Pas d'oreilles de Mickey. Pas de baguettes magiques. Pas de poudre de fée sur les murs. Pas un seul signe distinctif l'extérieur. Nous nous trouvons devant un bâtiment blanc à deux étages, perdu au sein de Glendale, en banlieue de Los Angeles.
Derrière cette discrète façade se cachent les locaux des alchimistes du rêve. Derrière ces murs, des robots étranges se battent en duel, des simulateurs de vagues mugissent, et des boulets de canons virtuels disparaissent en pleine mer. Plus loin, ce sont des maquettes, des dessins, des sculptures ou des fresques fantaisistes qui entourent et déboussolent le visiteur.
Nous sommes au siège de "Walt Disney Imagineering" . Nous venons de pénétrer dans les coulisses de la magie, dans l'antre des Imaginieurs, "les ingénieurs de l'imagination", l'équipe qui fut créée au début des années 50 par Walt Disney pour inventer et construire les attractions de Disneyland en Californie, de Walt Disney World en Floride, de Tokyo Disneyland au Japon, et celles de Disneyland Paris, enfin.
Walt Disney Imagineering regroupe des métiers traditionnels - dessinateurs, architectes, écrivains, compositeurs, éclairagistes, ingénieurs - et d'autres qui le sont beaucoup moins : responsables des textures, spécialistes des rochers
artificiels, et les programmeurs des Audio-Animatronics, les célèbres "automates" Disney.En décembre 1983, venant d'achever Tokyo DisneyLand, les Imaginieurs étaient prêts à affronter de nouveaux défis. "Nous avons commencé à nous demander quels seraient nos prochains projets", explique Jim Cora, vétéran de Disney. "Nous avons étudié nos archives et constaté que, dans le passé, presque tous les pays du monde avaient proposé à Disney, à un moment ou à un autre, de venir bâtir un parc chez eux."
Après avoir étudié ces différentes propositions, les Imaginieurs arrivent à la conclusion que l'Europe est une destination de choix pour un futur parc à thèmes.
En septembre 1984 Walt Disney Productions se dote d'une nouvelle direction générale présidée par Michael Eisner et Frank Wells. Ceux-ci rebaptisent la société The Walt Disney Company et en font la compagnie de loisirs et de divertissements la plus dynamique des Etats-Unis.
L'une des premières réunions auxquelles assistèrent Michael Eisner et Frank Wells porta sur le projet de parc européen. Les Imaginieurs ayant analysé plus de 1200 sites se concentrèrent sur deux pays, la France et l'Espagne. En fin de réunion, se rappelle Jim Cora, "Frank m'a dit que nous les avions convaincus et que nous pouvions passer à l'étape suivante."
L'aventure européenne venait de commencer. D'une certaine manière, l'Europe représentait un retour aux sources pour Disney. En remontant l'arbre généalogique de Walt Disney jusqu'au Moyen-Age, on apprend, en effet, que sa famille serait originaire d'un petit village de Normandie nommé Isigny-sur-Mer. D'Isigny devint ainsi Disney quelques siècles plus tard. A 18 ans, en 1919, à la fin de la guerre de 14-18, Walt Disney fut envoyé en France, en tant qu'ambulancier de la Croix Rouge, puis voyagea dans l'est de la France.
Mais le lien décisif avec l'Europe intervint lorsque Walt Disney commença à produire ses célèbres dessins animés qui s'inspiraient d'histoires européennes : le conte de Blanche- Neige écrit par les Frères Grimm est d'origine allemande, Pinocchio fut rédigé par l'auteur italien Collodi, Cendrillon et La Belle au Bois Dormant furent composés par le français Perrault... Créer un parc à thèmes en Europe revenait donc à boucler la boucle. Alors que les analyses du projet se poursuivent, les négociations sont entamées avec de nombreuses organisations gouvernementales. Plusieurs emplacements sont envisagés, passés en revue et visités jusqu'à ce qu'enfin le site le plus prometteur soit choisi.
Le 18 décembre 1985, Michael Eisner et le Premier ministre français de l'époque, Laurent Fabius, signent une lettre d'intention portant sur l'implantation d'un parc à thèmes Disney à Marne-la-Vallée, 32 km à l'est de Paris. Il leur faudra un an et demi pour aboutir à l'accord définitif et ce n'est que le 24 mars 1987 que Michael Eisner signe, avec Jacques Chirac cette fois, la Convention d'Etat, après des négociations marathons.
L'Imaginieur Tony Baxrer qui dirigea la création du parc à thèmes rassemble alors une équipe de concepteurs passionnés par le fait de découvrir la culture, les loisirs et l'histoire de l'Europe. "Notre groupe se rendit en Europe, pour un voyage d'étude", raconte Tony Baxter. "Nous avions baptisé cette équipe 'Blanche Neige et les Sept Nains', car elle incluait 7 hommes et une femme !"
Les Imaginieurs louèrent un van, prirent pour point de départ l'Allemagne et se rendirent enfin à Paris par la route pour y passer plusieurs semaines.
"A Paris", continue Tony, "nous avons visité les Tuileries, le Louvre, le musée d'Orsay et tous les grands centres touristiques. A Versailles comme aux Tuileries, les superbes jardins constituent une entrée en scène et représentent un contraste essentiel avec les merveilles architecturales."
En quittant Paris, les Imaginieurs se rendirent de nouveau en Allemagne, puis en Suisse, en passant par d'autres lieux touristiques comme Rothenburg, Lucerne, la Hollande où ils visitèrent les jardins de Keukenhof et enfin au Danemark pour découvrir les jardins de Tivoli à Copenhague, qui avaient inspiré Walt Disney dans les années 1950.
Quand les Imaginieurs revinrent aux Etats-Unis, ils étaient éreintés mais avaient aussi fait le plein d'inspiration.
Les premiers travaux de terrassement sont entamés le 2 août 1988. Un ouvrage d'une ampleur inégalée prend alors forme pendant 4 ans à Marne-la-Vallée. 1700 sociétés, 10.000 ouvriers et artisans venus de France, d'Italie, d'Allemagne, de Hollande, du Royaume-Uni, d'Irlande, d'Espagne, du Portugal, de Suisse, de Tchécoslovaquie, d'Extrême-Orient et des Etats-Unis s'attellent à la tache.
Les bâtisseurs firent face aux intempéries, à la pluie, au gel et affrontèrent avec surprise la boue omniprésente de Marne-la-Vallée. Et comme si cela ne suffisait pas, des ouvriers déterrèrent même un jour un obus datant de la guerre de 14 ! Le chantier allait-il devenir un site de fouilles archéologiques ?
Mais les difficultés furent surmontées. Disneyland Paris ouvrit en temps et en heure : le 12 avril 1992, à 9h.01.
Naissance de Main Street U.S.A.
La Main Street Transportation Co., quelques mois avant l'ouverture du parc.
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La construction du Château de la Belle au Bois Dormant.
Phantom Manor.
Alice's Curious Labyrinth.
Les Imaginieurs mettent la touche finale à la maquette du City Hall.
"it's a small world"
Big Thunder Mountain.
Construction de Big Thunder Mountain.
Construction de La Cabane des Robinson.
Construction de Aventureland.
Construction de Fantasyland.
Construction de Discoveryland.
Info Divers sur le parc.
La construction de Disneyland Paris fut une entreprise gigantesque décidée en 1985. Sur une superficie de 1943 hectares dont 56 pour le parc et en moins de 4 ans ( Août 1988 à Mars 1992), fut construite une véritable ville.
Plus de 300 000 mètres carrés de bâtiments, 32 kilomètres de routes, un échangeur autoroutier, 20 ponts, 11 kilomètres de rails et une gare pour le RER, une autre gare pour le TGV.Deux mille fournisseurs intervinrent sur le site, ainsi que 8000 ouvriers du bâtiment.
Quatre millions de mètres cubes de terre furent remués, le golf à lui seul nécessita 34000 mètres cubes de sable.
Des plantes par milliers (12000 arbres, 360000arbustes et 500000 plantes diverses) composent un cadre magnifique, véritable attraction à lui seul.
La construction du second parc est un chantier beaucoup moins important car il bénéficie de toutes les infrastructures déjà créées et sa taille est nettement plus réduite.
Avec plus de 40 000 emplois directs et indirects, il est également une entreprise qui compte au niveau national.
La capacité d'accueil du parc est théoriquement de 62000 personnes, chiffre à partir duquel les entrées sont en principe fermées.Source : De l'esquisse à la création