Ce qui caractérise le travail de Gil Bizien c'est tout d'abord une vision très segmentée du sujet.  A la manière d'un xylographe il délimite  et cerne l'espace pour mieux le désigner. Souvent traités en plan serré ces représentations ne sont là que pour mieux affirmer leur réalité, mais au-delà de celle-ci, c'est une véritable cartographie que le peintre met en place. De cet inventaire des formes et des couleurs il ressort une impression de stabilité et de quiétude accentuée par les tonalités sourdes de sa palette. Ici chaque ton est à sa place et rien ne vient perturber l'équilibre de ces compositions. Sans heurt, la touche est sobre et posée en aplat. Il n'y a pas d'effet gratuit dans cette peinture visant la nuance plutôt que la gratuité du geste et de la couleur pour l'épate. Très graphique, elle s'inscrit dans la droite ligne des muralistes sud-américains et trouve son écho aussi chez les cloisonnistes du siècle dernier. Rappelant la ligne claire de la bande dessinée ou les vitraux,  les tableaux de Gil Bizien nous poussent à pénétrer dans la structure des choses et des lieux.

JLG