Pour une autonomie garantie
renforcée du Mouvement des Jeunes Socialistes
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Le 7ème Congrès du MJS aura lieu
en décembre. Nous considérons que la concordance de cette
échéance avec celle du PS est l’occasion de rénover les rapports
entre le Parti et son organisation de jeunesse. Il s’agit pour
nous de saisir cette occasion pour permettre au MJS de se
renforcer et de progresser. Nous appelons à la signature d’un
pacte de confiance.
Depuis 11 ans maintenant, l’organisation de
jeunesse du Parti socialiste est autonome. Le Mouvement des
Jeunes Socialistes élit souverainement ses responsables et
définit sa propre ligne politique. Cette autonomie accordée en
1994 devait permettre aux socialistes de créer un lien avec la
jeunesse de notre pays et d’assurer sa juste représentation au
sein de notre famille politique. Notre contribution se propose
de faire un premier bilan et de définir les grandes actions
prioritaires à mettre en œuvre pour nouer le dialogue avec les
jeunes.
I-
L’autonomie, un principe pertinent en
danger.
L’autonomie du MJS repose sur un accord
tacite entre les jeunes socialistes et leurs aînés. Les
jeunes socialistes sont souverains parce qu’ils sont
responsables. La souveraineté concerne le choix des membres
des instances et la ligne politique. La responsabilité suppose
de ne pas nuire à l’intérêt électoral du PS. La définition est
simple, mais une lecture simpliste compromettrait le principe
lui-même.
Le cœur du problème réside dans ce que l’on
peut comprendre de la notion d’intérêt électoral du PS. La chose
est évidente dès qu’il s’agit d’élections. Seul le PS est
légitime pour présenter des candidats socialistes, c’est donc
pour ces candidats choisis dans le cadre des règles du Parti et
par ses militants, que les jeunes socialistes ont le devoir de
mener campagne. S’il en était autrement, le MJS ne pourrait pas
bénéficier du statut de monopole de représentation des jeunes
socialistes. Il n’y a là aucune ambiguïté.
L’application du principe est plus complexe
lorsqu’il s’agit d’une question idéologique. Nous avons pu le
constater lors du référendum du 29 mai. Alors que le Mouvement
des Jeunes Socialistes s’était à deux reprises prononcé
massivement contre le premier projet de constitution européenne,
il a mené la campagne en faveur du traité aux côtés de la
direction sortante du Parti socialiste. Autrement dit, les
jeunes socialistes ont souverainement pris position en faveur du
non, à plus de 80%, mais ont ensuite dû mener la campagne du
oui. Le vote des militants a été sacrifié.
De manière générale, l’autonomie dans le
choix de la ligne politique du MJS a des limites qui devraient,
dans des cas exceptionnels, pouvoir être franchies sans crainte.
Le MJS accueille les jeunes dès 15 ans. Cette réalité est
rarement prise en compte. Elle est pourtant primordiale.
Croyons-nous que c’est ce spectacle du renoncement qu’il
convient de donner à ces militants qui n’ont pas encore débuté
leur vie d’adulte ? La mission d’éducation populaire de
l’organisation de jeunesse du Parti socialiste est ici
lourdement compromise. La question posée est la suivante :
quelle formation, quelle éducation voulons-nous transmettre aux
futures générations militantes socialistes ? L’autonomie est une
garantie dans ce domaine, son abandon est un danger majeur.
Le MJS est trop souvent manipulé par des
« aînés » rompus à toutes les manœuvres et peu soucieux du vécu
de la jeunesse militante considérée, à tort, comme avide de
stratégie et de « coups politiques ». Les responsables du MJS se
complaisent parfois dans cette situation et renforcent les
grands chefs à plumes du PS dans leur conviction que
l’organisation de jeunesse n’est qu’une salle d’entraînement
pour petits chefs à plumes voulant leur ressembler. Cela doit
changer.
La base militante du MJS, trop restreinte
sans doute, ne pourra s’élargir qu’avec l’appui bienveillant
d’un Parti socialiste respectueux d’une autonomie renforcée,
notamment lorsque les fondements de la ligne politique du MJS
sont différents des siens. Au lieu de contraindre le MJS à
suivre la ligne du PS, ce dernier serait mieux avisé de tenir
compte a minima des réserves fortes que les jeunes socialistes
expriment à son encontre.
Pour nous, le MJS est aussi une organisation
d’éducation populaire. Il doit former des militants socialistes
émancipés, capables de sens critique et détachés, autant que
faire se peut, des petites contingences d’appareil. Dans
l’exemple que nous prenons, cela a été négligé. Trop de
compromis a entraîné la compromission des appareils du Parti et
du MJS au détriment de l’intérêt des socialistes de demeurer à
l’écoute de leur jeunesse, rendant illisible leur discours et
illusoire l’objectif de construire une grande organisation de
jeunesse. Car le risque demeure qu’une partie non négligeable de
cette jeunesse socialiste ne nous quitte pour longtemps.
Pour sortir de cette situation de crise, nous
appelons à une définition plus ambitieuse de l’autonomie et à la
signature d’un contrat de responsabilité entre le PS et le MJS
donnant aux jeunes socialistes les moyens de leur autonomie.
II-
De nouvelles garanties indispensables
à un grand MJS.
L’autonomie est un principe essentiel,
fondateur du premier engagement de beaucoup de jeunes militants
socialistes. Pour que l’organisation de jeunesse du Parti
socialiste demeure celle de tous les jeunes socialistes, il doit
être renforcé dans sa définition et dans les moyens accordés aux
jeunes socialistes pour le mettre en œuvre réellement. Nous
souhaitons qu’un contrat de responsabilité adopté par le Congrès
du Parti socialiste et proposé à celui du Mouvement des Jeunes
Socialistes, puisse être le support de cette autonomie renforcée.
Trois éléments clés d’un réel pacte de
confiance nous semblent particulièrement nécessaires.
De nouveaux espaces de dialogues sont à
bâtir. La présence du Président du MJS, seul, au Bureau
National et au Secrétariat National du PS est insuffisante,
voire compromettante. Nous avons le devoir de ne pas être sourd
ou aveugle devant cette anomalie qui fait du Président du MJS
l’un des acteurs des jeux d’appareils internes au PS et donc la
cible de toutes les pressions faciles. Nous proposons
l’organisation trimestrielle d’une rencontre entre les
directions du Parti socialiste et du Mouvement des Jeunes
Socialistes. De même, nous demandons que le Conseil National du
PS consacre une demi-journée par an pour débattre avec le
Conseil National du MJS. Ces temps de discussions seraient
l’occasion de faire le point sur le respect par chacun du
contrat de responsabilité et d’échanger sur les grandes
questions sociales ou internationales qui touchent plus
directement la jeunesse. Cet échange ouvert contribuerait à
limiter les risques de manipulation de la parole des jeunes
socialistes, en permettant qu’elle soit directement entendue,
dans sa diversité, par le parlement du Parti.
Un financement pluriannuel garanti par un
contrat d’objectifs entre le Parti et son organisation de
jeunesse est indispensable. Le budget du MJS mérite d’être
considérablement réévalué. Il pourrait être rendu modulable pour
une part en fonction de certains objectifs que le MJS aurait à
atteindre. Il est nécessaire qu’il soit pluriannuel pour limiter
les tentations de chantage à la subvention et faciliter la mise
en place d’un vaste plan de développement du MJS à moyen terme.
Nous pensons que le contrat de responsabilité pourrait contenir
la mise à disposition de salariés du Parti socialiste pour
assurer le fonctionnement quotidien de l’organisation de
jeunesse, dans un cadre normalisé et sans contestation possible.
La situation actuelle n’est de ce point de vue pas
satisfaisante. Le MJS vit au rythme des CDD et est contraint de
salarier des secrétaires nationaux. La confusion entre
responsabilité administrative et politique au sein de
l’organisation est préjudiciable à son fonctionnement et
concourt malheureusement à l’instauration d’inégalités fortes
entre les différentes identités qui existent au MJS.
Le devoir de désobéissance politique est
la clause résolutoire du contrat de responsabilité que le Parti
doit proposer au MJS. Après le 29 mai, comme ce fut le cas
après le 21 avril, nous sommes convaincus de la nécessité
d’accorder plus de liberté au MJS. Nous revendiquons un droit à
la désobéissance politique. L’autonomie, nous l’avons vu, est un
équilibre fragile entre souveraineté et responsabilité. A
l’heure actuelle et depuis quelques années, il est difficile à
obtenir. En grande partie parce que le Parti socialiste s’est
éloigné de la jeunesse.
Le devoir de désobéissance politique suppose
un certain nombre d’éléments objectifs. Il se fonde sur un
désaccord profond entre les jeunes socialistes dans leur grande
majorité et la direction du Parti socialiste. Il concerne un
sujet d’une grande gravité, touchant à l’identité socialiste
elle-même. Il implique que le lien entre les socialistes et la
jeunesse de gauche risque d’être rompu durablement. Il
n’entraîne jamais le retrait de la confiance des jeunes
socialistes à l’égard des candidats du Parti socialiste. Il doit
être compris comme une arme de dissuasion et non comme une pluie
de tirs de mortier. Il ne vise pas à pilonner le PS au moindre
désaccord, mais à forcer un dialogue plus serré et plus sérieux
entre jeunes et moins jeunes.
Ce contrat de responsabilité sera à
décliner aux échelons régional et fédéral. Cet aspect est
décisif. Il est inadmissible que, faute de soutien, une majorité
de fédérations du MJS vivote avec seulement 5 ou 10 adhérents,
et que, faute de respect, certaines autres soient contraintes
d’obéir à tous les désirs du Bureau fédéral du PS de peur de
perdre la petite subvention annuelle accordée. Les fédérations
du Parti, dans le respect de cette démarche contractuelle et de
l’autonomie renforcée, se doivent d’agir pour amplifier la
présence du MJS au sein de la jeunesse de leurs départements. Le
Parti a fait le choix d’une organisation autonome pour dialoguer
avec la jeunesse, ses fédérations doivent faire de même.
Une autonomie renforcée par un dialogue
renouvelé dans le cadre d’une démarche contractuelle
transparente, voilà le message que nous voulons que le Parti
socialiste adresse au Mouvement des Jeunes Socialistes.
Premiers
signataires : Elsa BERTHOLET (CN-26), David ASSOR (BN MJS-95),
Jocelyn ASSOR (95), Nicolas BAYS (SBN MJS-62), Jérémie BERIOU
(BN MJS-77), Thibaud BOUVIER (38), Jérôme BOUXIN (DR
Nord-Pas-de-Calais MJS-62), Franck FIANDINO (AF MJS-48), David
FONTAINE (DR Haute-Normandie MJS-76), Charlotte GOUJON (AF
MJS-76), Bertrand LASBLEIS (CNA MJS-72), Guy-Eric LEMOULAND (AF
MJS-72), Grégory MÊCHE (SBN MJS-94), Nelly MORISOT (SBN MJS-75),
Guillaume QUERCY (CNC-Président CNA MJS-77), Hadrien REGENT (BN
MJS-76), Bruce RITTER (AF MJS-62), Philippe SERRE (DR
Languedoc-Roussillon MJS-48)
www.egalitejeunes.org
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