EQUATEUR ABSOLU

Salah Stétié - Jean Anguera

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Brûlante ligne froide
Comment fait le soleil pour apaiser les îles ?
Je suis ici avec mes deux mains inutiles
Cherchant une évidence aveugle dans le blanc
La Terre est bleue comme une orange et point d’orange
L’espace autour de nous définit le marteau
CASSER Derrière il y a le temps des fluidités
Et sous l’arbre ainsi que fourche de la femme
Il y a la pulsation et le malheur du sang

Brûlante ligne froide
Dans le jardin de la concentration
L’homme et la femme et les étrangetés du monde
Elle est peut-être agenouillée à l’horizon
Lingot de terre et de soleil poids des semences
Et tout ce corps ici tombé tout ce désir
Comme un taureau lâché dans la couleur
Bœuf écorché de toute femme au bout du sang
Corps écorché de toute femme au pré d’amour

Brûlante ligne froide équateur absolu
Comme est la femme-épouse avec sa bissectrice
Le raisin de ses hanches délavées par la mer
Dans ce pays de nul pays le bleu de l’air
Allumé seul dans l’être et dans le rien de l’être
Où va halluciné le maître de ce bleu
Vers le néant qui est l’achèvement des lignes
La mort, dit-il, et la couleur – sont mes filles

La mort et la couleur sont des filles de nuit
Le temps les accompagne
Et nous voici sans bras pour embrasser l’espace
Où brille avec autorité un fragment d’île
La pierre est de désir, son chemin pur, son roc pulvérisé
Et nous n’avons pour nous aimer que la mémoire
Je rêve à toi fourche des femmes
A ta haute broussaille
Instable et dure et droite au sommet de la mer

Brûlante ligne froide
Brisant le nu de l’Un l’éclat du deuil
Et le visible et l’invisible ensemble
Au seuil de tout, guitare et cœur, cela vibre
Car ailleurs est le monde ailleurs est l’assemblée
Ici ici
Ce que nous entendons grincer
C’est la présence et c’est l’absence l’une dans l’autre
Saisies et saturées dans le même piège

L’amour pourtant est le chemin loin des images
L’amour comme une plante évaporée sa fleur
Et seulement de verticalité tendue
Alors que c’est là-bas l’espoir des hommes
Le sentier de leurs barques
Et qu’au-delà de l’horizon il y a un horizon encore
Un horizon un grand bouquet d’horizons
Et qu’au-delà de toute aimantation des lignes
Il n’est jardin ni porte

La pulsation et le malheur du sang :
Sous la tonnelle se sont glissés les hémisphères
Un ciel éparpillé de jasmin dans le ciel
A l’heure où tournent l’heure et le rêve et la nuit
Fiancés dans des halos
La ligne bleue va toujours son chemin d’astre
Vers le corps de la femme et de l’île et de l’heure
La lumière à la fin
La lumière est venue habiter la maison
Il semble enfin que cela soit, que la lumière
Est venue s’installer au cœur de la maison
Pour aider une rose inaltérée à naître

L’espace autour de nous définit le marteau
CASSER Derrière il y a le temps des fluidités
Brûlante ligne froide
Avec toi nous irons vers la fin du désir
Dans ce pays de nul pays bleu d’air
Cherchant une évidence aveugle dans le blanc
Brisant le nu de l’Un l’éclat du deuil
C’est la présence et c’est l’absence l’une dans l’autre
L’assemblée des insectes
Le soleil ! Le soleil !
Comment fait le soleil pour apaiser les îles ?

(extrait du texte de Salah Stétié)