Alors venait le jour.
Et les mouches alors venaient.
Car la maison attirait les mouches: elle sentait la peur et la merde et l’urine et les mouches y vrombissaient, les bavardes, les irritatrices, les parleuses pour ne rien dire, les folles de bruits et de bruires et de mouvements. Elles venaient avec le soleil. Elles venaient avec la première tuméfaction de la nuit, sa première fenaison de roses – et elles dansaient. Comme des feuilles de thé dans la tasse, et comme des pensées dans la fièvre, et comme des mots dans la bouche pleine de vin, elles dansaient, elles traçaient des cercles, elles imaginaient des figures et des masses et elles bavardaient. Or, soudain, elles se taisaient: toutes, sur un mur, sur ma main, ma face, sur cette pierre à soleil, sur ce débris, elles façonnaient un silence à leur semblance: bavard, et friable, et affolant, un silence battu d’ailes sèches, tâté de suçoirs, de pattes pleines de poils, bourgeonnant d’yeux – un silence plus grésillant que l’huile chaude, plus rance que la vieille huile des maisons pauvres aux bas-quartiers de ta capitale. Puis elles reprenaient: leurs histoires reprenaient, leur babil, leur déraison, leur minuscules préoccupations, leurs obsessions courtes ainsi que le plus court des ongles, leur virulence à faire bouillonner l’insignifiance au rebord de la nuit.

Trois brèves légendes: troisième brève légende - 14