Des gens crient en dessous de moi. Des véhicules crient en dessous de moi. Je me tiens accoudé au balcon de ma maison, j’écoute la capitale crier – et les réverbères de ses rues, devant mes yeux, ils sont encore comme les cris de l’obscurité : têtus, et petits, et inutiles.
Voici donc qu’il fait nuit, une nouvelle fois. Voici, une nouvelle fois, la nuit sur la capitale. Les nuits, ici, sont courtes et fourbes. Les nuits, ici, halètent. Ici, les nuits piétinent, comme un troupeau dans un enclos trop étroit – et nous piétinons avec elles ou peut-être : peut-être ce sont elles que nous piétinons, peut-être est-ce leur sang qui nous laisse ce goût terrible dans la bouche, de débauche et de fatigue et de véhémence, ces traces rouges, au réveil, dans nos lits, et ces gestes durs, dans nos rêves, après qu’ils se sont enfuis.
 
 
Voici la nuit stérile et statique et étroite d’ici : voici la vie étroite et statique et stérile d’ici : jamais je ne suis retourné au village.
 
 
  Retour à la page Lettres
 
 

Commentaires? Suggestions? Cliquez ici.