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- (Un homme passe à pas lents près d'elles, homme de peu, et
oblique: à son dos, une hotte, où la pluie fouette et fait sonner on
ne sait quel ensemble étrange qui sous la pluie sonne: musique. Un
homme passe qui s'en va obliquement dans les flagelles obliques de
l'orage: ses cheveux sont trempés et son corps est trempé et le
pagne qui ceint ses hanches est trempé. Comme il passe devant elles,
il regarde les femmes, d'un regard en coin et moqueur d'homme oblique
et railleur. Il les regarde, puis il s'éloigne - et sous le
crépitement de la pluie, comme il s'en va, on entend d'oiseau un cri
- un chant peut-être? - aigre, éraillé, rageur.
- On entend: Tiu-tiu-toutoutourlouït.
- Puis encore: Tiu-tiu-toutoutourlouït.
- Et l'une et l'autre des deux femmes alors lèvent vers le ciel en
furie la tête et y cherchent un oiseau. Mais il n'y a pas d'oiseau.
Il n'y a, dans le ciel, que le ciel même, et sa colère. L'une et
l'autre des femmes baissent la tête. La pluie frappe. L'oiseau chante
- ou peut-être il crie?
- L'une ni l'autre des deux femmes ne bouge. Il pleut. Il pleut et,
bientôt, à leurs pieds, le panier où furent les herbes des collines
avoisinantes entassées, les aromates et les simples et les branches
à baies, le panier, sous les flagelles de la pluie, se rompt. Il
cède, il est rompu et sa charge se répand.
- L'eau qui l'emporte - jusqu'au delà de la colline des suppliciés
elle l'entraîne - est rouge, comme encore, lentement sous les coups
crépitants de la pluie, le deviennent: des linges, auprès d'une
cahute et d'une autre, sur un fil, qui, lentement, à lentes
traînées, rougissent, et battent, en claquant.)
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