SAINT FRANÇOIS presque au bout de la Grande Terre, Saint-François est une délicieuse petite bourgade de pêcheurs, à vocation touristique. C'est en effet en 1974, après la fermeture de la sucrerie Sainte-Marthe, qu'on se mit à miser sur le tourisme. II faut dire que les lieux s'y prêtent : la côte est sèche et très ensoleillée sur ce plateau calcaire qui éperonne l'atlantique. Le littoral abrite d'adorables petites plages quasiment inviolées; au Sud, il faut s'éloigner de la route et mériter alors la plage de Bois Jolan ou l'Anse à la Barque; côté Nord-Est la mer se fait parfois impétueuse comme à la plage de l'Anse à la Gourde mais les barrières de récifs sous-marins savent en tempérer la violence et réserver au visiteur ébahi une vision à la beauté intense ; à la plage de l'Anse à l'eau seuls les arbres tordus peuvent témoigner de la violence du vent... la mer est si bleue, si calme, si douce. o Un joli bourg Mais le bourg de Saint-François a su rester typique même si la région est devenue l'un des principaux pôles touristiques de la Guadeloupe, aux installations de qualité. Le petit cimetière Indien, avant l'entrée du bourg, signe la forte concentration de cette population dans ce secteur. Plus d'un tiers des habitants descendent de ces immigrants arrivés dans la moitié du XIXe siècle. Le cimetière est émouvant dans sa simplicité, la mer murmure tout à côté : certaines sépultures très modestes sont à même le sable blond éblouissant dans le soleil. D'autres tombes plus imposantes sont carrelées de rose ou de bleu. Des flamboyants et des amandiers-pays gardent les lieux. La plage dite "des raisins clairs', ombragée par des raisiniers bord de mer, conduit jusqu'au village lui-même. Saint-françois vit surtout de la pêche. pêche. (plus d'une centaine d'embarcations pour 1 /10e de la production guadeloupéenne). Le village a quelque chose de "tranquillement désuet" autour d'un trio place centrale ombragée, mairie et vieille église. Quand nous avons visité les lieux, à l'heure de midi, les fenêtres de la vaste salle de prières de style colonial étaient largement ouvertes. Des chants montaient jusqu'à nous, les fidèles endimanchés communiaient pieusement ; derrière le maître autel, une grande fresque aux motifs naïfs sur fond bleu, manifestement récente, célèbre "la miséricorde de Dieu". Tout autour, la petite ville s'était assoupie, prise par une douce léthargie. Le temps était arrêté sous le soleil ardent.
Plus on roule vers l'Est et plus le plateau se rétrécit. 10 km après Saint-françois, on est au bout du monde, plus exactement à la Pointe des Châteaux. La presqu'île qui s'avance dans l'Atlantique est un fin éperon de calcaire, écrasé par un soleil intense. Ici la végétation subit la violence des vents : ce sont des arbustes résistants aux noms pittoresques comme "Fleurit Noël", "Bord de Mer" ; Ic verveine sauvage exhale un parfum délicat mêlé à l'iode des embruns L'océan est partout. De la Pointe des Colibris ou "le bout, du bout" qu'on atteint en 20 minutes à pied, on prend bien la mesure de ce Finistère des tropiques alors que les vagues se ruent à l'assaut des "châteaux". Le panorama s'ouvre très largement de la Désirade à l'Est jusqu'aux île< de la Petite Terre plus au Sud. Derrière soi, vers le Nord-est et vers l'Ouest les deux liserés côtiers se dessinent. Le spectacle est grandiose, déroutant c'est un peu la Pointe du Raz exilée sous le soleil. Sur une table d'orientation, on peut lire : " Mer magnanime de /'écart, et mer du plus grand laps... Elle est l'errante sans retour… " Saint John Perse Amers Pourtant de belles plages de sable fin à l'eau limpide et paisible invitent à la baignade : la plage Tarare et l'Anse à la Gourde sont particulièrement tentantes. |
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