Un regard neuf et l'esprit
libre
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« Je ne
vous comprends pas ».
Voilà, en somme, le message que Jacques Chirac a adressé à la
jeunesse lors d’un débat sur la Constitution européenne.
Dramatique aveu qui ne peut que conforter les jeunes dans
l’impression de ne plus être représentés par une partie des
élites. Le résultat du référendum du 29 mai a incité beaucoup de
responsables à redécouvrir que l’Europe telle qu’elle se
construit et la France telle qu’elle est gouvernée laissent sur
le bord de la route nombre de laissés pour compte, dont les
jeunes. Il est temps de revenir sur terre.
Nous sommes
pleinement en accord avec François Mitterrand qui, en 1981,
affirmait : « Je n’ai jamais tenu, quant à moi, un discours
particulier pour la jeunesse. Je la respecte trop pour cela.
(…)Ce qui compte à mes yeux, c’est de lui reconnaître le droit
de s’exprimer comme elle l’entend et d’imaginer son propre
avenir. » Pourquoi, alors, présenter une contribution que
certains qualifieront de générationnelle ?
Parce que
se refuser à adopter un discours particulier pour la jeunesse ne
signifie pas oublier de s’adresser à elle.
Parce que
si l’âge ne suffit pas à définir un individu, il n’est pas dénué
de conséquences sur les conditions matérielles et sociales dans
lesquelles il vit et sur ses préoccupations.
Parce que
la jeunesse sert trop souvent aux communicants politiques soit
de nouvelle classe dangereuse pour attiser les peurs soit de
symbole d’une pseudo-modernité qui justifierait le libéralisme
ambiant.
C’est en tant
que jeunes militants politiques engagés de longue date dans le
PS que nous nous exprimons. Nous ne voulons pas être considérés
comme membres d’une catégorie à part. Mais puisque les
circonstances l’exigent, c’est aussi à nous d’attirer
l’attention de nos aînés sur la situation des jeunes. A nous
d’insister sur les espérances de ceux qui, nés au tournant des
années 80, marqués par le formidable souffle d’espoir apporté
par François Mitterrand, attendent que nous renouions avec
l’ambition politique.
De
l’écoute, du courage, une vision : triptyque indispensable pour
retrouver leur confiance.
Etre à la hauteur
des exigences de la jeunesse,
ne pas détourner
son message
«Il dépend
de vous que votre critique demeure vaine et votre impatience
stérile, ou qu’elles soient, l’une et l’autre, dès maintenant,
des ferments d’énergie et d’action » : cet appel à
l’engagement de Pierre Mendès-France, nous aimerions l’envoyer à
notre génération. Mais tout n’est pas si simple. L’expérience le
prouve : les jeunes savent s’engager pour défendre des valeurs.
La semaine qui a suivi le 21 avril 2002 en fût une manifestation
éclatante. Les jeunes ont également massivement voté le 29 mai.
Comment interpréter alors leur abstention massive lors des
rendez-vous électoraux « classiques » ?
Nous
connaissons la responsabilité de notre Parti, donc la nôtre.
Quand la résignation transparaît dans nos discours, comment
pourraient-ils croire en notre capacité de « changer la vie » ?
Les convaincre implique un projet fondé sur des valeurs que nous
concrétiserons en adaptant nos outils au monde actuel mais que
nous ne renierons pas sous prétexte de modernité. Il nous
faudra aussi changer notre manière de faire de la politique :
plus d’écoute et de dialogue, plus de transparence et surtout
plus de volontarisme. Bref, une certaine idée de la
politique, plus exigeante et plus en lien avec leurs
préoccupations.
I/ Renouer
avec l’ambition pour rendre possible ce qui est nécessaire.
Le débat sur
la Constitution européenne a revivifié la démocratie. Mais les
arguments de la renonciation laisseront des traces. Si nous
sommes conscients qu’il faut parfois faire des compromis, nous
ne confondons pas « possible » et « facile », « possible » et
« existant ». Faire de la politique, c’est rendre possible ce
qui paraît difficile. Le débat n’est pas entre réformisme et
radicalisme. La question est : le réformisme est-il une méthode
ou une valeur en soi, et la méthode doit-elle prendre le pas sur
les valeurs ou être à leur service? La déclaration de principe
du PS résume tout: nous mettons « le réformisme au service
des espérances révolutionnaires ». Les jeunes, comme
leurs aînés, veulent de l’audace, pas des aveux d’impuissance.
L’ambition, si elle est mise au service de la société, n’est pas
un vilain défaut.
II/ Assumer
le clivage politique, y compris au niveau européen.
La notion
d’idéologie est historiquement marquée par les excès de certains
de ceux qui s’en sont réclamés. Pourtant l’idéologie, c’est un
certain point de vue sur le monde et un système de valeurs pour
le transformer. Ne tournons pas le dos à cela. En abandonnant le
terrain des valeurs, nous laisserions la place libre à celles
que nous combattons. La fin des idéologies est un mythe
savamment échafaudé pour nous en imposer une seule : la pensée
unique du marché. L’idéologie marxiste est en recul, pas
l’idéologie capitaliste ultra-libérale. Notre idéologie est
humaniste et démocratique ; elle ne nous aveugle pas ; nous ne
cherchons pas à l’imposer par la contrainte mais par la
conviction:assumons-la. Nous intéresserons les jeunes si nous
leur proposons des valeurs, pas autrement.
Cela vaut
particulièrement pour l’Europe. L’européisme béat ne peut pas
devenir une philosophie de substitution. L'Europe a besoin
d’exigence, pas de complaisance. Les socialistes ont largement
contribué à construire le contenant, ils doivent assumer leur
orientation politique pour participer à la définition du
contenu. Il faut en finir avec la vision de l’Europe comme d’un
objet extérieur que l’on accepte ou que l’on rejette en bloc.
Nous, les jeunes, savons que l’Europe est un cadre décisionnel
dans lequel soit on fait de la politique, soit on la subit.
Traiter d’anti-européens ceux qui sont contre l’orientation
libérale de l’Europe est aussi absurde que de classer dans les
rangs de l’anti-France ceux qui se battent contre les politiques
de la droite française. Cette vision de l’Europe est l’une
des richesses que nous, les jeunes, pouvons apporter. Non
pas parce que nous savons mieux que les autres, mais parce que
notre point de vue peut enrichir la réflexion collective.
III/ Ne pas
instrumentaliser les convictions supposées de la jeunesse.
Nous en avons
marre que la jeunesse et ses attributs avérés ou supposés
servent à défendre tout et n’importe quoi. L’appartenance
générationnelle n’enferme pas dans un cadre idéologique. Les
jeunes se retrouvent de tous les côtés de l’échiquier politique.
Ils ne sont pas attirés par les miroirs aux alouettes de la
pseudo-objectivité et du pragmatisme déconnecté des valeurs.
Certes, nous avons grandi dans un contexte particulier, avec des
moyens nouveaux. Cela ne veut pas dire que nous avons abandonné
les valeurs que nos parents défendaient. Les partis politiques
gagneront la confiance de la jeunesse quand, rejetant son
infantilisation, ils comprendront que les jeunes sont
suffisamment mâtures pour percevoir que les concepts
prétendument apolitiques comme la modernité ne sont jamais
exempts de contenu idéologique. La fin du « ni-ni », c’est
bien ce qu’ils nous demandent. La modernité, c’est de renouer
avec nos valeurs.
IV/ Ecouter les préoccupations
d’une génération marquée par la crise.
Dans la
jeunesse comme ailleurs, le diagnostic de deux France qui n’ont
pas la même confiance en l’avenir se vérifie. Mais la situation
des jeunes est particulière :
1
En raison d’un effet âge,
qui marque un parcours obligé: la formation initiale et
l’insertion sur le marché du travail.
2
En raison d’un effet génération.
On ne compte plus les travailleurs âgés qui, éjectés de leur
entreprise après des années de bons et loyaux services, ont les
pires difficultés à se réinsérer. Mais les jeunes sont les
principaux cobayes des nouvelles méthodes du libéralisme et
construisent leur vie entière dans cette perspective de
précarité.
Proposer un projet
qui garantisse à la jeunesse le droit à l’avenir
Le projet
socialiste doit répondre rapidement aux difficultés quotidiennes
des jeunes et procéder parallèlement à une transformation
substantielle de notre société. Avec un axe politique fort :
permettre à chacun de prendre son autonomie et de faire des
choix pour construire sa vie professionnelle, personnelle et de
citoyen.
I/ Donner
les moyens à chaque jeune de construire son avenir.
1/
Permettre à tous les jeunes de se loger.
3 millions de
Français mal-logés, 150 000 personnes vivant dans l’habitat
précaire. Les chiffres font mal. L'objectif de mixité sociale -
impérieuse nécessité - ne doit pas masquer la crise du logement
en tant que telle. Logement social? Trop rare. Logement privé?
Trop cher. Voilà la redoutable équation qui entraîne l’exclusion
et creuse les inégalités: l’absence d’un lieu calme pour étudier
est le premier pas vers l’échec scolaire. La contraction du
marché immobilier sert à justifier les discriminations racistes
face au logement. On pourrait multiplier les
exemples.
Ressources
limitées, difficulté à avancer la caution, méfiance des
bailleurs: difficile, pour un jeune, de se loger. Il faudra,
d’une part, régler le problème des cautions. Nous
proposons de généraliser le dispositif Locapass qui inclut une
avance du dépôt de garantie et une caution solidaire en garantie
des loyers et charges grâce à une « Couverture Logement
Universelle ». Il faudra, d’autre part, supprimer le mois
de carence pour le versement des aides personnalisées au
logement, qui force souvent les jeunes à s'endetter.
C’est le
système du tout-marché en matière immobilière qui est en cause.
Le phénomène de la vente à la découpe n'est que la manifestation
caricaturale de la situation ubuesque dans laquelle il nous a
mené. La puissance publique doit réguler le marché:
?
En
adoptant des règles de plafonnement des loyers et en
réfléchissant aux moyens de maîtriser le coût du foncier en
milieu rural.
?
En
réservant une part substantielle des logements sociaux aux
jeunes en formation et aux jeunes ménages.
?
En
lançant un grand plan de construction et de rénovation de
logements étudiants.
?
En
renforçant les moyens donnés à l’Agence Nationale pour
l’Amélioration de l’Habitat,
afin de rénover les logements vétustes en vue de leur location à
de jeunes actifs.
2/
Développer l’accès aux transports.
En milieu
urbain comme en milieu rural, les jeunes sont trop souvent
scotchés à leur territoire. Cette situation est le fait
d’infrastructures de transport en commun inadaptées ou de
difficultés financières pour passer son permis de conduire et
acquérir un véhicule. Les collectivités locales doivent se
mobiliser pour permettre à la jeunesse d’exercer sa liberté
d’aller et venir, donc son autonomie. C’est pourquoi nous
proposons de développer l’offre de transport collectif en
soirée, de démocratiser et améliorer la qualité de la formation
individuelle à la conduite, enfin de réfléchir à la mise en
place d’une carte orange nationale permettant aux étudiants de
voyager à travers le pays pour un prix unique forfaitaire.
Une même initiative pourrait être envisagée au niveau européen.
3/ Bâtir
une école égalitaire et pluridisciplinaire réellement
émancipatrice.
La réussite
scolaire dépend largement des capacités financières des parents.
Le principe de méritocratie se heurte violemment au mur de
l’argent. Excluant trop de ceux qui en ont besoin par le jeu
des effets de seuil, versées selon des modalités qui plongent
parfois ses bénéficiaires dans des crises de trésorerie
déstabilisantes, versées le plus souvent versées aux familles,
ce qui limite la liberté de choix des jeunes, les bourses ont
besoin d’une refonte:
?
Créons un droit à la formation tout au long de la vie, comme le proposait le rapport Charvet de 2001.
Toute personne serait dotée, à
sa naissance, d'un même capital initial de formation de vingt
années, garanti par l’Etat, utilisable dans le cadre de la
formation initiale ou plus tard dans la carrière, réalimenté par
l’exercice d’une activité professionnelle. Ce système, que
certains appellent allocation autonomie, remplacerait le système
boursier.
?
Instaurons un véritable statut du stagiaire qui lui garantit un
vrai salaire, pour que
les stages ne soient réservés qu’à une élite qui peut accepter
des stages non payés.
?
Développons les internats pour offrir de bonnes conditions de
travail à tous.
Pour l’égalité
des chances, mais aussi pour l’impératif de mixité sociale à
l’école:
?
Continuons à investir dans les zones prioritaires,
puisque les études récentes
montrent que le ciblage des
moyens permet de réduire l’écart de réussite entre ZEP et
non-ZEP. Cette priorité en direction de quartiers urbains ne
doit pas conduire à
négliger la qualité de l’enseignement en milieu rural et le
maintien de l’école dans les campagnes.
?
Redéfinissons la sectorisation et la faisons la mieux respecter.
?
Démocratisons l’accès aux filières d’excellence du supérieur :
les 10% des meilleurs élèves de chaque lycée de France
devraient avoir une place automatique en classe préparatoire.
Pour cela, il faudra en ouvrir plus et partout. Leur présence
dans les quartiers dits difficiles les démythifierait auprès de
ceux qui pensent que « ce n’est pas pour eux ». On ne
sélectionnerait ainsi plus les élèves en fonction de leur lieu
de résidence ou de leur capacité à déménager dans une grande
ville, barrière psychologique s’il en est.
?
Lancer un vaste plan de valorisation des filières
professionnelles et des carrières dans les métiers manuels dont
l’utilité sociale est à réaffirmer.
Il devra accroître les passerelles entre filières
professionnelle et générale jusqu’à l’enseignement supérieur.
Car il ne faut pas confondre échec scolaire et parcours
scolaires différenciés.
4/ Redonner
de l’emploi rémunérateur et décent.
La vulgate
néo-libérale diffuse nombre d’idées reçues. La France serait un
système rigide et inefficace, les pays anglo-saxons auraient
déniché la panacée pour sortir du chômage de masse: la
flexibilité. Voilà une thèse à déminer. Il y a
proportionnellement autant d’entrées et de sorties de l’emploi
chaque année en France qu’aux Etats-Unis. Les jeunes le savent
bien, qui doivent jongler entre petits boulots et intérim. Nous
refusons les paradigmes libéraux : un emploi qui ne permet pas
de sortir de la pauvreté et de la précarité n'en est pas un.
Face aux
attaques de la droite, redonnons un avenir à tous les jeunes
avec un projet concret, autour des axes suivants : lutter contre
la précarité qui les touche plus que quiconque en modulant
les cotisations sociales patronales en fonction du degré de
précarité du contrat de travail, développer des
emplois-tremplins assortis d’un vrai volet formation,
augmenter le pouvoir d’achat, instaurer une sécurité
sociale du travail permettant aux garanties collectives
attachées au statut de salarié de ne pas être remises en cause
par une rupture professionnelle et enfin renforcer la
démocratie sociale (repenser les modes de représentation
syndicale, réaffirmer le principe majoritaire pour l'adoption
des accords collectifs, assurer l’effectivité de la
représentation des salariés) pour améliorer les conditions de
travail.
Balayé, le
rêve du progrès technique reléguant définitivement dans
l’histoire la racine étymologique du mot travail - instrument de
torture. Si la pénibilité physique a diminué, la pénibilité
psychologique est en hausse en raison de la contraction du
marché du travail. Au titre de seuls créateurs de richesse, les
travailleurs méritent d’être plus que de simples exécutants. La
gauche de retour au pouvoir devra créer un élan comparable à
celui des lois Auroux en 1982. Ce sera un moyen fort de
convaincre les jeunes, qui n’ont pas connu le temps où les
salariés avaient un vrai pouvoir et une vraie reconnaissance
dans l’entreprise, de l’importance et de l’efficacité de
l’action collective, des luttes sociales.
5/
Permettre aux jeunes de s’épanouir dans leur vie personnelle.
Fonder une
famille ne doit plus être un luxe.
Comment accepter que de jeunes couples briment leur désir
d’enfant en raison de la faiblesse de leurs moyens financiers ?
Nous proposons un développement à grande échelle des capacités
de garde des jeunes enfants, dont un plan massif de création de
places de crèches.
La baisse
du temps de travail doit permettre un réel épanouissement
personnel. Pour cela,
complétons-la d’un volet culturel. Nous proposons de généraliser
les dispositifs de type « passeports culturels », pas seulement
à tous les étudiants, mais aussi à tous les jeunes actifs.
Plus généralement, une politique tarifaire incitative pour
favoriser l’accès des jeunes à la culture doit être développée.
L’avenir
des jeunes est soumis à celui de la planète: inventons la
social-écologie.
Le PS ne peut plus
sous-traiter les questions d’environnement. Nous devons
travailler plus étroitement avec Les Verts, mais sans division
thématique des tâches. Prenons des engagements clairs dont la
relance des projets de ferroutage, notamment dans les Alpes, le
développement des énergies renouvelables et l’application-
fût-elle unilatérale – du protocole de Kyoto. La notion de
développement durable doit sous-tendre notre projet. Pour
nous, pas de croissance sans développement humain, pas de
croissance qui saccage la planète, pas de croissance qui risque
de compromettre la vie de nos enfants au lieu de l’améliorer.
II/ Ouvrir
les portes de la République à sa jeunesse.
Encore une
idée reçue : la République n’aurait plus la côte parmi les plus
jeunes de ses rejetons. Quand la République promet l’égalité et
que certains se considèrent avec raison comme « moins égaux
que les autres », ils ont parfois du mal à accepter les
règles communes. Mais cela ne remet pas en cause l’attachement à
la République de ces jeunes en situation difficile ; ils
voudraient seulement que ses promesses soient tenues. La
République subit en revanche les attaques de la droite
communautariste, parfois aussi d’une gauche qui ne croit plus en
elle. Mais fluctuat nec mergitur, la République tient
bon. Ses principes sont plus actuels que jamais. Un exemple : la
laïcité. Sans laïcité,
pas de vivre-ensemble pacifié, pas d’égalité. Gare aux
concepts dérivés, comme celui de « laïcité ouverte », qui ne
sont que des néologismes destinés à mettre en cause le principe
de base.
Réaffirmons
les principes républicains et sachons convaincre les jeunes de
leur importance:
?
Rendons le vote obligatoire.
Régler la crise civique implique de redonner foi en l’action
politique. Mais l’abstention massive nous ramène tout droit au
suffrage censitaire. Le vote est un devoir, n’ayons pas peur de
le dire.
?
Créons un service civil obligatoire de 6 mois pour tous les
jeunes. Effectué en
France ou à l’étranger, ce service d’intérêt général devra être
soutenu par la collectivité. Un même dispositif pourrait être
mis en place au niveau européen.
?
Tissons des liens forts avec les associations auxquelles les
jeunes consacrent, plus qu’à nous, leur engagement.
?
Donnons de réels moyens et pouvoirs aux instances
représentatives lycéennes et étudiantes.
?
Pour
favoriser le vivre-ensemble, améliorons la mixité sociale.
Supprimons la possibilité de contournement de la loi SRU par
l’amende. La mixité ne pourra toutefois être renforcée que si
nous rendons plus attractifs
les quartiers dévalorisés.
Pour ce faire, les outils adaptés s’appellent services
publics. Leur présence est toujours un critère
d’implantation des ménages. Réinvestissons les ghettos,
mettons-y plus de moyens !
Pour un
changement sémantique : ne plus parler d’intégration.
Depuis des années, on entend
parler de politique d’intégration pour parler des mesures visant
des Français, dont la plupart sont nés en France ou y ont
toujours vécu. Quel message nous envoyons à tous ces jeunes en
leur expliquant qu’ils doivent s’ « intégrer » dans une
communauté nationale à laquelle ils appartiennent déjà !
Cessons d’invoquer l’intégration, c’est d’égalité républicaine
dont il s’agit.
IV/ Les
jeunes ont besoin de l’Europe sociale.
Les « non »
français et hollandais à la Constitution européenne,
majoritairement portés par les jeunes générations, excluent une
application telle quelle du texte. Le « non » ne crée pas
l’Europe sociale, un « oui » aurait été son fossoyeur. Pour
donner corps à notre usuel slogan de l’Europe sociale, il faut
d’abord réussir l’élargissement. Avant même la renégociation,
les socialistes doivent demander un plan Marshall de soutien aux
nouveaux membres. On ne pourra pas s’étonner que certains Etats
jouent la concurrence fiscale et sociale si l’on a refusé de
leur donner les moyens d’approfondir leur développement. Pour
que cette solidarité soit durable, militons pour une hausse du
budget européen.
Concrètement,
un statut du jeune salarié européen, destiné à promouvoir
la mobilité professionnelle des jeunes, pourrait être
expérimenté. Il constituerait la première pierre à une
harmonisation sociale générale par le haut. Une première
expérience dans la vie active menée dans un autre pays que le
sien constituerait une richesse personnelle pour les jeunes et
collective pour l’ensemble du peuple européen. Ce statut
protégerait de la même manière quelque soit la Nation d’origine
et le pays d’accueil. Ainsi, un jeune plombier polonais pourrait
venir travailler dans notre pays grâce à un statut protégeant
ses droits sociaux et son niveau de rémunération. La dynamique
ainsi instaurée serait créatrice de richesse d’une part, et
catalyseur d’une progression sociale partagée à l’échelle de
l’Union d’autre part. Ce statut serait garanti par des
financements européens et une coordination continentale des
régimes de sécurité sociale.
Renouer la
confiance avec la jeunesse
A l’instar des
masses laborieuses du 19e siècle, les jeunes sont devenus la
classe dangereuse du 21e siècle naissant. Stigmatisés, certains
revendiquent le stigmate comme élément identitaire puisqu’on
leur refuse symboliquement l’accès à l’identité de citoyen. Ceci
remet gravement en cause notre pacte social. Ces jeunes ne
demandent pourtant qu’à être considérés comme des citoyens à
part entière.
La droite, comme de coutume, divise pour mieux régner. En
témoigne le projet de Villepin d’exclure les
moins de 25 ans du décompte des
seuils de 10 et 50 salariés, ce qui instaure une concurrence
légale à l’embauche, risquant d’attiser rancœurs et jalousies.
Au contraire, la gauche doit favoriser l’harmonie entre les
générations. Avec les jeunes, nouer un pacte de confiance. Leur
dire que la jeunesse est toujours une richesse pour le pays dont
elle est l’avenir. Les convaincre, enfin, que la gauche est
seule à même de transformer la société pour plus de solidarité.
"C'est la
fièvre de la jeunesse qui maintient le monde à la température
normale. Quand la jeunesse se refroidit le reste du monde claque
des dents", disait
Bernanos. Elle se refroidit quand le politique ne lui paraît
plus en capacité de changer le monde, elle se refroidit quand
elle ne croit plus au progrès. C’est à nous de lui redonner
espoir.
Premiers
signataires : Elsa BERTHOLET (CN-26), David ASSOR (BN MJS-95),
Jocelyn ASSOR (95), Nicolas BAYS (SBN MJS-62), Jérémie BERIOU
(BN MJS-77), Thibaud BOUVIER (38), Jérôme BOUXIN (DR
Nord-Pas-de-Calais MJS-62), Franck FIANDINO (AF MJS-48), David
FONTAINE (DR Haute-Normandie MJS-76), Charlotte GOUJON (AF
MJS-76), Bertrand LASBLEIS (CNA MJS-72), Guy-Eric LEMOULAND (AF
MJS-72), Grégory MÊCHE (SBN MJS-94), Nelly MORISOT (SBN MJS-75),
Guillaume QUERCY (CNC-Président CNA MJS-77), Hadrien REGENT (BN
MJS-76), Bruce RITTER (AF MJS-62), Philippe SERRE (DR
Languedoc-Roussillon MJS-48)
www.egalitejeunes.org
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