Le prince et l’écureuil.


 
Il était une fois un charmant prince qui s’ennuyait beaucoup dans son grand château froid et sombre. Il décida de partir pour découvrir le monde, connaître de grandes aventures et prouver son courage et sa témérité.

En chemin, il traversa une grande forêt majestueuse pleine de beauté et de danger. Il parcourait sans crainte cette forêt quand, soudain, il vit un adorable écureuil qui gisait sur le sol, cruellement blessé et entouré de bêtes féroces qui voulaient le dévorer. L’écureuil avait une patte cassée et ne pouvait ni se défendre ni remonter sur son arbre. Avec sa grande épée le prince se jeta vaillamment sur les vils prédateurs qui eurent tellement peur qu’ils abandonnèrent leur proie et s’éloignèrent précipitamment. Après avoir bravement affronté ces puissantes créatures, le prince prit doucement l’écureuil dans ses bras, en prenant bien garde à ne pas lui faire mal. Il l’emporta avec lui et le soigna tendrement. Quand l’écureuil fut totalement guéri et prêt à affronter seul les dangers de la forêt, le prince le relâcha et le petit écureuil remonta allègrement sur son arbre, très reconnaissant envers ce gentil seigneur qui lui avait sauvé la vie.

Le prince continua sa route et, au détour d’un chemin, il entra dans un grand château habité par une belle princesse esseulée dont il tomba tout de suite éperdument amoureux. Mais la princesse était bien triste et elle pleurait beaucoup car son plus beau collier, réalisé avec les perles les plus brillantes et les plus rares, avait été dérobé par une méchante pie. La magnifique princesse adorait tant ce collier qu’elle promettait de n’épouser que le prince qui le lui rapporterait.

Notre prince était brave, et il était prêt à affronter les ennemis les plus féroces pour gagner le cœur de la belle princesse. Mais son courage n’était pas suffisant pour cette épreuve car le nid de la pie était perché tellement haut sur le plus grand arbre de la forêt que les autres princes qui en avaient tenté l’ascension étaient tous morts d’épuisement avant de parvenir jusqu’au but. Le prince retourna bien tristement dans la forêt où son ami l’écureuil le vit se lamenter d’amour. Curieux, l’écureuil rejoignit le prince et lui demanda la raison de son grand chagrin.

- Mon bel écureuil, tu me vois en effet bien triste. Je suis désespéré car jamais je ne pourrais épouser la plus belle princesse du monde, la princesse qui occupe toutes mes pensées, jour et nuit, depuis que je l’ai rencontrée. Je dois lui rapporter son collier volé, mais ce collier je ne puis l’atteindre, le nid de la pie voleuse est trop éloigné du sol pour qu’un homme ait la force d’y parvenir, même le prince le plus vaillant et le plus amoureux.

L’écureuil ne pouvait pas laisser son beau prince aussi triste et il lui promit son aide. Il chercha le nid de la voleuse et, quand il le découvrit, il se bagarra violemment et très longtemps car la pillarde pie était si envoûtée par le beau collier de perles qu’elle ne voulait pas le lâcher. Après une interminable et héroïque bataille, l’écureuil terrassa la pie et revint vers son ami le prince avec le collier.

Le beau collier reprit sa place naturelle autour du cou de la belle princesse qui tint sa promesse. Elle offrit avec joie à son vaillant prince sa main, son cœur et le reste. Et ils eurent beaucoup de beaux enfants. Et ils vécurent en paix pendant très, très longtemps.

Et l’écureuil ? Grièvement blessé par les terribles coups de bec de la pie, il ne survécut pas à ses terribles cassures, meurtrissures, écorchures, griffures et déchirures. Il mourut après avoir donné le collier au gentil prince qui, aveuglé par la majestueuse beauté de la princesse, n’avait même pas remarqué que l’écureuil se mourrait. Et le prince ne sut jamais qu’il avait perdu son plus fidèle ami.
 


Le 21 avril 2004.

Fabrice Guyot.