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Contre la barbarie, mieux s'armer maintenant.


 

La droite attaque ! Pourquoi lui reprocher ? « La droite, c’est la droite », dira-t-on. Il n’y a jamais rien de bon à en attendre, tout cela n’est pas surprenant. Oui, mais le 21 avril 2002, qu’est-il donc devenu ?

Le formidable élan antiraciste, le sursaut républicain et généreux, qui envahissaient les rues le 1er mai 2002, sont devenus le simple succès électoral de la droite la plus libérale et réactionnaire que nous ayons connue en France. Ressemblant à s’y méprendre à la droite italienne – antisociale, populiste, communautariste – la droite française prend le parti du patronat contre les salariés, des assureurs contre les malades, de l’enseignement commercial contre l’éducation nationale, de l’individualisme atomisant contre les solidarités émancipatrices. Le mois de mai 2003 aura finalement été semblable à celui de l’an passé, la droite méprise les mobilisations populaires et refuse que le cœur du peuple puisse battre dans la rue.

Remise en cause du caractère national de l’enseignement, chute vertigineuse des crédits accordés à l’éducation et à la recherche, démantèlement du droit universel à l’accès aux soins, diminution drastique des moyens de la politique de la ville, affaiblissement du système de retraites par répartition, et bientôt, privatisation de la sécurité sociale, remise en cause du droit d’asile conventionnel, démantèlement complet du secteur de l’insertion des jeunes. Le hold-up de l’U.M.P. est un incontestable succès. La victoire de Chirac au second tour face à Jean-Marie Le Pen, voulue par la gauche et acquise grâce à elle, est travestie.

Chirac a trahi, les Français doivent le savoir. Les mots « solidarité », « justice sociale », « égalité » sont dénaturés par l’utilisation que Chirac et Raffarin en font dans leur rhétorique gouvernementale. Notre mission aujourd’hui, mener le combat culturel et réintroduire les valeurs de la gauche dans la vie quotidienne des citoyens. L’espoir est possible quand l’esprit prend le pas sur le reste. Lutter contre l’individualisme, le consumérisme, les peurs de l’autre et de ses différences, les communautarismes ; proposer une République sociale et laïque, une Europe fédérale et une démocratie mondiale ; assurer les solidarités, la protection des faibles, la primauté de l’intelligence et de la création humaine sur la seule valeur des marchandises. C’est cela que nous devons porter, c’est cela qui doit l’emporter.

Pour réussir ce défi culturel, les jeunes socialistes sont en première ligne. La jeunesse militante, éloignée trop souvent de la jeunesse qui désespère, enfouie dans les contraintes et les difficultés sociales qui l’assaillent à tout instant, doit pourtant l’entraîner avec elle. La gauche ne se résignera pas à voir une partie trop grande de la jeunesse, son avenir, sombrer dans le mirage libéral, moderne barbarie où l’homme est un loup pour l’homme. La jeunesse ne peut être exclue du temps qu’elle va vivre. Sa participation active aux décisions d’aujourd’hui est un enjeu majeur, la garantie que demain, elle ne se réveillera pas désorientée, aigrie, haineuse et donc disposée à s’en remettre à des extrémismes nihilistes.

Les organisations de jeunesse, qu’elles soient politiques ou non, comme les grands mouvements d’éducation populaire, sont des écoles de la citoyenneté. Le Mouvement des Jeunes Socialistes a la lourde responsabilité aujourd’hui d’ouvrir grandes ses portes à chaque jeune qui, conduit par un état d’esprit généreux, désire plus que tout changer la vie. Etre jeune socialiste au 21ème siècle, ce doit être avant tout un état d’esprit, une force de conviction inébranlable qui se dresse contre les inégalités et les puissances qui oppressent les faibles. Pour cela, nous, militants du MJS, devons changer nos pratiques et nos comportements. Le combat culturel doit commencer au sein de notre organisation. C’est une nouvelle façon de vivre ensemble notre militantisme qu’il nous faut inventer.

La trahison chiraquienne

Ensemble, revenons le 21 avril 2002. Ce soir-là, tous, nous nous sommes trouvés abasourdis, choqués, ébranlés. Moins par la défaite de notre candidat que par la victoire du Front National.

La mobilisation s’est alors organisée. Le 1er mai 2002, près de deux millions de citoyens battaient le pavé, à Paris et dans toutes les villes et villages de France. Les cortèges socialistes étaient impressionnants. Une génération de militants est certainement née à cet instant. Le message du peuple de gauche était clair : jamais l’extrême droite ne sera banalisée dans notre pays qui connut en son temps, les malheurs du fascisme. C’est la vie qui manifestait ce jour-là. La fête du travail rassemblait l’an passée tout ce que la France compte de générosité, de dévouement, de force du changement.

Le 5 mai, le Président de la République était réélu avec plus de 80% des suffrages. La droite en aurait-elle fait autant si le second tour avait opposé Lionel Jospin à Le Pen ? Un an après, rien n’est moins sûr.

Sur la question de la sécurité, comme elle l’a toujours fait, la droite surfe sur les peurs. Médiatiquement, succès garanti. Mais dans leur vie de tous les jours, les citoyens vivent dans certains quartiers un cauchemar qui ne s’est pas achevé et dont ils doutent qu’il se termine demain. La répression n’a jamais été aussi forte, les incarcérations aussi nombreuses, les mesures liberticides aussi envahissantes. Nous sommes invités à exister dans une société du repli sur soi, de la peur de l’autre, de la haine légitimée. Les relais médiatiques sont nombreux et les consciences baignées dans un flot de mensonges effrayant qui affaiblit, chaque jour davantage, les chances de résister à la résiliation du contrat social.

Mais la sécurité, ce n’est pas simplement celle des personnes et des biens, ce n’est pas qu’une course entre gendarmes et voleurs. C’est aussi la sécurité dans les parcours professionnels et au sein des entreprises, dans la santé, les retraites et l’environnement. L’approche globale que les socialistes promeuvent est en tout point attaquée par la droite. La privatisation de la sécurité sociale et la suppression du droit universel effectif à l’accès aux soins créeront une médecine à deux vitesses. Le démantèlement du système par répartition profitera aux riches. L’arrêt brutal des dispositifs mis en place en faveur de l’emploi et la suppression des mesures progressistes du gouvernement Jospin renvoient notre pays aux pires heures du gouvernement Juppé. Le monde que nous promettent Raffarin et Chirac est celui où la bourgeoisie vivra longtemps et dans l’opulence grâce à la mort prématurée des plus faibles et au travail qu’ils auront accomplis, à peu de frais, jusqu’à leur fin. Dit brutalement, crûment, le projet libéral est abominable. C’est pourtant lui qui se dessine derrière les bonnes intentions affichées par le gouvernement.

L’horreur qu’ils nous promettent, beaucoup l’ont perçue. Ils sont aujourd’hui dans la rue. Ils manifestent leur désaccord, leur refus d’un monde des individus, concurrents les uns des autres dans une compétition à l’issue inévitablement dramatique. La réponse de la droite ? « Nos adversaires ont perdu, je crois, le sens de la France et de l’intérêt général. Ils semblent préférer leur parti à leur patrie », dit Jean-Pierre Raffarin. L’anti-France est de retour, nous sommes le parti de l’étranger. La droite retrouve ses vieux démons, de Gaulle est bel et bien mort. Jeunes socialistes, assumons de préférer notre dessein collectif à leur vision étroite de la République qu’ils mettent en péril par une décentralisation centrifuge.

La philosophie de la droite libérale, individualiste et communautariste, promeut l’exemplarité et raye de la carte les plus faibles, démunis désormais du droit même d’exister. L’exemple du Revenu Minimum d’Activité, qui renverra les allocataires actuels du RMI et qui ne trouveront pas d’emploi, vers l’Allocation Adulte Handicapé, révèle le projet profondément anti-humaniste de la droite. L’échec, les inégalités sociales, la misère sont des maux qu’il faudrait ôter de nos regards. La rafle des sans-abris, qui plaît à ceux de nos concitoyens auxquels on a enlevé tout espérance, boucle le tout. Les « bons à rien » doivent être enfermés. Un jour, seront-ils aussi assassinés ?

Education, emploi, retraite, santé, pas de deuxième chance. Tel est le véritable slogan de l’U.M.P. et de son gouvernement.

C’est un monde lisse que la droite tente de nous peindre, un décor aseptisé. Mais notre monde ne l’est pas. Quelle torture terrible elle lui inflige en niant et effaçant sa complexité au lieu de chercher à la maîtriser. La télé poubelle est l’arme de destruction massive du libéralisme. Elle contribue à la fabrication d’un imaginaire collectif asséché, vidé de sens et annihile toute volonté de changement, tout désir de révolte. Les messages quotidiens reçus par les consommateurs de produits et de programmes atténuent peu à peu la conscience citoyenne. Sans parler de totalitarisme, le système libéral est bien plus qu’un simple modèle économique. Son impact sur nos vies est total : il violente nos consciences, et parfois notre corps, il détériore notre cadre de vie et détruit le lien social. Les réflexes de gauche se perdent. L’indignation perd de sa substance. Tout ce qui ramène l’individu à son petit être, à son seul espace vital, fait reculer les chances de la gauche de transformer la société. La droite veut nous faire renoncer.

Alors, où sont passés nos suffrages ? A la trappe ! S’éloignant peu à peu du contrat de mandature conclu avec les Français le 5 mai 2002, Chirac trahit la confiance populaire qui, face au péril brun, s’en était remis à lui. Dénonçons l’imposture et offrons une alternative, une nouvelle ambition socialiste.

Une nouvelle ambition socialiste

Pour persuader, pour rassembler, la raison ne suffit pas ; la passion est indispensable. Notre langage doit être celui du cœur, de la vie, du sentiment et non simplement de l’argumentaire froid, raisonné, technique voire technocratique. Faire partager son idéal, c’est convaincre ; la gauche se vit mieux qu’elle ne se décrit.

Inlassablement, la sève de notre engagement doit être réaffirmée. Notre action, au gouvernement ou dans l’opposition, ne peut être comprise que dans le cadre général de notre philosophie. Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, respect des minorités, tolérance, laïcité, pluralisme, démocratie politique et libertés publiques, égalité des chances, solidarité, protections des faibles, valorisation de la création humaine contre sa marchandisation, sont aux fondements de nos prises de position.

A tous les niveaux – local, national, européen et mondial – nos revendications immédiates doivent épouser ces valeurs. Le grand dessein qui est le nôtre repose sur la construction d’une République sociale et laïque dans une Europe fédérale, pilier de l’édification d’une démocratie mondiale.

La République est un modèle politique pour lequel nous devons sans cesse manifester notre attachement. Nulle autre forme de système politique ne garantit mieux le respect des différences dans un cadre égalitaire et universel. La République protège ses enfants, elle sert un idéal commun. La justice sociale est son leitmotiv, les sûretés sont sa raison d’être. François Mitterrand écrivait : « Quand la France rencontre une grande idée, elles font ensemble le tour du monde ». La République est l’outil de cette ambition universaliste et humaniste. Faisons le pari que demain, la gauche créera la sécurité sociale professionnelle sur le sol de la République et qu’elle saura exporter sa conquête en Europe.

Laïque, la République garantit le libre exercice de toutes les religions mais n’en reconnaît aucune. En ce sens, elle est viscéralement émancipatrice en délivrant les consciences du poids des Eglises, de toutes les confessions. La montée des intégrismes, qu’ils soient hindouistes, chrétiens, juifs ou islamiques, est insupportable. Les fondamentalistes de tout genre, à la tête parfois des plus grandes puissances mondiales, entraîneront la planète dans des conflits sanguinaires où les peuples seront les victimes de dieux sans doute imaginaires. Les guerres de religion n’ont pas mis la clé sous la porte. La laïcité, chère à la France, ne doit céder aucun terrain pour les empêcher. Au lieu d’une laïcité dite abusivement « ouverte », assumons une laïcité offensive qui ose rouvrir le débat de l’influence des cultes sur la marche du progrès. Plus globalement, c’est l’éducation laïque comme vecteur d’émancipation qu’il nous faut promouvoir. Quand trop de forces tirent l’intelligence vers le bas, l’Etat doit intervenir.

Avec la laïcité, les services publics sont l’autre force de la République. L’égalité de tous suppose un égal accès aux droits et aux services indispensables à la cohésion sociale, au lien entre les personnes et entre les territoires. La santé, l’éducation, la culture, les transports et les télécommunications, l’énergie et l’environnement sont des secteurs où l’intérêt général prime. A l’opposé de toute logique consumériste, résolument orientés vers le développement durable, les services publics ne devront jamais être bradés au profit de quelques intérêts particuliers prêts à dépouiller la richesse publique. A gauche, cette question ne doit souffrir aucune hésitation. La notion de service public est en débat au sein de l’Union européenne, nous nous battrons, à ce niveau, pour promouvoir la spécificité française et l’idéal socialiste.

Nous sommes les enfants de l’Europe de la paix, trop gâtés peut-être pour prendre la mesure du précieux cadeau que nos aînés nous ont légué. La construction européenne est une chance. Mal comprise car conçue loin des citoyens, l’Europe est pourtant le seul cadre pertinent de régulation de notre époque. Face à la mondialisation libérale, la définition d’un pôle continental qui place le développement durable et une certaine approche des relations internationales, moins belliciste que les Etats-Unis, au premier rang de ses préoccupations, est nécessaire. La vieille Europe a encore beaucoup à enseigner au nouveau monde. Bien sûr, l’unification de l’Europe est difficile, elle oblige à des concessions. Mais l’union n’est-elle pas un combat ? La mobilisation d’une gauche européenne est plus que jamais indispensable. Il appartient à la gauche française de mieux faire entendre sa voix dans le concert des nations européennes, notamment sur la laïcité et les services publics. Les résultats de la convention sont de ce point de vue insatisfaisants. Nous poursuivrons la lutte dans les mois et les années à venir, notamment lors des élections européennes de 2004 qui seront un rendez-vous déterminant. L’espace public européen se crée, la gauche l’occupera.

Les fortes mobilisations des peuples du monde, en particulier en Europe, contre le conflit en Irak, ont démontré qu’une conscience internationale pouvait voir le jour. La gauche est le relais politique naturel de ces mouvements. Le sommet anti-G8 d’Annemasse a confirmé l’existence d’un mouvement social européen. Le risque pour nous serait qu’il périclite sous les extravagances insensées des groupuscules gauchistes. La radicalisation de l’extrême gauche et de l’extrême droite sont les deux piliers d’un même chaos. Notre projet est sérieux, nos interrogations sont légitimes et nos hésitations saines. Réformer est difficile, les forces conservatrices sont nombreuses. Le socialisme démocratique est la seule issue possible, crédible, du mouvement social altermondialiste. Le mouvement social altermondialiste est la force populaire en capacité de soutenir le socialisme démocratique. Le nouvel ordre mondial, c’est à nous de l’inventer. L’Europe est au cœur de notre vision.

Notre modèle européen : le développement économique, le progrès social et la défense de l’environnement, la pacification du monde. Dans un contexte géopolitique très agité, où les principales forces étatiques mondiales sont partie prenante, l’Europe a une mission internationale majeure à accomplir. L’O.N.U. est déstabilisée. Les Etats-Unis ont prouvé qu’être la plus grande puissance militaire et économique du monde ne suffisait pas à garantir la sécurité de la planète, bien au contraire. Internationalistes, nous savons que l’histoire a besoin d’une organisation démocratique mondiale disposant d’une diplomatie et d’une force propre, pour passer à une nouvelle ère. La mondialisation libérale est à l’origine de famines, de pandémies, de guerres et, sans aucun doute possible, de catastrophes environnementales. La barbarie exprime là ses plus visibles et douloureux effets. L’Europe sera le premier défenseur des civilisations face aux désastres de la mondialisation libérale. Les opinions publiques détermineront l’accomplissement de ce projet. La gauche politique doit faire preuve de pédagogie et ne pas hésiter à s’adresser directement aux citoyens sur ces questions.

S’il ne sera jamais question de rédiger un programme de gouvernement des jeunes socialistes, nous devrons ardemment défendre nos principes dans les débats d’actualité. Ainsi, sur les retraites, l’emploi, la sécurité, la santé, l’environnement, l’éducation, l’unité de la République, nous devrons toujours rester une force de proposition. Les questions sociétales sont importantes, de grandes réformes ont été adoptées sous les gouvernements de gauche depuis 20 ans. Mais c’est la question sociale qu’il nous faudra toujours mettre en avant car elle détermine toutes les autres. Notre projet, aussi beau et séduisant soit-il, doit être confronté aux réalités austères de notre société. « Le sentiment d’injustice ne suffit pas à vaincre l’injustice ». C’est une affaire de moyens et de volonté. Donnons-nous les moyens de promouvoir nos valeurs, notre modèle de développement, notre projet de civilisation. Ayons le courage de remettre en cause nos propres comportements, nos propres modes de militantisme pour convaincre efficacement.

Un Nouveau Mouvement des Jeunes Socialistes

En 2002, entre 6 et 12% des jeunes ont voté Jospin. Près de 20% ont voté Le Pen. L’échec de notre candidat est donc aussi celui de notre organisation. Collectivement nous avons échoué. Parce que nous aimons le MJS, que nous voulons qu’il progresse, collectivement, rénovons-le.

Le 7 avril dernier, à la veille du rassemblement de Nice, 23 Animateurs fédéraux, 4 Délégués régionaux, 16 membres des instances nationales dont 7 Secrétaires nationaux, ont alerté l’ensemble des responsables fédéraux et nationaux du MJS sur l’état critique dans lequel notre mouvement se trouve aujourd’hui, par une lettre appelant à débattre d’un certain nombre de propositions de modification de notre fonctionnement interne. Manifestant leur volonté d’ouvrir le MJS, de donner un nouveau souffle à notre vie démocratique interne, de transformer nos modes de militantisme, les signataires affirmaient : « Nous avons tous pu constater combien les Fédérations ont été exemplaires dans leur militantisme pendant la campagne présidentielle, puis pendant les législatives. Mais ouvrons les yeux : nos modes de fonctionnement collectifs sont folkloriques, nos dysfonctionnements et nos carences organisationnelles freinent lourdement nos actions. Il ne doit pas être tabou de reconnaître que des choses ne vont pas et que le conservatisme l’emporte souvent sur la rénovation interne ».

Cette initiative trouve son débouché, plus de deux mois après, dans l’un des débats thématiques inscrits à l’ordre du jour du Conseil National des 21 et 22 juin 2003. Les Fédérations du MJS ont en effet dû plancher sur le rôle et le fonctionnement de notre organisation.

Quatorze mois après « l’improbable défaite », ce débat peut paraître tardif. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire, comme dit la sagesse populaire. Au moment du lancement de notre 6ème Congrès National, il revêt une importance toute particulière.

Un an après le 21 avril et la naissance d’une nouvelle génération militante, 10 ans après l’autonomie, un cycle s’achève et un nouveau s’invente. Notre Congrès National sera donc celui d’une nouvelle autonomie.

En 10 ans, le MJS a affirmé sa présence sur la quasi totalité du territoire. En 2003, c’est une nouvelle étape audacieuse que nous engagerons. Le MJS a besoin de devenir une véritable force de frappe. L’autonomie ne sera réelle que si l’organisation est suffisamment forte. Forte pour exercer une authentique pression sur le Parti socialiste, forte pour agir dans la jeunesse. Pour cela, le MJS doit doubler ses effectifs et dépasser le cap des 10000 adhérents. Ce pari est possible, il suffit de s’en donner les moyens. Le Mouvement des Jeunes Socialistes assurera alors son rôle d’école de la citoyenneté et de carrefour des engagements de la jeunesse progressiste. Il deviendra ainsi un outil efficace de transformation de la société.

Deux axes principaux guideront notre rénovation : une refonte du fonctionnement du MJS et une nouvelle stratégie de communication.

Depuis 10 ans, Nouvelle Gauche est majoritaire seule à la direction du MJS. L’organisation de jeunesse des socialistes a permis la constitution d’un groupe politique à part entière, signataire en son nom d’une motion au dernier Congrès du Parti socialiste. Jusqu’à cette date, cette situation ne mettait pas en péril l’autonomie du MJS. Désormais, la question mérite d’être posée. Le MJS pourra-t-il demeurer l’organisation de tous les jeunes socialistes, si sa direction nationale est étroitement liée à un seul courant du PS ? Cette question n’aurait aucun sens si les statuts de notre organisation ne gênaient pas aussi fortement le débat démocratique, le pluralisme et l’alternance politique en son sein. Malheureusement, tout est prévu pour que rien ne puisse remettre en cause la direction sortante, quelque soit son bilan et son poids réel dans la jeunesse socialiste. Autonome politiquement du Parti socialiste depuis 10 ans, le MJS doit désormais appartenir à chacun de ses militants et non à un groupe politique unique. Le Parti socialiste ne désigne plus les représentants de son organisation de jeunesse, le MJS ne doit pas devenir l’organe de promotion d’un courant du PS. Le MJS doit servir l’ensemble de la famille socialiste.

Procédure du texte unique et scrutin municipal (proportionnelle avec prime majoritaire d’un tiers) pour la désignation des délégués au Congrès national et des membres des instances fédérales et nationales, donnent une sur-représentation au groupe politique majoritaire sortant. Aujourd’hui, pour être concret, Nouvelle Gauche rédige un texte d’orientation unique débattu dans les fédérations et amendés par les militants de juillet à octobre. Nouvelle Gauche intègre les amendements fédéraux à son texte d’orientation et le dépose au Conseil national de synthèse d’octobre. Libre à ceux qui veulent tenter l’aventure de déposer une motion alternative au texte amendé par les militants et discuté pendant déjà deux mois. Durant cette période, quel espace est réservé aux différentes minorités représentatives des jeunes socialistes ? Aucun.

La procédure d’amendement, si elle permet une participation de chaque militant, est un leurre. Car, qui oserait prétendre participer à la définition d’une ligne politique cohérente, en amendant les lignes 154 à 158 d’un texte qui en contient largement plus d’un millier ? Etre jeune socialiste, ce n’est pas être un député junior. Etre jeune socialiste, c’est avoir atteint une maturité suffisante pour assumer des divergences et un vrai débat politique interne.

Ce n’est pas Nouvelle Gauche qui est en cause ici, ce sont les statuts de notre organisation qu’il faut réformer en profondeur.

Le référendum militant doit être institué pour consulter régulièrement, entre deux Congrès, l’ensemble des militants. Il doit pouvoir être initié par les militants eux-mêmes. Cet outil, qui n’est pas une panacée, permettra de limiter dans les débats politiques, la trop grande influence des luttes de pouvoir qui faussent la libre expression des opinions et sclérosent l’évolution de notre doctrine. Pour être représentatif de la jeunesse, il nous faut avoir la faculté d’exprimer clairement, sans arrière-pensée, ce à quoi elle aspire.

Réformer notre organisation, c’est permettre à toutes les identités du socialisme d’être représentées à proportion exacte de leur poids militant et de bénéficier d’un traitement égal à celui du groupe politique majoritaire. Ce n’est pas le cas actuellement, ce devra l’être dès le Congrès de décembre. La proportionnelle intégrale doit être instituée, la suppression de la procédure du texte unique adoptée. Les permanents de l’organisation, tous membres de Nouvelle Gauche, ne pourront pas se déplacer dans les fédérations pour défendre les textes d’orientation qui seront soumis au vote ; le traitement égal de toutes les motions est directement en cause.

Pour être une grande organisation de jeunesse de gauche, fondamentalement social-démocrate, il faut abandonner la bureaucratie et agir efficacement au plus près du terrain. Gagner le combat culturel a ses exigences. Un Nouveau MJS devra réhabiliter la noblesse de l’engagement politique des intellectuels et des artistes (musiciens, cinéastes, romanciers…) et promouvoir, voire organiser, des événements régionaux et nationaux, alliant débats et créations militantes. Des concerts, des opérations coup de poing de grève tournante de la faim, d’occupation de lieux symboliques et de chaînes humaines avec d’autres organisations de jeunesse, de collecte de fonds pour de grandes causes internationales ou sociales, seront nos activités prioritaires. A l’ère de la communication, le MJS doit imaginer autrement son apparition sur la scène publique. Fédérer autour de soi ne se fait pas seul, isolé. Les initiatives doivent naître dans les fédérations et les régions, le national doit concentrer ses efforts à leur réussite. Le parisianisme dont souffre trop souvent la direction nationale mérite d’être dépassé. L’ensemble des associations de gauche seront associées.

A rappeler sans cesse que la jeunesse n’est pas dépolitisée mais politisée autrement, nous oublions de mettre en phase nos modes de militantisme avec les attentes de la jeunesse. Tirons les conclusions de nos constats éternels. Cessons de nous lamenter, passons résolument à l’action. Créativité, originalité, visibilité et lisibilité sont les mots d’ordre de nos futures mobilisations.

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Le 6ème Congrès du Mouvement des Jeunes Socialistes sera un moment fort. Un an et demi après la défaite de 2002, à quelques mois d’élections européenne, régionale et cantonale majeures, à un tournant de son autonomie, le MJS doit être exemplaire. Nous souhaitons un congrès serein. Ensemble, nous saurons mettre à plat nos travers pour les corriger et ainsi relever le défi de construire un Nouveau MJS, ouvert, dynamique, inventif et capable d’aiguiller sérieusement le Parti socialiste.

Premiers signataires : Nicolas BAYS (AF – Pas-de-Calais), Dalila BOUTEMINE (AF – Isère), Bastien CORITON (Délégué régional Haute-Normandie), Céline DION (AF – Seine-Maritime), David FONTAINE (BN – Seine-Maritime), Lysiane KOWALSKI (BN – Pas-de-Calais), Teddy LAUBY (Délégué régional Nord – Pas-de-Calais), Guy-Eric LEMOULAND (AF – Sarthe), Julie MERY (SBN – Seine-Saint-Denis), Guillaume QUERCY (SBN – Seine-et-Marne), Sébastien ROYER (CNA – Loire-Atlantique), Olivier SERRE (SBN – Isère), Philippe SERRE (AF – Lozère)