Noire rêverie au clair de lune.


 
Un clair de lune

Elle est noire. Elle est grande, belle, sensuelle. Elle est couchée sur le sol. Son grand corps sombre luit sous le clair de lune. Son odeur est forte et enivrante. La rivière émeraude de ses yeux scrute l’infini. Elle pense. Elle rêve.

Elle rêve peut-être de ses lointains ancêtres nus dans la jungle. Elle rêve peut-être de ces accouplements violents avec le mâle. Elle rêve peut-être de la douleur de l’accouchement, des douces caresses avec ses petits.

Mais aucun bébé ne viendra téter son sein. Aucun bébé ne viendra se frotter à son grand corps sombre, en cherchant son amour et sa protection.

Elle est noire, elle est sombre la panthère. Elle est en cage. Elle n’en sortira qu’à sa mort pour être incinérée, après une infinité de jours tous semblables.

Alors, elle pense la panthère, elle rêve de ses lointains ancêtres nus dans la jungle. Et elle rêve peut-être de sa délivrance lointaine, de sa mort, du néant libérateur.
 


Le 5 avril 2004.

Fabrice Guyot.