SAINT-CLAUDE Banlieue résidentielle à 5 km de Basse-terre, Saint-Claude est la station la plus élevée des Petites Antilles. Dominée par le Massif de la Soufrière, qui la protège des vents, elle est située à plus de 500 m d'altitude. Noyée dans l'écrin d'une végétation luxuriante, entourée d'une centaine de rus et rivières, Saint-Claude bénéficie en effet d'un climat idéal (environ 22° de moyenne annuelle). Rien d'étonnant donc à ce que des centres hospitaliers et des maisons de cures soient fixés dans ce cadre particulièrement sain et apaisant. Le gouverneur Jacob, le premier, y avait installé en 1823 un camp sanitaire qui porte encore son nom. Saint-Claude, lieu de santé et de villégiature, s'est développé autour du Camp Jacob. Les riches colons y ont installé de somptueuses demeures dont l'architecture et le décor végétal inspireraient nombre de réalisateurs de films. Entre dans cette catégorie, la très belle construction dite "Relais de la Grande Soufrière". Elle abrite aujourd'hui l'Ecole Hôtelière de la Guadeloupe. MATOUBA "En me renversant on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté des noirs. IL repoussera par ses racines qui sont profondes et nombreuses ". Toussaint Louverture Sur la route de Matouba, à quelque 2 km au-dessus de Saint-Claude, une simple stèle de marbre blanc au bord de la route, évoque l'un des plus purs héros de l'île. Le colonel Delgrès, mulâtre redoutant le rétablissement de l'esclavage, s'enfuit le 21 mai 1802 avec 300 de ses hommes du Fort SaintCharles assiégé par Richepance. II se réfugie sur les hauteurs de Matouba dans l'habitation d'Anglemont. Mais la lutte est inégale. Cerné de toutes parts, il choisit la mort plutôt que la reddition : il se fait sauter avec ses compagnons le 28 mai 1802 appliquant vaillamment l'alternative restée célèbre "vivre libre ou mourir". Dans les décombres, on trouva la mulâtresse Solitude survivante et enceinte. Elle fut exécutée 6 mois plus tard, après la naissance de son enfant. Le 16 juillet 1802 l'esclavage fut rétabli ; 2 ans après naissait Victor Schoelcher... Les sentiers de randonnée sont nombreux sur les hauteurs de Matouba. Ils permettent d'atteindre assez facilement des sites superbes dans Ia fraîcheur (pensez à vous couvrir ) et la luxuriance. C'est que l'eau et partout: la cascade Vauchelet est à une heure de marche, les bains chauds de Matouba à une heure trente, la chute des gorges du Galion à près de deux heures. Les courageux suivront la Trace Victor Hugues qui mène à Petit Bourg par les crêtes (8 à 10 h de marche). Au-dessus, très souvent dans les nuages, la Soufrière se "mérite".
Sur la route qui conduit à la Soufrière, à 950 m au lieu dit "Bains Jaunes" le Parc National a installé la Maison du Volcan. Nous recommandons cette halte: des panneau, des brochures informent d'une façon didactique sur la Soufrière voisin.' certes, mais aussi sur l'histoire géologique de l'arc volcanique des Antilles. |
La vieille dame, comme on l'appelle en Guadeloupe, est belle et secrète. Elle se cache le plus souvent sous une étole de brume et se donne parfois des allures démoniaques. II y a d'abord son parfum, avant même le Parking dit "de la Savane à Mulet", elle "embaume". L'odeur de soufre est tenace, insistante et donne la tonalité. Tout au long du trajet la toponymie vous parlera des enfers : les Gouffres, la mare au Diable, la Porte de l'Enfer, Belzébuth... Mais ce n'est pas le moindre des plaisirs que celui de "jouer à se faire peur". La vieille dame est coléreuse certes, mais ses éruptions sont de type phréatique c'est-à-dire (pour le simple touriste que nous sommes) que le danger d'une éruption magmatique (comme ce fut le cas pour la montagne Pelée en 1902) n'existe pas ici. Entreprenons donc de visiter ces lieux dantesques pour le plaisir: Au départ du parking prendre le chemin des Dames, la pente douce épouse le cône et permet de le contourner en deux heures dans le sens des aiguilles d'une montre. On atteint la "Grande faille" après 40 minutes de marche où l'on a pu admirer une végétation tenace en dépit des conditions. C'est une couverture végétale rase mais colorée thym-montagne, fus chia- montagne, lycopodes et ananas-montagne (qui pointent par endroit leur belle fleur rouge). On suit alors à droite le sentier qui mène à la partie sommitale. Ce n'est pas un cratère comme on l'imagine traditionnellement mais plutôt un plateau bouleversé en un paysage"lunaire" où le sol comme déchiqueté offre des inégalités : entailles profondes, gouffres et pitons, bouches éruptives comme celle qui libère les fumerolles Lacroix. Le spectacle est prodigieux, parfois hallucinant, juste à la bonne mesure surtout si l'on sait qu'à certains endroits précis s'attache le souvenir de drames du passé Dupuy et Tarissan disparurent, happés par la vieille dame dans ces puits naturels. Mais pour peu qu'on soit parti très tôt, à l'aube, et que le ciel soit dégagé, on découvre alors un panorama somptueux : toute la Guadeloupe, les îles voisines et même tout au loin vers le Sud : La Martinique. On peut revenir sur ses pas ou continuer pour le tour complet, en près de 3 heures, par le Col de l'Échelle. A 1264 m, si le temps est clair, on découvre Marie Galante au Sud-est. |
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