe de multiples manières d'être associé, et
«la vraie question» porte plutôt sur la capacité à la collaboration
de ceux qui sont en place, capacité variable selon les évêques. «Le
ministère n'est pas un obstacle en soi», affirme-t-elle encore.
La lettre Ordinatio sacerdotalis a voulu figer la réponse
Il est vrai que, du côté du ministère, les choses semblent
aujourd'hui durablement figées. La lettre apostolique de Jean-Paul
II Ordinatio sacerdotalis (1994) a, en effet, confirmé, avec un degré
d'autorité plus grand, la déclaration Inter insignores de la
Congrégation pour la doctrine de la foi qui, en 1976, rejetait
l'ordination presbytérale des femmes. La lettre de 1994 avait, à
l'époque, été commentée par le cardinal Joseph Ratzinger comme
ayant un caractère «définitif» - ce sont ses termes.
«À partir du moment où l'on emploie le terme définitif, on place la
déclaration dans l'orbite de l'infaillibilité pontificale»,
analyse ainsi le P. Laurent Villemin, ecclésiologue à la Catho de Paris.
L'opposition à l'accès des femmes au ministère presbytéral repose,
selon ces deux documents, sur trois raisons. Tout d'abord, alors que
les femmes jouent un rôle décisif dans la vie de Jésus, le Christ a
choisi ses apôtres parmi les hommes. Ensuite, la tradition de l'Église
a toujours observé fidèlement ce choix du Christ. Enfin, le magistère ne
l'a jamais remis en cause.
Les deux déclarations ne s'engagent que sur ces arguments. On ne
trouve donc pas de considérations d'ordre symbolique concernant le
rôle du prêtre, (quand il célèbre l'Eucharistie, il agit in
«persona Christi»), ni la symbolique des épousailles entre le Christ
(représenté par le prêtre) et l'Église (l'épouse).
Pour sa part, le théologien dominicain Hervé Legrand (1), affirme
qu'il n'existe pas d'obstacle dans la Bible et la tradition à
ce que l'ordination puisse habiliter une femme à exercer une «charge
pastorale» (sans évoquer explicitement le presbytérat).
La question de l'ordination des femmes ne se pose d'ailleurs pas de
la même manière pour le diaconat et le presbytérat. La Commission
théologique internationale (dont le président n'est autre que le
préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi) a rendu en 2003
un avis ouvert sur l'accès des femmes au diaconat, en refusant de
trancher au regard de l'histoire. Avis particulièrement intéressant,
car jusqu'ici, s'agissant des femmes, on a beaucoup utilisé les
arguments de la tradition et du magistère.
Les premiers temps de l'Église ont en effet vu des femmes diacres.
Mais la Commission a estimé ne pouvoir savoir si leur implication
liturgique était alors de nature sacramentelle. Jusqu'ici, ni le pape,
ni la Congrégation pour la doctrine de la foi ne se sont prononcés sur
ce point.
Isabelle de GAULMYN
(1) «Traditio perpetuo servata ? La non-ordination des femmes :
tradition ou simple fait historique ?», dans Rituels. Mélanges offerts
au Père Gy, Paris, Cerf, 1990, pp. 393-416.
Régine du Charlat
Religieuse auxiliatrice, théologienne
- La Croix : Comment recevez-vous ce qui s'est passé à Lyon, samedi,
à savoir l'« ordination sacerdotale » d'une femme ?
-Régine du Charlat : Savoir si le ministère ordonné est possible ou non
pour les femmes est bien une question qui se pose. Mais je crois que la manière
avec laquelle on répond à une question est fondamentale. Or, la manière choisie
par Geneviève Beney , ce week-end, à Lyon, me semble irrecevable. D'abord,
parce qu'on ne se donne pas à soi-même une mission. C'est l'Église qui donne la
mission. Une compétence ne tient pas lieu de mission ! Ensuite, on ne peut
faire dire à l'Église ce qu'elle ne dit pas. Même si on peut regretter qu'elle
se trompe. De ce point de vue, la formule du cardinal Philippe Barbarin,
archevêque de Lyon, expliquant qu'il n'y a « aucune vérité » dans cet acte me
convient bien : il est contradictoire de revendiquer une ordination,
c'est-à-dire, littéralement, une mission dans un cadre institutionnel donné, et
en même temps de refuser de respecter l'organisation de cette institution.
- Oui, mais dans ce cas précis, pour une femme, c'est de toute façon
impossible !
- Un geste qui n'est pas possible du dedans a-t-il une utilité si on le fait de
l'extérieur ? Je ne crois pas. Surtout, nous sommes quand même dans une Église
où les femmes peuvent accéder à des responsabilités. Les femmes actives dans
l'Église sont nombreuses ; on les trouve partout, à des postes importants,
engagées avec sérieux. La question de l'inégalité homme-femme n'est pas propre
à l'Église, même si elle s'y pose, évidemment. Moi-même, j'ai eu à en souffrir
; j'ai dû patienter ; et je crois pouvoir dire que j'ai obtenu cette
reconnaissance d'égalité. Ce qui m'a permis de patienter, c'est que j'ai
toujours pensé qu'il était important d'apporter une réponse juste aux
situations données.
- Femme ministre, c'est complètement exclu ?
- Tout dépend ce que l'on entend par « ministre ». Le mot ministère signifie
service. Je peux dire que j'exerce un ministère, mais qui n'est pas un
ministère ordonné. Il existe des milliers de femmes, en France, qui exercent un
ministère. Le problème, c'est que le mot est utilisé couramment comme se
référant à l'ordination.
- On a cependant le sentiment qu'aujourd'hui la réflexion sur le rôle et la
place des femmes dans l'Église est bloquée ?
- Je n'ai pas d'idée sur ce qui serait bien ou pas bien, pour les femmes. Mais
je crois qu'il y a aujourd'hui tout un chemin à parcourir, pour se poser la
question de manière plus juste, et dépassionnée. D'abord, nous devons retravailler
la symbolique du masculin et du féminin dans la Bible. Ainsi, lorsque saint
Paul parle des hommes et des femmes (« femmes, soyez soumises... » Ep 5, 22),
en réalité, il fait jouer le rapport féminin-masculin pour dire quelque chose
du rapport de l'Église au Christ, et non de la situation de la femme par
rapport à l'homme. Or, nous nous contentons d'une lecture sociologique. Sans
explorer ce que cette symbolique biblique peut comporter comme richesse. La
féminité dit quelque chose d'important de la foi, et de notre rapport à Dieu. À
partir de là, il faudrait pouvoir sereinement réexplorer l'Écriture et la
Tradition. Je plaide pour une relecture dépassionnée. On a quand même le droit
de réinterpréter le texte biblique en fonction d'une époque. Mais encore une
fois, il faut le faire avec justesse.
- Que répondre, cependant, lorsqu'une femme dit qu'elle se sent « appelée »
à la prêtrise ?
- Mais un prêtre ne se décide pas de lui-même à être prêtre. Sans doute met-on
trop l'accent, aujourd'hui, sur la dimension personnelle de la vocation. Un
évêque, parfois, dit non à un candidat à la prêtrise. On peut se sentir appelé,
on peut se proposer au sacerdoce, mais on ne peut « se le donner ». « Je ne
fais rien de moi-même », dit le Christ lui-même (Jn, 8).
- De ce fait, l'Église ne donne-t elle pas le sentiment d'écarter les femmes
des responsabilités ?
- Aborder la question du sacerdoce des femmes à partir de l'accès aux
responsabilités, c'est confondre les plans. Le prêtre n'est pas celui qui
décide de tout. Ce n'est pas un chef d'entreprise. Le ministère ne se définit
pas par le pouvoir de décision, il est d'ordre sacramentel. C'est un signe
destiné à signifier la présence du Christ. Si les femmes étaient ordonnées un
jour, elles n'en acquerraient ni plus ni moins de pouvoir de décision. Je ne
suis pas contre le pouvoir, mais ce n'est pas la définition du ministère.
- Refuser ce droit aux femmes, paraît « inaudible » dans notre société...
- Le ministère n'est pas un droit, c'est une mission ! Bien sûr qu'il existe
encore un problème pour les femmes, et leur reconnaissance dans l'Église. Mais
en ne posant que la question des « femmes prêtres », on isole un signe de
l'ensemble. On ignore les cohérences internes à l'Église. Encore une fois,
beaucoup de femmes, dans l'Église, sont en situation de responsabilité. Il est
vrai que la télévision se contente trop souvent de renvoyer, comme image de
l'Église, celle d'évêques place Saint-Pierre. Pourquoi ne parle-t-on pas des
femmes à l'oeuvre dans l'Église ? Mais cela, sans doute, ce n'est pas
médiatique...
Propos recueillis par Isabelle de GAULMYN
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Le Figaro
RELIGION Geneviève Beney a été excommuniée
L'Eglise inflexible après «l'ordination» d'une femme à Lyon
Élie Maréchal
[04 juillet 2005]
Tout
sourire, Geneviève Beney a enfin obtenu ce qu'elle voulait : depuis samedi,
elle est, dit-elle, «la première femme française ordonnée prêtre». La
cérémonie s'est déroulée sur une péniche de tourisme naviguant au pied de la
colline de Fourvière, siège de l'archevêché de Lyon, comme pour mieux narguer
le primat des Gaules, le cardinal Philippe Barbarin.
Cette
ordination «ne remplit aucune des conditions requises par l'Eglise
catholique, avait fait savoir l'archevêque auparavant. Une telle
cérémonie constituera sans équivoque un acte grave de rupture à l'égard de
l'Eglise catholique.»
Geneviève
Beney est donc excommuniée. Malgré les objurgations du prélat, une soixantaine
de personnes sont venues s'embarquer pour relever le défi aux côtés de
Geneviève Beney, âgée de 55 ans, épouse d'un protestant, sans enfant,
domiciliée dans le Gard. Elle-même de dire : «Cette ordination est une
transgression. Elle est une rupture avec une situation que je considère comme
obsolète, car injuste envers les femmes, une situation qui maintient
l'inégalité entre hommes et femmes en matière de responsabilités et prises de
décisions ecclésiales.»
Trois
femmes «évêques» - une Allemande, une Autrichienne, une Sud-Africaine - sont
venues imposer les mains à l'impétrante. Les deux premières avaient fait partie
des sept premières femmes «ordonnées» prêtres, en juin 2002, sur le Danube, par
l'archevêque argentin Romulo Braschi, membre de l'Eglise catholique et
apostolique charismatique du Christ-Roi, non reconnue par le Vatican, qui les
avait rapidement excommuniées.
A de
multiples reprises, l'Eglise catholique a récemment réaffirmé sa différence par
rapport aux Eglises protestantes ou anglicane, qui ont des femmes pasteurs,
prêtres, voire évêques. Jean-Paul II, dans sa lettre apostolique Ordinatio
sacerdotalis (1994), a confirmé que l'Eglise catholique «ne se considère
pas autorisée à admettre les femmes à l'ordination sacerdotale» : cette
position, insistait-il, doit être définitivement tenue par tous les
fidèles». En 1995, le cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la
doctrine de la foi et futur Benoît XVI, coupait court au débat, apposant le
sceau de l'infaillibilité sur ce refus.
La
controverse n'a cependant pas cessé. En France, outre la revue contestataire
Golias, l'association Femmes et Hommes en Eglise continue de revendiquer le
sacerdoce féminin, et elle prépare un colloque à Paris pour janvier prochain
sur cette question. A la fin de ce mois-ci, Toronto accueillera le IIe
Congrès international pour l'ordination des femmes.
Au
Canada, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, aux Pays-Bas et
en Suède, une soixantaine de femmes se prépareraient à l'ordination. Pour
Christine Mayr-Lumetzberger, fondatrice de l'initiative fem mes ministres
ordonnées dans l'Eglise catholique et l'une des trois «évêques» à avoir ordonné
samedi Geneviève Beney, il s'agit de renouer avec la tradition de l'Eglise
primitive «dans laquelle femmes et hommes prenaient part à égalité dans le
service et la direction de la communauté».