(Un peu de vent soulève un peu de poussière dans la pièce épaisse et encore: vaguement, il soulève un pan de la robe de noce entre la lumière et l'ombre - puis il meurt. Et encore: la pièce épaisse est calme et presque: assoupie de part et d'autre de cette calme division d'elle qu'établit le jour suivant la découpe de la fenêtre. Et encore: par la fenêtre, on entend une clameur de pin: un bruit d'aiguilles entrechoquées et d'écorces craquantes avec encore: un bruit de traction, et de mât, qui est bruit de tronc de pin dans la tractation qu'il mène avec le vent. Et encore: on entend des cigales assourdissantes, des cigales en masses sciant le jour en masses égales de lumières et de surdité lumineuse. Et encore: au loin, on entend foule d'hommes, et de femmes, et cris d'enfants; on entend flûtes et sistres et tambourins; on entend chants et rires et brouhaha; et l'on entend, parmi elles, une voix, claire et rieuse entre les voix indivises et souriantes comme dans la bataille, une épée claire et hilare dans la confusion vrombissante des flèches.
On entend une voix, qui appelle.
Elle appelle et elle est impatiente dans sa joie de voix claire.
Elle appelle: «Eurydice!»
La femme a ouvert les yeux et, les ouvrant, peut-être elle a grimacé et plutôt peut-être elle a souri. Elle a les yeux ouverts désormais et, désormais, oui, c'est un sourire que portent ses lèvres.
Alors la voici à nouveau l'assise, sur son tabouret. Et voici alors un peigne, dans sa main, et dans son autre main, après qu'elle a dans la coupe de fruits reposé le noyau de fruit dont ses dents jouaient et que ses dents peut-être cherchaient à broyer pour en extraire et en goûter la douce-amère amande intime, voici le miroir.
Et les femmes à nouveau, les amies et les compagnes, les voici à nouveau autour de l'assise, et empressées, et agitées et babillardes. Et le diadème de noce, le voici, sur les cheveux que voici à nouveau policés, et lourds de nœuds, et de rubans et de volutes et de torsades, alourdis. Une autre tunique de noces est apportée, blanche, et pure et propre, dont l'on vêt l'assise, en la passant par la tête, et dont l'on dispose autour de l'assise les plis, en cascade impeccable ainsi qu'on voit la Déesse, à sa naissance, au sortir des eaux recevoir, les bras tendus, tunique à la semblance de celle-ci, en cascade de plis l'enveloppant impeccablement.
Alors les bracelets de noce sont ajustés et bientôt, comme l'assise, souriante toujours se lève, et avance de quelques pas pour le plaisir des amies et des compagnes, les bracelets de noce, aux bras de la future épousée, rient de leur rire nuptial.)

Trois sentinelles: première sentinelle - 11