Subir Pour Triompher

Roger Lorance


Peintre oniro-symboliste et poète symbolico-parnassien

Quelques remarques sur son travail
Chez Roger Lorance, depuis les années 50, des centaines de peintures sur bois scandent un univers onirique, saturé de visions tératologiques organisées en structures emblématiques, et rehaussées de couleurs vives. Ce fils de teinturier, obsédé par le symbolisme des rêves, n'a cessé de peindre son intériorité comme un bestiaire d'une mythologie sans frontière. De la figure de Shiva à celle d'une hallucination
informe, ces représentations ne lui ont apporté que la raillerie et les brimades de ses proches - des " brutes ", selon ses propres mots. Parallèlement, inspiré par Hérédia, Gérard de Nerval, ou encore Baudelaire, il a écrit des milliers de poèmes qu'il qualifie de symbolico-parnassiens. Aujourd'hui, à 82 ans, il a cessé de peindre - " les images ne viennent plus à la tête " - mais poursuit son travail d'écriture, seul dans sa maison de Villeneuve-lès-Avignon.
( Texte de Eric La Casa, décembre 1999 )

Parcours et repères bio-bibliographiques
Roger Lorance, né le 5 octobre 1925 à Héricourt ( Haute-Saône )
1930 - Il s'installe avec ses parents dans le midi, à Orange, dans une boutique de teinture et de dégraissage.
1942 - Premières poésies ( des centaines de poèmes détruits des années après, par insatisfaction ).
1947 - Il s'autoproclame poète symbolico-parnassien, inspiré par Sully Prudhomme, Baudelaire, de Nerval, Rimbaud, Mallarmé, Hérédia... Il poursuit parallèlement son travail quotidien comme journalier avec son père teinturier, à Villeneuve-lès-Avignon.
1953 - Il rencontre le peintre Jules Thoret, à Saint-Rémy-de-Provence, avec lequel il étudie la peinture, et découvre la tératologie.
1954 - Il rencontre le peintre symboliste Léopold Chaillot, à Villeneuve-lès-Avignon, au Fort Saint-André où il commence à peindre. ( "L'Alchimiste", 1954, premier tableau ).
1955-1964 - Tout en poursuivant son métier dans la boutique familiale de teinturerie, à Villeneuve-lès-Avignon,
il réalise seul des centaines de tableaux, et de poèmes.
1965 - Après une cure de désintoxication, pour alcoolisme, il stoppe son activité artistique. Première pause à la création.
1966-1980 - Reprise, et développement de la peinture. En 1969, la teinturerie familiale ferme, et reste à ce jour dans un état d'abandon.
Dans les années 80, deuxième pause. Il accompagne seul sa mère malade jusqu'à sa mort.
1993-1994 - Après une dizaine d'années d'interruption, ce sont les dernières années de création picturale.
Les images ne viennent plus à la tête.
1995 - Première exposition, en Avignon.
Aujourd'hui, il ne cesse d'écrire des poèmes, et surtout des sonnets ( plus de 5000 poèmes depuis le début ).

Livres
Roger Lorance, Poëte et Peintre, 40 exemplaires, éditions Collection Mémoires, 1995.
Eric La Casa, Le Temple de l’absurde, livret-CD, 100 exemplaires, éditions Collection Mémoires, 2001. ( Portrait )


" Subir pour triompher"
R.L.


Delirium Tremens

La terreur me saisit, je vois du poil partout,
Et ce gnome, et ce gnome ignoble et grimaçant;
Puis, je n'aperçois plus que du pus et du sang,
Ou je suis enfoui sous la forme d'un loup.

Des choses déformées passent sur un fond flou;
Je ne suis plus qu'un mot, un lion, un accent,
Un dirigeable, un météore ahurissant,
Et ma bouche est remplie d'un affreux goût d'égout.

Voici que me saisit la peur de m'envoler,
Ou de ne plus rien voir, ou de ne plus parler;
Mon cerveau se transforme en un tas de fourmis.

Et ce train qui, des jours, de moi ose sortir,
Jusqu'à me provoquer un envie de vomir,
Et le plus effrayant, que sciemment, j'ai omis !

Roger Lorance, Villeneuve-lès-Avignon. 1959.

 

Explications succinctes et sujettes à caution de mon tableau ( 8 figures ) intituléé :

Synthétisation Venuste de la Paralysie-Générale dans sa Phase Syndromatique

Partant du bas, et de gauche à droite, d'abord, de sombres montagnes, datées de ma signature, et du sigle de " l'école de peinture oniro-symboliste ", sigle de forme circulaire à fond noir cerné de jaune, nanti d'une croix de Saint-André ayant, dans ses angles de droite et de gauche, d'abord, les initiales L, - Lorance - et dans sa partie opposée, les initiales CH, - Chaillot -, et partant dans son angle supérieur, une croix des chartreux, symbole de la domination mondiale. Surplombant cela, sur toute la largeur du tableau, une tête tellurique, dotée de deux yeux ; bleus, verts et gris, qui figurent le ciel, la terre et la lune. Sur la gauche de la tête, un blason représentant les armes du Conte Arthur de Gobineau, auteur d'un ouvrage intitulé : " Essai sur l'inégalité des races humaines ". Sur le sommet de la tête, deux monuments figurant l'ancienne partie du Palais des papes, bâtie par Innocent VI, et dont la couleur verte dit la pérennité du passé. Assise les deux pieds reposant sur les dits monuments, une créature, au nez en forme de bombe au napalm, à la chevelure étoilée figurant celle de l'antique Bérénice, datée d'un œil ombilical, et portant un tablier ou s'inscrit la croix Celtique, prenant son assise sur la chevelure, un personnage au crâne effrangé symbolisant la coupe de la Mort. Ces deux démons ont, l'un, celui du bas, les bras et les jambes disposés en forme de M, et celui du haut, dont les jambes seulement figurent, un M , c'est à dire la première lettre du mot : " Mort ! ". Aux cotés gauches et droits, 4 personnages, deux à gauche, deux à droite, superposés, symbolisant les quatre Eléments, les quatre vents de l'Esprit, Esprit annihilé chez ceux qui sont atteints de Paralysie-Générale, - ce fut le cas de Nietzsche -. Pour les mots grecs inscrits au sommet du tableau, ils se lisent : " Pras agapé kata Iakatas ", ce qui veut à peu près dire : " Par amour de l'absurde ". C'est, entre nous, tout ce que je peux expliquer de mon œuvre, car chacun est libre d'y donner la signification qui lui convient ! Roger Lorance, Villeneuve-lès-Avignon, ce vendredi 22 IX 1995

 

" Par amour de l'absurde "
R.L.