Déclaration
en faveur d'une licence globale pour les utilisateurs d'internet :
Dans la nuit de
mercredi à jeudi 22 décembre 2005, deux amendements présentés par l'UMP et
le PS légalisant le téléchargement ont été
adoptés par l'Assemblée Nationale, en instaurant
une licence globale. Ces amendements à
l'article 1er du projet de loi, article consacré aux exceptions
au droit d'auteur, étendent à l'internet les exceptions
pour copie privée en prévoyant en contrepartie une rémunération
des artistes, sous la forme d'une licence globale (pour une utilisation
légale du peer-to-peer). Ces amendements ont été
votés par le PS, le PCF, les verts et une partie de l'UMP.
Nous, représentant du Label Estela (Sarl Studio
Labroue), tenons à exprimer notre soutien à ces deux
amendements en accord avec la thèse développée
par la SPEDIDAM, représentant les artistes-interprètes dans
le cadre de l'alliance public-artistes regroupant des sociétés
d'artistes, des syndicats d'artistes, des associations de consommateurs,
et des producteurs indépendants.
Depuis le début de notre existance (début des années
1990) en tant que producteur d'enregistrements musicaux et d'oeuvres
audiovisuelles, nous souffrons d'un monopole de l'industrie du disque
et du film visant à contrôler tous les circuits commerciaux
d'une manière inéquitable.
Ce système industriel actuel monopolisant les ressources
financières de tout ordre (revenus des producteurs, revenus des
éditeurs, revenus des droits voisins) et aussi tous les circuits
commerciaux et promotionnels, ne nous laisse aucune place et ne permet
ni la diversité musicale et audiovisuelle, ni le renouvellement
de la production française d'une manière équitable.
Nous nous opposons à cette entente et position dominante
actuelle, et nombreux sont les artistes compositeurs, auteurs, réalisateurs
ou interprètes qui se joignent à ce mouvement.
La loi visant à légaliser les échanges musicaux
et audiovisels par internet entre particuliers, contribuera à une
meilleure répartition des revenus entre les artistes, interprètes
et producteurs, sans passer par la bourse d'intermédiaires industriels
peu scrupuleux du contenu artistique qu'ils distribuent.
Même si cette loi engendre des difficultés temporaires
dans les circuits de production actuelle réservés à
l'industrie, nous avons besoin d'un renouveau culturel et d'une meilleure
évaluation des prestations de travail : entre le cachet d'un
artiste signé par une major et le cachet d'un artiste indépendant,
il y a un rapport de 10 à 100 pour la même qualité
de travail. Egalement les prestations techniques des divers techniciens
et prestataires de service nécessaires à la production
sont sous-payés par rapport aux rémunérations privilégiées
de ceux qui sont plébicités et protégés par
l'industrie.
En espérant que ce débat national nous amène
une meilleure équité et que chacun de nous, artistes,
producteurs, interprètes et techniciens trouvent sa juste place
dans la communication avec le public.
Philippe Labroue
Lien humoristique d'une pochette de disque publiée
en 1968, cliquez ici.
Le site de la SPEDIDAM, cliquez ici.