(1) Deux bandes s'affrontent pour leur place dans la société, symbolisée par le terrain de sport |
Deux bandes ennemies
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(2) Chaque groupe marque sont territoire. Les Jets sont américains, ils sont chez eux. |
(3) Les
Jets
haissent les étrangers et
ne veulent pas que les Sharks empiètent sur leur place.
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(4) Les Sharks "puent", les Jets projètent leur mauvaise analité mal intégrée sur les Sharks. |
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(5) Les Sharks chantent l'Idéal à atteindre : ils veulent entrer dans la société américaine. |
Un Idéal trop lointainLes "Sharks" représentent le groupe de l'Idéal. Les Portoricains chantent l'Idéal à atteindre et tous les bénéfices qui en découlent comme d'une source de narcissisme. Leur nouvelle identité leur procurera un phallus plus beau que la plus belle des Cadillac américaines et leur fera oublier leur enfance malheureuse. Le rêve des Portoricains est d'arriver à s'intégrer dans une société américaine idéalisée et lieu de projection d'une certaine toute puissance. Mais la nostalgie du pays les tire en arrière et, dès le départ, l'Idéal est trop loin et devenir américain, ça coûte cher en une analité qu'individuellement aucun membre du groupe n'a intégrée. Aucun n'a une vie individuelle assez puissante pour se passer du groupe. Maria, une fille pleine de narcissisme, veut cependant essayer d'intégrer son Idéal individuel. |
(6) Les Sharks chantent l'Idéal de la belle et grande Amérique mais aussi leur nostalgie du pays. |
(7) A cause de l'absence de Surmoi, la police est continuellement obligée d'intervenir. |
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(8) La police représente la loi, les limites, le surmoi. |
(9) Tony veut quitter son groupe, les Jets, pour intégrer la société par le travail. |
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(10) Il est soutenu par son groupe qui chante : "En bande on est puissant, l'individu est multiplié par 2, 3, 4. Le petit est roi." |
(11) Maria, soeur du chef des Sharks, veut réaliser son Idéal. Elle se regarde dans le miroir en rêvant de réaliser son narcissisme de femme. Elle est soutenue par ses amies qui la consolident dans son image et dans son narcissisme. (Elles lui cousent la robe de fête.) |
La scène primitive.
La lutte du Surmoi contre l'Idéal
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(12) Le bal représente l'amour dans la vie sociale. Il symbolise une scène parentale sociale. |
(13) A ce bal, démarre la vie amoureuse de Tony et Maria. Ils veulent faire le passage initiatique. |
(14) Ils veulent réaliser leur vie individuelle qui résulte de la vie affective mais nécessite un Idéal et un Surmoi individuels. |
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(15) Dans ce bal, l'Idéal et le Surmoi sont représentés par des adultes ridicules. |
La révolte de la fratrie.Le film commence alors à dérouler sa trame. La révolte des fratries qui jusque-là se faisait sournoise, éclate alors au grand jour en vue d'acquérir tout ce qui est nécessaire à l'intégration du Père. Désormais, on ne peut plus reculer le groupe des "Jets" et le groupe des "Sharks" vont s'affronter. Le corps à corps est décidé. La perversion réside dans le fait que l'Idéal et le Surmoi prennent une dimension de toute puissance et qu'Ils s'opposent dans une lutte à mort, au lieu d'être neutres et en harmonie. Le problème sera réglé par le corps et la force physique à la manière des animaux et non sur le plan psychologique. |
(16) Le combat corps à corps est décidé. |
(17) Ni le commissaire ni Doc, propriétaire du bar et ami des adolescents, n'arrivent à maîtriser l'agressivité des deux groupes. |
Le Surmoi et l'Idéal ne sont ni limités ni protégés par le PèreAu dernier moment, le commissaire de police, en bon Surmoi, essaie de calmer le jeu, mais il est maladroit et inadapté car il ne pense qu'à son avancement. Il n'a aucune prise sur les puissances mises en jeu. Le groupe invective aussi Doc, un adulte qui accueillait les "Jets" dans son petit bar. A travers Doc, les adolescents reprochent aux adultes leur incapacité d'être des modèles et d'être de trop faibles représentants d'un Idéal sans lueur. Malgré l'intervention de Doc, le conseil de guerre décide que le combat aura lieu car il devient impératif de régler ce problème du territoire qui est aussi le problème de l'identité d'adulte et de la place du Moi dans la cité. |
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(18) Parodie de leur propre auto psychanalyse qui n'est pas intégrée à cause de leur passé |
Les scènes de moquerie et de parodieEn
ce moment central, le Groupe fait son autoanalyse au cours d'une
scène
de moquerie de la psychanalyse. Les rôles du psychodrame sont
répartis
entre un groupe d'Idéal et un groupe du Surmoi, comme si le
groupe
représentait le Moi de chacun projeté en communion sur le
groupe.
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(19) Ils parodient l'Idéal représenté par une assistante sociale. |
(20) Ils parodient la police et ils se moquent du juge (le Surmoi). |
Ils parodient leur propre
autopsychanalyse
qui n'est pas intégrée à cause de leur
passé. Ils parodient l'Idéal
représenté par une assistante sociale. Ils parodient la
police et ils se
moquent du juge (le Surmoi). Ils parodient le mariage individuel. Tony
et Maria se moquent du mariage de
leurs parents, leurs modèles. La mère est grosse et le
père porte un
chapeau ridicule.
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(21) Parodie du mariage individuel. Tony et Maria se moquent du mariage de leurs parents, leurs modèles. La mère est grosse et le père porte un chapeau ridicule. |
(22) Ils célèbrent un mariage fictif de rêve. |
Tentative de régler le problème sur le plan psy de l'Oedipe.Tony et Maria savent que le combat se situe sur un autre plan que sur le plan corporel. Ils essaient, eux aussi, d'intervenir pour que le combat à mort n'ait pas lieu physiquement mais psychologiquement. Malgré eux, l'autodestruction prend le dessus dans le processus. Les combattants de chaque bande sont désignés et ils brandissent leurs couteaux, tels des phallus de vie et de mort. Les forces en jeu sont démesurées et incontrôlables. Les deux gangs ne sont que des groupes physiques et que des Fratries. Leur prétention à devenir de vrais Père et Mère ne sont pas à la hauteur de la tâche. L'émotion suscitée à ce moment du film est due à la richesse des images inconscientes que cache ce beau jeu de miroir des meurtres fratricides. Bernardo, l'ami d'Anita, elle-même amie de Maria, tue Riff, l'ami de Tony. Ainsi les frères de groupe, de Maria et de Tony, referment l'étau de la mort sur le couple. En même temps meurent aussi les propres images masculines de Maria et de Tony qui leur auraient permis de trouver leur identité de couple. Dans un dernier sursaut, Tony et Maria consument une nuit de noces de déni pour se convaincre qu'ils ont obtenu la sexualité qui est l'enjeu. Mais à cause de cette sexualité naît la peur et ils décident de leur fuite loin des groupes. Mais on ne peut pas échapper à la nécessité de grandir par l'analité ! Les groupes les rattrapent et reprennent le dessus. A la fin, Tony lui-même sera tué d'un coup de feu par Chino, l'ami de Bernardo et prétendant de Maria. Ainsi tous les chefs sont morts. Devant la nécessité de maîtriser les violences, le groupe reprend ses droits et la Fratrie l'emporte. Le groupe du Surmoi maîtrise son agressivité et le groupe d'Idéal retourne à ses illusions. |
(23) Une nuit de noces de déni. |
(24) Les Sharks passent le grillage (l'interdit maternel). |
(25) Les Jets passent le mur (l'interdit paternel). |
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(26) Le combat commence. |
(27) Bernardo tue Riff. Tony tue Bernardo. Les chefs sont morts. |
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(28) Tony meurt dans les bras de Maria, tué par son rival Chino. La mort l'emporte sur la vie, la destruction sur l'amour. |
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Ainsi
se termine (mal) la belle histoire de deux adolescents qui ont
échoué
dans leur passage initiatique vers la vie individuelle, vers la vie
sexuelle, vers la vie de travail et vers la vie sociale.
Ce film nous montre qu'il y a un Idéal et un Surmoi individuels : ceux de Tony et de Maria. Il y a aussi un Idéal et un Surmoi de groupe : ceux des "Jets" et des "Sharks". Ils servent à faire la transition entre individu et société. Il y a, enfin, un Idéal et un Surmoi de la société : la belle et grande mais exigeante Amérique, avec ses belles voitures et sa puissante police. Ceux des groupes et des sociétés résultent de l'Idéal et du Surmoi moyens des individus du groupe concerné. Dans le film, ni Tony et Maria, ni les groupes des "Jets" et des "Sharks" ne les avaient intégrés. Leur Idéal et leur Surmoi n'étaient pas neutralisés par l'analité et par l'Oedipe. Le conflit devient dramatique du fait de l'opposition de ces différents facteurs entre eux qui aboutissent à l'éclatement.
Tout conflit de groupe se fait entre le narcissisme et l'analité non intégrés. West Side Story, à l'origine, dans le tout premier projet, devait être l'histoire d'une Italienne et d'un Juif. Elle aurait pu être celle d'un groupe chrétien contre des musulmans. Elle aurait pu être celle de l'Allemagne contre la France pendant les guerres. Elle aurait pu être celle de deux partis politiques opposés entre une gauche et une droite. Elle pourrait être l'histoire de deux entreprises rivales. Elle aurait, enfin, pu être celle de tous ceux qui comme Tony échouent leur entrée dans la vie sociale à cause de l'inexistence de leur vie individuelle. Tout conflit de groupe, ethnique ou religieux, lui ressemble !
Par
ailleurs, ce film nous permet encore de constater que les groupes
suivent la même évolution psychologique que les individus
mais un grand
nombre de sociétés n'ont pas encore atteint ou
terminé leur adolescence
!