Elle est noire. Elle est
grande, belle, sensuelle. Elle est couchée sur le sol. Son grand
corps sombre luit sous le clair de lune. Son odeur est forte et
enivrante. La rivière émeraude de ses yeux scrute
l’infini. Elle pense. Elle rêve.
Elle rêve peut-être de ses lointains ancêtres nus
dans la jungle. Elle rêve peut-être de ces accouplements
violents avec le mâle. Elle rêve peut-être de la
douleur de l’accouchement, des douces caresses avec ses petits.
Mais aucun bébé ne viendra téter son sein. Aucun
bébé ne viendra se frotter à son grand corps
sombre, en cherchant son amour et sa protection.
Elle est noire, elle est sombre la panthère. Elle est en cage.
Elle n’en sortira qu’à sa mort pour être
incinérée, après une infinité de jours tous
semblables.
Alors, elle pense la panthère, elle rêve de ses lointains
ancêtres nus dans la jungle. Et elle rêve peut-être
de sa délivrance lointaine, de sa mort, du néant
libérateur.