Délégués au Congrès signataires :
Clément ABITBOL, Philipe AGAZIACK, Redauane AL-ZEROULANE, Nicolas
BAYS (AF 62), Julien BAYS, Jérémie BERIOU, François BESANCON, Medhi
BOUKACEM, Céline BOYER, Louisa BROUSTE, Mickaël CAMUS, Alexandre
CANET, Larry CANLERS, Lucille CHARRIE, Philippe CLEMENT, Bastien
CORITON (DR Haute-Normandie), Flora CORITON, Philippe DEMEILLERS,
Céline DION (AF 76), Abderrhaman ELAOUR, Lahaucine ELBACH, Jimmy
FAUSTA, David FONTAINE (BN 76), Bertrand GAUTHIER, Charlotte GOUJON,
Sylvain HOURS, Muriel ISAAC, Lysiane KOWALSKI (BN 62), Bertrand
LASBLEIS, Rachid LASRI, Teddy LAUBY (DR Nord - Pas-de-Calais),
Benamar LECHLECH, Mohamed LECHLECH, Guy-Eric LEMOULAND (AF 72), Marc
LIOTARD, Elisa LOUP, Yannick MAGNE, Thierry MALBRANQUE, Franck MANEL,
Nicolas MATHIEU, Grégory MECHE, Julie MERY (SBN 93), Myriam NINI,
Manu PAVY, Justine PRUVOST, Julie PUEL, Guillaume QUERCY (SBN 77),
Bruce RITTER, Vanessa ROCHE, Lynette RUTHEFORD, Olivier SERRE (SBN
38), Philippe SERRE (AF 48), Pierre TALAGRAND, David TALANSIER,
Mickaël VELAYGUET, Marie VEYRON, Julien VIGNOBOUL, William WARTEL,
Amel YAHIAOUI, Nadjet YAHIAOUI, Hanane YAHIAOUI.
20 mois après le 21 avril, le séisme est toujours dans nos têtes.
Dans quatre mois, les Français iront de nouveau aux urnes. La
réplique est dramatiquement possible.
La récente enquête Sofrès sur la pénétration des idées du FN dans la
population – même si elle peut être discutée en bien de ses aspects
– sonne l’alerte. La menace est double : celle de voir la
déconfiture de la gauche et celle d’encaisser une nouvelle
progression de l’extrême droite en France.
C’est dans ce contexte difficile que se tient notre 6ème Congrès.
Son enjeu : éviter le cataclysme ! La méthode : l’union, à gauche !
L’insécurité généralisée dans laquelle baignent chaque jour un peu
plus, les classes populaires et laborieuses, nous préoccupe. C’est
en effet le défi majeur auquel la gauche est confrontée en ce début
de 21ème siècle. Pour tous ceux qui croyaient que le 3ème millénaire
serait le début d’une nouvelle ère, d’un futur prometteur, la
déception est certainement très forte. Après deux siècles de lutte
des travailleurs – prolétaires ou non – les difficultés sont
toujours les mêmes et l’émancipation de l’homme toujours aussi
inaccessible.
L’insécurité, qu’elle concerne les biens ou les personnes, l’emploi,
la santé ou l’environnement, suscite aigreur, peur, haine parfois.
Sur ces sentiments, la gauche n’a jamais connu la prospérité.
Qu’est-ce que la droite propose aujourd’hui pour rassurer nos
concitoyens, pour les rendre sereins, confiants en l’avenir et plus
heureux ? De supprimer les retraites, de mettre des policiers
derrière chaque individu – mais certainement pas derrière chaque
grand patron pourtant soumis à des tentations illicites aux effets
dévastateurs dans nos sociétés (conditions de travail épouvantables,
salariés kleenex, exploitation de main d’œuvre clandestine,
blanchiment d’argent, abus de bien social – de légitimer le
communautarisme (j’y reviendrai) en laissant couler le flot de
discriminations insupportables auxquelles trop de jeunes sont
confrontés, de démanteler la sécu, d’allonger le temps de travail et
ainsi de contribuer à tendre encore plus le marché de l’emploi, de
paupériser l’école et l’hôpital pour mieux favoriser la concurrence
scolaire et les inégalités sanitaires… Sur tout cela, l’extrême
droite pousse. Elle enfle même. Au risque de voir chavirer demain,
plusieurs de nos grandes régions, et après demain, notre République
!
Nous tremblons. Alors, réagissons ! Pour réconcilier le peuple avec
la République, nous devons être clairs. Notre projet est celui d’une
République fraternelle dans une Europe résolument sociale. Pour
porter ce projet, la gauche doit être unie. Pour les élections,
comme dans notre militantisme quotidien, l’union de la gauche est
indispensable, elle ne doit pas être monopartenariale, elle doit
être fidèle à l’histoire de la gauche française.
Comme il s’agit d’être bref, j’évoquerai simplement trois points :
l’Europe, les discriminations et l’emploi.
Le débat actuel sur la constitution européenne est faussement mené.
Les partisans du oui ou du non, à une question qui ne nous est même
pas posée, participent, pour les premiers, à l’accroissement de la
fracture entre la gauche et les citoyens les plus fragiles, pour les
seconds, à la montée du rejet du grand dessein européen et,
finalement, à la montée des nationalismes. Evitons ces écueils.
Notre rôle n’est pas d’exposer un avis pour ou contre un texte dont
le contenu est positif sur certains points (considérons qu’il peut
être un premier pas vers une Europe plus politique, fédérale) et
négatif sur bien d’autres (constitutionnalisation du libéralisme
économique, mise en cause de la laïcité…). Notre rôle, c’est de
faire vivre l’idéal d’une Europe sociale, politique, active sur la
scène internationale, dans le cœur des Européens. Pour cela, notre
tâche est de chercher les voies pour qu’une autre Europe soit
possible. Aux Français, nous devons donner des perspectives.
L’Europe à 25 restera longtemps un vaste marché économique sans âme.
La France, les socialistes européens, ont le devoir de s’engager sur
le chemin d’une Europe à plusieurs niveaux. Nous devons être
volontaristes et proposer un approfondissement de l’Europe sociale à
quelques-uns. L’Allemagne est, dans ce cadre, un partenaire à
privilégier. Ces liens plus forts qui uniraient quelques pays,
formeraient l’embryon d’une grande Europe puissance.
Par ailleurs, au regard de l’évolution des débats au sein de la CIG,
la gauche européenne gagnerait à exiger qu’elle ne se prolonge pas
outre mesure pour laisser le futur Parlement européen et la future
Commission achever l’élaboration de la Constitution. Nous aurions
alors l’occasion de mener une véritable campagne européenne en mai
prochain dans laquelle nous aurions la faculté de proposer aux
peuples d’Europe un nouveau contrat social. Avec le soutien des
citoyens européens, la gauche pèserait de manière décisive dans la
construction européenne de demain. L’Europe sociale ne se fera pas
sans l’adhésion populaire. Un référendum pour l’adoption de la
Constitution européenne, réalisé le même jour dans les 25 pays
d’Europe, serait un signe fort adressé à la Nation européenne.
Rien n’est plus destructeur pour la gauche, et les socialistes en
particulier, que d’apparaître divisés sur cette question. Quels
ravages cela produit ! Globalement positif, globalement négatif, les
deux approches ont leur cohérence. Mais politiquement, nous devons
démontrer aux Français que l’Europe est indispensable à leur
bonheur. Ce n’est pas en acceptant benoîtement le texte qui nous est
soumis, sans se battre, sans porter nos propres valeurs, que nous y
arriverons. Dans un contexte où l’exclusion progresse, où
l’exaspération grandit dans la population, l’Europe est le coupable
idéal. La force de cette conviction ancrée dans les classes
populaires ne peut pas être niée, surtout par les socialistes dont
la vocation est de représenter les travailleurs. A moins, bien sûr,
d’être masochistes ou suicidaires. Laissons aux centristes de droite
le soin de cajoler les individualistes intellos de tous poils et
tentons de renouer le dialogue avec ceux qui quittent peu à peu les
rangs de la République. C’est notre priorité.
Pour renouer les liens entre la gauche et sa base sociale, un
discours intransigeant et inflexible, sans concession, doit être
tenu concernant les discriminations dont sont victimes les citoyens
issus de l’immigration, tous ceux dont le seul crime est de ne pas
être des blanc-becs. Laissons à la droite le soin perfide de manier
les symboles stériles. La gauche doit agir concrètement. Le MJS a
organisé quelques testings ces dernières années, d’autres
organisations l’ont fait aussi, il faut systématiser ces opérations.
Le MJS doit être à l’initiative, avec les organisations de jeunesse
de gauche, d’un grand observatoire progressiste de lutte contre
toutes les discriminations, dans tous les domaines, à commencer par
l’emploi et le logement. Véritable centre de ressources, d’analyse,
de propositions et de soutien, il serait un outil concret au service
de notre idéal d’une République fraternelle, métissée et laïque.
Donnons-nous les moyens d’agir. Concentrons nos efforts dans cette
réalisation.
Plus globalement, opposons-nous à la montée des communautarismes,
souvent forcées par l’attitude d’une certaine presse et de la
droite, qui confondent confession et identité. Refusons les
velléités politiques des institutions religieuses. Les socialistes
ne connaissent pas de musulmans de France, de juifs de France ou de
catholiques de France, ils connaissent des Français, nés ou venus
trouver une vie meilleure sur le sol de France. Les églises ne
dictent par leur loi à la Nation, elles ne doivent pas cristalliser
l’attention. L’émancipation de l’homme passe nécessairement par le
recul des obscurantismes. Cédons un mètre de terrain et c’est
l’ensemble de l’édifice républicain qui s’ébranle. Par exemple,
plutôt que de créer de nouveaux jours fériés liés à des religions,
laïcisons l’ensemble des jours fériés actuels.
Un mot seulement sur la nécessaire loi sur la laïcité. Si l’on veut
avancer, ce ne sont pas les signes « ostensibles » qu’il faut
interdire, ce sont les signes visibles ! La notion n’est pas la
même, prenons garde au piège qui nous est tendu. Ajoutons que cette
interdiction devra s’étendre à tous les lieux d’éducation, qu’ils
soient publics bien sûr, mais aussi privés.
Enfin, terminons sur ce qui doit être la priorité des priorités, sur
ce qui nous touche le plus directement, le droit de chacun à
bénéficier d’un emploi décent. Les acquis sociaux du 20ème siècle
doivent être défendus et ils doivent être renforcés par de nouveaux
droits. La sécurité sociale professionnelle est certainement la
grande conquête qui unira les travailleurs au cours des 10 années à
venir. Parce que la vie n’a pas de prix, que le bonheur est le cap
des socialistes, une autre conception du travail, du parcours
professionnel, doit être inventée.
Notre 6ème Congrès définit donc une ligne politique claire, fondée
sur une République fraternelle dans une Europe sociale. Notre
priorité : recoller les morceaux avec ceux qui peinent, qui se
sentent oubliés, méprisés. La gauche est le seul rempart contre les
intégrismes et les extrémismes ; la droite, elle, n’est qu’une
passerelle. Dans ce climat oppressant, dramatique, notre
responsabilité est de rester unis et de faire front. Unis, à gauche,
unis dans le camp socialiste.
Sans épiloguer sur ce dernier point, nous mettons en garde contre
les tentations de certains camarades, aux méthodes inspirées du
lambertisme, de promouvoir une République communautarisée dans une
Europe libérale. Si une OCI de droite devait voir le jour, nous
refuserions qu’elle le fasse au sein de la jeunesse socialiste.
Résolument réformistes, nous avons fait le choix de changer notre
organisation, nos pratiques, de l’intérieur, sans jouer le jeu de la
déstabilisation par voie de presse ou de calomnies publiques, sans
prendre le risque d’aggraver la situation de l’ensemble de la
famille socialiste française. Notre approche pragmatique a prouvé
son efficacité. L’analyse de la situation politique interne au MJS
que nous faisions en juin s’est avérée. 10 ans après son autonomie,
le MJS ouvre une nouvelle page de son histoire. Des réformes
statutaires décisives pour lesquelles les minorités ont lutté
pendant de nombreuses années ont enfin vu le jour (proportionnelle
intégrale, envoi des contributions avec le texte d’orientation,
référendum militant...), un travail plus collectif et plus concerté
que par le passé, une volonté sincère, exprimée par David LEBON et
Nouvelle Gauche, d’abandonner certains traits caricaturaux que tout
groupe majoritaire a dû mal à éviter. Tout cela nous incite à croire
en les chances du MJS de progresser, de se développer et de changer.
C’est l’erreur « historique » d’une partie de la motion B, ne pas
avoir compris que les militants avaient changé, qu’ils étaient plus
matures, plus attachés qu’auparavant à l’identité du MJS et à celle
de jeune socialiste autonome. L’intolérance est le premier pas vers
le totalitarisme, ne sombrons pas, entre nous, dans ce gouffre.
L’ère bureaucratique se termine, nous faisons le pari d’en ouvrir
une nouvelle, tous ensemble, avec Nouvelle Gauche et sans état
d’âme. Notre participation à la nouvelle majorité du MJS est
exigeante, nous avons des objectifs précis dans l’intérêt général du
MJS, nous ne les abandonnerons pas, nous les réaliserons.
Nous lançons un appel solennel aux signataires de la motion B.
Montrez, aujourd’hui, votre choix de bâtir une grande organisation
de jeunesse socialiste avec l’ensemble des membres de sa famille.